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> Comment communiquer avec un propriétaire stressé, agressif ou émotif

Celine PORRET CONDAMIN
GERM
Chozeau France

INTRODUCTION

En clinique vétérinaire, la qualité de la relation client est fondamentale pour garantir une prise en charge médicale optimale de l’animal et la satisfaction de leur propriétaire mais également pour le bien-être des soignants dans leur travail, une meilleure reconnaissance de leur investissement et la pérennité de leur motivation dans ce métier. La place grandissante de la place de l’animal au sein de la famille et l’inquiétude pour sa santé, le cout des soins et la responsabilité financière qui incombe au propriétaire sont des éléments qui compliquent au quotidien la relation client entre le vétérinaire et le propriétaire de l’animal malade.

En urgence, tout particulièrement, l’enjeu de cette relation est majeur car les facteurs de tensions sont multiples pour le propriétaire entre l’urgence, l’imprévu, l’incertitude et la crainte potentielle de perdre l’être aimé.

En tant que vétérinaire, savoir gérer un propriétaire dans ce contexte émotionnel fort est fondamental pour survivre à ces nuits de garde mais surtout prendre plaisir et s’épanouir dans l’activité d’urgence.

La qualité de sa communication ainsi que sa capacité à gérer sa propre émotion et celle de du client sont des facteurs clés dans la gestion des clients difficiles que l’on peut rencontrer en contexte d’urgence.

QUELQUES NOTIONS CLEFS

Certains éléments doivent être des sujets d’attention particulière lors des échanges avec le propriétaire :

Qualité d’écoute : la façon de penser et de réagir d’un propriétaire est liée à son histoire, sa famille, les particularités de sa relation à son animal, ses précédentes expériences en clinique vétérinaire… Lorsque vous communiquez avec un propriétaire stressé, accordez-lui toute votre attention. Laissez le client exprimer son mécontentement sans l'interrompre. Posez des questions ouvertes pour encourager le client à exprimer davantage ses sentiments. Cela peut vous aider à identifier les problèmes sous-jacents. Une véritable écoute active réduira la frustration et diminuera le risque d’agressivité et de conflit.

Empathie : Exprimez votre compréhension pour sa situation, ses préoccupations et inquiétudes. Le centrage sur le propriétaire est un outil puissant dans le rapport à l’autre. Comprendre ne veut pas dire être d’accord avec la position du propriétaire mais démontre que l’on prend au sérieux sa vision du problème et sa façon de vivre la situation.

Reformulation et clarification : Reformulez les points importants pour vous assurer d’avoir correctement compris ce que le propriétaire a exprimé pour montrer l’intérêt que vous portez à sa perspective et éviter les malentendus.

Calme et patience : Restez calme, patient et parlez doucement même si le propriétaire se montre agité. Votre attitude peut contribuer par effet miroir à apaiser le propriétaire et influencer positivement son comportement.

Monter au balcon : Les critiques d’un client sont rarement dirigées personnellement contre une seule personne. Restez professionnel et évitez de réagir instinctivement de façon symétrique, par exemple agressivement face à un comportement agressif. Restez également concentré sur les faits et sur la résolution du problème.

Adoptez une perspective la plus objective possible, en essayant de voir la situation du point de vue d'un observateur qui regarderait extérieurement le déroulement de la consultation.

Prendre en compte l’émotion : Reconnaître et comprendre ses propres émotions est la première étape essentielle. Identifiez ce que vous ressentez et verbaliser l’émotion. Face à une situation difficile, accordez-vous une pause pour respirer profondément et vous permettre de ralentir vos réactions impulsives et rassembler vos pensées. Utilisez des techniques de relaxation comme la méditation ou la cohérence cardiaque pour calmer votre esprit et réduire le stress. Trouvez des moyens d'exprimer vos émotions en équipe. Parlez à vos collègues, tenez un journal ou pratiquez une activité qui vous permet de libérer le stress.

