4 conférences (seules sont affichées les conférences pour lesquelles un texte a été fourni).

> Consultation préventive en dentisterie

Philippe HENNET
Chv Advetia
Velizy-Villacoublay France

I- Introduction

Les affections bucco-dentaires peuvent débuter dès le très jeune âge chez le chien et le chat soit du fait d’anomalie du développement dentaire et de leurs conséquences, soit du fait du développement précoce de la maladie parodontale. Il est donc fondamental d’inclure dans la consultation du chiot ou du chaton des conseils personnalisés en fonction de l’espèce et/ou de la race qui pourront permettre de prévenir ou de prendre en charge plus rapidement des affections bucco-dentaires.

II- Rappel sur le développement dentaire

Les carnivores sont diphyodontes (dentition lactéale suivie d’une dentition adulte) et hétérodontes (dents de formes différentes accomplissant différentes fonctions). Le chiot et le chaton naissent habituellement sans dent. Les dents de lait apparaissent environ deux semaines après la naissance. Elles sont au nombre de 26 chez le chat et de 28 chez le chien. Les dents adultes apparaissent vers l’âge de 4 mois et leur éruption s’achève vers l’âge de 7 mois. Les incisives, au nombre de trois par hémi-mâchoire, préhensiles et coupantes n’ont qu’une seule racine. Les canines sont des dents coniques et tranchantes adaptées au régime carnivore. Les prémolaires possèdent deux racines à l’exception de la première prémolaire, dent régressive, et ont une couronne formée de trois cuspides en ligne. Les couronnes des prémolaires maxillaires et mandibulaires ont une occlusion par alternance avec nécessité de diastème entre les dents. Les molaires, ou dents jugales, possèdent deux à trois racines et un engrènement (occlusion) des couronnes par encastrement des cuspides du maxillaire et de la mandibule. Le chien possède ainsi 42 dents adultes : 3 incisives et 1 canine sur chaque hémi-maxillaire ou mandibule, 4 prémolaires et 2 molaires par hémi-maxillaire ou 4 prémolaires et 3 molaires par mandibule. Le chat, lui, possède 30 dents adultes : 3 incisives et 1 canine sur chaque hémi-maxillaire ou mandibule, 3 prémolaires par hémi-maxillaire et 2 prémolaires par mandibule et enfin une seule molaire par hémi-maxillaire ou mandibule. Les carnassières, dents caractéristiques des carnivores, sont la quatrième prémolaire maxillaire et la première molaire mandibulaire.

La racine de la dent n’est pas complètement formée au moment de l’éruption dentaire. La racine continue son développement en longueur dans les mois suivant l’éruption dentaire. L’extrémité de la dent (ou apex) se ferme vers l’âge de 12-18 mois (apexogénèse) selon le type de dent et la race du chien. La paroi de la dent dont la pulpe dentaire est vivante s’épaissit progressivement tout au long de la vie et, conjointement, le canal pulpaire se rétrécit.

III- Les anomalies du développement dentaire

1. Anomalie de l’éruption

a) Défaut d'égression et dent incluse

L’éruption partielle d’une dent (défaut d’égression) ou l’absence d’éruption (dent incluse) peuvent avoir des origines génétiques, traumatiques ou infectieuses. Un examen radiographique dentaire permet d’évaluer l’état de développement de la dent, la présence d’anomalie du développement ou d’évolution pathologiques (infection, kyste, tumeur) et de définir le traitement le plus adapté.

2. Anomalie de nombre

a) Dents surnuméraires (hyperodontie)

L’hyperodontie est généralement héréditaire. Les dents les plus fréquemment concernées sont les incisives et les premières prémolaires. Les dents surnuméraires peuvent entraîner des problèmes d’encombrement dentaire avec des troubles de l’éruption ou des rotations des dents adjacentes. Cet encombrement favorise l’accumulation de plaque dentaire et le développement de la maladie parodontale.      

b) Anodontie, oligodontie et hypodontie

L’absence totale (anodontie) ou quasi totale (oligodontie) de dents est rare, elle est le plus souvent liée à un trouble systémique (tel qu’une dysplasie ectodermique par exemple). L’absence d’une ou quelques dents est beaucoup plus fréquente, on parle d’hypodontie. L’absence vraie de dent ou agénésie dentaire est une affection à déterminisme génétique. Cependant la dent peut n’être absente que cliniquement (inclusion dentaire), le diagnostic différentiel repose sur la prise de clichés radiographiques dentaire qui peut être réalisée à partir de l’âge de 10-12 semaines.

