3 conférences (seules sont affichées les conférences pour lesquelles un texte a été fourni).

> Phytothérapie et troubles du comportement : autour d'un chien avec syndrome HSHA

Agnès DARNIS
Geao
Meximieux France

I- Introduction

Les pathologies comportementales chez le chiot ou le chaton sont des motifs réguliers de consultation. Plusieurs troubles, s’inscrivant dans la durée, affectent sensiblement la qualité de vie de l’animal comme de sa famille : syndrome de privation, syndrome Hypersensibilité hyperactivité (HSHA), anxiété de séparation, sociopathies…

Le diagnostic, parfois envisagé très tôt par le vétérinaire traitant, n’est pas toujours facile à accepter par les propriétaires, et le traitement médicamenteux de synthèse qui peut être proposé, l’est encore moins.

Dans ce cadre, la proposition d’un traitement par phytothérapie est souvent bien mieux perçue. Si le choix des plantes est adapté, les progrès manifestés par le patient devront apparaitre rapidement (3-4 semaines).

Autour du cas clinique de Pogo, Beauceron de 3.5 ans, nous étudierons la prise en charge par traitement phytothérapeutique d’un chien atteint de syndrome HSHA, tout en étudiant de façon plus ciblée les propriétés de 3 plantes : le Millepertuis, l’Eschscholtzia et la Valériane.

II- Étiopathologie du syndrome HSHA

À l’heure actuelle, les dernières données évoquent une combinaison de différents supports :

  • génétique, avec certaines lignées particulièrement touchées;
  • environnemental, avec un défaut d’éducation (maternelle + chiens adultes), défaut de stimulations sensorielles ;
  • cérébral : sous-développement du cortex préfrontal [1] ;
  • signes cliniques associés au syndrome HSHA. 

Ils sont variés en modalités comme en intensité, en fonction des patients :

  • boulimie ;
  • réactivité disproportionnée aux stimuli ;
  • destructions avec déficit des auto-contrôles ;
  • activités de jeux dans des proportions inhabituelles ;
  • temps de repos insuffisant, jusqu’à l’hyposomnie ;
  • les répercussions sont parfois majeures sur les liens sociaux intra et interspécifiques, lorsque le chien est incapable de se maitriser dans ses interactions.

III- Étude d’un cas clinique : Pogo, Beauceron mâle stérilisé de 3.5 ans, syndrome HSHA stade 2 (diagnostic tardif, refus de la proposition de traitement à la fluoxétine)

Signes cliniques initiaux. 

Adaptations trouvées par la propriétaire et demande d’un traitement autre que fluoxétine. 

Déficits identifiables en neurotransmetteurs associés à ses troubles du comportement = cibles thérapeutiques pour le choix des plantes. 

Valériane (Valeriana officinalis, racine) [2] : composition, principales propriétés (anxiolytique, hypnotique, sédative), effets secondaires et contre-indications. 

Eschscholtzia ou Pavot de Californie (Eschscholtzia californica, parties aériennes fleuries) [3] : composition, principales propriétés (sédative, hypnotique, anxiolytique et spasmolytique) et contre-indications.

Millepertuis (Hypericum perforatum, sommités fleuries) [4] : composition, principales propriétés (action synergique sur la plupart des neurotransmetteurs, activité neuroprotectrice vis-à-vis du glutamate) et interactions médicamenteuses nombreuses, à cause de l’effet inducteur enzymatique au niveau du cytochrome P450.

Mise en place du traitement : critères du choix des Extraits Phyto Standardisés, choix d’un complément alimentaire à visée d’augmentation de la production de sérotonine, résultats à J+5 semaines, à J+11 semaines et à J+4 mois.

IV- Conclusion

La phytothérapie peut constituer une approche de traitement efficace dans certains troubles comportementaux. Elle peut être mise en place de manière temporaire, permanente, intermittente, ou constitue parfois une étape avant une meilleure acceptation d’un traitement par une molécule de synthèse (cas les plus graves).

Comme tout traitement de pathologie comportementale, il faut avertir le propriétaire que la prise en charge sera de longue durée (de plusieurs mois à plusieurs années), et qu’elle doit impérativement s’accompagner d’une thérapie comportementale suivie, à l’extérieur de la clinique.