Outre sa propre émotion, aidez également le propriétaire à gérer ses émotions en les verbalisant et exprimant votre compréhension "Je comprends que vous soyez en colère".

Proposer des solutions : Au lieu de rester centré sur le problème, présentez des solutions concrètes aux problèmes évoqués. Expliquez en détail comment vous comptez prendre en compte ses préoccupations et répondre à ses besoins.

Si nécessaire, soyez ouvert à la recherche de compromis qui satisferont toutes les parties impliquées.

Assurer un suivi : Assurez-vous de suivre les problèmes jusqu'à leur résolution. Donnez régulièrement des nouvelles sur les progrès réalisés pour restaurer la confiance du propriétaire.

CONCLUSION

La communication efficace dans des situations stressantes ou émotionnelles est un véritable art qui peut être développé avec la pratique. L'écoute active, l'empathie et la capacité à rester calme sont des compétences clés pour gérer ces scénarios complexes. En abordant ces situations avec compassion et professionnalisme, vous pouvez transformer des moments tendus en opportunités d'amélioration des relations avec le propriétaire et de résolution de problèmes.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Top 10 des premières erreurs en urgence

Anthony BARTHELEMY
Hopia
Guyancourt France

Qui dit urgence dit situation éminemment stressante, tout à la fois pour l’animal, le propriétaire, mais aussi (et surtout) pour le vétérinaire. Il importe de prendre rapidement la mesure de l’urgence, dans tous ses aspects, et d’agir en conséquence de façon rapide et ciblée. Dans ce contexte stressant, il est facile de commettre des erreurs qui pourraient potentiellement aggraver la situation.

1. Paniquer et rechercher un diagnostic étiologique

La première erreur, avant même d’examiner l’animal, est déjà de chercher à savoir ce qu’il a ! Or, ce n’est pas du tout le rôle du vétérinaire urgentiste pendant sa garde. Son rôle est de STABILISER son état et de le garder en vie. L’équipe de jour, qui prendra le relais de ce cas, aura alors pour mission de déterminer les causes étiologiques.

L’évaluation à l’arrivée de l’animal en état critique doit se faire dans un ordre précis et standardisé en évaluant les grandes fonctions vitales, en suivant la règle de l’ABCDE :

  • Fonction respiratoire : libération des voies aériennes (Airway) et respiration (Breathing)
  • Fonction cardiovasculaire (Circulation)
  • Fonction nerveuse (neurological Disability)
  • Fonction émonctoire (Emunctory function)

Les animaux présentant une anomalie de l’une des quatre grandes fonctions citées ci-dessus seront pris en charge immédiatement. À ce moment, il est important qu’un dialogue soit établi avec le propriétaire, pour que celui-ci comprenne les enjeux, soit informé du coût potentiel du traitement, et puisse donner son consentement à la première prise en charge de stabilisation de l’animal.

2. Ne pas administrer d’oxygène

En tant que réanimateur-urgentiste, la priorité des soins est de maintenir optimale et constante la quantité d’oxygène (O2) qui arrive aux tissus, appelée également distribution tissulaire en O2 (DO2). Cette DO2 dépend de la coopération complémentaire de deux systèmes organiques, le système cardiovasculaire et le système respiratoire (figure 1). Maintenir optimale la DO2 est nécessaire afin d’apporter des quantités suffisantes d’oxygène à la cellule pour assurer son homéostasie.

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Figure 1

L’oxygénothérapie doit être immédiate et systématique au débit de 100 à 150 mL/kg/min. Dès l’admission, il est conseillé de mettre en place un tuyau à oxygène devant le nez de l’animal (technique du flow-by). L’oxygénothérapie va permettre de corriger l’hypoxémie en augmentant la quantité d’oxygène dans le sang, mais aussi l’hypoxie en augmentant l’apport d’oxygène aux tissus.

