3 conférences (seules sont affichées les conférences pour lesquelles un texte a été fourni).

> Examen clinique du nouveau-né et acquisition des différentes fonctions essentielles

Zuzanna NIEWIADOMSKA
Anirepro
Reims France

I- Introduction

La prise en charge d'un jeune patient, qu'il s'agisse d'un chiot ou d'un chaton, demande une approche soigneuse et spécifique de la part du vétérinaire. Les signes cliniques chez ces jeunes animaux sont souvent abrupts, peu spécifiques et peuvent évoluer rapidement, ce qui nécessite une intervention rapide et adaptée.

II- Anamnèse

Le processus de consultation commence par le recueil des informations sur le patient et son anamnèse. Les détails de l'élevage, de l'environnement, de l'alimentation, de la vermifugation ainsi que les informations sur la naissance (conditions de mise bas, nombre de petits dans la portée) et l’ingestion de colostrum sont d'une importance cruciale pour diagnostiquer et traiter correctement le jeune animal.

Avant de commencer l’examen clinique du patient, il faut bien observer le comportement du nouveau-né au sein de la portée. La présence de toute la portée et de la mère lors de la consultation est essentielle pour une évaluation complète.

III- Examen clinique

L'examen clinique se réalise idéalement sur une surface réchauffée et propre (comme un tapis chauffant) pour maintenir la température corporelle du jeune animal stable. Trois éléments majeurs sont à considérer lors de cet examen : le poids, la température corporelle et la recherche de malformations congénitales.

Pendant l’examen clinique, la couleur et l'humidité des muqueuses doivent être examinées. Le réflexe de succion doit être vérifié en mettant un doigt dans la bouche. Chez un chiot en bonne santé, la respiration est régulière et non laborieuse. La fréquence cardiaque normale se situe entre 200-220 bpm et la fréquence respiratoire est de 20-30 mpm. La région ombilicale et les paupières doivent être inspectées car ce sont les voies fréquentes d'entrée des bactéries et les infections peuvent être observées à ces deux niveaux. L’inspection de la peau permet de déterminer les rougeurs, signes d’infections, mais aussi le développement du pelage, et de rechercher d’éventuels parasites. La mère et les autres petits de la portée doivent également être examinés.

1. La prise de poids

Le suivi de la prise de poids chez les nouveau-nés, qu'ils soient des chiots ou des chatons, est essentiel pour évaluer leur santé et leur développement.

La prise de poids doit être vérifiée quotidiennement pendant au moins les 3 premières semaines de vie. Les chiots devraient gagner environ 5 à 10% de leur poids de naissance par jour, tandis que les chatons devraient prendre environ 10 à 15 grammes par jour. Le fait que le poids double en 7 à 10 jours est un bon repère de croissance normale chez les jeunes animaux. Si un chiot ou un chaton ne prend pas de poids ou en perd, cela peut indiquer un problème de santé sous-jacent et nécessite une attention immédiate.

Il est important de noter que le poids de naissance joue également un rôle dans la santé des nouveau-nés. Un faible poids de naissance est un facteur de risque de mortalité néonatale.

La prise de poids peut être particulièrement importante lorsque la quantité de lait ingérée est incertaine. Peser le nouveau-né avant et après la tétée permet de déterminer la quantité de lait qu'il a ingérée.

2. La prise de la température

La régulation de la température chez les nouveau-nés est un aspect important à surveiller attentivement. Les jeunes animaux ne possèdent pas encore un système de régulation thermique aussi efficace que les adultes, ce qui les rend plus vulnérables aux variations de température. Juste après la naissance, il est normal que la température corporelle du nouveau-né chute à environ 32°C, puisqu'ils ne sont pas encore capables de maintenir leur propre chaleur corporelle. La température normale d’un nouveau-né la première semaine est de 35-36°C et de 37-38,2 °C la 2ème et 3ème semaine. Sa température devient similaire à celle de l’adulte vers 3-4 semaines.

3. Observation des malformations

Certaines malformations congénitales sont faciles à observer, telles que : hydrocéphalie, anasarque, anomalie des membres, anomalie de fermeture de la colonne vertébrale. Les autres peuvent être localisées dans l’intérieur du corps. La bouche doit être inspectée pour détecter une fente palatine. L'anus doit être vérifié pour s'assurer de la la perméabilité (pendant la prise de la température).

