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> Régime "à la mode" pour le chiot et le chaton : conséquences dermatologiques d'un régime inadapté

Claude PAOLINO
Clin Vet Holosbios
Six-Fours Les Plages

I- Introduction

Les régimes à la mode sont présents depuis quelques années dans les demandes des propriétaires d’animaux. Il est important que tout vétérinaire puisse répondre à la demande et donner informations pertinentes pour le bien des animaux.

II- Régimes à la mode, de quoi parlons-nous ?

  • BARF : rations hyperprotéiques, composées de viande, d’os charnus, d’abats, d’huile et de légumes, crus. Caractéristiques principales : riches en protéines (qualité ?), graisse, apport aléatoire de minéraux (Ca2+ notamment).
  • A base d’insectes : l’apport protéique par les insectes est intéressant, nous manquons de recul. La chitine de la carapace peut limiter la digestibilité et ce sont plutôt les larves de quelques espèces qui sont utilisées . Certaines vitamines peuvent être insuffisantes. Le domaine des allergies et des allergies croisées est mal connu. Pour utiliser industriellement les insectes il est nécessaire de créer la chaîne de production avec des incidences écologiques à estimer.
  • Végétarien/vegan : rations sans source animale (végétaliennes souvent appelées, à tort vegan) ou sans viande et poisson mais pouvant utiliser des produits animaux : œufs, fromage, lait… Caractéristiques principales : faible apport en protéines (en qualité (lysine, méthionine, tryptophane…)) et en quantité).
  • Sans céréales : l’utilisation des céréales est proscrite sans justification scientifique. Il faut bien définir la notion de céréales car de nombreux propriétaires confondent « sans céréales » et « sans gluten ». Les céréales servent d’apport calorique.
  • Sans gluten. Le gluten est une protéine végétale contenue dans certaines céréales : seigle, avoine (par précaution), blé (terme générique : froment, grand et petit épeautre…  mais pas le blé noir, qui désigne le sarrasin (polygonacée) ou les autres céréales (blé…)).
  • Bio : les aliments bio pour carnivores posent le problème de l’approvisionnement en matières premières et celui de l’équilibre de la ration. Le « bio » ne peut pas primer sur l’équilibre.

III- Peau et alimentation

La peau est un organe important par sa surface et ses fonctions. Ses besoins sont dépendants des apports nutritionnels, tout déséquilibre de la ration pouvant avoir des conséquences sur sa structure et son fonctionnement. C’est l’un des premiers témoins de la santé d’un animal.

1. Quels nutriments interviennent dans le bon fonctionnement de la peau ?

Tous les groupes de nutriments interviennent directement (protéines, lipides, minéraux, vitamines), sauf les glucides (ENA et fibres) qui n'ont pas de rôle direct dans le métabolisme cutané.

a) Protéines

L’apport protéique doit couvrir des besoins qualitatifs et quantitatifs.

Les poils sont composés à 90% de protéines. Chez les animaux à pelage dense, la quantité de poils peut consommer jusqu’à 35 % des apports protéiques quotidiens.

Les apports doivent couvrir les besoins en acides aminés indispensables (AAI). Des carences peuvent être rencontrées lors d’un apport alimentaire inadapté ou en fonction de besoins accrus liés au statut physiologique. Des taux élevés en protéines ne garantissent pas d’apporter suffisamment d’AAI à l’animal : notion de facteur limitant et de qualité des protéines.

Le chien a besoin de 10 AAI (11 pour le chat). Plus un animal a des besoins élevés en AAI, plus il est dépendant d’aliments riches en protéines de qualité. Certains régimes avec un taux de protéines bas (régime végétarien), peuvent provoquer des carences par apport insuffisant d’acides aminés soufrés (cystéine et méthionine) indispensables à la pousse du poil. Ces acides aminés sont présents dans les protéines d’origine animale et les carences sont rares chez les carnivores.

Les acides aminés aromatiques (tyrosine, phénylalanine) interviennent avec le cuivre dans la synthèse des mélanines responsables de la pigmentation des poils : phéomélanine (rouge, brun) et eumélanine (noire). Une carence d’apport provoque éclaircissement du pelage ou roussissement des poils noirs. Les niveaux de PHE et de TYR nécessaires pour garantir une pigmentation du pelage étant très élevés, une supplémentation en TYR des aliments pour augmenter l’intensité de la coloration du pelage peut être envisagée.