Il existe différentes techniques d’oxygénothérapie conventionnelles, le choix se faisant en fonction de la perméabilité des voies aériennes supérieures, de la FiO2 désirée, du temps de traitement estimé, de l’équipement disponible et du tempérament de l’animal. Lors de l’admission d’un chat en détresse respiratoire, les cages à oxygène sont à privilégier pour éviter toute manipulation pouvant aggraver l’hypoxie déjà présente.

3. Ne pas traiter la douleur

La douleur, la peur, l’anxiété et la cause sous-jacente vont entraîner une consommation accrue en oxygène. Il devient alors essentiel de diminuer cette demande tissulaire en O2 afin d’optimiser la DO2. L’utilisation d’un antalgique chez un animal en état critique est donc recommandée, même s’il n’a pas mal. De plus, l’emploi d’une telle molécule entraînera une sédation légère à modérée de l’animal, permettant une contention plus délicate et meilleure. Lors de l’admission, l’utilisation d’opiacés est à privilégier. L’utilisation des anti-inflammatoires est à proscrire tant que l’état de l’animal est instable d’un point de vue respiratoire et/ou cardiovasculaire.

L’opiacé de choix chez un animal dyspnéique est le butorphanol, en raison de sa valence sédative (κ-agoniste), de sa faible durée d’action (1 à 2 heures) et de sa réversion aisée. Il s’utilise à la dose de 0,1 à 0,5 mg/kg IV/SC q2h. L’auteur de ce texte préconise, lors de l’admission, d’utiliser la dose de 0,4 mg/kg SC.

Les autres opiacés utilisables sont la morphine (0,1 à 0,3 mg/kg SC q4h) et la méthadone (0,1 à 0,3 mg/kg IV/SC q4h) qui ont une valence antalgique importante mais sédative faible.

L’utilisation de la buprénorphine est plutôt à éviter lors de l’admission de l’animal, en raison de sa trop longue durée d’action (6 à 12 heures) qui empêche toute titration et de son effet retardé (45 minutes après administration). Elle peut néanmoins être utilisée si elle est le seul opiacé à disposition.

En cas de douleur extrême, le fentanyl demeure la molécule de choix. Mais sa faible durée d’action (15 min) oblige à l’administrer en perfusion IV continue (CRI – constant rate infusion) après le bolus initial : bolus IV de 1 à 4 µg/kg, puis 1 à 4 µg/kg/h en IV (CRI). Son action peut être complétée par l’utilisation concomitante de kétamine : bolus IV de 2 mg/kg puis 10 µg/kg/min en IV (CRI).

4. Utiliser trop de fluides ou pas assez

Lors de l’admission, seul le soutien de la perfusion tissulaire est urgent. Le maintien de la volémie repose sur l’apport IV strict de fluides. Cet apport est réalisé sous forme de bolus répétés jusqu’à rétablissement de la volémie, et sans dépasser une dose totale de 60 mL/kg chez le Chat et 90 mL/kg chez le Chien (valeurs correspondant à leur volume sanguin). L’arrêt des bolus ne se fait qu’une fois le volume circulant rétabli. En pratique, la restauration de la volémie repose sur l’utilisation de cristalloïdes isotoniques (NaCl 0,9 % ou Ringer lactate, avec une préférence pour les fluides dits équilibrés comme le Ringer lactate) :

  • Chez le Chien, utilisation d’un bolus IV de 10 à 15 mL/kg sur 5 à 10 minutes
  • Chez le Chat, utilisation d’un bolus IV de 5 à 10 mL/kg sur 15 minutes

A l’issue du bolus initial, les paramètres cliniques de la volémie sont à nouveau évalués. S’ils sont normaux, le rétablissement du volume circulant est effectif et la prise en charge médicale peut être poursuivie (stabilisation des fonctions nerveuse puis émonctoire). S’ils sont toujours anormaux, 1 à 2 bolus IV supplémentaires sont réalisés aux mêmes volumes, avec évaluation clinique de la volémie entre chaque bolus.