4. Examens complémentaires 

De manière générale, le diagnostic des maladies chez les chiots est souvent limité par l'absence de variabilité des signes cliniques et la difficulté d'obtenir du sang pour effectuer des examens complémentaires.

a) Vérifier le niveau d’hydratation

Le test du pli de peau n'est pas interprétable avant 6 semaines et il faut plutôt prendre en compte l’humidité des muqueuses et la densité de l’urine pour évaluer le niveau d’hydratation. Pour obtenir les urines il faut stimuler la vulve ou le fourreau avec une compresse humide, ensuite récupérer les gouttes d'urine qui coulent dans une seringue.  Les valeurs normales de densité urinaire se situent entre 1,010 et 1,030. Il est également possible d’objectiver une déshydratation en faisant des analyses sanguines (hématocrite, taux de protéines).

b) Prise de sang

Le profil hématologique et les données de la biochimie diffèrent des chiens adultes et nécessitent une interprétation particulière. Seuls de très petits volumes de sang peuvent être prélevés : 10 % du volume sanguin total (volume sanguin d'un nouveau-né = 75 ml/kg pc).

Chez le nouveau-né, une leucocytose néonatale est causée principalement par des processus physiologiques et devrait entraîner un nombre de globules blancs (WBC) ne dépassant pas 30 G/l. Pendant la période néonatale les valeurs de l’hématocrite diminuent.

De plus, certaines enzymes hépatiques (GGT, ALP) sont beaucoup plus élevées par rapport aux adultes (probablement en raison de l’absorption de colostrum). Ces enzymes n'ont pas de valeur diagnostique chez le nouveau-né. En revanche, l'azote uréique du sang (BUN) et les protéines plasmatiques totales sont plus faibles au jeune âge.

La glycémie est fluctuante chez le jeune patient. La réserve de glycogène du nouveau-né est très réduite et celui-ci est dépendant du glucose disponible. Les nouveau-nés naissent à la limite de l’hypoglycémie et la glycémie remonte rapidement après alimentation. La glycémie peut également se mesurer avec un glycomètre pour les animaux de faible poids ou dont l’état général ne permet pas de faire une prise de sang.

De plus, toujours pour éviter une mauvaise interprétation de certaines caractéristiques particulières des nouveau-nés, il est important de garder à l'esprit que :

  • la glucosurie peut être présente dans l'urine des chiots pendant les 3 premières semaines ;
  • l'interprétation radiographique chez les nouveau-nés pose un défi en raison de la diminution de la minéralisation du squelette, de la perte des détails abdominaux, principalement causée par le manque de graisse, de l'augmentation de la teneur en eau du parenchyme pulmonaire interstitiel, du foie relativement hypertrophié ou du cœur hypertrophié ;
  • les yeux sont ouverts entre les jours 12 et 14, les oreilles entre 14 et 16 jours après la naissance, mais une vision normale ne sera possible qu’à partir de la 4ème semaine ;
  • la production de HCl gastrique chez les nouveau-nés est réduite et conduit à un pH neutre et à une protection réduite contre les infections bactériennes. 

L'examen clinique des nouveau-nés malades doit conduire à la formulation d'un diagnostic. Les signes cliniques régulièrement observés chez les chiots/chatons atteints de septicémie sont la mort subite sans signes antérieurs de maladie, ou une maladie grave avec l'absence de réflexe de succion et de déglutition, l'absence de prise de poids ou la perte de poids ainsi que des difficultés respiratoires, de l’hypothermie, de la diarrhée, des ballonnements et de la faiblesse profonde. La prise en charge d’un nouveau-né est un exercice délicat car les signes cliniques sont souvent non-spécifiques et d’évolution rapide. Le traitement doit être mis en place rapidement et celui-ci doit être adapté à la morphologie et au métabolisme particulier du jeune patient.

Conclusion

À retenir face à un chiot/chaton en consultation :

  • consulter sans délai car l’évolution des maladies chez les nouveau-nés est rapide ;
  • recueillir les commémoratifs et l’anamnèse (déroulement la mise bas et de la prise de colostrum) ;
  • étudier la courbe de poids ;
  • vérifier la température corporelle ;
  • il faut évaluer toute la portée avec leur mère.

