3 conférences (seules sont affichées les conférences pour lesquelles un texte a été fourni).

> Dépistage des affections oculaires à 2 mois et sélections des reproducteurs

Gilles CHAUDIEU

I- Introduction

Est congénital un caractère oculaire présent à la naissance, visible après l’ouverture des paupières, repérable dans les 8 premières semaines de la vie, héréditaire ou non. Est héréditaire un caractère phénotypique transmissible génétiquement des parents aux enfants.

II- Développement embryonnaire, fœtal et pédiatrique de l’œil : du normal au pathologique

Le développement de l’œil comprend trois phases [1] :

  • embryogenèse de la fécondation à la différenciation des feuillets embryonnaires (0-10 jours) : ectoderme de surface (cristallin), ectoderme neural (épithélium cornéen, rétine), mésoblaste mésodermique (sclère, stroma cornéen, uvée, vitré, annexes de l’œil) ;
  • organogénèse (0-25 jours) : mise en place du globe oculaire primitif : vésicule optique, cupule optique, placode et vésicule cristalliniennes, rétine nerveuse et épithéliale, artère hyaloïde ;
  • différenciation des structures du globe primitif (25 jours- période post-natale).

Les rapports spatiaux et géométriques entre structures commandent des interactions et inductions qui doivent être respectées avant la différenciation, toute dérégulation précoce pouvant induire des malformations durant la différenciation pré- et postnatale. Chronologiquement, les anomalies congénitales sont les suivantes : blépharophimosis et microphtalmie au stade vésicule optique ; microphakie, colobomes antérieurs et postérieurs, PHTVL/PHPV, opacités cornéennes, PMP, buphtalmie congénitale, lenticônes, cataractes au stade cupule optique (adhésion kérato-lenticulaire persistante). Le feuillet ectodermique interne se divise en neuroblastique interne (NR) et épithélial externe (EPR) à partir du 20ème jour ; à partir du 30ème jour, le premier se dédouble et se différencie : neuroblastes externes en photorécepteurs, neuroblastes internes en cellules bipolaires vers l’extérieur et cellules ganglionnaires vers l’intérieur (fibres du nerf optique).

Le diamètre du globe est définitif entre 8 et 10 mois (sauf cas flagrant, ne pas parler de microphtalmie avant un an). Sa longueur axiale à 5 semaines est inférieure de 32% à celle mesurée à 12 mois. À 3 semaines, la cornée du chiot est encore œdémateuse, sa transparence est progressivement acquise à partir de la 4ème semaine [2].

Les photorécepteurs rétiniens sont matures vers 7 semaines chez le chiot, 4 mois chez le chaton [2], à prendre en compte dans l’examen rétinien. Une atténuation des réflexes photomoteurs dès la 2ème semaine, une diminution de calibre des vaisseaux du fond d’œil dès la 4ème semaine sont identifiables lors de PRA-pd récessive chez le Chat persan [3].

Des lésions discrètes d’hypoplasie choroïdienne (AOC) peuvent être masquées par la pigmentation normale du fond d’œil entre 10 et 12 semaines d’âge, à partir de 8 semaines par expérience ; les chiots sont examinés entre 5 et 7 semaines [4].

Toute anomalie congénitale dépistée à 2 mois pouvant induire une cécité, affecter une des capacités fonctionnelles de l’œil, provoquer douleur ou mal-être interdit d’utiliser le sujet atteint en reproduction [5].

III- Sélection et tests génétiques

La sélection du chat et du chien confère à certains individus un avantage sélectif considérable : cela augmente la fréquence des homozygotes, donc la morbidité des maladies héréditaires oculaires [6]. La FCI limite le nombre de saillies par mâle à 5% des chiots d’une race produits sur 5 ans. La présence d’une affection congénitale héréditaire invite à reconsidérer le mode antérieur de sélection.

Les tests génétiques aident l’éleveur en sélection, le vétérinaire dans le diagnostic. Peu concernent les maladies oculaires identifiables à 2 mois [7-15] : CEACh du Colley et de races apparentées, DRD1 du Retriever du Labrador, DRD2 du Samoyède, dystrophie rétinienne du Berger de Brie, AAIC/GPAF du Border Collie, KCS du Cavalier King Charles spaniel, rcd1 du Setter irlandais, Rdy du Chat abyssin, PRA-pd du Chat persan. Pour CEAch, le choix est laissé à l’éleveur (affection non invalidante) mais un examen clinique des futures portées est conseillé. Selon que la maladie est récessive [7-13, 15] ou dominante [14], son degré d’invalidation [8], un possible caractère syndromique [9, 11], le conseil d’élevage est adapté.

