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> Le syndrome coryza chronique et ses complications

Morgane CANONNE
Médecine Interne
France

I- Introduction

La rhinosinusite chronique idiopathique, appelée communément « coryza chronique » est une affection courante chez le chat et il s’agit de la première affection responsable de jetage chronique chez le chat. Elle est définie par la présence d’une inflammation chronique et non infectieuse de la muqueuse nasale et, le plus souvent, de la muqueuse sinusale, évoluant de manière continuelle ou intermittente. Le terme de « coryza chronique », bien que fréquemment employé, semble inadapté car ce dernier correspond strictement à l’infection par les virus respiratoires (Herpesvirus et / ou Calicivirus).

Il s’agit de la principale affection nasale chez le chat, après les processus tumoraux.

La confirmation diagnostique repose sur l’exclusion des autres affections ayant une présentation clinique similaire.

En dépit de la prévalence fréquente, la prise en charge thérapeutique n’est pas beaucoup documentée dans la littérature et le suivi à long terme demeure frustrant pour le clinicien.

II- Présentation

Cette entité concerne en majorité des chats d’âge moyen mais l’intervalle d’âge des chats au diagnostic est relativement étendu (6 mois – 16 ans).

L’expression clinique se manifeste principalement par des épisodes très récurrents de jetage nasal, initialement séreux puis muqueux à mucopurulent, concernant une puis les deux cavités nasales. L’épistaxis stricte n’est pas attendue ; chez le chat, la perte de sang en nature doit faire au contraire privilégier l’hypothèse d’une tumeur nasale. En revanche, en cas d’éternuements itératifs, il est possible d’observer des sécrétions légèrement teintées de sang.

Les autres signes observables incluent des éternuements, ainsi qu’un stertor. Plus occasionnellement des éternuements à l’envers (reverse sneezing) sont également décrits. Enfin, les propriétaires peuvent rapporter une inappétence (par inconfort et/ou anosmie) ou encore une respiration buccale.

Enfin, la communication du nasopharynx avec les bulles tympaniques par l’intermédiaire des trompes d’Eustache rend possible la présence concomitante de signes auriculaires ou vestibulaires.

III- Diagnostic

1. Diagnostic lésionnel des affections nasales et nasopharyngées du chat

- Inflammatoire

  • Infection virale : Herpesvirus, Calicivirus
  • Infection bactérienne primaire : Bordetella bronchiseptica, Mycoplasma felis, Corynebacterium ulcerans
  • Infection fongique : Aspergillose, Cryptococcose
  • Fistule oro-nasale/abcès dentaire
  • Rhinosinusite chronique idiopathique
  • Rhinite, nasopharyngite de reflux (vomissements/régurgitations)

- Traumatisme (fracture)

- Anomalie (congénitale ou acquise) : sténose nasopharyngée, syndrome respiratoire obstructif des races brachycéphales

- Polype nasopharyngé

- Corps étranger (nature végétale ++)

- Tumeur nasale ou nasopharyngée (lymphome, carcinome, sarcome)

2. Anamèse

Les éléments anamnestiques d’importance pour prioriser les hypothèses diagnostiques sont les suivants :

  • Âge : les polypes nasopharyngés concernent les jeunes chats alors que les tumeurs nasales et les affections dentaires se rencontrent davantage chez les chats plus âgés
  • Races : les races orientales et en particulier le Siamois semblent prédisposées au lymphome nasal
  • Mode de vie : accès à l’extérieur (corps étranger possible), nombreux congénères (infection virale chronique, rhinite à Bordetella)
  • Mode d’apparition : apparition subite en faveur d’un corps étranger, apparition lors d’une hospitalisation ou d’un séjour en collectivité en faveur d’une infection virale
  • Durée d’évolution : évolution aiguë ou épisodes antérieurs similaires en faveur d’une origine virale, les restes des affections ayant un mode d’évolution insidieux chronique
  • Progression : amélioration spontanée lors d’infection virale, évolution irrégulière ou progressive lors de rhinosinusite chronique idiopathique, d’affection tumorale ou fongique

En cas de jetage, les hypothèses varieront en fonction de leur bilatéralité éventuelle : le caractère bilatéral rend moins probable la possibilité d’une fistule oronasale ou d’un corps étranger rostral sans exclure cependant la possibilité d’un corps étranger en regard des choanes ou de multiples abcès dentaires.  

Lors de rhinosinusite chronique idiopathique, l’examen clinique révèle le plus souvent un jetage uni ou bilatéral, de nature variable ou encore des sécrétions sèches accumulées à l’angle externe des narines.

