4 conférences (seules sont affichées les conférences pour lesquelles un texte a été fourni).

> Dysplasie des hanches : intérêts des cavaletti

Vinciane ROGER

I- Pourquoi faire des exercices chez le dysplasique ?

La dysplasie de hanche peut être définie comme une anomalie de développement de l’articulation de la hanche, résultant d’une laxité coxo-fémorale due à un défaut de recouvrement de la tête fémorale par l’acétabulum ainsi qu’une inefficacité de stabilisation par les tissus mous. La progression de la maladie va entrainer de l’arthrose [1].
La prise en charge de la douleur, le maintien d’une note d’état corporel faible, une gestion nutritionnelle ainsi qu’une activité adaptée sont les points que l’on va cibler pour le management de cette pathologie.

Le programme d’exercice aura pour but de [2] :

  • Renforcer la musculature autour de l’articulation de la hanche,
  • Améliorer la vitesse d’activation musculaire, à travers des exercices d’équilibre et de proprioception, afin de protéger cette articulation instable,
  • Maintenir une amplitude articulaire adéquate,
  • Prévenir les postures et allures compensatoires.

II – Les cavaletti, c’est quoi ?

Les cavaletti sont de petits obstacles – deux plots reliés avec une barre - que l’on dépose sur le sol et que le chien devra franchir et ce, de la bonne façon.

C’est un exercice très intéressant pour les chiens dysplasiques, dans le sens où il fait travailler l’équilibre, la proprioception, les amplitudes articulaires mais également le mouvement de marche.

Il est accessible à tous les propriétaires et les chiens, dans le sens où il n’y a pas de prérequis d’apprentissage.
Il nécessite un matériel très limité et peu onéreux : des plots et des barres, il peut facilement être réalisé à la maison (dans un couloir), dans le jardin, ou en structure.

Lorsque l’on parle de Cavaletti, on pense directement aux plots et barres, mais on peut également le faire dehors avec des branches de bois posées à même le sol, une échelle, un tuyau d’arrosage… ou à l’intérieur avec des manches à balais posés sur des cartons / livres.

C’est un exercice qui est très simple d’apparence - il faudra veiller à ce qu’il soit bien fait : le but ici n’est pas le fond, mais la forme. Il ne faut pas que l’animal arrive de l’autre côté / franchisse coûte que coûte les obstacles, mais il faut qu’il le fasse bien, quitte à stopper l’exercice au milieu.

III - Comment les faire ?

Placer les plots à la bonne hauteur et distance les uns des autres.


Dans un premier temps, la distance entre deux obstacles doit être inférieure à la longueur membre antérieur-membre postérieur de l’animal, afin qu’il ne pose qu’une fois chaque membre entre deux obstacles consécutifs. Plus on ressert, plus cela sera difficile et plus il risque de vouloir en enjamber plusieurs en même temps, voir faire du saut en longueur. Ensuite et pour plus de difficultés, on peut resserrer ou à l’inverse écarter, ou encore être irrégulier dans les distances entre chaque.

La hauteur des barres devra être mise au plus bas dans un premier temps, voire même au sol, afin que l’animal s’habitue et comprenne ce que l’on attend de lui. On augmentera la hauteur au fur et à mesure. La barre peut être mise de travers également pour une difficulté accrue.

Parcours droit, en arc de cercle, avec peu ou beaucoup d’obstacles, à l’intérieur d’un parcours ou non, il y a une infinité de possibilité. L’adapter à l’animal que l’on a en face sera primordial.

En pratique, on gardera un animal en laisse dans un premier temps avec le propriétaire ou le manipulateur qui se déplace en même temps que lui. L’objectif est qu’il passe les obstacles de la bonne façon : concentré, calme et en décomposant les membres sans butter sur les barres ou les sauter. Il faudra veiller à avoir un animal toujours motivé, ne pas hésiter à changer d’exercices après 2 ou 3 passages afin de garder l’attention de l’animal quitte à refaire cet exercice plus tard.

En amont, il faudra trouver la bonne façon de récompenser l’animal à chaque traversée : suffisante pour le motiver, mais qui ne le fait pas monter trop en excitation. Cela peut être à la voix, des caresses, un jouet, de la nourriture…

Enfin, on ne le fait pas sur un animal douloureux : on gère la douleur avant.