À défaut de tests disponibles, les sujets sont exclus et le mariage dont ils sont issus proscrit, avec examen conseillé d’autres individus issus de la même union. Le testage des reproducteurs, simple en théorie, est complexe en réalité : lors d’anomalie récessive suspectée, il faudra tester un mâle de phénotype sain en l’accouplant à une femelle à phénotype atteint et produire 5 descendants sains qui confirmeront le génotype sain du mâle ; lors d’anomalie suspectée dominante ou polygénique, il faudra utiliser 2 ou 3 femelles à coup sûr génétiquement saines dans le premier cas, quelques femelles prises au hasard dans le second [6].  

La dominance est plus ou moins complète et parfois faussement évoquée lors d’affection polygénique. Les sujets phénotypiquement indemnes, ou des sujets présentant une atteinte minime ou modérée mariés à des individus à phénotype sain sont à utiliser en sélection [5].

Les affections oculaires congénitales présumées héréditaires ne sont pas nombreuses : colobome papillaire avec ou sans décollement rétinien/hémorragie lors d’AOC [16], microphtalmie/anomalies oculaires complexes de l’Épagneul King Charles [17a], dysplasie géographique de la rétine du Springer Spaniel anglais [18] pour la forme récessive ; AAIC du Springer Spaniel gallois [19], colobome papillaire du Basenji [17b], PHTVL/PHPV du Dobermann [20], du Staffordshire Bullterrier sous réserve [21] pour la forme dominante. L’examen des chiots Dobermann âgés d’au moins 6 semaines permet d’écarter les atteints aux grades 2 à 6 ; un usage prudent des chiens « douteux » et au grade 1 en reproduction a réduit la fréquence de PHTVL/PHPV [22].

À 2 mois ou davantage, la clinique atteste du caractère congénital si son phénotype est caractéristique. Une affection présumée héréditaire doit être typique et d’évolution prévisible, similaire à d’autres réputées héréditaires dans certaines races, plus fréquente dans la race que chez ses homologues de l’espèce ; la fréquence des malades augmente dans la race, les individus apparentés sont plus fréquemment concernés que les non-apparentés [6]. Les sujets affectés, leurs parents, leurs frères et sœurs de portée, si possible d’autres portées issues des mêmes géniteurs sont examinés. Ces conditions sont difficiles à réunir.

Les examens complémentaires pertinents (imagerie, électrophysiologie, pupillométrie chromatique, test de Schirmer, tonométrie…) sont mis en œuvre avec le consentement éclairé de l’éleveur, notamment si l’anesthésie générale est nécessaire. Dans les cas où un test génétique existe, celui-ci renseigne sur une mutation, pas sur la maladie.

IV- Conclusion

Les signes cliniques permettent d’établir le caractère congénital d’une affection oculaire. La présomption et la confirmation de son éventuelle nature héréditaire sont moins faciles à déterminer. Un certain nombre de mesures simples sont efficaces pour sélectionner les reproducteurs. Le congénital strict est une « trouvaille » au sein d’une portée, le « congénital-héréditaire » affecte davantage d’individus à des degrés variables.

Abréviations

AAIC : Anomalie de l’Angle Irido-Cornéen, AOC : Anomalie de l’Œil du Colley, CEAch : Collie Eye Anomaly-choroid, DRD1 & 2 : Dwarfism with Retinal Dysplasia type 1 & 2, EPR : Épithélium Pigmentaire Rétinien, FCI : Fédération Cynologique Internationale, GPAF : Glaucome Primaire à Angle Fermé, KCS : KératoConjonctivite Sèche, NR : neurorétine, PHTVL/PHPV : Persistance de la tunique vasculaire du cristallin et du vitré primaire hyperplasiques, PMP : persistance de la membrane pupillaire, PRA-pd : Progressive Retinal Atrophy- persian degeneration, rcd1 : rod cone dysplasia1, Rdy : Rod-cone dysplasia.