3. Anomalies de forme

a) Anomalies de taille

La microdontie (dent de petite taille) ou la macrodontie (dent de grande taille) sont rares chez les carnivores domestiques et ont rarement d’implication médicale

b) Anomalies de conformation

La gémination et la fusion correspondent à la division ou la fusion plus ou moins complète d’un bourgeon dentaire avant sa minéralisation. Si cette division est complète, on obtient une dent surnuméraire. Si la division est partielle, on observe une dent dont la couronne est plus large, divisée par un sillon longitudinal. La fusion, elle, résulte en une dent manquante. En l’absence de conséquences cliniques telles que la maladie parodontale ou une atteinte endodontique, aucun traitement n’est nécessaire.

La dilacération corono-radiculaire et l’invagination dentaire (dens in dente) sont des anomalies dont les répercussions médicales sont le plus souvent marquées et qui nécessitent l’extraction de la dent.

4. Anomalies de structure

La dysplasie de l’émail correspond à un défaut quantitatif (hypoplasie) et/ou à un défaut qualitatif (hypocalcification) de formation de l’émail. Les causes sont variées et les lésions de l’émail dépendent directement du facteur étiologique, du moment et de la durée de sa survenue au cours du développement de la couronne dentaire. Les atteintes localisées ont le plus souvent une origine traumatique alors que les atteintes généralisées ont une origine systémique. La dent affectée est plus fragile et sa paroi plus perméable, accroissant ainsi les risques d’atteinte pulpaire. La surface plus rugueuse de la dent favorise l’accumulation de plaque dentaire et prédispose au développement de la maladie parodontale. Il existe d’autres anomalies beaucoup plus rares telle que l’odontodysplasie régionale et l’amélogénèse imparfaite ou la dentinogénèse imparfaite.

5. Anomalies de position

a) Inclusion dentaire

Les dents incluses présentent un haut risque d’évolution pathologique (infection, kyste dentigère ou folliculaire et plus rarement tumeur). Il existe une prédisposition raciale dans les races brachycéphales avec en particulier une prévalence accrue d’inclusion de la première prémolaire avec formation de kyste dentigère, parfois très volumineux, chez le Boxer. Un diagnostic radiographique précoce est donc nécessaire lors d’absence clinique de dent.

b) Anomalies de position

Les principales anomalies sont constituées par les malpositions dentaires (la dent est située au bon endroit mais est sortie en suivant un mauvais axe). Les malpositions dentaires peuvent avoir des répercussions fonctionnelles, interférence occlusale et fermeture buccale anormale, occlusion traumatique avec lésions des mâchoires. Un traitement orthodontique peut être proposé pour corriger la malposition dans un certain nombre de cas. Les anomalies de position de la dent sont à différencier des anomalie de l’occlusion dentaire résultant d’une anomalie de taille des mâchoires (malocclusion squelettique)

c) Anomalies de l’exfoliation ou persistances des dents déciduales

Elles peuvent être observées chez toutes les races, mais touchent particulièrement les chiens de petites tailles et de races naines. Une prédisposition génétique est suspectée. Les canines et incisives sont souvent en cause, mais les prémolaires peuvent aussi l’être. La persistance d’une dent déciduale peut s’accompagner d’une agénésie de la dent adulte ou de son inclusion ou de sa malposition. Ainsi les dents déciduales persistantes peuvent engendrer une malocclusion plus ou moins importante et provoquer un encombrement dentaire à l’origine d’une maladie parodontale progressant rapidement. Par conséquent, les dents déciduales persistantes doivent être extraites dès la phase d’éruption de la dent définitive.