Un apport de glutamine et d’arginine est conseillé pour les animaux souffrant d’un déficit d’apport (ex : lors d’un jeûne dû à une chirurgie) et éviter un retard de cicatrisation. L’histidine, associé à des vitamines B, intervient dans l’intégrité du revêtement cutané.

Les aliments végétariens peuvent ne pas apporter tous ces éléments. Les aliments avec des protéines originales (insectes…) doivent être étudiées pour connaître leur composition exacte (aminogramme) et leur impact sur la santé des animaux.

b) Acides gras essentiels (AGE)

Les AGE des familles omega-6 (n6) et omega-3 (n3) sont indispensables chez les carnivores. Ils sont peu ou pas synthétisés et doivent être apportés dans la ration. Les précurseurs permettent la synthèse d’acides gras à longue chaine (AGPI-LC) avec un très faible rendement chez l’homme et le chien, et inexistant chez le chat : il est nécessaire d’apporter des AGPI-LC dans l’alimentation.

Dans la série n6, le précurseur est l’acide linoléique (LA), à partir duquel seront synthétisés GLA, DGLA et l’acide arachidonique (AA). Le LA joue un rôle dans l’adhésion intercellulaire et le maintien des propriétés de barrière de la peau, empêchant la déperdition d'eau et de nutriments. Lors de carence, apparaissent : séborrhée sèche, pelage terne/sec, réduction de l'élasticité, hypertrophie des glandes sébacées, augmentation de la viscosité du sébum et de la perte d'eau, accélération de la prolifération des cellules épidermiques. Un apport en LA fait rétrocéder ces signes.

Dans la série n3, le précurseur est l’acide alpha-linolénique (ALA) à partir duquel l’organisme doit synthétiser les AGPI-LC : EPA & DHA. Un apport de EPA+DHA est nécessaire dans les deux espèces.

Le rapport n6/n3 doit être < 5. En utilisation thérapeutique, une augmentation des apports des 2 familles est souhaitable tout en respectant le rapport <5. Si un rôle anti-inflammatoire est recherché le rapport n6/n3 sera abaissé en augmentant l’apport de n3, notamment en cas d’atopie.

A partir des AGE nutritionnels (DGLA, AA (n6) et EPA, DHA (n3)), sont synthétisés les eicosanoïdes des séries 1, 2, 3, 5 qui régulent les phénomènes inflammatoires.

Les n6 sont globalement pro-inflammatoires. Les n3 anti-inflammatoires, peuvent modifier l'expression génique impliquée dans l'nflammation (rôle essentiel du DHA). Chez les animaux souffrant d'affections cutanées allergiques, une supplémentation en AGE n3 apporte une amélioration des signes cliniques (utilisation au long cours).

Les AGPI-LC n3 (EPA, DHA…) sont apportées par les huiles de poisson et donc sont absents dans le cadre d’un aliment végétarien. 

c) Minéraux et oligoéléments

Ils interviennent sur la croissance et la cicatrisation de l'épiderme, sur le derme, le collagène et la pigmentation. L'absorption des minéraux est en compétition avec celle du Ca2+. Dans les aliments bas de gamme, souvent très riches en Ca2+, l’absorption des minéraux peut être réduite de 30%. Les rations BARF peuvent être concernées (étiquettes minimalistes et non valables d'un lot à l'autre).

Les carences d’apport en Zn sont rencontrées dans des aliments riches en phytates (aliments de mauvaise qualité riches en son de céréales) et/ou contenant un excès de Ca2+. Il existe un défaut d’absorption du Zn dans certaines races : chiens nordiques, Beauceron, Berger allemand, Boston Terrier, Bull-Terrier, Dogue allemand... Les lésions cutanées se situent aux zones périorificielles et aux doigts : érythème puis squames et croûtes (type 1). Des lésions cutanées non dues à une carence mais améliorées par le Zn ont été décrites chez les chiots à croissance rapide et les adultes. De nombreuses races peuvent être atteintes : Dogue allemand, Doberman, Berger allemand, Beagle et Labrador (type 2).

Le cuivre entre dans la composition de nombreuses enzymes. Une compétition existe entre l’absorption du Cu, Zn, du Ca2+ et Fe. La carence entraîne des décolorations au niveau de la face, et un pelage clairsemé avec des poils ternes et secs.