Références

  1. Cook CS.  Ocular embryology and congenital malformations. Vet Comp Ophthalmol 1995; 5: 109-
  2. Hendrix DVH, Thomasy SM, Gum GG. Physiology of the eye. In: Gelatt KN ed, Veterinary Ophthalmology, Sixth editon; Hoboken, Wiley Blackwell; 2021: 124-
  3. Rah H, Maggs DE, Blankenship TN, Narström K, Lyons LA. Early-onset autosomal recessive, progressive retinal atrophy in Persian cats. Invest Ophthalmol Vis Sci 2005; 46: 1742-
  4. Cassagnes C, Chaudieu. Atlas du fond d’oeil des Carnivores domestiques. Paris; Med’Com ; 20
  5. Denis B. Génétique et sélection chez le chien, 2ème Édition. Paris ; PMCAC/SCC ; 200
  6. HED of the ECVO. ECVO Manual : Known and presumed hereditary eye diseases in dogs and cats. www.ecvo.org;  20
  7. Veske A, Nilsson SE, Narfstrom K, et al. Retinal dystrophy of Swedish Briard/Briard-Beagle dogs is due to a 4-bp deletion in RPE Genomics. 1999 ; 57: 57-
  8. Parker HG, Kukekova AV, Akey DT, Goldstein O, Kirkness EF, Baysac KC et al. Breed relationships facilitate fine-mapping studies: a 7,8 kb deletion cosegregate with Collie eye anomaly across multiple dog breeds. Genome Res. 2007; 17: 1562-
  9. Goldstein O, Guyon R, Kukekova A, Kuznetsova TN, Pearce-Kelling SE, Johnson J et al. COL9A2 and COL9A3 mutations in canine autosomal recessive oculoskeletal dysplasia. Mamm Genome. 2010 ;21 :398-40
  10. Pugh CA, Farrell LF, Carlisle AJ, Bush SJ, Ewing A, Trejo-Reveles V et al. Arginine to Glutamine Variant in Olfactomedin Like 3 (OLFML3) Is a Candidate for Severe Goniodysgenesis and Glaucoma in the Border Collie Dog Breed. G3 Genes/Genome/ Genetics. 2019 ; 9 : 943-
  11. Forman P, Penderis J, Hartley C, Hayward LJ, Ricketts SL, Mellersh CS. Parallel mapping reveals deletions in BCAN and FAM83H associated with discrete inherited disorders in a domestic dog breed. Plos Genet. 2012 Jan;8(1):e10024 Doi: 1371/journal.pgn. 10024 Epub 2012 Jan
  12. Suber ML, Pittler SJ, Quin N, Wright GC, Holcombe N, Lee RH et al. Irish setter dogs affected with rod-cone dysplasia contain a nonsense mutation in the rod cGMP phosphodiesterase beta-subunit gene. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America 1993 ; 90 : 3968-
  13. Oliver JAC, Wrigh H, Massidda P, Burmeister LS, Mellersh CS. A variant in OLFML3 is associated with pectinate ligament abnormality and primary closed-angle glaucoma in Border Collies from the United Kingdom. Vet Ophthalmol. 2020 ; 23 : 25-36
  14. Menotti-Raymond M, Holland Deckman K, David V, Myrkalo J, O’Brien SJ, Narfsröm K. Mutation discovered in a feline mofel of human congenital retinal blinding disease. Invest Opthalmol Vis Sci. 2010 ; 51 : 2852-
  15. Lyons LA, Grighton RK, Alhaddad K, Beale HC, Grahn RA, Rah HC et al. Whole genome sequencing in cats, identifies new models for blindness in AIPL1 and somite segmentation in HES BMC Genomics. 2016 ; 2 doi : 1186/s12864-016-2595-4
  16. Donovan RH, Freeman HM, Schepens CL. Anomaly of the Collie eye. J Am Vet Med Assoc. 1969 ; 155 : 872-
  17. 17a et b.Rubin LF. Inherited eye diseases in purebred dogs. Baltimore; Williams & Wilkins; 1989, pp 131-3 et 16-
  18. Schmidt GM,  Ellersieck MR, Wheeler CA, Blanchard GF, Keller WF. Inheritance of retinal dysplasia in the English Springer Spaniel. J Amer Vet Med Ass0c. 1979; 174 :1089-
  19. Cottrell BD, Barnett KC. Primary glaucoma in the Welsh Springer Spaniel. J Small Anim Pract. 1988 ; 29 : 185-
  20. Stades FC. Persistent hyperplastic tunica vasculosa lentis and persistent hyperplastic primary vitreous in Doberman Pinschers : Genetic aspects. J Am Anim Hosp Assoc. 1983 ; 19 : 957-
  21. Leon A, Curtis R, Barnett K. Hereditary persistent hyperplastic primary vitreous in the Staffordshire Bull Terrier. J Am Anim Hosp Assoc. 1986 ; 22 :765-74
  22. Stades FC, Boeve MH, van den Brom WE, van der Linde-Sipman JS. The incidence of PHTVL/PHPV in Dobermans and the results of breeding rules. Vet Quarterly. 1991 ; 13 : 24-
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Pathologie oculaire : les principales affections congénitales