IV- Maladie parodontale et hygiène bucco-dentaire

1. Le développement de la maladie

La maladie parodontale est une maladie naturelle, infectieuse, locale, provoquée par la formation de plaque dentaire bactérienne sur les couronnes des dents dès leur éruption. La gencive au contact des bactéries est enflammée, ce qui correspond à la phase de gingivite, qui si elle n’est pas combattue évolue le plus souvent en une parodontite. La parodontite se caractérise par une destruction de la gencive et du tissu osseux de support de la dent (os alvéolaire) et favorise ainsi le déchaussement, la formation d’abcès dentaire, voire la perte de la dent. Tous les chiens et chats sont concernés, mais globalement les chiens de petite taille sont plus gravement et plus rapidement affectés.

Il ne faut donc pas attendre que les dents se déchaussent pour commencer à s’en préoccuper, c’est dès le plus jeune âge qu’il faut lutter contre l’accumulation de plaque dentaire. La mise en place de l’hygiène bucco-dentaire doit faire partie de l’éducation du chiot ou du chaton.  Il est d’autant plus facile de lui apprendre à tolérer cet acte qu’il aura été effectué sous une forme ludique dès le plus jeune âge, avant même qu’il souffre de ses dents. Il est plus efficace d’éviter le développement de la maladie que d’intervenir lorsque celle-ci a déjà provoqué des lésions.

2. L’hygiène bucco-dentaire

Il n’existe pas actuellement en dentisterie humaine de moyen préventif plus efficace que le brossage dentaire. Il en est donc de même pour les dents de nos compagnons. Le problème majeur n’est pas son efficacité, mais son observance. Des études chez le chien ont montré que seul un brossage au moins trois fois par semaine permet de maintenir des gencives saines chez un chien jeune, alors qu’un brossage une fois par semaine ne le permet pas. Lorsqu’une gingivite est déjà présente, il faut passer au brossage quotidien pour rétablir des gencives saines. Un brossage une ou deux fois par semaine ne peut être suffisant et efficace.

Le brossage dentaire n’étant pas toujours réalisé aussi efficacement chez le chien que chez l’homme, il est souhaitable de compléter l’action mécanique des poils de la brosse par l’action antiseptique d’un gel dentaire. Il existe différents types de gels dentaires, plus ou moins antiseptiques, qui sont utilisés en fonction du degré d’atteinte des gencives. On utilise une brosse à poils souples ou ultrasouples. Pour les chiens de très petite taille et les chats, on peut utiliser une brosse pour enfants de bas âge ou une brossette de brosse électrique à la place d’une brosse à dent classique, souvent trop grosse. Enfin, lorsque que l’acte de brossage est impossible, il est éventuellement possible de masser le gel avec le doigt sur les dents et gencives du chien. Il faudra dans ce cas choisir un gel dentaire fortement antiseptique car en l’absence de brossage, l’efficacité est nettement moindre.

Il existe d’autres moyens (aliments à visée dentaires, articles à mâcher, additifs) qui peuvent venir compléter l’hygiène par brossage dentaire.

D’après Hennet Ph, Boutoille F. Guide pratique de stomatologie et dentisterie vétérinaire. Editions Med’Com, Paris, 2013

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Consultation préventive en dermatologie

Amaury BRIAND
Chv Advetia, 9 Av. Louis Breguet
Vélizy-Villacoublay France

I- Introduction - Médecine préventive

Les troubles dermatologiques font partie des motifs de consultation les plus fréquents en médecine vétérinaire. Cette tendance s’applique également aux jeunes animaux qui sont particulièrement sensibles et concernés par les infestations parasitaires. En outre, il existe certaines spécificités régionales en termes de risque parasitaire et il est nécessaire d’adapter la démarche en fonction de la provenance ou du lieu de vie de l’animal. Enfin, certaines dermatoses congénitales peuvent être détectées précocement dès les premières consultations vaccinales.

II- Principales parasitoses

1. La pulicose

Elle est très fréquente et passe souvent inaperçue au départ. Elle est largement sous-estimée par les propriétaires qui ne détectent pas toujours la présence de parasites, sauf en cas de forte infestation.

Le prurit et les lésions ne sont pas toujours marqués en début d’infestation. Il est donc important de rechercher les parasites systématiquement et d’aborder le traitement antiparasitaire préventif dans tous les cas.