Le fer est impliqué (avec la Vit C) dans le métabolisme de la proline, acide aminé majeur du collagène. Une carence en Fe nuit à la qualité du tissu cicatriciel. 

d) Vitamines

Elles interviennent au niveau de la peau :

  • Vit A : différenciation des cellules épithéliales et kératinisation, lutte contre la séborrhée et les pellicules qui se forment après du prurit. Son action intervient en synergie avec le Zn et les acides aminés soufrés. Le chat ne peut pas transformer le ß-carotène en rétinol, il doit le trouver dans son alimentation. Une carence est rare chez le chien (régime végétarien par exemple), plus courante chez le chat.
  • Vit E : activité antioxydante, joue un rôle dans les membranes cellulaires. Ses besoins sont liés à la teneur en AGPI de la ration. Sa présence est souvent insuffisante. Une carence expérimentale  provoque : séborrhée sèche, alopécie diffuse, érythrodermie et pyodermite secondaire. Des taux élevés ont diminué les signes cutanés sur les chiens atopiques.
  • Les Vit B, coenzymes pour des enzymes cellulaires, sont fournies par l’alimentation et la flore digestive. Les carences sont exceptionnelles (aliments bas de gamme, rations ménagères non contrôlées…). Un défaut d’apport ou de synthèse par la flore digestive (suite à une diarrhée chronique ou une antibiothérapie) peuvent provoquer une carence en AGPI.
  • B2 : xérose cutanée (zone périorbitale et abdomen), chéilite.
  • B3 : dermatite prurigineuse (abdomen) et membres postérieurs, avec ulcères des muqueuses.
  • B5 : avec la Vit B3, la choline, l’inositol et l’histidine, favorise la synthèse des lipides cutanés (céramides) et limite la déshydratation de l’épiderme.
  • B8 : peut manquer chez les animaux nourris avec des blancs d’œuf crus : érythème, alopécie de la face et de la zone périorbitale, squamosis, leucotrichie, pelage terne et cassant et une desquamation généralisée. 

e) Autres nutriments impliqués

  • Antioxydants : inhibent les voies métaboliques liées à l’histamine et la production de prostaglandines.
  • Polyphénols : forment des complexes insolubles avec les protéines allergéniques et inhibent l’activité des lymphocytes, la prolifération des lymphocytes T, la production de cytokines et d’anticorps par les lymphocytes B, le relargage des médiateurs inflammatoires par les mastocytes.

2. Allergies cutanées et nutrition

Le rôle du microbiote a été mis en évidence dans le développement des allergies. Chez l’homme, la naissance par césarienne, le non-allaitement maternel et l’utilisation précode d’antibiotique  sont des facteurs favorisants.

Facteurs favorisants les problèmes dermatologiques

Les animaux à pelage dense ou de grand format ont des besoins importants en protéines, AGE et Zn. Toute perturbation de l’assimilation des nutriments peut avoir des conséquences sur la qualité de la peau et du pelage : Berger allemand et IPE, Soft Coated Wheaten terrier et entéropathie… Les troubles digestifs chroniques, une antibiothérapie prolongée peuvent provoquer une carence en Vit B et en AGPI.

Les hypersensibilités alimentaires peuvent être d’origine non-immunologique ( = intolérance) ou immunologique ( = allergie alimentaire). Les trophallergènes les plus fréquents chez le chien sont des viandes (bœuf, poulet, agneau), les produits laitiers, le blé et le soja. Pour le chat : bœuf, produits laitiers et poissons.

La dermatite atopique canine bénéficie d’apports alimentaires spécifiques en AGE en vue de rétablir l’intégrité de la barrière cutanée, baisser l’inflammation et moduler la réponse immunologique.

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Figure 1

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Régime "à la mode" pour le chiot et le chaton : conséquences digestives d'un régime indapaté

Laurence COLLIARD
Madeleine Vet
Paris France

I- Introduction

Le ou les aliments consommés impactent le milieu digestif, en participant à la diversité et la stabilité du microbiote intestinal, à la tolérance orale, à la fonction immunitaire locale et systémique ainsi qu’à la physiologie intestinale dans son ensemble. Schématiquement, toutes les molécules non absorbées dans l’intestin modifient l’écosystème digestif et agissent sur le microbiote intestinal.