Dans le cas de tumeur ou de polype nasopharyngé, il peut être observée une concavité ventrale anormale du voile du palais. La symétrie de la face devra être évaluée, toute asymétrie évoquant en priorité une lésion tumorale ou une rhinosinusite fongique.

La palpation/pression du chanfrein peut s’avérer inconfortable ; cette appréhension est peu spécifique et peut s’observer tant lors de rhinosinusite chronique que lors de corps étranger, d’abcès/fistule dentaire, de processus tumoral ou encore d’infection fongique. Enfin, en absence de maladie parodontale, la présence d’une adénomégalie mandibulaire devra orienter vers une affection tumorale ou fongique.

3. Approche diagnostique

De manière générale, face à un chat présentant une atteinte des cavités nasales, la réalisation d’une imagerie en coupe suivie d’une rhinoscopie est justifiée pour tous les cas suivants :

  • Atteinte chronique ou fréquemment récurrente
  • Dégradation de l’état général
  • Epistaxis
  • Obstruction des cavités nasales
  • Déformation faciale
  • Adénomégalie

La confirmation d’une rhinosinusite chronique idiopathique repose sur une démarche d’exclusion.

Examens d’imagerie

L’intérêt de clichés radiographiques du crâne est plutôt restreint dans un contexte de jetage ou d’éternuements chez le chat en absence d’affection parodontale.

L'examen scanner s’impose comme l’examen d’imagerie de choix de par sa disponibilité croissante, sa rapidité et l’excellente définition des structures osseuses. La définition des cornets nasaux est excellente et l’intégrité de la lame criblée peut être évaluée avec précision.

L’aspect classique d’une rhinite ou rhinosinusite chronique idiopathique comprend la présence de sécrétions dans les cavités nasales et sinusales, une lyse des cornets d’intensité variable, un remplissage liquidien des bulles tympaniques, une diminution du diamètre nasopharyngé par la présence de sécrétions plus caudales, une ostéolyse légère à modeste.  

Rhinoscopie

La rhinoscopie est effectuée à la suite de l’examen d’imagerie, au cours de la même anesthésie générale. Il est particulièrement indispensable d’intuber pour assurer l’étanchéité des structures respiratoires profondes.

L’examen rhinoscopique débute par l’évaluation rétrograde du nasopharynx à l’aide d’un endoscope souple en rétroflexion à 180°. A cette occasion, il est facile d’exclure plus sensiblement que le scanner un corps étranger, une masse/polype débutant, une sténose ou la présence des sécrétions. 

L’examen antérograde des cavités nasales est ensuite effectué par un endoscope rigide avec un angle de vue de 0 ou 30°. Dans cette espèce, il n’est pas possible d’avoir accès au sinus frontal. Chez le chat, en absence de lyse des cornets, la progression de l’endoscope est limitée. Lors de rhinite ou de rhinosinusite chronique idiopathique, les anomalies endoscopiques comprennent une congestion et un œdème de la muqueuse nasale, qui apparaît friable et ulcérée, une lyse des cornets et l’accumulation de sécrétions épaisses de couleur variable, blanchâtres, jaunes ou encore verdâtres.   

La réalisation de biopsies nasales clôt la démarche diagnostique. Il convient d’utiliser une pince rigide prévue à cet effet.  En cas d’atteinte symétrique ou diffuse, la réalisation de biopsies à l’aveugle est souvent suffisante. L’examen histologique fait alors état d’une infiltration lymphoplasmocytaire, neutrophilique ou le plus souvent mixte. 

Selon le contexte, la recherche d’une implication infectieuse spécifique (Mycoplasma felis, Bordetella bronchiseptica, Herpesvirus) sera conduite par la réalisation d’une PCR sur une des biopsies nasales. En revanche, l’intérêt d’une culture bactériologique conventionnelle avec antibiogramme est très limité et cette analyse n’est pas réalisée en pratique (surinfection par la flore locale) à l’exception de la recherche de Corynebacterium ulcerans, bactérie zoonotique mais très rare.

IV- Approche thérapeutique

La prise en charge médicale d’une rhinite ou rhinosinusite chronique idiopathique est très souvent frustrante : compte tenu de l’origine incertaine (allergène non identifié) aucun traitement curatif n’est actuellement disponible et la prise en charge multimodale proposée reste non consensuelle. Les glucocorticoïdes sont actuellement l’option thérapeutique assortie de la meilleure réponse clinique. Le protocole initial comprend des paliers de dosages dégressifs sur plusieurs semaines en tentant de trouver la plus petite dose cliniquement efficace. Toutefois il est important de noter qu’aucune publication n’a apporté la preuve scientifique d’un bénéfice à long terme de la corticothérapie.