Aurélie BOURGUET
Service D'ophtalmologie, Centre Hospitalier Vétérinaire Atlantia
Nantes France

I- Introduction

On définit comme affection héréditaire une maladie qui résulte du dysfonctionnement d'un ou plusieurs gènes. Une maladie congénitale est présente à la naissance, visible après l’ouverture des paupières, et repérable dans les 8 premières semaines de la vie de l’animal.

Il est important de se rappeler que toutes les anomalies congénitales ne sont pas nécessairement héréditaires, car certaines peuvent résulter d'une toxicité ou d'une maladie au cours du développement in utero. Inversement, toutes les anomalies héréditaires ne sont pas nécessairement congénitales. De nombreux troubles héréditaires (par exemple, la cataracte, la dégénérescence rétinienne progressive) peuvent se manifester plus tard dans la vie.

II- Microphtalmie

La microphtalmie est une anomalie de développement du globe oculaire qui peut survenir soit au moment de la formation de la vésicule optique  ou plus tardivement avec un défaut de croissance de la cupule optique et de l’œil. Cette microphtalmie chez les carnivores domestiques survient sporadiquement et peut être associée à d’autres malformations oculaires congénitales :  dysgénésie du segment antérieur, cataracte, PHPV/PHTVL (persistance du vitré primaire hyperplasique) et dysplasie rétinienne. Le caractère visuel de cet œil microphtalmique dépendra de la présence ou non d’affections congénitales concomitantes et de leur gravité. Bien que cette affection puisse apparaitre spontanément au cours de l’embryogénèse, un caractère héréditaire est également décrit dans plusieurs races :

  •  chez le Doberman une transmission sur un mode autosomique récessif est suspectée pour cette microphtalmie souvent associée à une dysgénésie du segment antérieur et à une dysplasie rétinienne ;
  •  la microphtalmie est fréquente dans le cadre de la dysgénésie liée au gène Merle (mode de transmission dominant incomplet présent dans plusieurs races : Shetland, Colley, Berger Australien, Teckel, Dogue Allemand). Les individus homozygotes pour le gène Merle (M/M) qui survivent à la naissance présentent une hypopigmentation marquée, des anomalies oculaires, notamment une microphtalmie, une cécité et des colobomes, ainsi qu'une surdité ;
  •  un mode de transmission récessif est suggéré chez le Schnauzer nain et le Berger Australien. Un caractère héréditaire a également été suggéré pour le Beagle, l'Akita, le Chow Chow, le Cavalier King Charles, l'Irish Wolfhound, et un certain nombre d'autres races de chiens.

III- Colobome

Le colobome est une anomalie congénitale d'une partie de l'œil due à un défaut de fermeture des deux moitiés du corps, affectant le plus souvent l'iris ou le nerf optique à la position 6 heures (colobome typique). Ce dernier est une maladie oculaire congénitale présumée héréditaire qui, si elle est importante, peut provoquer un décollement de la rétine entraînant la cécité ou une déficience visuelle. D’autres parties de l’œil peuvent être atteintes : les paupières (plus souvent observé chez le chat : apparition soit sporadique soit d’origine héréditaire suspectée chez le chat européen et le Burmese), la rétine, la choroïde, ou la sclère.

IV- Dermoïde

Le dermoïde est une formation cutanée généralement pileuse, congénitale, située à un endroit anormal. La plupart des dermoïdes oculaires affectent la cornée ou la conjonctive adjacente, mais peuvent également affecter les paupières.  Sa présence provoque généralement une irritation oculaire. Les dermoïdes sont observés chez toutes les espèces de manière fortuite, mais une origine héréditaire peut être suspectée chez certaines races de chiens et de chats.