Bibliographie

  1. Hoogman M, et al. Différences de volume cérébral sous-corticale chez les participants atteints de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité chez les enfants et les adultes : une méga-analyse transversale. Lancet psychiatrie. 2017 Avr;4(4):310-319. doi: 10.1016/S2215-0366(17)30049-4. EPUB 2017 Fév 16. Erratum dans: Lancet Psychiatry. 2017 Juin;4(6):436. PMID : 28219628; PMCID : PMC5933934.
  2. Roh D, Jung JH, Yoon KH, Lee CH, Kang LY, Lee SK, Shin K, Kim DH. Valerian extract alters functional brain connectivity: A randomized double-blind placebo-controlled trial. Phytother Res. 2019 Apr;33(4):939-948. doi: 10.1002/ptr.6286. Epub 2019 Jan 10. PMID: 30632220
  3. Rolland A, Fleurentin J, Lanhers MC, Younos C, Misslin R, Mortier F, Pelt JM. Behavioural effects of the American traditional plant Eschscholzia californica: sedative and anxiolytic properties. Planta Med. 1991 Jun;57(3):212-6.
  4. S. Zahra Nobakht et al. Hypericum perforatum : utilisations traditionnelles, essais cliniques et interactions médicamenteuses, Iran J Basic Med Sci Sept.2022
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Phytothérapie et croissance chez l’animal de compagnie

Nathalie SCHMITT,
Quimper France

Le rôle du vétérinaire a aujourd’hui évolué pour être l’acteur prioritaire de la prévention des maladies chez l’animal de compagnie. La grande diversité des médicaments, compléments alimentaires et MPUP (matières premières à usage pharmaceutique) disponibles en phytothérapie vétérinaire permet au praticien de traiter et prévenir un grand nombre de pathologies liées à la croissance. L’objectif de cette présentation est de présenter les principales plantes utilisées dans la prise en charge de la croissance physiologique ou pathologique de l’animal de compagnie.

I- Utilisation de la phytothérapie dans le cadre de la croissance musculaire et tendineuse chez l’animal de compagnie

1. Composition et physiologie normale des muscles et tendons [1-2-3-4-5]

La composition de la masse musculaire est déterminée à la fois par les apports nutritionnels et par l’[activité physique. L’essentiel de la structure musculaire est composé par les myocytes, on retrouve également un important tissu conjonctif, des nerfs et des vaisseaux sanguins. Parmi les facteurs influant sur la masse musculaire, on peut citer les protéines (notamment l’apport alimentaire), l’équilibre acido-basique, l’équilibre vitamine D/calcium et d’autres nutriments tels que les vitamines du groupe B.

Les tendons sont, quant à eux, composés essentiellement de collagène (30%) et d’une matrice extracellulaire (environ 68%), ainsi que d’élastine.

L’administration de plantes à visée thérapeutique n’influence pas directement l’apport en protéines, et peu ou pas les apports en vitamines. Le soutien de la fonction digestive, dans le cadre d’une alimentation adaptée et d’une bonne gestion du microbiote intestinal, peut être renforcé sur de courtes durées par les plantes du système digestif en cas de troubles (Noyer, Mélisse, Réglisse, si diarrhée). Cependant, plusieurs plantes peuvent intervenir dans la formation du tissu interstitiel, via l’apport en silice organique. Les concentrations en silice organique sont en effet particulièrement élevées au sein du tissu tendineux, mais également au sein du tissu musculaire. La silice intervient non seulement au sein de la structure des glycosaminoglycanes mais également comme cofacteur de la synthèse du collagène au sein des fibroblastes (augmentation de l’hydroxylation de la proline).

Plusieurs plantes permettent d’apporter de la silice organique avec une biodisponibilité supérieure à celle des compléments ne contenant que la silice dite « organique » seule. Il s’agit de la Prêle, de l’Ortie parties aériennes et du Bambou, cependant, pour ce dernier, peu d’études sont aujourd’hui disponibles.