Outre l’inconfort lié au prurit et à d’éventuelles lésions cutanées associées, la puce est un vecteur d’autres maladies (Dipylidium caninum, Bartonella henselae) et le risque de contagion à l’être humain existe.

Lors de la consultation vaccinale, il est donc important d’effectuer un examen clinique complet en prenant soin de rechercher les parasites dans les plis et les parties protégées de la lumière (typiquement sous la queue, en région péri-génitale ou sur le ventre). Bien entendu l’utilisation d’un peigne à puce est conseillée pour mettre en évidence plusieurs éléments :

  • les puces adultes ;
  • les excréments ;
  • les œufs et très rarement les larves.

Il est également possible de récolter les squames, poils et autres éléments tombés sur la table ou dans la caisse de transport durant la consultation pour détecter la présence de parasites ou de signes indirects d’infestation (excréments, œufs et larves).

Le traitement passe par l’utilisation d’un traitement insecticide adulticide et/ou larvicide. Plusieurs molécules ou associations de molécules sont disponibles sur le marché et les différentes galéniques permettent de s’adapter aux préférences de chacun. Dans tous les cas, l’importance est de maintenir un traitement efficace sur la durée afin de rompre le cycle naturel du parasite.

Il est conseillé d’effectuer un traitement régulier toute l’année, d’autant plus pour un animal ayant un accès extérieur et donc ayant un risque supérieur de nouvelle infestation. Contrairement aux idées reçues, un traitement est souvent nécessaire même durant l’hiver car les puces présentes dans nos foyers bénéficient à cette période de conditions optimales pour se développer (température, hygrométrie, source de nourriture et absence de traitement en cas d’arrêt de tout traitement antiparasitaire).

2. L’otacariose

Elle se traduit par une otite externe cérumineuse assez prurigineuse. L’atteinte est en général bilatérale avec production abondante de cérumen d’aspect sec et adhérent à la paroi des conduits auditifs externes. Si le prurit est marqué malgré une otite plutôt discrète on suspecte alors un phénomène d’hypersensibilité sous-jacent.

Elle touche particulièrement les jeunes individus récemment adoptés. En effet, elle est liée au développement d’otodectes cynotis, qui est très contagieux, particulièrement en collectivité (refuge, élevage...) ou tout simplement au sein d’une portée de chaton ou chiots où les contacts sont très rapprochés. La transmission s’effectue par contact direct et via l’environnement.

Lors d’une consultation vaccinale chez un jeune individu venant d’être adopté toute otite externe cérumineuse doit être un signal d’alarme fort.

Le diagnostic s’effectue à l’aide de plusieurs examens faciles à mettre en œuvre durant la consultation :

  • examen otoscopique : permet de mettre en évidence l’otite cérumineuse et parfois les parasites qui se mettent en mouvement à la lumière ;
  • examen microscopique direct : on effectue un curetage auriculaire pour mettre en évidence les parasites.

Le choix du traitement repose sur le spectre d’action qui doit comprendre une activité acaricide :

  • la sélamectine appliquée en spot on tous les 15 jours à 2 à 3 reprises ;
  • l’utilisation des isoxazolines qui ont toutes une activité acaricide ;
  • l’instillation de topiques avec activité acaricide : Otimectin ND (ivermectine) et Oridermyl ND (perméthrine).

D’autre part, l’utilisation d’un produit nettoyant permet de déloger les parasites et crée un environnement néfaste pour les parasites.

Il faut traiter tous les congénères présents dans le foyer et effectuer un nettoyage et une désinfection de l’environnement avec des produits nettoyants habituels.

3. La dermatophytose

Cette parasitose est très fréquemment rencontrée chez le jeune individu et particulièrement chez le chaton. Cette mycose est déjà traitée dans la partie concernant les dermatophyties donc ne sera pas développée en détail ici.