Un régime alimentaire inadapté n’apporte pas de façon adéquate les nutriments nécessaires au fonctionnement optimal d’un organisme donné. Différentes raisons aboutissent à un régime inadapté : une hygiène insuffisante, une qualité médiocre, une quantité inadéquate ou un déséquilibre alimentaire.

II- Un régime inadapté en raison de ses qualités sanitaires

1. Les aliments industriels

La qualité sanitaire d’un aliment industriel est sous la responsabilité du fabricant et la conservation appropriée de cet aliment à la maison est celle des acheteurs. Pour ce type d’aliment, on peut noter l’impact digestif (inflammation, diarrhée) du rancissement des graisses, en particulier pour les aliments secs. Si le chat y est sensible olfactivement, c’est moins vrai chez le chien. Il est donc important de rappeler quelques règles : adapter la taille du conditionnement à l’animal, ne pas transvaser l’ensemble d’un paquet dans un container, bien refermer le sac entre deux utilisations, garder les sacs fermés dans un endroit tempéré à l’abri de l’humidité.

2. Les aliments frais et crus

Il est fondamental, pour la santé de l’ensemble de la famille, de respecter les règles d’hygiène en cuisine. Comme la cuisson fait partie de ces règles, la préparation de repas crus doit amener une vigilance supplémentaire sur la gestion des risques de contamination croisée lors du stockage des aliments et leur manipulation/préparation. De plus, la prophylaxie des maladies parasitaires est personnalisée.

III- Un régime inadapté en raison de ses ingrédients

1. Intolérance alimentaire 

Une intolérance alimentaire est une réaction non-immunitaire à un aliment ou ingrédient. Tout ingrédient en excès par rapport aux capacités digestives est mal digéré et sera fermenté dans le côlon, avec un risque de diarrhée dont la gravité est dose-dépendante. L’exemple classique est celui du lait de vache, que ce soit chez le jeune animal ou l’adulte.

Chez le chiot et le chaton non sevrés, la capacité de digestion de l’amidon n’apparait qu’après quelques semaines de vie, puis augmente progressivement pendant le sevrage. Il y a donc incapacité à le digérer. L’amidon non digéré sera fermenté dans le colon et entraînera des diarrhées pouvant être mortelles.

Tout changement alimentaire doit s’accompagner d’une transition alimentaire, c’est à dire, l’introduction progressive sur quelques jours du nouvel aliment/ration pour permettre une adaptation des capacités digestives de l’intestin et limiter ainsi les risques de diarrhées.

2. Régimes végétariens et végétaliens

En dehors de considérations éthiques, la question posée par ces régimes est leur possible inadéquation nutritionnelle, à court, moyen et long terme. Des aliments industriels complets sont commercialisés. Cependant, les études scientifiques sont peu nombreuses, et concernent majoritairement des chiens adultes consommant l’aliment sur une durée maximale de quelques mois. La prudence est donc de mise quant à l’utilisation de ces aliments, surtout que les propriétaires ne perçoivent pas forcément les risques nutritionnels.

IV- Conclusion

Le régime inadapté à l’espèce ou à l’âge a des conséquences digestives qui varient selon leur gravité et leur impact dans le temps. Toute inflammation digestive, surtout si elle se prolonge, peut avoir des conséquences systémiques. Ainsi, une rupture de tolérance orale et/ou une dysbiose, entraînera une chronicité parfois grave. Par ailleurs, l’utilisation de régimes spéciaux doit être faite sous une surveillance médicale étroite.

Bibliographie

  1. Ahmed F, et al. (2021). Raw meat based diet (RMBD) for household pets as potential door opener to parasitic load of domestic and urban environment. Revival of understated zoonotic hazards? A review. One Health. Sep 16;13:100327.
  2. Balouei F, et al. (2023) Factors Affecting Gut Microbiota of Puppies from Birth to Weaning. Animals (Basel). Feb 6;13(4):578.
  3. Deschamps C, et al. (2022). From Chihuahua to Saint-Bernard: how did digestion and microbiota evolve with dog sizes. Int J Biol Sci. 2022 Aug 1;18(13):5086-5102.
  4. Dodd SAS, Dewey C, Khosa D, Verbrugghe A. A cross-sectional study of owner-reported health in Canadian and American cats fed meat- and plant-based diets. BMC Vet Res. 2021 Jan 28;17(1):53.
  5. Domínguez-Oliva A, Mota-Rojas D, Semendric I, Whittaker AL. The Impact of Vegan Diets on Indicators of Health in Dogs and Cats: A Systematic Review. Vet Sci. 2023 Jan 12;10(1):52.
  6. Vuori KA, et al. (2023) The effect of puppyhood and adolescent diet on the incidence of chronic enteropathy in dogs later in life. Sci Rep. 2023 Feb 9;13(1):1830.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Régime "à la mode" pour le chiot et le chaton : conséquences sur la locomotion d'un régime inadapté