Bibliographie

[1] - C. Zink, Canine Sports Medicine and Rehabilitation, Second Edition, 2018 – Wiley Blackwell

[2] - S. Langley-Hobbs, Hip dysplasia in a puppy : conservative management In BSAVA Manual of Canine and Feline rehabilitation, supportive and Palliative Care

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Planification de la rééducation en clinique en postopératoire

Hélène TIBERGHIEN
Nordvet
Lille France

I- Introduction

Lors de dysplasie coxo fémorale, 4 interventions chirurgicales peuvent être pratiquées afin d’améliorer la qualité de vie des animaux : l'exérèse arthroplastie de la tête et du col fémoral (EATF), ou la prothèse totale de hanche (PTH) chez les adultes, et la symphysiodèse pelvienne (chiot âgé de 12 à 18 semaines) ou la double/ triple ostéotomie du bassin DOB/TOB (entre 4 et 10 mois) chez les jeunes. Nous verrons dans un premier temps le plan de gestion pré et post opératoire classique, puis les particularités de la rééducation pour chaque chirurgie. 

II- Préopératoire

Débuter la rééducation en préopératoire va engendrer de nombreux bénéfices: diminuer la douleur et les tensions musculaires, maintenir l’amplitude, et augmenter le volume musculaire. Le travail du chirurgien sera facilité en limitant la fibrose et les adhérences préopératoires. La reprise d’appui sera également accélérée en postopératoire car l’animal aura moins d’appréhension à utiliser le membre atteint (kinésiophobie). 

La perte musculaire en postopératoire étant quasi-systématique, un volume musculaire optimisé en pré opératoire aidera à limiter l’atrophie. La rééducation pré-opératoire permet également d’habituer l’animal aux techniques de physiothérapie, donc de gagner en efficacité en séance postopératoire. Enfin, le physiothérapeute pourra conseiller les propriétaires sur les gestes et aménagements à prévoir juste après la chirurgie.

III- Gestion postopératoire générale 

Les délais sont donnés à titre indicatif, il est évident que le protocole doit être adapté à chaque animal en fonction de sa douleur et de sa vitesse de récupération. 

Attention, les 4 interventions chirurgicales ont chacune des particularités importantes, le protocole ci dessous nécessite des adaptations pour chacune d'elles, qui sont détaillées dans les paragraphes correspondants. 

1. Phase inflammatoire, nursing

Lors des premiers jours postopératoires, (généralement 5 jours, compter 15 jours pour une PTH) la douleur et l’inflammation sont prédominantes et doivent être gérées. Une gestion médicamenteuse appropriée (AINS +/- opiacés) est indispensable ainsi que du repos; les techniques en rééducation pouvant être initiées à ce stade sont : 

  • cryothérapie 15 min 3 fois par jour, permettant de diminuer l'oedème, la douleur et l’inflammation;. 
  • mouvements passifs doux 10 répétitions 3x/j, les mouvements sont réalisés lentement et ne doivent pas déclencher de douleur. (Attention, les mouvements en adduction/abduction sont strictement interdits pour une PTH);
  • marche lente avec un harnais de soutien 5 minutes maximum, promenades hygiéniques uniquement;
  • massages doux du membre opéré;
  • exercices de report de poids, afin d’encourager l’appui léger sur le membre opéré;. 
  • laser 1x/j pour diminuer l’inflammation, la douleur et l'œdème. (Pas de laser sur les symphisiodèses, DOB/TOB);
  • si la douleur est importante, posibilité d’ajouter des séances d’électrothérapie antalgique TENS (2-4x/j). 

2. Phase de reprise d’appui

Lors de la phase de reprise d’appui (généralement J5 à J21; pour PTH J15 à J60), la douleur diminue et l’animal commence à récupérer un appui très léger. Les exercices actifs sont interdits si l’animal est encore trop douloureux. On cherche à encourager l’utilisation du membre opéré; La proprioception a été modifiée par la chirurgie (perte de récepteurs proprioceptifs, changement dans la conformation, perte d’une articulation…!) Il est donc  conseillé d’ajouter des exercices proprioceptifs à ce stade. 