De préférence, compte tenu du risque d’effets secondaires à long terme, l’usage d’une corticothérapie inhalée (fluticasone) devra être autant que possible privilégiée . La voie inhalée aura davantage de chance d’être bénéfique après élimination des sécrétions nasales (lavage per-endoscopique ou nébulisations régulières). L’administration d’antibiotiques est souvent limitée dans le temps et correspond à une antibiothérapie de première intention (amoxicilline/Acide clavulanique, doxycycline ou clindamycine).

L’usage de mucolytiques oraux (bromhexine), d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, de leukotriènes ou de décongestionnants locaux (phenylephrine, pseudoéphédrine) n’est malheureusement pas documenté dans la littérature et les résultats sont en pratique très décevants. 

La réalisation de séances de nébulisations peut accompagner les traitements précédents. Seul du sérum physiologique isotonique ou hypertonique est utilisé.

Il ne faut pas négliger l’approche environnementale et les conseils hygiéniques. Il conviendra de conseiller de limiter autant que possible les potentiels aéro-irritants (fumée de cigarettes, excès de produits ménagers, parfums d’ambiance…), d’assurer une bonne hygiène bucco-dentaire et de limiter le surpoids.

Enfin, une approche chirurgicale a été décrite dans d’anciennes publications. Elle consiste en une turbinectomie. Jusqu’alors, deux études ont été publiées avec des résultats prometteurs; toutefois, l’absence de groupe contrôle ayant reçu une prise en charge strictement médicale ne permet pas de conclure.

Références

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  4. Michiels L, Day MJ, Snaps F, Hansen P, Clercx C. A retrospective study of non-specific rhinitis in 22 cats and the value of nasal cytology and histopathology. J Feline Med Surg. 2003 Oct;5(5):279-85.
  5. Nemanic S, Hollars K, Nelson NC, Bobe G. Combination of computed tomographic imaging characteristics of medial retropharyngeal lymph nodes and nasal passages aids discrimination between rhinitis and neoplasia in cats. Vet Radiol Ultrasound. 2015 Nov-Dec;56(6):617-27.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Les bronchopneumonies chez le jeune, démarche diagnostique

Morgane CANONNE
Médecine Interne
Maisons-Alfort France

I- Introduction

Objectifs d’apprentissage.

  • Connaitre les différentes causes de bronchopneumopathie chez le jeune ;
  • Reconnaitre les différentes situations nécessitant des examens spécifiques ;
  • Proposer une approche thérapeutique individualisée.

II- Broncho-pneumonies bactériennes

Une broncho-pneumonie bactérienne correspond à une infection bactérienne des bronches et du parenchyme pulmonaire. Il s’agit d’une affection respiratoire relativement fréquente chez le chien et certains facteurs favorisants sont clairement identifiés.

Une pneumonie par aspiration résulte d’une inhalation de contenu œsophagien (régurgitations) ou gastrique (vomissements, reflux per-anesthésique), de sécrétions oropharyngées ou d’aliments. Il s’agit de la cause la plus fréquente de pneumonie bactérienne.

Dans la plupart des cas, l’infection par les virus impliqués dans le complexe toux de chenil est spontanément résolutive. Chez certains chiens cependant, une infection bactérienne secondaire peut survenir (Bordetella bronchiseptica, Mycoplasma cynos, Streptococcus spp (Streptococcus canis et Streptococcus equi subesp zooepidemicus). Classiquement, il s’agit de chiots ou de jeunes chiens confrontés à des regroupements de chiens : expositions, refuge, chenils, animalerie, élevage.

Les corps étrangers les plus souvent incriminés lors de pneumonies bactériennes sont d’origine végétale. Leur localisation peut varier entre la bifurcation trachéo-bronchique ou les bronches souches caudo-dorsales. Les espèces bactériennes souvent associées à l’inhalation de corps étrangers de nature végétale incluent Pasteurella, Streptococcus, Nocardia, Actinomyces et des espèces anaérobies.

Les pneumonies infectieuses chez le chat sont principalement décrites dans deux contextes : aspiration et surinfection d’une bronchite ou d’un asthme. Dans ce contexte, l’implication de Mycoplasma felis est à considérer, et sa confirmation requiert une analyse par PCR sur lavage broncho-alvéolaire.