Les études portant sur la biodisponibilité de la silice organique ont montré une meilleure absorption en cas d’administration de comprimés à base de Prêle comparativement à un régime enrichi en silicium. Si, comme nous allons le voir, la Prêle présente bien un intérêt majeur dans le cadre de la gestion de la croissance chez l’animal, le vétérinaire praticien doit être exigeant envers les laboratoires quant à la qualité du produit. En effet, la composition en silice peut varier d’un facteur 1 à 6 en fonction des périodes de récolte, et cette plante des milieux humides a tendance à concentrer les métaux lourds.

2. Utilisation de la phyto-aromathérapie dans le cadre des troubles musculaires chez le jeune animal : cas des crampes et des courbatures [6-7]

Les courbatures ou douleurs musculaires post-effort (DOMS en anglais) sont liées à des micro-traumatismes musculaires. L’acide lactique produit lors de l’effort musculaire étant éliminé en une heure, il n’est pas responsable des courbatures qui surviennent généralement 12 à 48 heures après l’effort. C’est le syndrome du « jeune chien bloqué » en fin de week-end après une promenade plus longue qu’à l’accoutumée.

Les crampes, plus rares chez l’animal de compagnie, surviennent en cas de déficit de production d’ATP au sein du muscle lors d’un effort trop intense, entraînant l’absence de myorelaxation en fin d’effort. On surveillera également l’état d’hydratation chez les individus sujets aux crampes.

Ces deux types de phénomènes peuvent amener les propriétaires de jeunes chiens à consulter et peuvent être gérés lors de la consultation et sur prescription.

Lors de la consultation, le praticien peut, chez les animaux âgés de plus de 6 mois, appliquer 4 à 5 gouttes d’un mélange d’huile végétale (HV) et d’huiles essentielles (HE) en massage sur la zone douloureuse :

  • HV Arnica ou Macadamia 90% (HV aux propriétés cicatrisantes, à bonne pénétration cutanée)
  • HE Lavande fine 6% (effet antalgique, spasmolytique et cicatrisant du linalol, effet anti-inflammatoire des esters monoterpéniques)
  • HE Camomille romaine 2% (effet relaxant des esters monoterpéniques, effet spasmolytique de la carvone)
  • HE Gingembre 2% (effet anti-inflammatoire des sesquiterpènes)

Le mélange peut être prescrit à raison d’un à deux massages par jour par le propriétaire pendant 2 à 3 jours. Aux doses indiquées, les HE citées n’ont pas montré de toxicité sur les jeunes animaux, on évitera par principe de précaution l’utilisation chez l’animal de moins de 6 mois. En cas de besoin il est possible d’utiliser le mélange chez le chat (2 à 3 gouttes du mélange sur la zone concernée).

En prescription en phytothérapie, il est possible de prescrire sur 3 à 7 jours chez le chien comme chez le chat, dès l’âge de 3 mois, les plantes suivantes seules ou en association :

  • Valériane : effet spasmolytique
  • Hamamélis : effet cicatrisant, trophique vasculaire, hémostatique
  • Prêle : effet cicatrisant, anti-inflammatoire, antalgique, anti-œdémateux, hémostatique

Ces plantes sont également utilisables chez les animaux présentant une myalgie post-infectieuse.

II- Utilisation de la phytothérapie dans le cadre de la croissance osseuse et articulaire chez l’animal de compagnie

1. Composition et physiologie normales des os et articulations   [1-2]

Les os sont composés essentiellement de minéraux (65%), d’eau (25%) et de protéines (10%), dont le collagène. A la jonction entre deux os, l’articulation est recouverte de cartilage hyalin, composé essentiellement d’acide hyaluronique et de glycosaminoglycanes. La présence de silice permet le bon fonctionnement de fibroblastes, chondrocytes et ostéoblastes, et intervient également dans la composition des structures elles-mêmes, confirmant l’intérêt des plantes telles que la Prêle ou l’Ortie PA.

2. Utilisation de la phyto-aromathérapie dans le cadre des troubles de la croissance ostéo-articulaire chez l’animal de compagnie [8-9-10]

Le développement de pathologies héréditaires non congénitales telles que la dysplasie de la hanche est lié non seulement aux facteurs génétiques mais également, pour une part importante, aux facteurs environnementaux. Dans le cas de la dysplasie de la hanche, l’hyperlaxité articulaire favorise la subluxation de la tête fémorale, induisant des contraintes biomécaniques qui conduisent à l’altération du cartilage articulaire (micro-fractures cartilagineuses) et à la formation d’arthrose. Ces dégradations entraînent une cascade inflammatoire qui contribue à la dégradation de l’articulation. Par ailleurs, l’ossification endochondrale de la tête fémorale est, dans ce cas, retardée ou insuffisante.