Les précédentes techniques sont ajustées ainsi : 

  • laser 2x/semaine (sauf symphisiodèse DOB/TOB);
  • marche lente en laisse 5 à 10 minutes, avec soutien si nécessaire;
  • mouvements passifs doux (pas de mouvement adduction abduction pour les PTH);
  • exercices report de poids +  proprioceptifs sur surface molle ou plateforme bidirectionnelle ou plateforme proprioceptive motorisée;
  • hydrothérapie 5 à 10 minutes (après retrait des fils à J15, pour PTH après J30), l’hydrothérapie sur tapis roulant immergé permet de soulager le poids supporté par l’animal, d’encourager l’utilisation du membre opéré, et de renforcer la masse musculaire;
  • cryothérapie 15min après exercices;
  • électrothérapie antalgique TENS si nécessaire;
  • électrothérapie NMES si fonte musculaire importante (quadriceps, ischiojambiers, glutéaux).

3. Phase de consolidation 

Lors de la phase de consolidation (généralement J21 à J60, pour la PTH J60 à J90), le montage gagne progressivement en solidité, l’animal améliore sa confiance lors de la marche. Les mouvements brusques, sauts etc… sont toujours interdits. On cherche toujours à encourager l’utilisation du membre opéré, rétablir la force et le volume musculaire, et récupérer la meilleure amplitude de mouvement possible. Le programme de rééducation est le suivant: 

  • laser si besoin( sauf symphisiodèse et DOB/TOB) + Mouvements passifs (pas d’adduction abduction PTH) + étirements doux, l’extension de la hanche peut rester douloureuse;. 
  • marche 15-20 minutes (avec pentes pendant 5-10minutes)
  • exercices actifs : choisir 2 exercices parmis ceux proposés ci dessous :
    • assis debout 5-10 répétitions 2x/j;
    • exercices proprioceptifs sur coussin ou plateau;
    • rails de cavalettis;
    • montée-descente d'escaliers en laisse: 1 aller-retour;
    • exercices en danseuse si tolérés.
  • Hydrothérapie sur tapis roulant immergé, durée croissante de 5 à 20 minutes
  • Electrothérapie NMES si nécessaire

 4. Phase de renforcement

Lors de la phase de renforcement (généralement après J60 ou J90 pour une PTH), la cicatrisation osseuse est terminée, on se concentre sur le développement musculaire. 

  • étirements du membre opéré 8 à 10 répétitions; 
  • augmentation de l’intensité des exercices actifs précédemment demandés; 
  • hydrothérapie sur tapis roulant immergé 15-20 minutes ou nage 5-10 minutes.

IV- Particularités de la rééducation après une exérèse-arthroplastie de la tête fémorale (EATF)

La chirurgie d’EATF consiste à réaliser une ostéotomie de la tête et du col du fémur. Après l'intervention un tissu fibreux se forme et le fémur ne s’articule plus avec le bassin. Il y a formation d’une pseudo-articulation. Ce sont les masses musculaires entourant la hanche qui seront responsables de son maintien et donc du succès de l’opération. 

La rééducation après une exérèse tête col se concentre sur l’extension de la hanche, la masse musculaire et l’utilisation du membre opéré. 

La gestion de la douleur est essentielle, et va conditionner la reprise rapide d’un appui sur le membre opéré. L’amyotrophie est souvent rapide et importante, la rééducation préopératoire est particulièrement indiquée. Le pronostic de récupération est généralement bon, mais dépend de l’intensité et de la chronicité de la boiterie pré-existante. La récupération est plus incertaine chez les chiens de grand format ou en surpoids. 