Bibliographie

  1. Mugnier A, Mila H, Guiraud F, Brévaux J, Lecarpentier M, Martinez C, et al. Birth weight as a risk factor for neonatal mortality: Breed-specific approach to identify at-risk puppies. Prev Vet Med. 1 nov 2019;171:104746.
  2. Münnich A, Küchenmeister U. Causes, Diagnosis and Therapy of Common Diseases in Neonatal Puppies in the First Days of Life: Cornerstones of Practical Approach. Reprod Domest Anim. 2014;49(s2):64-74.
  3. Kustritz MVR. Clinical Canine and Feline Reproduction: Evidence–Based Answers. 1er édition. Ames, Iowa: Wiley–Blackwell; 2009. 332 p.
  4. Peterson ME, Kutzler MA, éditeurs. Small animal Pediatrics : the first 12 months of life . Saint Louis: W.B. Saunders; 2010.
  5. Mila H., Grellet A., Delebarre M., Mariani C., Feugier A., Chastant-Maillard S., Monitoring of the newborn dog and prediction of neonatal mortality., Prev Vet Med, 2017, 143 : 11-20
  6. Mugnier A., Mila H., Guiraud F., Brévaux J., Lecarpentier M., Martinez C., Mariani C.,
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Le nouveau-né et l'individu pédiatrique: quelles différences avec l'adulte ?

Sylvie CHASTANT
Ecole Nationale Vétérinaire D'alfort
Maisons-Alfort France

I- Introduction

Ni le nouveau-né (de la naissance jusqu’à 21 jours de vie) ni l’individu pédiatrique (de 3 semaines d’âge jusqu’à la fin de la maturation physiologique – soit environ 5 mois) ne sont des adultes en miniature. Certaines différences ont un impact direct sur la prise en charge du jeune animal par le praticien, tant pour le diagnostic que pour le traitement.

II- Taille des individus

Elle impose d’adapter le matériel, notamment :

  • le thermomètre intra-rectal (pédiatrique humain à embout souple);
  • la balance (numérique ; précision de l’ordre de 0,1 g, max 1 g avec une amplitude de pesée de 50g à 5 kg);
  • le stéthoscope devient d’un faible intérêt diagnostique mais au mieux, seuls les stéthoscopes néonataux humains (avec une capsule d’un diamètre de l’ordre de 2 cm) permettent de récupérer des informations;
  • la quantité de sang prélevable est également limitée (de l’ordre de 0,7 ml pour 100 g de poids vif par semaine) mais largement suffisante pour effectuer des analyses biochimiques ou cytologiques;
  • on ne pratique pas de sondage urinaire mais simplement une collecte sur miction spontanée, directement dans un tube ou éventuellement sur une compresse;.
  • le sondage des jeunes animaux est essentiellement pratiqué par voie orogastrique (et non nasogastrique);
  • la taille des cathéters intra-veineux (de l’ordre de 16-22G) et des sondes orogastriques (de l’ordre de 1,5 mm pour les animaux de moins de 300g, 2,6 à 3,3 mm au-delà);
  • compte-tenu des faibles volumes à administrer lors de fluidothérapie (pour 100 g de poids vif : de l’ordre de 4,5 ml en bolus suivis de 8-10 ml sur 24h), l’usage d’un pousse-seringue est très fortement recommandé. Et plus encore que chez un adulte, on veillera à éliminer l’air contenu dans les tubulures, connecteurs, valves, seringues.

III- Grandes constantes biologiques

La température rectale est inférieure à celle d’un individu adulte. Elle est d’environ 35°C à la naissance et augmente progressivement jusqu’à atteindre la valeur adulte vers 45 jours de vie. Une température de 36 à 37°C en période néonatale n’est donc pas anormale. Les jeunes animaux souffrent assez rarement d’hyperthermie même lors d’atteinte bactérienne type septicémie, et plus fréquemment et très rapidement d’hypothermie. Leurs capacités de thermorégulation sont limitées : ils doivent donc être placés dans des conditions de température et d’humidité ambiantes contrôlées (aux alentours de 24°C en période néonatale, puis 18-20°C).

La fréquence cardiaque normale est élevée (de l’ordre de 200 bpm). En période néonatale, la bradycardie est un mécanisme normal de défense contre l’hypoxie : il n’est donc pas indiqué de chercher à augmenter médicalement la fréquence cardiaque, qui remontera spontanément une fois que l’animal aura été réoxygéné.