V- Dysgénésies

Les dysgénésies du segment antérieur ont été décrites chez les animaux domestiques, généralement de manière sporadique. Chez les carnivores domestiques, la persistance de membranes pupillaires (PMP) représente la manifestation la plus courante de la dysgénésie du segment antérieur.  Les formes mineures de PMP sont généralement sans répercussion clinique, cependant les PMP reliant l’iris à l’endothélium cornéen ou à la capsule antérieure du cristallin sont à l’origine d’opacités de la cornée ou du cristallin (ou les deux) à l'endroit où les membranes se sont attachées. La persistance de la membrane pupillaire est fréquente chez le chien et constitue généralement une découverte fortuite. Le Basenji présente des PMP héréditaires et cliniquement significatives avec une incidence élevée dans la race. Des PMP familiales sont également présentes chez le Pembroke Welsh Corgi, le Chow Chow et le Mastiff ; la reproduction de chiens présentant une forme de PMP autre qu'iris à iris doit être évitée. Les tests n'ont pas été concluants mais suggèrent un mode d'hérédité complexe.

VI- Kystes uvéaux

Les kystes uvéaux se manifestent par la présence de sphères plus ou moins pigmentées à parois fines, de différentes tailles, issues des cellules épithéliales pigmentées postérieures de l'iris/du corps ciliaire. Ces kystes peuvent soit rester attachés ou se détacher en flottant dans la chambre antérieure ou postérieure ou, occasionnellement, dans le vitré. Ces kystes sont généralement considérés comme bénins ; cependant, des formes plus avancées peuvent entraîner un glaucome secondaire (glaucome pigmentaire et kystique) chez les Golden Retrievers, les Dogues allemands et les Bulldogs américains. L’analyse du pedigree suggère un mode de transmission autosomique dominant avec une pénétration incomplète. Des kystes ont également été décrits chez le chat avec une prédisposition du chat Burmese.

VII- Cataractes congénitales

Les cataractes congénitales résultant d'une formation anormale des fibres primaires ou secondaires du cristallin devraient être localisées dans la région nucléaire et ne pas progresser. Cependant, un effet précoce sur les fibres primaires du cristallin peut s'étendre aux fibres secondaires, entraînant une cataracte congénitale qui progresse pour atteindre l'ensemble du cristallin. On parle de cataracte congénitale si elle est observée entre la naissance et la 12e semaine d'âge, ou plus tardivement si d’autre anomalies congénitales sont également notées (microphtalmie, cataracte corticale adjacente à une PMP ou une persistance de l’artère hyaloïde, PHPV/PHTVL). Ces cataractes, qu'elles soient unilatérales ou bilatérales, ont un large spectre de facteurs causaux contribuant à leur formation, tels que les mutations génétique (aléatoires ou héréditaires), les maladies infectieuses in utero, les médicaments tératogènes, l'exposition à l'irradiation, les maladies métaboliques et la malnutrition pendant la gestation. La cataracte congénitale peut être d’origine spontanée dans n'importe quelle race de chien. Cependant, lorsqu'aucune cause distincte ne peut être déterminée, des facteurs héréditaires doivent toujours être suspectés lorsqu'une cataracte bilatérale est présente chez un chiot âgé de moins de 12 semaines. Pour ces raisons, l'examen de la fratrie et des deux parents est conseillé. Le caractère héréditaire a été démontré dans certaines races (Schnauzer miniature, Westie, Cavalier King Charles, Cocker américain, Beagle, Labrador, Golden Retriever, Berger allemand etc.) avec la localisation de l’opacité cristallinienne, l’association à d’autres anomalies congénitales et le mode d’héritabilité propre à chaque race.

VIII- Glaucomes congénitaux

Les glaucomes congénitaux se déclarent généralement au cours des premiers mois de la vie de l’animal (généralement avant 6 mois) avec des symptômes typiques du glaucome (cécité, congestion des vaisseaux épiscléraux, œdème cornéen, mydriase) et une buphtalmie souvent assez importante compte tenu de l’élasticité sclérale chez le jeune. L'étendue de l'anomalie de l'angle peut affecter le moment de l'apparition de l'élévation de la PIO : plus l'anomalie est grave, plus l'élévation de la PIO et les signes cliniques apparaissent rapidement.