V- Particularités après une prothèse totale de hanche (PTH)

La chirurgie de prothèse totale de hanche est réalisée lorsque la gestion médicale est insuffisante pour le confort de l’animal. Les conséquences périarticulaires de l’arthrose persisteront durant les premiers mois post opératoires. La PTH permet une excellente récupération fonctionnelle, mais le coût et les risques de complications (luxation, descellement de l’implant, fracture du fémur, rejet de prothèse, neurapraxie…) sont élevés (respectivement 3 à 5k€ et environ 10% (1)). Les animaux les plus à risques de complications sont les animaux âgés avec comorbidités (Arthrose, RLCA, syndrome lombosacré…) ayant perdu force et volume musculaire, donc plus à risque de chutes; les animaux jeunes, exubérants, ou agressifs, les animaux obèses ou de très grand format car il y a plus de contraintes sur le montage. La période de surveillance post opératoire est longue : la phase de nursing dure environ 15 jours, et la phase de reprise d’appui s’étend généralement jusqu’à J60. L’hydrothérapie n’est initiée qu’à partir de J30. L’exercice est contrôlé et restreint durant 3 mois minimum. Les jeux, les sauts, le trot et enfin la course sont interdits durant 3 mois. Les sols glissants peuvent se révéler très dangereux durant la période post opératoire, des tapis ou chaussons antidérapants peuvent être temporairement installés à la maison. Tous les mouvements en rotation externe, adduction ou abduction sont absolument prohibés durant 12 semaines, car ils présentent un risque de faire luxer la prothèse. 

VI- Particularités après une symphysiodèse pelvienne

La symphysiodèse pelvienne correspond à la fusion prématurée de la symphyse pubienne par électrocoagulation. Elle vise à améliorer la couverture dorsale de la tête fémorale par l’ acétabulum. Elle est peu douloureuse et peu traumatique, la récupération est généralement rapide et sans complications. Les techniques de physiothérapie permettant de diminuer la douleur et l’inflammation ne sont pas forcément nécessaires. 

Le laser est contre-indiqué sur les patients en croissance.

La rééducation a pour objectif principal de promouvoir le développement musculaire de ces jeunes patients en croissance, en favorisant les exercices à faible impact comme par exemple: mouvements de balancier, travail sur coussin proprioceptif, rails de cavalettis, exercices assis-debout, hydrothérapie à partir de J15…

VII- Particularités après une double ou triple ostéotomie du bassin

Les ostéotomies du bassin se réalisent sur chien en croissance (4 à 10 mois), Cela correspond à réaliser 2 ou 3 ostéotomies: une sur le pubis, une sur l’ischium (uniquement dans la TOB) et une sur  l’ilium. Cette chirurgie a pour but d’améliorer la couverture de la tête fémorale par l’acetabulum. Le segment caudal de l’ilium subit une rotation, et une plaque est placée pour stabiliser l’ostéotomie. 

L’activité est strictement surveillée jusqu’à cicatrisation osseuse, durant 6 semaines, seuls des exercices à faible impact sont autorisés afin d'éviter trop de contraintes sur le montage. Puis la difficulté des exercices demandés est progressivement augmentée afin de retrouver force et volume musculaire. Lors de la phase de consolidation (J21 à J60), L’appui s’améliore, la douleur diminue et il faut parfois freiner le chiot qui veut jouer excessivement, ou faire des exercices trop violents, car la cicatrisation osseuse est encore incomplète à ce stade. Les sols glissants, les sauts et la course sont évités durant 3 mois.

Le laser est contre-indiqué sur les patients en croissance.

Conclusion

En définitive, la réussite d’une opération va être conditionnée par la récupération fonctionnelle de l’animal. La rééducation est d’une grande aide pour réapprendre à l’animal à utiliser le membre opéré, pour diminuer sa douleur, lui redonner du volume et de la force musculaire et améliorer son endurance. Ainsi, la rééducation est un allié de choix lors de chirurgie de dysplasie coxo-fémorale. Les délais sont donnés à titre indicatif, il est très important d’ajuster le protocole à chaque animal, car la douleur et les durées de cicatrisation et de récupération peuvent être très différentes d’un animal à l’autre. 

Bibliographie 

  1. Peck, J. N., Liska, W. D., DeYoung, D. J., & Marcellin-Little, D. J. (2012). Clinical application of total hip replacement. Advances in small animal total joint replacement, 69-107.
  2. Dycus, D. L., Levine, D., Ratsch, B. E., & Marcellin-Little, D. J. (2022). Physical rehabilitation for the management of canine hip dysplasia: 2021 update. Veterinary Clinics: Small Animal Practice, 52(3), 719-747.
  3. Millis, D., & Levine, D. (2013). Canine rehabilitation and physical therapy. Elsevier Health Sciences.
  4. Bockstahler, B., Wittek, K., Levine, D., Maierl, J., & Millis, D. L. (2019). Essential facts of physical medicine, rehabilitation and sports medicine in companion animals. Munich, Germany:: VBS GmbH.
  5. Marcellin-Little, D. J., Doyle, N. D., & Pyke, J. F. (2015). Physical rehabilitation after total joint arthroplasty in companion animals. Veterinary Clinics: Small Animal Practice, 45(1), 145-165.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Savoir-faire dysplasie des hanches : que faire à la maison ?