Valeurs de référence en biochimie et cytologie sanguines : elles varient au cours des premiers jours, semaines et mois de vie (tableau 1). Leur interprétation doit donc tenir compte de l’âge de l’animal [1-4]

État d’hydratation : Les jeunes animaux se déshydratent vite en cas d’atteinte pathologique. Inversement lors de fluidothérapie, ils sont très sensibles à l’hyperhydratation (risque majoré par les faibles volumes à administrer). Lors de l’examen clinique, le pli de peau ne permet pas d’évaluation correcte de l’état d’hydratation, on aura plutôt recours à la densité urinaire (le seuil pathologique chez le nouveau-né serait plus élevé que chez l’adulte : 1.030 ou 1.017 selon les auteurs).

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Tableau 1 : Constantes sanguines chez les nouveau-nés

Tableau 2 : Variations des constantes biochimiques au cours de la croissance [3]

IV- Imagerie

L’interprétation de l’examen radiographique est nettement compliquée par les nombreux cartilages de conjugaison et noyaux d’ossification. L’examen échographique abdominal présente également quelques particularités avec notamment la présence normale d’un épanchement jusqu’à 2 mois de vie, ou l’apparition de taches rondes en grand nombre dans le tissu splénique (rate léopardée) lors de stimulation antigénique notamment vaccinale.

V- Alimentation

Les besoins énergétiques des jeunes sont plus élevés que ceux de l’adulte.

À partir de 3-4 semaines d’âge, les animaux peuvent être sevrés et être nourris avec une alimentation non lactée (mousse ou soupe de croquettes mises à ramollir dans l’eau). Notamment lorsqu’ils refusent le lait et/ou ne prennent plus assez de poids.

Par nature, un jeune est en croissance et prend du poids, contrairement à un adulte. Un suivi du poids (sur une balance adaptée) permet une détection précoce des troubles de la santé et, lors d’hospitalisation, permet d’évaluer la réussite du traitement. Les échelles actuellement disponibles pour la notation de l’état corporel ne sont pas applicables aux jeunes. Voir les conférences « Que faire face à un nouveau-né qui ne prend pas (assez) de poids » et « Bien nourrir un chiot de la naissance à la fin de la croissance ».

VI- Immunité

Chiots et chatons naissent quasiment agammaglobulinémiques. Même si la prise colostrale est bonne et que le transfert d’immunité passive est bon, la concentration circulante en immunoglobulines G atteinte reste nettement inférieure à celle de l’adulte au cours des deux premiers mois de vie (de l’ordre de 10 à 30% de celle de l’adulte). Ces animaux devront donc être manipulés dans des conditions d’hygiène maximale.

V- Dominantes pathologiques

Le délai entre l’apparition des symptômes et la mort est court, notamment chez les nouveau-nés. Un appel pour un jeune animal devra donc pris en charge dans la (demi)journée.

Le syndrome hypothermie – hypoglycémie – hypovolémie favorise le développement des agents pathogènes chez le nouveau-né (la cause apparente de la maladie = les bactéries ne sont pas la cause réelle de l’affection).

Les agents pathogènes retrouvés varient selon l’âge des animaux (Tableau 3).

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Tableau 3 : Agents pathogènes infectieux principaux en fonction de l’âge

VI- Administration de médicaments

On évite d’administrer des antibiotiques par voie orale avant 21 jours de vie en raison du risque majeur de dysbiose intestinale. Les antibiotiques seront donc administrés et ensuite prescrits à la maison par voie parentérale, ce qui pose un problème au regard de la législation.

De façon générale, l’administration par voie orale chez un jeune expose à un risque de fausse route plus élevé que chez un animal adulte.

La pose de cathéter (notamment en vue d’une fluidothérapie) nécessite une grande immobilité de la part du patient. Une anesthésie générale gazeuse rapide (au masque) et/ou une anesthésie cutanée réalisée grâce à de la pommade EMLAND après tonte sont d’une aide précieuse.

Compte-tenu des différences pharmacocinétiques avec l’adulte, la maturité incomplète de la fonction rénale et hépatique, et la différenciation des organes en cours, la toxicité des médicaments est différente chez les jeunes. Le choix des médicaments est guidé par la vérification préalable de leur toxicité chez le jeune [1].

VII- Conclusion

Une présentation détaillée des particularités des nouveau-nés et des individus pédiatriques est disponible gratuitement (de la naissance à l’âge de 2 mois) pour les chiots et pour les chatons sur www.neocare.pro (Onglet « Nos outils pour vous – Frise de développement ») ou dans deux thèses vétérinaires [3, 4]. Néanmoins, le praticien ne doit pas être exagérément déstabilisé par le jeune âge de son patient : au-delà des quelques particularités, les soins aux jeunes restent très similaires ceux destinés aux adultes.