Les trois modes d’actions que nous allons donc rechercher en phytothérapie sont donc, dans le cadre de ce type de pathologie :

  • Chondroprotection
  • Augmentation des synthèses collagéniques
  • Effet anti-inflammatoire

Comme c’est souvent le cas, de nombreuses plantes n’agissent pas sur un seul de ces phénomènes, mais possèdent, grâce à la synergie du totum, des effets multiples. Le Curcuma (Curcuma longa) présente ainsi un effet sur les trois phénomènes pré-cités du fait des modes d’actions suivants :

  • Inhibition du NFkB
  • Inhibition de la migration des macrophages sur le site inflammatoire
  • Induction de la régulation chondrocytaire
  • Inhibition de l’IL1b et du TNFa

Les nombreuses propriétés du Curcuma rendent son utilisation possible dans de nombreuses pathologies, cependant, dans le cadre des troubles liés à la croissance, on retiendra ses propriétés anti-inflammatoires (action sur l’inflammation aigue et chronique), ses propriétés anti-oxydantes (action directe et indirecte sur les radicaux libres et les formes réactives oxygénées) et ses propriétés immuno-modulantes.

Dans le cadre des douleurs accompagnant ce troubles, le mélange d’huiles essentielles cité en première partie peut être utilisé.

Les plantes telles que la Reine des prés, le Saule et la Scrofulaire, classiquement utilisées pour leur effet analgésiant, pourront être utilisées chez le chien de plus de 6 mois sans trouble hépatique pour des cures courtes (5 à 7 jours).

L’utilisation de l’Harpagophytum et du Lithotamne, dont la récolte est le plus souvent dévastatrice pour l’environnement, sera évitée.

III- Utilisation de la phytothérapie dans le cadre de la croissance des organes [2]

Comme pour la fonction musculo-squelettique, les tissus de soutien ont une grande influence dans la croissance des organes. On retrouve également de la silice en grande quantité dans les structures de l’arbre respiratoire (trachée, bronches) : l’apport de silice par la Prêle ou l’Ortie PA est donc indiqué.

Outre les plantes contenant de la silice, on peut citer l’intérêt de la Spiruline comme promoteur d’une croissance harmonieuse de l’ensemble de l’organisme, son effet ayant été largement étudié chez les animaux de rente.

Enfin, retenons l’intérêt de l’usage des plantes en association, qui permet d’obtenir des effets synergiques. La polyvalence des effets de chaque plante doit également être exploitée pour une prescription raisonnée, dans le cadre du soutien des fonctions lors des troubles pouvant interférer avec la croissance (aide à la cicatrisation en cas de choc, soutien du système immunitaire en cas d’infection, cicatrisation du système digestif en cas de diarrhée…).

IV- Conclusion

On retiendra donc l’importance des plantes majeures de la croissance : Prêle et Ortie parties aériennes. La durée de prescription doit, chez le jeune animal, être éventuellement réduite en fonction des indications et contre-indications de chaque plante.