IX- Persistance de la tunica vasculosa lentis

La persistance de la tunica vasculosa lentis et du vitré primaire hyperplasique (PHTVL/PHPV) est une maladie oculaire congénitale résultant de l'échec de la régression du réseau vasculaire embryologique entourant le cristallin en développement et le vitré primaire au-delà de 2 à 3 semaines post partum. L'anomalie est actuellement classée en 6 niveaux de gravité, le grade 1 se caractérisant par la présence uni- ou bilatérale de petits points jaunes à bruns de tissu fibreux, principalement centraux et rétrolentals sur la capsule postérieure du cristallin. Ces points sont stationnaires et n'affectent pas la vision. Les formes les plus graves (2-6) sont généralement bilatérales et entraînent une déficience visuelle ou la cécité. La PHTVL/PHPV est fréquemment associée à d’autres anomalies congénitales, notamment la microphtalmie, la microphakie, la cataracte et la dysplasie rétinienne. Le caractère héréditaire est connu chez le Dobermann et le Staffordshire Bull Terrier (autosomal dominant à pénétrance incomplète) et suspecté chez le Pinscher et le Schnauzer miniature (autosomal récessif). Cette affection a été décrite chez le chat de façon plus anecdotique.

X- Persistance de l’artère hyaloïde

La persistance de l’artère hyaloïde est une anomalie congénitale résultant d’un défaut de régression de l'artère hyaloïde au-delà de 2 à 3 semaines post partum. Cliniquement elle se traduit par la persistance de l’artère (remplie de sang ou non) depuis la papille de Bergmeister avec une extension antérieure dans le vitré parfois jusqu’à la capsule postérieure du cristallin (Papille de Mittendorf). Cette affection peut être associée à de multiples anomalies congénitales et peut s’accompagner de la formation d’une cataracte focale en regard de la zone d’attache de l’artère.

XI- Dysplasie rétinienne

La dysplasie rétinienne est une anomalie de différentiation de la rétine accompagné de la prolifération d’un ou plusieurs de ses constituants. Elle constitue un groupe hétérogène avec de nombreuses présentations et un effet sur la vision variable : de non invalidant à la perte de vision complète. Elle peut être soit une affection congénitale isolée ou associée à de multiples anomalies oculaires ou systémique (syndrome oculo-appendiculaire). La dysplasie rétinienne héréditaire se rencontre le plus souvent chez le Cocker américain, le Springer Spaniel, le Beagle, le Labrador, le Schnauzer miniature, le Berger australien, le Rottweiler et le Yorkshire, mais elle peut se rencontrer dans n'importe quelle race.  L’origine de ces dysplasies est majoritairement héréditaire avec un mode d’héritabilité généralement récessif (sauf chez le Labrador). Une origine non héréditaire est également possible secondairement à une infection intra-utérine (herpèsvirose, FeLV), une exposition à un toxique ou à une irradiation, une carence en vitamine A. Cliniquement, elle peut être subdivisée en trois formes : la forme (multi)focale, la forme géographique et la forme complète (associée à un décollement de rétine).

XII- Anomalie de l'œil du colley (AOC)

L’anomalie de l'œil du colley (AOC) est un syndrome congénital d'anomalies oculaires, décrit à l'origine chez les races Collie (poils courts, poils longs, Border Collie, Bearded Collie) et Berger des Shetlands affectant la choroïde et la sclère et indirectement la rétine et le disque optique. Elle se caractérise par des anomalies bilatérales et souvent symétriques, notamment une hypoplasie choroïdienne avec ou sans colobome, un décollement de la rétine et des hémorragies intraoculaires. La vision varie en fonction du degré d'atteinte de l'individu et peut être minimalement compromise jusqu'à une déficience visuelle importante ou la cécité. Le mode de transmission de l’hypoplasie choroïdienne est autosomal récessif suite à une mutation du gène NEHJ1. Pour la forme colobomateuse, une transmission polygénique est suspectée. Le diagnostic repose soit sur un examen ophtalmoscopique précoce (avant l’âge de 5-7 semaines), soit par la réalisation d’un test génétique.