Remerciements : Je tiens tout particulièrement à remercier tous les étudiants toulousains qui ont participé depuis 10 ans à une meilleure connaissance de la physiopathologie des chiots et des chatons nouveau-nés et pédiatriques.

Bibliographie

  1. PETERSON ME et KUTZLER MA. 20 Small Animal Pediatrics. The first 12 months of life. Elsevier Saunders, St Louis, MI, USA.
  2. SOETART N. Les particularités biologiques du jeune animal. Point vét 2020, 411, 18
  3. DUMONT-DAYOT J. Évolution des paramètres physiologiques du chiot de 0 à 6 mois‎ : Réalisation d’un outil numérique. https://oatao.univ-toulouse.fr/27302/
  4. RIBARD L. Développement du chaton de 0 à 2 mois : création d’une frise chronologique en ligne. https://oatao.univ-toulouse.fr/25816/
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Les urgences pédiatriques : que faire face à un nouveau-né qui ne prend pas du poids ?

Sylvie CHASTANT
Ecole Nationale Vétérinaire D'alfort
Maisons-Alfort France

I- Introduction

Le suivi du poids dès la naissance est un outil simple, peu coûteux et accessible à tout propriétaire, éleveur ou non. Il permet de mettre en évidence de façon objective une insuffisance de production lactée et de détecter précocement un trouble de la santé chez les nouveau-nés.

II- Le nouveau-né ne prend-il vraiment pas de poids ?

On vérifiera rapidement :

  • Si les nouveau-nés sont clairement identifiés ou s’il est possible qu’il y ait eu confusion au sein de la portée
  • S’ils sont pesés ou si les propriétaires rapportent une « impression »
  • Avec quelle balance (numérique – à conseiller – ou à aiguille) ? plus exactement, quelle est la précision de la balance (idéalement 1g, maximum 5g) ?
  • Depuis quand le poids n’a pas bougé : si le poids mesuré la veille l’a été après un repas et que la mesure a été effectuée le lendemain à estomac vide et après miction-défécation, il est possible que le poids soit resté constant alors même que le nouveau-né avait réellement pris du poids.

III- Comment savoir qu’il ne prend pas assez de poids ?

La croissance est considérée comme suffisante :

1. Chez le chiot :

  • si le chiot ne perd pas de poids au cours des deux premiers jours de vie
  • ensuite, elle est approximativement de 2 à 4 g/kg de poids adulte attendu et par jour de vie
  • le poids attendu est de 1,5 fois le poids de naissance à J7 et 3 fois à J21 a minima.

2. Chez le chaton :

  • l’objectif est +10 g entre J0 et J2
  • puis 10-15 g/j jusqu’à J21.
  • Le poids attendu est 1,25 fois le poids de naissance à J7 (1,5 fois si le chaton est né à petit poids de naissance) et 3 fois à J21 a minima.

Des courbes de référence sont disponibles par race dans les deux espèces auprès de Royal Canin. La croissance est insuffisante si le nouveau-né ne reste pas dans son « couloir » et dérive vers la droite.

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Figure 1 : Suivi de croissance des nouveau-nés : exemple de la courbe de référence en race Beauceron (sur les 3 premières semaines de vie).

IV- Quelles sont les hypothèses face à une prise de poids insuffisante ?

Elles sont d’ordre maternel ou fœtal.

  • Les causes maternelles sont une production colostrale/lactée insuffisante ou un comportement maternel trop peu développé (la mère ne se couche pas suffisamment pour permettre la tétée et/ou ne rassemble pas sa progéniture vers ses mamelles).
  • Les causes fœtales sont une vitalité insuffisante du nouveau-né (avec un cercle vicieux : moins il est vif, moins il ingère de lait et moins il est vif) ou un trouble de la santé.

V- Tenter de trouver la cause de la prise de poids insuffisante

  • Réaliser un examen clinique complet des nouveau-nés affectés. À cet âge, l’affection la plus fréquente est la septicémie [1]. Si aucun signe clinique n’est visible, renouveler l’examen le lendemain, la chute de croissance pouvant être le premier signe de maladie néonatale.
  • Examiner le tissu mammaire de la mère, évaluer la note d’état corporel de la mère, interroger sur la mise à disposition d’eau et de nourriture ad libitum. Si les nouveau-nés sont actifs, voire agités et geignards en permanence, en l’absence de tout signe pathologique, une insuffisance de production lactée doit être suspectée.