Dans le cadre de la consultation préventive en dermatologie il faut noter et aborder quelques points particuliers :

  • Aspect clinique et lésions typiques : la forme la plus courante se traduit par une ou plusieurs plaques alopéciques, squameuses et parfois crouteuses à évolution centrifuge. La localisation typique concerne la face et les membres avec une répartition focale ou multicentrique asymétrique.
  • Méthodes pour le diagnostic : examen à la lampe de Wood, raclage superficiel et trichoscopie, culture mycologique.
  • Penser environnement et modes de transmission possibles, quelles sources : jeune animal provenant d’un élevage ou d’un refuge (collectivité). Donc rechercher les lésions suspectes chez des individus provenant d’un environnement « à risque ».
  • Garder en tête qu’il s’agit d’une zoonose : parfois le motif de consultation est la présence de lésions suspectes sur le propriétaire.
  • Traiter un jeune animal, particularités : l’itraconazole ne doit pas être administré aux femelles gestantes ou en lactation. Il est conseillé d’isoler les animaux malades mais attention toutefois à ne pas entraîner de stress ou de troubles de la socialisation chez un jeune individu. La griséofulvine ne doit pas être administrée aux individus de moins de 12 semaines.
  • Suivi et prévention : prévoir des suivis avec cultures de contrôle pour s’assurer de la bonne guérison et résolution.

III- Conseils spécifiques selon la provenance, le lieu et le mode de vie : la leishmaniose

L’exemple type est celui de la leishmaniose dont nous allons aborder ici les points clés dans le cadre de la consultation préventive [1].

C’est une maladie vectorielle liée à l’infection par Leishmania infantum et qui sévit sur tout le pourtour méditerranéen avec une extension progressive qui suit celle de son vecteur : le phlébotome. Le phlébotome peut être considéré comme un parasite intermittent avec une période d’activité particulière : elle commence en avril et se poursuit jusqu’à novembre. Cette période peut s’étendre en fonction des conditions météorologiques.

1. Prévention

  • Animal vivant en zone d’enzootie : traitement préventif dès le début de la saison d’activité des phlébotomes avec un insecticide à activité répulsive.
  • Animal voyageant ponctuellement en zone d’enzootie : traitement préventif insecticide à activité répulsive à appliquer avant le départ puis tout au long du séjour.

Ces traitements existent sous forme de colliers contenant de la deltaméthrine ou de la fluméthrine à appliquer 2 semaines avant le départ, ou de spot-on contenant de la perméthrine à appliquer 48h avant le départ. En outre, il est conseillé de garder les animaux à l’intérieur lors du pic d’activité des phlébotomes à la tombée de la nuit.

2. Vaccination

Pour les animaux vivant en zone d’enzootie, une approche multimodale peut être mise en place en associant la vaccination aux traitements répulsifs. Attention, les traitements répulsifs réduisent le risque d’infection mais n’ont aucun effet sur le développement de la maladie et la vaccination n’empêche pas l’infection mais réduit le risque de progression de la maladie et le développement de signes cliniques.

3. Dépistage

Les signes cliniques sont variés et parfois trompeurs. En outre, la maladie et les signes cliniques peuvent survenir plusieurs mois à années après l’infection. Le diagnostic repose sur la présence de signes cliniques et/ou d’anomalies clinicopathologiques associées à la confirmation de l’infection via différents tests (sérologie, PCR).

Ces tests peuvent également être effectués dans le cadre du dépistage de la maladie chez un individu vivant en zone d’enzootie ou voyageant vers ou en provenance de ces zones :

  • Donneur de sang
  • Reproducteur
  • Avant la vaccination
  • Chien importé

IV- Dermatite atopique canine

En général on considère que le diagnostic de la dermatite atopique s’effectue entre 6 mois et 3 ans. Un diagnostic plus précoce avec la mise en place de soins adaptés pourrait permettre de freiner l’évolution de la maladie et d’éviter les formes graves. C’est en tout cas ce qui est préconisé en médecine humaine.

La détection de signes cliniques dès les premières consultations vaccinales chez le chiot pourrait améliorer la prise en charge de la dermatite atopique chez ces individus avant même la survenue du prurit et d’une inflammation cutanée marquée.

Une étude menée à l’ENVA en 2016 sur 26 chiots a permis de mettre en évidence des signes cliniques d’appel pouvant évoquer le diagnostic de dermatite atopique [2] :

  • Érythème, discoloration du pelage, kératose pilaire sur les zones habituellement touchées (typiquement plis, doigts, lèvre).
  • Xérose cutanée : ventre, coussinets.
  • Otite externe ou antécédent d’otite externe.