Les broncho-pneumonies bactériennes peuvent être observées chez des individus de tout âge et de toute race. Les broncho-pneumonies primaires, sans cause favorisante, sont souvent observées chez de jeunes individus issus de ou vivant en collectivité. La présentation clinique est variable dépendant de la cause, de la sévérité et de la chronicité. Une (broncho-)pneumonie bactérienne se manifeste généralement par une altération de l’état général et des difficultés respiratoires. Une toux, à tendance faible et productive et/ou un jetage muco-purulent sont observés de manière inconstante. À l’examen clinique, la fièvre n’est pas systématique (entre 20 et 50%). Une anomalie auscultatoire n’est pas toujours audible mais peut inclure des crépitements ; ceux-ci seront le plus souvent subtils, et cranio-ventraux.

L’absence de modifications hématologiques ne permet d’exclure la présence d’une infection bactérienne. Dans ce contexte, la mesure de la protéine C réactive semble être un outil plus sensible que l’évaluation de la formule blanche. Son autre intérêt réside dans le suivi sous traitement antibiotique.

L’examen radiographique est incontournable dans la suspicion d’une pneumonie bactérienne et la réalisation de trois vues est recommandée. Une distribution cranio-ventrale et asymétrique des lésions est fréquemment observée lors de pneumonie par fausse déglutition (lobes craniaux droit ou gauche, lobe moyen). Cependant, cette distribution classique n’est pas systématiquement observée ; les lobes atteints dépendront de la position de l’animal au moment du passage du matériel alimentaire dans la trachée. Lors d’infection hématogéne ou d’inhalation d’un corps étranger végétal, une distribution caudo-dorsale des lésions est le plus souvent observée. Chez le chat, la présentation radiographique est beaucoup plus variable, allant d’une distribution lobaire des lésions comme observée chez le chien à une opacification interstitielle diffuse avec de multiples foyers d’opacification alvéolaire mal délimités.

Le recours à un examen scanner du thorax, examen plus sensible, se révèle indispensable dans le cas d’une suspicion de corps étranger.

En première intention, une antibiothérapie probabiliste et systémique est proposée afin de s’affranchir d’une bronchoscopie et d’une anesthésie générale sur un individu éventuellement instable. Néanmoins, dans le cas d’un corps étranger dans les bronches souches ou les premières bronches sublobaires, la bronchoscopie flexible peut en permettre l’identification et le retrait. L’analyse cytologique du lavage révèle une inflammation suppurative avec la visualisation de neutrophiles dégénérés et de bactéries en position intra et extracellulaire. La culture permet l’identification de la ou des bactéries responsables. En cas d’infection mycoplasmale, une analyse PCR doit compléter l’investigation.

Actuellement, la seule indication d’une prise en charge par aérosol de gentamicine est l’infection par Bordetella bronchiseptica réfractaire à une antibiothérapie par voie générale.

En termes d’antibiothérapie probabiliste, le choix généralement se porte pour une administration d’amoxicilline/acide clavulanique. Face à une suspicion de Bordetella bronchiseptica, l’usage de la doxycycline sera préféré.

La durée du traitement est une semaine lors d’aspiration. Le suivi biologique (mesure répétée de la protéine C réactive) en parallèle de la ré-évaluation radiographique est incontournable pour raisonner l’arrêt du traitement.

Le pronostic depend largement de la sévérité de l’atteinte, de la virulence du germe impliqué, de l’immunocompétence de l’individu et de la cause prédisposante. Dans la littérature, une survie entre 80 et 95% est rapportée chez le chien.  

III- Pneumonies virales

Les agents viraux pouvant occasionner une pneumonie regroupent chez le chien le virus de la maladie de Carré, l’adénovirus respiratoire, le coronavirus respiratoire, le parainfluenza, le pneumovirus et le virus influenza (H3N2, H3 N8). L’atteinte clinique est régulièrement aiguë et l’examen radiographique révèle le plus souvent une opacité de type interstielle diffuse. Chez le chat, les agents viraux impliqués dans la survenue d’une pneumonie incluent l’Herpesvirus, le Calicivirus dans sa forme hypervirulente et le virus de la péritonite infectieuse. Pour ce dernier cas, peu de cas cliniques avec une forme pulmonaire sont décrits dans la littérature ; plusieurs atteintes radiographiques sont possibles mais comprennent en général une opacité mixte, alvéolo-interstielle multifocale, accompagnée parfois d’adénopathie satellite et d’épanchement pleural. Des formes pulmonaires isolées, sans manifestations systémiques sont décrites.