Claude PAOLINO
Clin Vet Holosbios
Six-Fours Les Plages

Les régimes à la mode sont présents depuis quelques années dans les demandes des propriétaires d’animaux. Il est important que tout vétérinaire, sans être nutritionniste, puisse répondre à la demande et donner informations pertinentes pour le bien des animaux.

I- Régimes à la mode, de quoi parlons-nous ?

1. BARF

Les rations sont hyperprotéiques et composées de viande, d’os charnus, d’abats, d’huile et de légumes, le tout distribué cru. Caractéristiques principales : riches en protéines (qualité ?), graisses (AGE ?), apport aléatoire de minéraux (calcium contenus dans les os notamment). Un risque sanitaire existe pour l’animal et son propriétaire (viande crue).

2. À base d’insectes

L’apport protéique par les insectes est intéressant, mais nous manquons de recul. La chitine de la carapace peut limiter la digestibilité et ce sont plutôt les larves de quelques espèces qui sont utilisées. Certaines vitamines peuvent être insuffisantes. Le domaine des allergies et des allergies croisées est mal connu. Pour utiliser industriellement les insectes, il est nécessaire de créer la chaîne de production avec des incidences écologiques qui restent à estimer.

3. Végétarien/vegan

Rations sans source animale (végétaliennes souvent appelées, à tort vegan) ou sans viande et poisson mais pouvant utiliser des produits animaux : œufs, fromage, lait.. (végétariennes).

Caractéristiques principales :

  • Faible apport en protéines (qualité : risque de carence en lysine, méthionine, tryptophane, taurine (chat) …) et quantité. Pour apporter 20g de protéines il faut environ 250 g de légumineuses cuites soit 250 kcal contre 100g de viande = 130kcal) : risque de prise de poids et d'excès de fibres.
  • AGE (pas d’AGPI de longue chaîne EPA, DHA(n3), AA (n6)…), mais apport de LA (n6) & ALA (n3). Le rendement de synthèse des AGPI-LC à partir de LA & ALA, est très faible chez le chien, et quasi nul chez le chat.
  • Apport aléatoire de minéraux (calcium notamment).
  • Forme végétale de la vitamine A & D moins bien utilisée par le chien et pas du tout par le chat, pas d’apport en B12.

4. Sans céréales

Les céréales servent d’apport calorique, l’utilisation des céréales est proscrite sans justification scientifique valable (surtout chez le chien). Il faut bien définir la notion de céréales : nombreux sont les propriétaires qui confondent sans céréales et sans gluten.

5. Sans gluten

Le gluten est une protéine végétale contenue dans certaines céréales (seigle, avoine (par précaution), blé, orge, triticale) mais pas dans le blé noir (sarrasin - polygonacée) ou les autres céréales (riz, maïs…). Attention à la traduction anglo-saxonne du terme « protéines végétales » qui est souvent faite en « gluten de … » (exemple gluten de maïs qui n’est pas du gluten…).

6. Bio

Les aliments bio posent le problème de l’approvisionnement en matières premières et celui de l’équilibre de la ration. Le « bio » ne doit pas primer sur l’équilibre.

II- Alimentation et croissance

1. Une période sensible

La croissance est une période sensible durant laquelle coïncide deux phénomènes :

  • l’entretien de l’individu au temps T ;
  • la croissance elle-même avec développement rapide des tissus.

C’est un processus complexe impliquant des interactions entre génétique, nutrition et autres influences environnementales. La nutrition joue un rôle dans la santé et le développement des animaux en croissance et affecte le système immunitaire, la composition corporelle, le taux de croissance et développement squelettique.

Les points à surveiller sont les apports d’énergie et des nutriments nécessaires à cette période.