Hélène TIBERGHIEN
Nordvet

I- Introduction

Les objectifs de la rééducation lors de dysplasie de hanche sont multiples: diminuer la douleur, maintenir ou améliorer l’amplitude de mouvement, renforcer les muscles entourant la hanche et de ce fait, améliorer son soutien, et enfin, éduquer les propriétaires pour favoriser un exercice peu impactant pour les articulations. Nous détaillerons ici uniquement les techniques de physiothérapie réalisables à domicile par le propriétaire. 

II- Gestion de la douleur

Lors de dysplasie coxo-fémorale, des épisodes de douleurs peuvent être présents de manière intermittente, il est important de sensibiliser le propriétaire sur la détection de ceux ci (échelles de douleurs, grille Helsinki Chronic Pain Index HCPI…), et de la diminuer à l’aide d’agents pharmacologiques et/ou de techniques de physiothérapie. 

La gestion anti inflammatoire non pharmacologique de la gestion de la douleur comprend la cryothérapie et les massages. L’application de froid soulage directement la douleur en diminuant la vitesse de conduction nerveuse. Le froid diminue également les oedèmes, et diminue l’activité des enzymes dégradant le cartilage articulaire. La cryothérapie peut se faire à l’aide d’une poche de froid appliquée durant 10 à 20 minutes sur la hanche. La cryothérapie est un allié de choix pour les douleurs aiguës, inflammatoires, par exemple après une période d’exercice ou en cas de crise d’arthrose.

Les effets à court et long terme du massage chez les animaux sont peu connus. Ils peuvent diminuer la douleur myofasciale et la tension musculaire. Le massage peut également diminuer la douleur via de mécanisme du gate control (stimulation des fibres sensorielles A à vitesse de conduction rapide, et épargne des fibres nerveuses douloureuses à conduction lente A et C). 

La chaleur est largement considérée comme ayant un effet positif sur les douleurs arthrosiques. Elle permet une diminution de la douleur via le gate control, ainsi qu’une vasodilatation permettant de normaliser le flux sanguin. Elle est également responsable d’une augmentation de l’élasticité des tissus fibreux ( tendons, ligaments, tissu cicatriciel, capsules articulaires....) Cette technique est à privilégier lors de raideurs à froid, le matin au réveil. Elle est à proscrire en cas d’inflammation et de douleur aiguë. La poche de chaud est appliquée durant 10 à 15 minutes sur une serviette protégeant la peau, celle-ci doit être contrôlée très régulièrement pour éviter tout risque de brûlure. Il existe également des orthèses chauffantes, qui sont plus faciles d’utilisation. 

III- Gestion de l’amplitude articulaire

Lors de dysplasie de hanche, l’extension peut être douloureuse, l’animal diminue son amplitude de mouvement en extension pour limiter la douleur. 

Il est toujours plus avantageux de maintenir une amplitude de mouvement plutôt que de la  retrouver une fois perdue. Il semble donc raisonnable de recommander une activité physique qui incite l’extension de hanche, sans déclencher de douleur. 

Le travail de l’amplitude articulaire est incorporé dès les premières phases de la dysplasie pour limiter les adhérences, la fibrose, et améliorer la souplesse. 

Le travail de l’amplitude se fait grâce aux mobilisations passives, aux mobilisations actives et aux étirements, ceux ci seront optimisés si les tissus ont été préalablement échauffés (après application de chaud ou après exercices actifs)

Les mouvements passifs se réalisent en effectuant une flexion et extension complète de la hanche, idéalement sur animal en décubitus latéral, ils ne doivent pas déclencher de douleur. La position peut être maintenue 20 à 30 secondes en fin de mouvement afin de réaliser un étirement. 