Références bibliographiques

  • [1] Mithal, A., Bonjour, JP., Boonen, S. et al.Impact of nutrition on muscle mass, strength, and performance in older adults. Osteoporos Int24, 1555–1566 (2013)
  • [2] Carlisle E.M. . Silicon as an essential trace element in animal nutrition. Novartis Foundation Symposium, 1986
  • [3]May P. Guide de phyto-aromathérapie pour les animaux de compagnie. Ed Med’Com, 2014, p 88
  • [4] Van Dyck, K., Van Cauwenbergh, R., Robberecht, H. et al.Bioavailability of silicon from food and food supplements. Fresenius J Anal Chem363, 541–544 (1999)
  • [5] Bruneton J. Pharmacognosie : phytochimie et plantes médicinales, Ed Lavoisier, 2016, pp 499-501
  • [6] Lorrain E. Grand manuel de phytothérapie, Ed Dunod, 2019, pp 1083-1088
  • [7]Baudoux D., Debauche P. Guide pratique de l’aromathérapie chez l’animal de compagnie, ed Amyris, 2012, pp 27-28
  • [8]Chanoit, J-P. Genevois. Pathogénie et diagnostic de la dysplasie coxofémorale, Le Point Vétérinaire, 2003, Vol 34 pp 8-15
  • [9] Jayakuman et coll. Molecular Targets of Natural Products for Chondroprotection in Destructive Joint Diseases, Int. J. Mol. Sci.2020, 21(14), 4931
  • [10] Arbabzadegan N, Moghadamnia AA, Kazemi S, Nozari F, Moudi E, Haghanifar S. Effect of equisetum arvenseextract on bone mineral density in Wistar rats via digital radiography. Caspian J Intern Med. 2019 Spring;10(2):176-182
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Phytothérapie et prise en charge des troubles infectieux chez le jeune animal de compagnie

Nathalie SCHMITT
Quimper France

Une grande partie des consultations dédiées aux jeunes animaux de compagnie, en consultation individuelle ou en pathologie d’élevage concerne les troubles infectieux. Le choix des plantes utilisées implique une activité anti-microbienne, la stimulation du système immunitaire et le soutien de l’organe concerné, mais également une combinaison de ces effets.

I- Effet anti-microbien des plantes et huiles essentielles [1-2]

1. Plantes ayant un effet anti-microbien utilisables chez le jeune animal de compagnie [3]

Le Cyprès :

Riche en tanins de type pro-anthocyanydols (PACs), polysaccharides, composés phénoliques et flavonoïdes. Les PACs se fixent aux protéines virales, limitant l’adhésion aux cellules-cibles, et induisent la lyse des virus. Le Cyprès est ainsi un antiviral précoce polyvalent puissant, actif contre les virus de type herpès, influenza et coronavirus.

Le Sureau :

Riche en polyphénols, vitamines et hétérosides cyanogénétiques, le Sureau présente une activité anti-bactérienne et antivirale en limitant l’entrée cellulaire du virus.

L’Echinacée :

Riche en polysaccharides complexes, composés lipophiles (lipides simples, dérivés polyacétylèniques, alkylamides), dérivés phénoliques de l’acide caféique, flavonoïdes, etc… L’activité anti-bactérienne est caractérisée par l’inhibition de la croissance bactérienne et l’inhibition de l’adhésion bactérienne, l’activité virucide par l’induction de la lyse chez les virus enveloppés.

La Réglisse :

Riche en saponosides, flavonoïdes, polysaccharides et coumarines. La glycyrrhizine inhibe la prolifération virale et bactérienne.

L’effet immuno-modulateur de la Réglisse restreint son usage à une durée inférieure à 5-7 jours dans le cadre d’une infection sévère et prolongée. Le manque de données toxicologiques chez le très jeune animal incite à ne pas utiliser la Réglisse chez le chien ou le chat de moins de 3 mois.

Le Radis noir :

Les flavonoïdes les hétérosides soufrés issus du triptophane : les glucosinolates sont responsables de l’activité anti-bactérienne du Radis noir, principalement dans les infections des muqueuses.

2. Huiles essentielles ayant un effet anti-microbien utilisables chez le jeune animal de compagnie [2-4]

Les composants liposolubles entrainent une perturbation du métabolisme cellulaire bactérien.

On évitera l’usage des phénols et aldéhydes aromatiques chez le jeune animal, dont le métabolisme hépatique incomplet ne serait pas en mesure d’assurer l’élimination (peu d’études étant disponibles sur ce sujet, c’est dans ce cas le principe de précaution qui prévaut). On évitera également le méthyleugénol (Laurier noble).