5. Nuire à son état en explorant mal à propos, et/ou en privilégiant les examens radiographiques

Les examens complémentaires réalisés au moment de la stabilisation des grandes fonctions vitales sont aussi appelés minimal data base et ont une visée symptomatique et pathogénique afin de caractériser au mieux les détresses et besoins de l’animal. Ils sont à distinguer des examens complémentaires « traditionnels » à but étiologique, réalisés afin d’identifier la cause de l’état clinique de l’animal.

Parmi ces examens minimal data base se retrouvent les échographies POCUS (Point-Of-Care UltraSound – échographies au chevet de l’animal).

Actuellement, il est absolument déconseillé de réaliser des radiographies sur un animal instable en raison de la décompensation mortelle que la procédure peut entraîner. De plus, ce sont des examens irradiants, donc dangereux pour le manipulateurs, fais à la va-vite, sans se protéger, et dont l’interprétation en devient parfois délicate.

Au contraire, les techniques POCUS présentent de nombreux avantages et ne nécessitent pas de qualifications particulièrement poussées dans le domaine de l’imagerie médicale, ni d’une machine sophistiquée. Il s’agit de techniques non invasives, non irradiantes, dont le rôle est d’être utilisée au chevet de l’animal. De plus, ces examens peuvent être réalisés sans tondre le pelage, en imbibant simplement d’alcool l’interface sonde/peau. L’animal peut être placé selon sa position lors de son admission.

6. Vouloir évaluer tout l’abdomen

La principale lésion abdominale recherchée par les POCUS est la présence de liquides libres au sein de la cavité abdominale (épanchement abdominal) en se basant sur plusieurs fenêtres acoustiques. Lors de la présence d’épanchement, une semi-quantification par un score peut être réalisé. Ce score noté sur 4 consiste en la somme de chaque valeur (0 si absence d’épanchement ; 1 si présence d’épanchement) attribuée à une des 4 fenêtres échographiques. Ce score, très simple à réaliser, est une aide précieuse pour le suivi de ces animaux au cours de l’hospitalisation.

Il convient ensuite de ponctionner l’épanchement abdominal et de l’analyser afin d’approfondir la démarche diagnostique. A ce stade, évaluer tout l’abdomen est inutile.

7. Vouloir évaluer tout le thorax

Les techniques POCUS thoraciques se basent sur différentes fenêtres acoustiques mais les signes recherchés sont les mêmes :

  • La présence d’un épanchement pleural
  • La présence d’un épanchement péricardique
  • La présence d’un pneumothorax avec la disparition du signe du glissement (glide sign).
  • La présence d’un poumon humide en recherchant la présence de lignes B

La réalisation des techniques POCUS thoraciques va permettre d’orienter très rapidement et efficacement la démarche thérapeutique :

  • Thoracocentèse lors d’épanchement pleural ou de pneumothorax
  • Péricardiocentèse lors d’épanchement péricardique
  • Traitement diurétique lors de la mise en évidence de nombreuses lignes B dans un contexte évocateur d’œdème pulmonaire cardiogénique

8. Ne pas mesurer les lactates

L’accumulation de lactates provient d’un déséquilibre entre leur production et leur consommation, et peut être donc due à une production excessive, une utilisation insuffisante, ou une combinaison des deux. L’hyperlactatémie peut engendrer une acidose lactique qui peut être schématiquement classée en deux catégories : l’acidose lactique de type A, la plus fréquente, secondaire à une hypoxie tissulaire, et l’acidose lactique de type B, bien plus rare, consécutive à un dysfonctionnement mitochondrial ou une altération du métabolisme des glucides (dans ce cas, l’apport tissulaire en oxygène est correct).