On distingue 3 phases importantes au cours des 12 premiers mois de leur vie, durant lesquelles la nutrition est essentielle.

  1. Allaitement : période largement influencée par la nutrition de la mère en gestation et en début de lactation.
  2. Sevrage : la transition délicate du lait maternel à l'alimentation solide pour la poursuite de la croissance doit être bien gérée.
  3. Post-sevrage de 2 à 12 mois : une ration adaptée pendant cette période est particulièrement importante pour les animaux de grande race. La nutrition est le facteur non génétique essentiel pour le bon développement des os.

Le faible poids à la naissance est fortement corrélé à la mortalité néonatale. Les animaux de faible poids sont particulièrement sujets à l’hypoglycémie : la surveillance de la prise de poids est essentielle.

La vitesse de croissance lors de la première année implique de suivre de près les apports énergétiques et ceux de certains groupes de nutriments.

2. Avant sevrage

Le meilleur aliment pour les petits est le lait maternel. Pour les animaux orphelins, il convient de bien choisir le lait de substitution. Le nutriment le plus couramment absent de ce type de lait est le DHA (omega 3 à longue chaîne), qui entre dans la composition des membranes neuronales. Sa présence modifie la structure des membranes et permet une meilleure transmission de l’influx nerveux. Il facilite aussi la traversée des membranes et améliore la transmission des informations.

Le cerveau est le plus gros consommateur d’énergie et le glucose est la seule molécule énergétique utilisable. Une déficience en DHA diminuera le transport, la consommation du glucose et le fonctionnement de la respiration cellulaire.

Le lait des carnivores est 2 fois plus calorique, apporte 50% de protéines en plus et 30% de lactose en moins par rapport au lait de vache.

3. Après sevrage

Energie (apportés par : protéines, lipides, glucides)

Les besoins sont augmentés durant la croissance, attention toutefois de ne pas favoriser une obésité juvénile : le développement précoce du tissu adipeux persistera à l’âge adulte et prédisposera l’animal à des excès de poids. La prévention de l'obésité est essentielle et commence dès le sevrage pour éviter : hypertension, maladies cardiaques, diabète, dyslipidémies, dysplasie de la hanche , arthrose…

Aliments à la mode à risque :  tous si les quantités ne sont pas contrôlées et adaptées à l’animal. Avec les aliments végétariens ayant un ratio protido-calorique (RPC) plus bas, la couverture en acides aminés risque d'entraîner un apport calorique excessif

Protéines

Les besoins sont augmentés en quantité et qualité (acides aminés indispensables : 10 chez le chiot, dont arginine, et 11 chez le chat, dont arginine & taurine). Les acides aminés essentiels tryptophane, lysine et et méthionine sont peu présents dans les protéines végétales et leur apport peu être problématique dans les régimes végétariens.

Aliments à la mode à risque : végétarien/vegan (cf. supra), BARF (qualité des protéines).

Lipides

Les besoins sont augmentés. Ils contribuent à l'apport d’énergie, d’acides gras essentiels et de vitamines liposolubles (A, D, E). En qualité, apport nécéssaire en omega 6 (acide linoléique LA, acide arachidonique AA), apport en omega 3 (acide linolénique ALA, EPA, DHA : développement et fonctionnement cérébral, rétine…).

Aliments à la mode à risque : végétarien/vegan (apport de LA et ALA seuls), BARF (manque EPA & DHA), insectes (EPA & DHA à vérifier).

Glucides

Le chien peut digérer des glucides mais l’activité amylolytique se met en place au cours de la croissance. Un excès de glucides (amidon et fibres) lors de la croissance peut créer des troubles digestifs : fermentations par les microbiote.

Lors de la croissance, l’activité enzymatique qui permet de digérer l’amidon se met en place progressivement, à partir de 2 mois. Il convient de ne pas donner d’excès d’amidon à cet âge.

Les fibres ne sont pas digérées et jouent un rôle dans le transit et la santé du tube digestif. Les animaux en croissance sont sensibles à un excès de fibres.

Minéraux

Parmi tous les minéraux, le calcium, le phosphore, le potassium…

Calcium et phosphore

L'absorption du calcium dépend des besoins et de l'apport en calcium. Les mécanismes homéostatiques du calcium sont moins précis chez les jeunes chiots. Le rapport Ca/P doit être compris entre 1 et 2.