Les huiles essentielles utilisables en diffusion atmosphérique vont retenir notre attention pour un usage anti-infectieux chez le jeune animal. Notamment :

  • Aldéhydes monoterpéniques: citronellals, citrals (Eucalyptus citronné, Citronnelle de Ceylan, Lemongrass, Litsée)
  • Alcools monoterpéniques: terpinène-1-ol-4 (Tea tree)
  • Carbures monoterpéniques: limonène (HE de zeste de citrus), alpha-pinène (Pin, Sapin)
  • Epoxydes monoterpéniques: 1-8 cinéole (Ravintsara, Romarin officinal à cinéole, Eucalyptus radié, Niaouli) ; on retiendra d’éviter le 1-8 cinéole en cas de contexte allergique ou asthmatique connu

3. Quelles voies d’administration possibles chez le jeune animal de compagnie ?

Les plantes précitées seront administrées par voie orale. Si l’appétit est conservé, il peut être envisagé de mélanger la préparation à l’aliment.

Concernant les huiles essentielles, les différents types de diffusion sont à privilégier :

  • Micro-diffusion (ou nébulisation à froid): utilisée pour une diffusion dans l’environnement : ce système est utile au chenil ou en élevage (temps d’exposition maximal de 15 minutes).
  • Nébulisation: animaux âgés de plus de 6 mois dont le statut allergique est connu car les particules ainsi obtenues sont susceptibles d’atteindre plus facilement les bronchioles ; une courte durée (< 7 minutes) est recommandée.
  • Diffusion sèche: Sur un support poreux ou un tissu, ne permet de bénéficier que de l’action des composés les plus volatiles.
  • Diffusion humide: L’huile essentielle seule ou en mélange est placé dans un bol d’eau chaude (< 60°C) placé à l’extérieur de la cage de l’animal et recouvert d’un tissu (pour l’ensemble bol + cage).

On peut également citer l’usage des hydrolats d’huiles essentielles (Lavande ou Tea-tree) pour nettoyer les ulcérations faciales en cas de coryza par exemple ; pour compenser l’effet astringent des hydrolats, il est possible d’appliquer de l’huile de Coco (acide caprylique : cicatrisant et antiseptique).

II- Stimulation du système immunitaire par les plantes et huiles essentielles

1. Rappel : le système immunitaire chez le jeune animal

L’immunité innée permet une défense immédiate de l’organisme contre les agents pathogène, sans impliquer de division cellulaire :

  • Défense passive de l’organisme par les systèmes barrières (par exemple : épithéliums)
  • Action des leucocytes : détection des éléments étrangers à l’organisme, phagocytose
  • Recrutement des cellules immunitaires sur le site de l’infection
  • Activation du complément et de l’immunité acquise

L’immunité acquise implique une réaction différée de la part de l’organisme et nécessite une division cellulaire impliquant :

  • Les lymphocytes T (immunité à médiation cellulaire)
  • Les lymphocytes B (immunité à médiation humorale)

Différentes plantes et huiles essentielles sont susceptibles de stimuler le système immunitaire inné ou acquis.

2. Actions des plantes stimulant le système immunitaire [5-6]

Le tableau 1 nous montre les nombreux modes d’actions de différentes plantes sur le système immunitaire :

7565

3. Actions des huiles essentielles stimulant le système immunitaire [2]

Les huiles essentielles seraient susceptibles d’agir non seulement sur l’immunité innée (stimulation des barrières muqueuses par augmentation des sécrétions) et acquise (augmentation du recrutement lymphocytaire avec l’action des alcools monoterpéniques, augmentation de la production de cytokines).

III- Soutien des organes concernés par les plantes et huiles essentielles [1]

1. Action expectorante et mucolytique dans le cadre des troubles respiratoires

Le Radis noir :

Forte teneur en soufre : action fluidifiante sur les sécrétions bronchiques. Une action antitussive et expectorante a également été mise en évidence in vivo. On utilisera cependant cette plante avec précaution chez le jeune animal présentant des troubles ou une sensibilité digestive : en effet, le Radis noir administré par voie orale augmente fortement l’élimination fécale des acides biliaires, pouvant ainsi altérer le cycle entéro-hépatique.

Le Pin sylvestre :

Forte teneur en huile essentielle : notamment en monoterpènes, et térébenthine qui lui confère ses propriétés mucolytiques et antitussives (action sur les glandes à mucine).