IV- Protocole de base à domicile pour traitement conservateur lors de dysplasie coxofémorale (d’après [1])

Mise en garde: Chaque protocole doit être adapté aux capacités physiques de l’animal, il convient de sensibiliser le propriétaire afin qu’il sache reconnaître lorsque l’animal présente des douleurs et que les exercices ne sont donc pas indiqués. 

Les exercices proposés dans ce protocole sont ceux permettant la meilleure amplitude articulaire active (Pentes, assis debout et cavalettis) ou extension de hanche (exercices en danseuse) .  

  • Échauffement 5 à 10 minutes
  • Marche en laisse, 2 à 3 fois par jour, 15 à 20 min, puis augmenter de 5 minutes par semaine jusqu’à 30-45 minutes. Variantes : lorsque l’animal est à l’aise au bout de 20 minutes, ajout de plan incliné, puis ajout de montée/descente d’escaliers, ou enfin, ajout de terrain accidenté. 
  • Exercices : Assis debout 10 à 20 répétitions
    • Exercices en danseuse 10 à 20 répétitions (d’abord en statique, puis, s’il est à l’aise, marche vers l’avant et enfin vers l’arrière)
    • Passage de cavalettis 
  • Récupération / Étirement :  Mouvements passifs (10 à 20 répétitions)
    • Massage
    • Étirements (20-30 secondes en fin de mouvement)
    • Cryothérapie (10 à 20 minutes) 

Ce protocole de base peut être agrémenté d’autres exercices en fonction des capacités de l’animal : 

  • Travail de la proprioception
  • Lors de laxité articulaire et d’arthrose, la proprioception peut être affectée. De nombreux exercices sont réalisables afin de l’améliorer. Ils permettent également  de renforcer les muscles posturaux profonds, et de diminuer les risques de chute. 

Exemples d’exercices proprioceptifs

  • Mouvement de balancier 15 à 25 répétitions 2 à 4 fois par jour. L’animal est en position debout, statique. Une pression latérale est appliquée par la main du thérapeute sur la hanche alternativement d’un côté à l’autre, afin de modifier la répartition du poids sur les postérieurs. 
  • Plateau de freeman: les postérieurs sont placés sur un plateau de freeman, et celui-ci est lentement incliné de droite à gauche et d’avant en arrière. 
  • Coussin proprioceptif: les deux postérieurs sont placés sur le coussin et un mouvement de balancier de droite à gauche est effectué pour déporter le centre de gravité. Variante: les deux postérieurs sont placés sur le coussin proprioceptif et le pied du thérapeute appuie sur le coussin pour changer la surface d'appui.
  • Ballon cacahuète: Les antérieurs du chien sont placés sur le ballon et la position est tenue plusieurs secondes. Le poids est alors réparti sur les membres postérieurs, et l'articulation de la hanche est en extension. 
  • Marche sur sol meuble/sable/accidenté : La marche sur sol meuble fait travailler davantage la proprioception qu’un sol dur. 

Activité pré-juvénile et dysplasie

Une étude [5] sur une cohorte de 501 chiens de 4 races de chiens dysplasiques a montré une prévalence accrue de dysplasie pour les animaux ayant utilisé régulièrement des escaliers avant l’âge de 3 mois, et une prévalence de dysplasie diminuée pour les chiots de moins de 3 mois ayant libre accès à l’extérieur. 

Marche aquatique

La thérapie aquatique est bénéfique pour les chiens atteints de dysplasie. Elle permet de diminuer la douleur, les spasmes et de renforcer musculairement. Des sessions de marche aquatique peuvent être ajoutées au protocole, 2 à 5 minutes pour commencer (1 à 2 fois par semaine) jusqu’à 10-20 minutes.