En règle générale, toute valeur de lactatémie supérieure à 2,5 mmol/L chez le Chien et le Chat est en faveur d’une hypoxie cellulaire, et plus la valeur de la lactatémie est élevée, plus la gravité de cette hypoxie est importante.

9. Ne pas réaliser de radiographies thoraciques lors de traumatisme après stabilisation de l’état de l’animal

Une fois le patient stabilisé, et systématiquement sur un animal traumatisé, un examen clinique rigoureux s’impose, afin d’affiner le bilan lésionnel et de traquer les lésions cachées.

À ce stade, il conviendra de réaliser impérativement des radiographies thoraciques selon au moins deux incidences. En effet, en cas de polytraumatisme, le thorax est rarement totalement indemne ; par exemple, un pneumothorax peut entraîner un collapsus pulmonaire et entraîner la mort de l’animal. Des contusions parenchymateuses peuvent compromettre un pronostic chirurgical...

10. Ne pas se faire confiance et ne pas suivre son sens clinique

Lors de sa première nuit de garde en tant que jeune vétérinaire, il est crucial de se rappeler que même avec une expérience limitée, son sens clinique et son intuition jouent un rôle fondamental. Bien que les livres et les cours fournissent des bases solides, rien ne remplace le lien direct avec l’animal et les observations sur le terrain. Faire confiance à ses compétences, même en l'absence d'une longue expérience, peut souvent mener à des découvertes précieuses et à des gestes plus rapides. Le suivi des protocoles aide à cela : RESTER EN CONFIANCE.

Chaque cas est une opportunité d'apprentissage, et en évaluant attentivement les signes cliniques, biologiques, échographiques, en posant des questions pertinentes et en se fiant à cette intuition, le jeune vétérinaire peut surmonter les doutes et prendre des décisions éclairées, même en situation d'urgence.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Transfert entre équipes : comment l'optimiser

Christophe BILLE
Chv Des Cordeliers
Meaux France

I- Introduction

Le compte-rendu et la fiche d’hospitalisation sont des documents qui permettent d’identifier le patient et ses propriétaires et d’exposer le cas médical et le plan thérapeutique. L’utilisation de l’informatique permet de multiplier les intervenants, de sécuriser les soins et d’ouvrir de nouvelles perspectives dans la délivrance des soins aux hospitalisés. L’arrivé de l’informatique ne doit cependant pas se substituer à l’échange direct d’informations entre les intervenants.

II- Objectifs d’une feuille de soins

1. Identification du patient

La première fonction incompressible d’une fiche d’hospitalisation est d’identifier le patient, ses propriétaires, de renseigner leurs coordonnées et de définir les modalités de communication (appeler entre 18 et 19h). Il s’agit d’une fonction essentielle de la fiche d’hospitalisation qui ne doit jamais être oubliée.

2. Description du cas

Le compte-rendu permet de décrire le cas. Il expose l’anamnèse, les commémoratifs, les résultats d’examens complémentaires, les hypothèses diagnostiques et le plan thérapeutique. Ces informations vont depuis le responsable vers les équipes de soins.

3. Définition des soins à effectuer

Il s’agit d’informations qui vont depuis le vétérinaire responsable vers les équipes qui sont au contact du patient. Il s’agit de l’ordonnance du plan thérapeutique.

Ces informations dépendent généralement de l’intensité de la prise en charge.
En soins intensifs, l’examen clinique est généralement très renseigné (FC, FR, courbe respiratoire, PA, température, douleur), très fréquemment (toutes les 10-15 min).

On y ajoute généralement les soins : administration de médicaments, de nourriture, ponction des drains, changements de décubitus, nursing.

Viennent ensuite les renseignements sur les « in and out ». Volumes perfusés, volumes urinés, renseignement sur les selles, sur les aliments ingérés.

Puis, l’évaluation générale du patient : vif, abattu…

Enfin les remarques libres.