XIII- Hypoplasie du nerf optique

L’hypoplasie du nerf optique est un défaut congénital de développement du nerf optique qui entraîne un déficit visuel ou la cécité et une réponse anormale de la pupille dans l'œil affecté. Cette affection est à différencier de la micropapille pour laquelle la vision reste conservée.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Les tests génétiques : la solution ?

Gilles CHAUDIEU
Aucune
France
Marie ABITBOL
Aucune
France

I- Introduction

De nombreuses affections héréditaires ont été identifiées dans les espèces canine et féline, dont bon nombre concernent l'œil. Grace aux progrès de la génétique, les praticiens disposent aujourd'hui d'un large panel de tests ADN pour les maladies oculaires. Ces tests peuvent être utilisés dans le cadre du diagnostic ou du dépistage. La connaissance de leurs indications, intérêts et limites, est essentielle à leur utilisation à bon escient.

II- Spécificité des tests génétiques

De manière générale, les affections héréditaires canines et félines sont spécifiques de races ou de groupes de races. C’est pourquoi, un test génétique de dépistage pour une affection héréditaire d’une race ne sera bien souvent pas valable pour la même affection dans une autre race, même proche : par exemple, un déficit de synthèse de la même sous-unité de la phosphodiestérase, pour une même maladie (dysplasie des bâtonnets et des cônes) est dû à deux mutations différentes chez le Setter irlandais (rcd1) et le Sloughi (rcd1A) [1, 2]; ou encore, pour des signes cliniques similaires, une APR du Chat abyssin (rdAc) et une APR du Bengal (PRA-b) sont associées à des mutations intéressant des gènes différents (CEP290 et KIF3B) [3, 4].    

Des exceptions existent, tant chez le chat (mutation CEP290 associée à l’APR dans au moins 17 races) [5] que chez le chien (mutation PRCD associée à l’APR dans au moins 45 races) [6].

De plus, une même maladie, au sein d’une même race, peut être due à des mutations dans des gènes différents (hétérogénéité génétique) ou être d'origine environnementale : chez le Golden Retriever, pour des signes cliniques comparables d’APR apparaissant chez des chiens d’âges comparables (4 à 7 ans), prcd-PRA est associée à une mutation du gène PRCD sur le chromosome 9 [6], GR-PRA1 à une mutation du gène SLC4A3 sur le chromosome 37 [7] et GR-PRA2 à une mutation du gène TTC8 sur le chromosome 8 [8].

III- Corrélation génotype- phénotype

Pour interpréter le résultat d’un test génétique de dépistage, il est nécessaire de s’appuyer sur une donnée fondamentale appelée la corrélation génotype-phénotype, qui doit être impérativement validée avant la prescription de l’usage d’un test dans une population donnée. Par exemple, L’insertion d’une paire de bases dans le gène HSF4 chez le Staffordshire Bullterrier et le Terrier de Boston a été associée au développement d’une cataracte bilatérale juvénile, dont la progression induit la cécité après l’âge de 2-3 ans [9]. Dans une seconde publication, les auteurs ont indiqué que cette insertion avait été identifiée chez des bouledogues français atteints de cataracte au Royaume-Uni. Chez 18 bouledogues français âgés de 9,6 mois à 8,6 ans opérés de cataracte juvénile dans l’effectif français, aucun ne présentait la mutation dans HSF4, un seul d’un échantillon-témoin de 87 bouledogues français était hétérozygote pour la mutation, les autres étant homozygotes sains [10].

La corrélation entre le statut génétique (génotype) et le statut clinique (phénotype) est propre à chaque mutation et renseigne sur la probabilité qu’a un individu atteint génétiquement de développer les symptômes de la maladie concernée. Pour nombre de maladies, la corrélation génotype-phénotype est proche de 100 % et ainsi tout individu muté présente ou développera les symptômes de la maladie, identiques d’une race à l’autre : par exemple, chez les Cockers spaniels américains et anglais, chez le Retriever du Labrador, l’APR associée à la mutation PRCD présente des signes d’appel ophtalmoscopiques identiques à des âges généralement comparables. Les tests ADN pour ces types de mutations sont réellement des tests de diagnostic et dépistage.