La viande es le poisson sont pauvres en calcium, une ration « viande/poisson+riz+légumes » est déséquilibrée en calcium (pas de source suffisante) et en AGE.

  • Aliments avec ratio Ca/P> 1 : Produits laitiers, os, légumes (mais faible quantité).
  • Aliments avec ratio Ca/P << 1 : viande, céréales et sons, jaune d’œuf...

L’alimentation tout viande non équilibrée conduit à l’ostéofïbrose. Ce type de régime comporte de plus une circonstance aggravante : à cause du grand excès protéique de la ration, il y a excré­tion du surplus d’acides aminés soufrés. Non seulement le rapport Ca/P du régime est déficient, mais l’excrétion urinaire du Ca2+ est exagérée, ce qui accélère le processus. Les principaux symptômes sont anxiété et anorexie et, surtout chez les chiots, diarrhée, déformation douloureuse du squelette (boiteries, postures anormales et démarche plantigrade), pelage est terne et sec. Si la déminéralisation est importante, des fractures spontanées en bois vert sont possibles.

Les mêmes signes cliniques se rencontrent chez le chat.

Pour traiter un animal atteint d’ostéofibrose (ostéodystrophie), il faut d’abord changer la ration et distribuer un régime alimentaire avec rapport Ca/P =2.

Les propriétaires de chiens de grande taille sont tentés de donner un supplément calcique. La première conséquence est une calcémie dont le niveau a tendance à augmenter. Pour contrer cela, l’organisme sécrète de la calcitonine qui réduit la résorption osseuse. Si la suppression de la résorption est chronique à cause d’une calcitoninémie élevée, il en résulte une augmentation de la densité osseuse, pouvant mener à l’ostéopétrose. Chez le chien en croissance, les conséquences sont néfastes : résorption osseuse moindre résulte en une morphologie anormale de certaines structures osseuses (acétabulum, tête et col du fémur, canal vertébral). Ces modifications conduisent à la dysplasie de la hanche et au wobbler. L’excès de calcium alimentaire peut conduire au retard de la maturation des os et à l’ostéochondrose dissécante. Sur du long terme, il ne faut pas oublier les risques de minéralisation des tissus mous.

L’excès d’apport, limite aussi l’absorption d’autre oligo-éléments (Zn par exemple).

Aliments à la mode à risque : BARF, végétarien/vegan et de manière générale tout ration ne respectant pas un rapport 1< Ca/P <2 avec un Ca compris entre 2 et 3,75 g/Mcal.

Potassium

Les besoins des chatons dépendent de la teneur en protéines de la nourriture et de l'effet de la nourriture sur l'équilibre acido-basique. La perte urinaire de potassium est nettement augmentée pour des chatons nourris avec des aliments riches en protéines et acidifiés. Les chatons en post-sevrage ne doivent pas être nourris avec des aliments très acidifiants. Des niveaux élevés de chlorure provoquent également une hypokaliémie malgré des niveaux de potassium adéquats.

Vitamines

Vitamine A :

  • Carences : croissance ralentie, troubles musculo-squelettiques, faiblesse musculaires, qualité poil et pelage.
  • Excès : faiblesse musculaire, remodelage osseux, troubles de la croissance, douleurs osseuses (os long). Chat : spondylarthrite ankylosante.

Vitamine D :

  • Carences : rachitisme (déformations osseuses, troubles de la démarche, hypocalcémie),  ostéomalacie.
  • Excès : calcification des tissus mous. Biochimie Ca augmenté. P, PAL diminués

Aliments à la mode à risque : BARF, ration non équilibrée.

 

III- Conclusion

En tenant compte du risque accru lors de la croissance, l'équilibre des rations est à surveiller systématiquement.

Bibliographie

  1. SACN, https://www.markmorrisinstitute.org
  2. FEDIAF - https://www.facco.fr/reglementation/besoins-physiologiques/
  3. LEFEBVRE Sebastien, L’alimentation à base d’insectes, un atout nutritionnel pour nos c...ores domestiques ? - La Semaine Vétérinaire n° 1961 du 14/10/2022
  4. Blanchard G, Paragon B.M., Alimentation des chiens - 2e édition - 2022 - Editions France Agricole
Pas de conflit d'intérêt déclaré.