IV- Pneumonies à helminthes

Les parasites de type helminthes impliqués dans la survenue d’une pneumonie regroupent chez le chien : la migration de larves d’helminthes digestifs, Angiostrongylus vasorum, Paragominus kellicoti et Capilaria aerophila. D’autres helminthes peuvent infester les voies aériennes : Crenosoma vulpis ou encore Filaroides spp, une pneumonie n’est alors pas attendue sauf en cas de surinfection bactérienne. Chez le chat, la migration de larves d’helminthes digestifs peut aussi occasionner une pneumonie d’atteinte modérée. Les helminthes avec tropisme spécifique pour le parenchyme pulmonaire regroupent Aelurostrongylus abstrusus, Troglostrongylus brevior et Capillaria aerophila.

V- Pneumocystose

Pneumocystis jirovecci est un organisme unicellulaire saprophyte de la classe des Ascomycétes responsable d’une pneumonie chez des chiens présentant une immunodéficience sous-jacente. L’organisme est inhalé depuis l’environnement. Le cycle de reproduction de Pneumocystis a lieu intégralement dans les alvéoles et fait intervenir deux principales formes : le trophozoi?te et le kyste. Une nette prédisposition raciale a été identifiée chez le Teckel et le Cavalier King Charles. Ces chiens semblent souffrir d’un syndrome d’immunodéficience variable (déficience en IgG, IgA et IgM. Les animaux atteints présentent généralement une perte de poids progressive associée à une polypnée et une intolérance à l’exercice. La toux est inconstante et une proportion non négligeable de chiens présentent de la cyanose ou des évènements syncopaux. À l’examen radiographique, les lésions les plus fréquemment observées consistent en une opacification interstitielle à alvéolaire diffuse avec parfois des signes indirects d’hypertension artérielle pulmonaire. Le diagnostic définitif repose généralement sur l’observation directe du micro-organisme dans le lavage broncho-alvéolaire (coloration Gomori Grocott conseillée). La recherche par PCR est également envisageable.

Le traitement recommandé consiste en l’administration de triméthoprime/sulfamides pendant 3 à 4 semaines. Le pronostic dépend de la sévérité de l’hypoxémie.

VI- Bronchopathies chroniques non infectieuses chez le chien

Les bronchopathies chroniques non infectieuses chez le chien regroupent 3 situations : la bronchite chronique (infiltration neutrophilique de la paroi bronchique chez des chiens adultes moyens et de petit format), la bronchopneumopathie éosinophilique idiopathique du chien (infiltration éosinophilique de la paroi bronchique et /ou du parenchyme pulmonaire chez des chiens adultes jeunes et de races moyennes à grandes) et la bronchomalacie avec collapsus bronchique (situation secondaire à l’évolution d’une bronchite chronique ou d’une EBP ou situation primaire avec dégénérescence primaire du cartilage bronchique, situation concernant avant tout des animaux plus âgés). Leur diagnostic de certitude repose sur la réalisation d’une bronchoscopie et d’un lavage broncho-alvéolaire avec l’exclusion des causes infectieuses. Une réponse clinique favorable sous corticothérapie orale valide aussi l’hypothèse d’une bronchite chronique ou d’une EBP ; cette prise en charge devra si possible évoluer vers la prescription d’une forme inhalée au long cours. En revanche, le traitement à long terme d’une bronchomalacie est mal défini ; il s’agit en particulier d’une toux mécanique et la prescription d’anti-tussifs, souvent en association, s’avère efficace ; une corticothérapie inhalée peut compléter la prise en charge mais il peut arriver qu’une corticothérapie orale soit mal tolérée lors de collapsus bronchique grave.

Pour ces 3 entités, la prise en charge hygiénique reste incontournable : amaigrissement en cas d’embonpoint, port d’un harnais, exposition très limitée aux aéro-allergènes ou aéro-irritants et bonne gestion des maladies parodontales.

Bibliographie

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  2. The Utility of Acute-Phase Proteins in the Assessment of Treatment Response in Dogs With Bacterial Pneumonia. Viitanen SJ, Lappalainen AK, Christensen MB, Sankari S, Rajamäki MM. J Vet Intern Med. 2017 Jan;31(1):124-133.
  3. Pneumocystosis in dogs: meta-analysis of 43 published cases including clinical signs, diagnostic procedures, and treatment. Weissenbacher-Lang C, Fuchs-Baumgartinger A, Guija-De-Arespacochaga A, Klang A, Weissenböck H, Künzel F. J Vet Diagn Invest. 2018 Jan;30(1):26-35.
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  5. Clercx C, Peeters D. Canine eosinophilic bronchopneumopathy. Vet Clin North Am Small Anim Pract. 2007 Sep;37(5):917-35Della Maggiore A. Vet Clin North Am Small Anim Pract. 2020 Mar;50(2):419-430
Pas de conflit d'intérêt déclaré.