Les huiles essentielles :

Parmi les multiples effets des huiles essentielles on retrouve une action mucolytique et expectorante. On retiendra pour le jeune animal la possibilité d’utiliser les huiles essentielles suivantes :

  • Tea tree
  • Lavande fine ou aspic, ou Lavandin
  • Myrte rouge

2. Action anti-inflammatoire et anti-spasmodique dans le cadre des troubles digestifs

La Mélisse :

Riche en acides phénols (acides rosmarinique et caféique), flavonoïdes, tanins, saponosides et mucilages, elle présente une action anti-spasmodique digestive (estomac et intestin), avec réduction des ballonnements et de la douleur.

Le Curcuma :

L’action anti-inflammatoire et immunomodulante du curcuma s’exerce également au niveau digestif. A cette action s’ajoute une augmentation des sécrétions digestives (action cholérétique, cholagogue, augmentation de l’activité des lipases et amylases pancréatiques.

Le Noyer :

La richesse en tanins hydrosoluble du Noyer et acides phénols lui confère des propriétés anti diarrhéiques ; on observe ainsi une diminution de l’excrétion d’eau fécale et du volume et de la fréquence des selles, une diminution des douleurs abdominales et un effet anti-inflammatoire.

Le Gingembre :

Les complexes oléorésineux (shogaols et gingérols) participent aux propriétés anti-émétiques du gingembre, associées à un effet anti-inflammatoire gastrique et intestinal.

3. Action cicatrisante dans le cadre des affections cutanées

La Prêle Equisetum arvense (parties aériennes):

La richesse en silice et en flavonoïdes de la prêle lui confère une action cicatrisante cutanée par restauration du tissu conjonctif,  avec un effet anti-inflammatoire et anti-bactérien.

La Pensée sauvage :

La présence de mucilages, tanins et acides phénols est responsable des propriétés par voie orale ou en application locale :

  • Action anti-inflammatoire
  • Action anti-bactérienne
  • Action cicatrisante

L’Hamamelis :

Les propriétés vasculoprotectrices, astringentes et anti-infectieuses de l’Hamamelis (forte concentration en tanins, acides phénols et flavonoïdes), en font une plante de choix en cas de troubles veineux ou circulatoires, mais peuvent également être exploitées pour la cicatrisation cutanée (plaies, impétigo, ecchymoses).

IV- Optimisation de la prescription par le vétérinaire : exploiter les actions multiples des plantes et huiles essentielles

La connaissance des modes d’action et usages variés des plantes et huiles essentielles permet au vétérinaire praticien une adaptation au cas par cas en valorisant les effets multiples de chaque plante (par exemple : effet anti-infectieux et immunostimulant de l’Echinacée, effet anti-infectieux et expectorant du Pin sylvestre).

Le praticien devra connaître les modes d’actions multiples afin d’adapter au mieux sa prescription. Un usage raisonné des huiles essentielles est également possible, le praticien devra avant tout connaître les contre-indications chez le jeune, la marge thérapeutique étant plus faible dans ce cas.

Références bibliographiques

  • [1] Lorrain E. Grand manuel de phytothérapie, Ed Dunod, 2019, pp 1083-1088
  • [2] F. Millet. Le grand guide des huiles essentielles, Marabout, 2015
  • [3] Batiha, G.ES., Teibo, J.O., Shaheen, H.M.et al.Bioactive compounds, pharmacological actions and pharmacokinetics of Cupressus sempervirensNaunyn-Schmiedeberg's Arch Pharmacol 396, 389–403 (2023)
  • [4] Kalaiselvan, P.; Yasir, M.; Kuppusamy, R.; Willcox, M.; Vijay, A.K. Ability of Essential Oil Vapours to Reduce Numbers of Culturable Aerosolised Coronavirus, Bacteria and Fungi.Antibiotics202211, 393
  • [5] Quanwei Zhang et coll. A lymphatic route for a hyperbranched heteroglycan from Radix Astragali to trigger immune responses after oral dosing. Carbohydrate polymers, Vol 292, 15 sept 2022, 119653
  • [6] Catanzaro, M.; Corsini, E.; Rosini, M.; Racchi, M.; Lanni, C. Immunomodulators Inspired by Nature: A Review on Curcumin and Echinacea. Molecules2018

Conflits d’intérêt : pas de conflit d’intérêt déclaré

 

Pas de conflit d'intérêt déclaré.