V- Ergothérapie, gestion de l’environnement 

  • L’environnement d’un chien dysplasique doit être adapté. Il convient d’éviter au maximum les glissades, car l’animal risque d’aggraver sa laxité articulaire en cas de chute. Des dispositifs peuvent être placés sur le sol : tapis antidérapants, chutes de moquette, bandes antidérapantes… Les longs poils en région palmaire peuvent être tondus pour améliorer l’adhérence.Certains dispositifs type chaussons ou patch antidérapants existent, il faut veiller à ce qu'ils gênent l’animal le moins possible au quotidien. 
  • Un couchage adapté est recommandé: accessible (pas trop haut), ni trop dur ni trop mou, par exemple à mémoire de forme, matelas orthopédique ou un matelas d’enfant. 
  • Si des escaliers sont présents dans l’habitation, une barrière pour enfant peut être installée, afin d’éviter des montées descentes sans surveillance et le risque de chutes.
  • Il existe des orthèses de hanches qui ont pour but de limiter la subluxation, mais il n’existe aucune preuve scientifique documentant leur efficacité. 
  • Le surpoids a été clairement démontré comme étant un facteur d’aggravation de la dysplasie des hanches et de l’arthrose. Une gestion stricte du poids est essentielle pour éviter l’aggravation rapide des symptômes. 
  • Les propriétaires doivent être sensibilisés à la gestion de l’exercice au quotidien : favoriser un exercice régulier, progressif et non traumatique. Il doivent également réagir correctement en cas d’épisode de douleur aiguë: repos et gestion pharmacologique et/ou non pharmacologique de la douleur.

Toutes ces techniques sont adaptables au chat selon sa tolérance et sa patience ! 

Bibliographie

  1. Dycus, D. L., Levine, D., Ratsch, B. E., & Marcellin-Little, D. J. (2022). Physical rehabilitation for the management of canine hip dysplasia: 2021 update. Veterinary Clinics: Small Animal Practice, 52(3), 719-747.
  2. Millis, D., & Levine, D. (2013). Canine rehabilitation and physical therapy. Elsevier Health Sciences.
  3. Bockstahler, B., Wittek, K., Levine, D., Maierl, J., & Millis, D. L. (2019). Essential facts of physical medicine, rehabilitation and sports medicine in companion animals. Munich, Germany:: VBS GmbH.
  4. Greene, L. M., Marcellin-Little, D. J., & Lascelles, B. D. X. (2013). Associations among exercise duration, lameness severity, and hip joint range of motion in Labrador Retrievers with hip dysplasia. Journal of the American Veterinary Medical Association, 242(11), 1528-1533.
  5. Krontveit, R. I., Nødtvedt, A., Sævik, B. K., Ropstad, E., & Trangerud, C. (2012). Housing-and exercise-related risk factors associated with the development of hip dysplasia as determined by radiographic evaluation in a prospective cohort of Newfoundlands, Labrador Retrievers, Leonbergers, and Irish Wolfhounds in Norway. American journal of veterinary research, 73(6), 838-846.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Utilisation de l’électrothérapie lors de dysplasie coxo-fémorale

Vinciane ROGER

L’électrothérapie permet une stimulation musculaire ou un effet antidouleur selon le mode utilisé. Elle est utilisée en routine chez l’Homme dans les cabinets de kinésithérapie. Présentant de nombreux avantages, l’appareil d’électrostimulation mériterait d’être plus présent et utilisé en milieu vétérinaire.

Cette conférence fait le point de l’utilisation de l’électrothérapie lors de dysplasie coxo-fémorale.

I- Qu’est-ce que l’électrothérapie ?

L’électrothérapie consiste en une application directe du courant électrique sur le corps. L’application de ce courant électrique se fait au moyen de deux électrodes qui, en contact direct avec la peau, vont stimuler un nerf ou un muscle, afin d’obtenir une stimulation antalgique ou excito-motrice.

Les courants utilisés dans ce cadre sont bidirectionnels et non polarisés, ce qui permet une utilisation prolongée. Intensité, fréquence, durée d’impulsion et durée de repos vont caractériser ce courant.

L’intensité (en milliAmpère) délivrée devra être réglée par l’utilisateur. Elle oscille généralement entre 0,5 et 3 mA pour un chat ou teckel et peut atteindre les 50mA pour un Saint Bernard.
C’est un paramètre qu’il convient de régler à chaque séance. Plus on augmente cette intensité, plus on recrute des fibres nerveuses (qui peuvent provoquer la contraction / stimulation antalgique voire une douleur si on recrute des fibres nerveuses sensitives) et plus cela va agir à distance des électrodes.