4. Renseignement des soins réalisés et remarques

Il s’agit d’informations qui vont depuis les équipes (ASV/animalière/vétérinaire de soins) vers le vétérinaire responsable. Dans ce flux, la personne au contact du patient informe les intervenants qui sont responsables du cas.

III- Les apports de l’informatique

1. Les modalités de communication

a) La communication unidirectionnelle

Il s’agit d’une information qui est communiquée depuis un narrateur vers un auditeur. Il n’y a pas d’échange. Le support le plus répandu est celui du micro et des hauts parleurs, par exemple dans les supermarchés.

b) La communication multidirectionnelle

Dans cette modalité, un échange d’informations est possible. Les supports diffèrent selon que l’on souhaite une communication instantanée ou une communication retardée.

c) La communication instantanée

La communication instantanée est une modalité de recherche d’information immédiate. « Quelle heure est-il ? », « il est 12h15 ». Sa particularité est qu’elle mobilise l’attention des 2 interlocuteurs au même moment. Ils doivent donc tous les 2 se libérer pendant le même intervalle de temps. Ce mode de communication est le plus difficile à développer dans nos structures car tout le monde est très occupé. Les modalités sont l’échange verbale direct ou par téléphone. Si nous analysons les flux d’information, les possibilités d’interactions sont gigantesques au sein de nos structures. Le mal du siècle est probablement la perte de patience et l’exigence d’instantanéité. Les réseaux sociaux en sont un bel exemple. Chacun réagit en quelques secondes sur de multiples sujets. Nous n’échappons à cette règle. Chaque vétérinaire ou ASV qui dispose d’un téléphone sans fil pourra constater que dans 95% des cas, les appels passés n’ont aucun besoin d’obtenir une réponse immédiate. Il n’y a donc aucun besoin de mobiliser 2 interlocuteurs au même moment.

d) La communication retardée

Dans ce cas de figure, l’information demandée ne nécessite pas une réponse immédiate. Il y aura une réponse. Elle sera pertinente. Elle sera communiquée lorsque l’opérateur aura le temps de répondre. Ce sont les SMS.

Il s’agit d’une modalité qui concerne la plus grande partie de nos échanges dans nos structures professionnelles. C’est celle de la fiche d’hospitalisation. Je veux savoir si mon patient a mangé. Je ne veux pas que mon infirmière coure, toutes affaires cessantes, renseigner la fiche au moment où l’animal a fini de déglutir. L’informatique répond très bien à cette modalité de communication. Elle ouvre, de plus, des possibilités d’aménagement infinies. Je n’ai plus besoin de lire la fiche en étant devant la cage. Je peux rester dans ma salle de consultation. Ma salle de consultation peut être à l’autre bout du bâtiment, voire dans un autre bâtiment.

2. La multiplicité des intervenants

a) Équipes multidisciplinaires

Il est fréquent que les équipes vétérinaires soient multidisciplinaires. La fiche d’hospitalisation permet d’établir un protocole de communication entre les intervenants. Si un animal est hospitalisé, une fiche d’hospitalisation est éditée et les soins effectués sont renseignés. Qu’il s’agisse d’un patient hospitalisé pour un scanner ou pour chirurgie, les intervenants sont différents mais la source d’information reste la même. C’est la fiche d’hospitalisation. Si la question se pose de savoir quelle injection le patient a reçue. La fiche d’hospitalisation contient l’information. Peu importe la personne qui pose la question. Peu importe le moment auquel elle se pose la question. Le transfert de cette information n’aura pas mobilisé l’attention de 2 personnes au même moment.

b) Équipes se chevauchant

Il peut s’agir d’équipes jour/nuit mais aussi d’une transmission de cas d’un jour sur l’autre ou encore d’un chevauchement d’horaire. Nos structures sont généralement ouvertes plus de 12h par jour. Il est impossible qu’une infirmière travaille de l’ouverture à la fermeture. La fiche d’hospitalisation permet de savoir les soins que l’animal a reçus et doit recevoir.