En revanche, pour les mutations caractérisées par une corrélation génotype- phénotype faible, les tests ADN correspondants représentent plutôt des tests de prédisposition (la présence de la mutation est un facteur de risque) : par exemple, une forme précoce d’APR (premiers signes ophtalmoscopiques vers l’âge de six mois, chiens aveugle à 2 ans), a été décrite en 1993 chez le Teckel nain à poil long [11], identifiée comme autosomique récessive par l’étude de pedigrees. L’affection a été identifiée en 2006 comme une dystrophie des cônes et bâtonnets (CORD1) liée à une mutation du gène RPGRIP1 présentée comme associée de façon fiable à la maladie [12]. En 2009, d’importantes variations dans l’âge d’apparition des signes ophtalmoscopiques (4 mois à 15 ans) et des discordances entre génotype et phénotype CORD1 ont été identifiés. Notamment, 16% des homozygotes mutés étaient indemnes de signes cliniques, indiquant que, si la plus forte association génotype-phénotype était bien due à la mutation CORD1, il y avait obligatoirement des facteurs additionnels/alternatifs qui étaient impliqués dans l’expression de la maladie [13]. Un locus modificateur contenant environ 11 gènes a par la suite été identifié en 2012 comme étant également nécessaire à l’expression de CORD1 [14].

IV- Intérêts et limites d’utilisation des tests génétiques

Ainsi, la bonne connaissance des caractéristiques de chaque maladie héréditaire :

  • race(s) concernée(s),
  • mode de transmission,
  • pénétrance ; expressivité,
  • hétérogénéité génétique éventuelle,
  • corrélation génotype-phénotype,

permet d’utiliser les tests génétiques de dépistage canins et félins avec précision et pertinence.

De plus, dans le cadre de l’utilisation d’un test génétique de dépistage pour une aide au diagnostic, une information complète sur les caractéristiques du test et les données génétiques ne suffit pas. La symptomatologie est également indispensable. L’expertise du clinicien est cruciale. Aucun test génétique de dépistage ne peut se suffire à lui-même et être interprété sans tenir compte des symptômes et de l’historique de vie de l’animal. Par exemple, une délétion d’une paire de bases dans le gène HSF4 a été associée au développement d’une cataracte chez le Berger australien. La mutation a été identifiée comme associée à une transmission semi-dominante de cataracte dans une population de Bergers australiens d’âge compris entre 4 et 6 ans, décrite soit comme corticale postérieure sous- capsulaire (CPSC), soit comme nucléaire (N), cette dernière typiquement évolutive en nucléo-corticale. Avec des hétérozygotes affectés de cataracte CPSC peu ou non évolutive et des homozygotes mutés affectés de cataracte N à potentiel évolutif marqué, l’hypothèse d’une transmission semi-dominante apparaissait comme la plus probable bien que non validée statistiquement de façon formelle [15]. La délétion dans HSF4 (test HSF4-2) ne doit donc être considérée que comme un facteur de risque pour le développement d’une cataracte chez le Berger australien.     

V- Conclusion

Les tests génétiques peuvent donc constituer une partie de la solution pour le dépistage et le diagnostic des affections oculaires héréditaires, mais la connaissance fine de leurs indications est indispensable à leur utilisation et aucun test génique de dépistage ne remplacera jamais l'expertise du clinicien.

Abréviations

  • ADN : Acide DésoyriboNucléique,
  • APR : Atrophie Progressive de la Rétine,
  • CEP290 : Centrosomal Protein of 290 kDa,
  • CORD1 : Cone Rod Dystrophy 1,
  • GR-PRA1 : Golden Retriever- Progressive Retinal Atrophy 1,
  • GR-PRA2 : Golden Retriever- Progressive Retinal Atrophy 2,
  • HSF4 : Heat Shock Transcription Factor 4,
  • KIF3B : Kinesin Family member 3B,
  • PRA-B : Progressive Retinal Atrophy - Bengal,
  • PRCD : Progressive Rod Cone Degeneration,
  • prcd-PRA : progressive rod cone degeneration-Progressive Retinal Atrophy,
  • rcd1 : rod cone dysplasia 1,
  • rcd1A : rod cone dysplasia 1A ,
  • rdAc : retinal degeneration in Abysssinian cats,
  • RPGRIP1 : Retinitis Pigmentosa GTPase Regulator-Interacting Protein 1,
  • SLC4A3 : Solute Carrier familly 4 member 3,
  • TTC8 : Tetratricopeptide Repeat Domain 8.

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Pas de conflit d'intérêt déclaré.