Pour les autres paramètres (« fréquence - durée d’impulsion - durée de repos »), il faudra choisir le programme adapté, la plupart des machines ne permettent pas de les faire varier individuellement.

II- L’électrothérapie lors de dysplasie coxo-fémorale

Les deux modes que l’on est susceptible d’utiliser dans la prise en charge des dysplasies est le mode TENS et le mode NMES.

Mode TENS - Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation – Courant antalgique, avec au choix deux courants principaux [1] :

  • Antalgique par gate control: basse fréquence (50 – 100 Hz) – Basse intensité – Douleurs localisées
  • Antalgique par libération d’endorphines – très basse fréquence (2-8Hz) – Intensité élevée - Douleurs diffuses

Mode NMES - NeuroMuscular Electrical Stimulation  - Courant de renforcement musculaire.

La dysplasie de hanche peut être définie comme une anomalie de développement de l’articulation de la hanche, résultant d’une laxité coxo-fémorale due à un défaut de recouvrement de la tête fémorale par l’acétabulum ainsi qu’une inefficacité de stabilisation par les tissus mous. La progression de la maladie va entrainer de l’arthrose [2].
La prise en charge de la douleur, le maintien d’une note d’état corporelle faible, une gestion nutritionnelle ainsi qu’une activité adaptée et ciblée sont les points que l’on va cibler pour un management de cette pathologie.

L’utilisation de l’appareil en mode TENS sera adapté pour tout animal inconfortable ou douloureux, l’utilisation en mode NMES sur les muscles permettra de renforcer de manière localisée les muscles du pourtour de la hanche. Attention, cela ne pourra pas se substituer à tous les autres exercices (proprioception, équilibre, etc) qui restent nécessaire dans la prise en charge de cette pathologie.

III- Mise en œuvre en pratique

Réalisée par le personnel de la clinique, la tonte est nécessaire pour assurer un bon contact entre la peau et l’électrode. Il est conseillé de faire un rectangle par électrode pour plus de facilité d’autant plus si la thérapie doit être poursuivie à la maison. Il faudra refaire la tonte au fur et à mesure de la repousse des poils. Pour éviter cette étape de tonte, il existe un appareil développé pour la médecine vétérinaire avec des brosses métalliques pour le contact.

L’animal doit être le temps de la thérapie installé en décubitus latéral, afin d’avoir accès à son postérieur. Il doit être installé confortablement, tout comme le manipulateur.

Après avoir déposé un peu de gel de contact sur chaque électrode, les disposer sur l’animal dans les rectangles prévus à cet effet, en faisant attention à leur appariement si plusieurs groupes musculaires sont faits en même temps.

Allumer l’appareil, sélectionner le programme et augmenter l’intensité jusqu’à la contraction attendue. Il est nécessaire de toujours adapter l’intensité au ressenti sous les doigts, car l’intensité nécessaire peut changer d’une séance à l’autre ou en cours de séance, en fonction de la qualité du contact électrode-peau, de l’endroit précis où l’on se trouve, etc.

Lors de délégation de la thérapie au propriétaire, la séance (au minimum une) de démonstration devra permettre au propriétaire de paramétrer seul la machine, de s’installer mais aussi de ressentir les contractions. Il est conseiller de filmer la séance avec le téléphone du propriétaire afin qu’il puisse visionner et écouter de nouveau chez lui et/ou montrer à la personne qui sera amener à le faire. Une fiche explicative regroupant le fonctionnement de la machine devrait également être remis avec l’appareil en cas de prêt/location.

IV- Conclusion

Sans danger, sans douleur, délégable pour le propriétaire et peu chère, elle présente de nombreux avantages pour être présente et utilisée en clinique vétérinaire, notamment lors de dysplasie coxo-fémorale, mais également toute pathologie nécessitant un renforcement musculaire ou une prise en charge antalgique.

Références 

  • [1] Crépon F, Électrothérapie. Électrostimulation, Elsevier, 2007
  • [2] - S. Langley-Hobbs, Hip dysplasia in a puppy : conservative management In BSAVA Manual of Canine and Feline rehabilitation, supportive and Palliative Care
Pas de conflit d'intérêt déclaré.