3. La standardisation

L’informatique permet, pour ceux qui le souhaitent de standardiser la prise en charge. Il est possible d’avoir une mise en page identique pour tous les animaux. Il est possible, pour chaque soin de mettre en place des menus déroulants qui rappellent les protocoles utilisés dans la structure.

4. Sécurisation

L’informatique est capable de produire un kanban. Il s’agit d’un signal qui permet de savoir qu’une tache est accomplie et que l’on peut passer à la suivante. Cette méthode, issue de l’industrie automobile japonaise est à l’origine des « to do list » très populaires sur nos smartphones.

L’informatique aura bientôt la capacité de produire une timeline en temps réel et d’émettre des alertes si un soin est oublié. Il en découlera une plus grande sécurité de nos pratiques car le nombre d’oublis de soins chutera drastiquement.

5. Le suivi financier.

Certains développeurs mettent en place une facturation des soins effectués. La doctrine de facturation change. Un montant maximum à ne pas dépasser au cours de l’hospitalisation est renseigné. Les soins effectués incrémentent la facture. Lorsque l’on approche la limite, une alerte apparait.

6. L’archivage

L’informatique permet de renseigner et d’archiver les soins effectués. Cela permet au praticien de se défendre en cas de contentieux.

IV- Les limites de l’informatique

1. L’identification des animaux

Les nouvelles possibilités offertes par l’informatique ne doivent pas faire oublier une fonction essentielle de la fiche d’hospitalisation : l’identification du patient et de son propriétaire. Un chat noir ressemble beaucoup à un autre chat noir. Il apparait indispensable d’imprimer la feuille d’hospitalisation et de faire en sorte que cette feuille suive le patient partout pendant son parcours de soins.

2. Les pannes

L’impression de la feuille d’hospitalisation permet d’établir un protocole de soins en « mode dégradé ». En cas de panne de courant ou d’informatique, les informations nécessaires à la prise en charge du patient ainsi que celles permettant de joindre les propriétaires sont toujours disponibles.

3. La complexité de l’informatique

Les logiciels informatiques sont parfois complexes et peu intuitifs. Certaines personnes y sont hermétiques.

4. La structuration du transfert de l’information

Il existe plusieurs protocoles de transmission des informations (SOAP, IPASS, SBAR). Le plus répandu est le SOAP (subjective, objective, assessment, plan).

a) Subjective

Cette partie regroupe les motifs de consultation et les antécédents médicaux.

Exemple : chat 13 ans présenté pour une anorexie et des vomissements évoluant depuis 3 jours. Il est correctement vacciné et vermifugé. Il n’a pas d’antécédents médicaux.

b) Objective

Il s’agit de ce que l’observateur voit, sent, mesure (examens complémentaires).

Exemple : l’examen clinique permet d’identifier une néphromégalie unilatérale. La créatininémie est de 125 mg/l. L’échographie abdominale permet d’identifier un syndrome gros rein/petit rein.

c) Assessment

Il s’agit de la synthèse diagnostique.

Exemple : syndrome gros rein/petit rein. insuffisance rénale aigue évoluant sur un fond d’insuffisance rénale chronique.

d) Plan

Il s’agit de la stratégie de prise en charge.

Perfusion, sonde d’alimentation, maropitant, mirtazapine, dosage de la créatininémie et de la kalièmie toutes les 24h.

V- Conclusion

Le compte rendu et la feuille d’hospitalisation sont en réalité bien plus que le nom qu’ils portent. Ils sont le reflet de notre activité. Cette activité fait intervenir de plus en plus de personnes qui ont chacune besoin de communiquer entre elles. L’utilisation de l’informatique permet cet exercice de la médecine multidisciplinaire. Il permet aussi de standardiser et de sécuriser la transmission des informations. La méthode SOAP permet de structurer et de standardiser l’exposé des données médicales.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.