VI- Compléter - Corriger

1. Chez les nouveau-nés :

  • Traiter la septicémie ou l’affection mise en évidence le cas échéant
  • Compléter l’apport maternel avec du lait maternisé : Il existe deux stratégies : soit supplémenter les animaux de plus petit poids en partant du principe qu’ils sont plus faibles, moins actifs pour téter ; inversement, on peut choisir de laisser les nouveau-nés les plus petits bénéficier du lait maternel et de nourrir séparément les animaux les plus lourds. Pour simplifier la distribution du lait maternisé, à la place du biberon, chronophage et potentiellement associé à un risque de fausse-déglutition, un système en silicone permet une tétée autonome (figure 2). On rappellera qu’un nouveau-né ne doit en aucun cas être nourri si sa température rectale est inférieure à 35 degrés : dans ce cas, il sera préalablement réchauffé très progressivement [1].

S’il s’agit d’une croissance insuffisante en J0-J2, il est probable que le nouveau-né n’ait pas bénéficié d’un transfert passif d’immunité suffisant. Ils doivent donc être élevés dans des conditions d’hygiène plus importantes et peuvent être vaccinés dès 4 semaines de vie (en raison de l’absence d’interférence des anticorps maternels) pour améliorer leur protection.

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Figure 2 : Système Nourinoubibi (en silicone). La taille du dispositif en silicone est choisie en fonction du format racial. Le nombre de tétines est variable. Merci à Christine Cuvellier pour la photo. (https://www.nourrinou-bibi.fr/) 

2. Chez la mère : stimuler la production lactée et améliorer le comportement maternel [2]

  • Recherche d’une cause médicale : Rechercher et le cas échéant prendre en charge les affections intercurrentes (en particulier infectieuses et s’agissant du post partum, la métrite)
  • Prise en charge médicamenteuse : métoclopramide (EMEPRIDND ; METOMOTYL 5ND ; 0,2 à 0,5 mg/kg trois fois par jour per os ou par voie parentérale, jusqu’à 1-5 mg/kg). En raison de signes extrapyramidaux (agitation, anxiété, prostration, tremblements, agressivité, vocalisation, positions et mouvements anormaux), le comportement de la mère vis-à-vis des jeunes sera surveillé dans la demi-heure qui suit l’administration (surtout chez la chatte).
  • Prise en charge nutritionnelle : Assurer des apports en eau en permanence et à volonté à un emplacement inaccessible pour les nouveau-nés (pour éviter les noyades) - Assurer des apports alimentaires suffisants : mise à disposition d’un aliment très énergétique (type croquettes de sevrage pour chiots) à volonté [3].
  • Prise en charge du stress et de la douleur
  • Porter attention à l’environnement dans lequel se trouve placé la femelle
  • Administration d’anxiolytiques en seconde intention : acépromazine (0,5 à 2 mg/kg SC 2 ou 3 fois par jour, CALMIVET ND), qui présente également l’intérêt de stimuler la production lactée.

VII-Conclusion

Le suivi du poids est un outil aussi simple que puissant en néonatalogie, sous réserve d’être réalisé dans de bonnes conditions :

  • Une balance numérique d’une précision de 1 gramme (avec une amplitude de pesée de 50 g à 2 kg par exemple)
  • Une identification de tous les nouveau-nés (à l’aide de colliers de laine de couleur, de velcro ou de scoubidous)
  • Un système d’enregistrement des valeurs de poids plus ou moins complexe (document papier, fichier Excel, sous forme de chiffres bruts ou de courbes)
  • et des pesées répétées a minima quotidiennement (idéalement deux fois par jour) à un moment fixe de la journée.

Même si les propriétaires perdent leur motivation au long de la croissance, ils comprennent facilement l’intérêt du suivi de poids au moins pendant les 3 premières semaines de vie.

Bibliographie

  1. Chastant-Maillard S. Syndrome de dépérissement du chiot. https://vetfocus.royalcanin.com/fr/scientifique/syndrome-de-deperissement-du-chiot
  2. Chastant-Maillard S. Le défaut de production de lait chez la chienne ou la chatte. Le Point Vétérinaire. 2020, Volume 407-408, Pages 24-27
  3. Lemoine F. Alimentation de la femelle durant la gestation et la lactation. Le Point vétérinaire. 2020 Volume 407-408, Pages 28-29
Pas de conflit d'intérêt déclaré.