Le diagnostic précoce permet la mise en place très tôt de soins locaux visant à restaurer la barrière cutanée, prévenant ainsi la progression de la maladie.

V- Génodermatose et tests génétiques : exemple de l’ichtyose PNPLA1

L’ichtyose est une maladie génétique à l’origine d’un trouble de la kératinisation aboutissant à un état kératoséborrhéique plus ou moins marqué selon le type d’ichtyose.

Chez le chien il existe plusieurs formes cliniques associées à différents variants que l’on retrouve chez certaines races particulières. Les signes cliniques sont visibles dès le plus jeune âge.

L’exemple le plus fréquent est celui du Golden Retriever qui présente une forme typique avec une xérose cutanée ventrale et des squames blanchâtres à noirâtres de grande taille retenues dans le pelage. Elle est due à une mutation du gène PNPLA1, la transmission est autosomique récessive et on estime actuellement que 48% des chiens sont hétérozygotes donc porteurs sains, ce qui explique la fréquence élevée de cette maladie [3].

Chez les individus destinés à la reproduction ou chez un individu adopté avec des signes débutants il est possible d’effectuer une recherche de mutation avec un test génétique. Cela permet d’écarter certains individus de la reproduction, ou d’éviter la reproduction entre deux individus porteurs.

Bibliographie

  1. Pereira A, Maia C. Leishmania infection in cats and feline leishmaniosis: An updated review with a proposal of a diagnosis algorithm and prevention guidelines. Curr Res Parasitol Vector Borne Dis. 2021 Jun 2;1:100035.
  2. Pennamen M. Diagnostic précoce de la dermatite atopique canine, étude préliminaire et mise à jour des connaissances sur la dermatite atopique chez l’Homme et chez le chien. Thèse de doctorat vétérinaire. Faculté de médecine de Créteil ; 2018, 134 p
  3. Graziano, L.; Vasconi, M.; Cornegliani, L. Prevalence of PNPLA1 Gene Mutation in 48 Breeding Golden Retriever Dogs. Vet. Sci. 2018, 5, 48
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Consultation préventive en nutrition

Nathalie PRIYMENKO
ENVT
Toulouse France

Il existe quatre moments-clé dans la vie d’un carnivore où l’alimentation doit prendre une large part lors de la consultation de médecine préventive.

Il s’agit :

  1. de la période post-adoption où le rythme de vaccination permet de voir le jeune animal à plusieurs reprises, et donc surveiller sa croissance (vitesse moyenne, changements brutaux) ;
  2. du moment de la stérilisation ou castration, car l’ablation des gonades a pour conséquence de profondes modifications du métabolisme et donc des besoins alimentaires (diminution de 20 à 30% des besoins en énergie SANS diminution des autres besoins, ce qui engendre donc la nécessité de changer d’aliment) ;
  3. du suivi à l’âge adulte où l’intervention du vétérinaire nutritionniste consiste essentiellement à comparer le poids réel au poids idéal de l’animal, et à proposer des corrections si nécessaire. Le poids devra être renseigné systématiquement et noté sur la fiche à chaque consultation (ne jamais reporter un poids, cela n’a aucun intérêt) et, si la variation de poids dépasse 10% sur un an, il faut envisager un examen plus approfondi. Les quantités consommées en moyenne doivent aussi être reportées, et le propriétaire peut idéalement préparer la consultation en mesurant les quantités moyennes consommées sur au moins trois semaines (afin de calculer si le chien est éventuellement restreint en énergie et donc de vérifier si cette restriction et l’aliment distribué permettent à l’animal de couvrir ses besoins en protéines…) ;
  4. de la période où l’animal devient vieux. L’adéquation de la ration aux besoins de l’animal est un gage de prévention du vieillissement pathologique. Le vieil animal digère moins bien et certains de ses besoins sont augmentés par rapport à l’âge adulte. Bien nourrir l'animal âgé est important pour son vieillissement en bonne santé.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.