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> Les cancers du jeune

Edouard REYES GOMEZ
Ecole Nationale Vétérinaire D'alfort, Unité D'histologie Et D'anatomie Pathologique, Laboratoire D'anatomocytopathologie, Biopôle Alfort
Maisons-Alfort France

I- Introduction

Les cancers pédiatriques du chien et du chat sont des tumeurs malignes rares en comparaison avec les cancers de l’adulte. A l’heure actuelle, il n’existe pas de consensus en médecine vétérinaire et en médecine humaine sur l’âge limite au diagnostic définissant un cancer pédiatrique. En médecine vétérinaire, on retrouve les âges limites de 6 mois, 1 an ou 18 mois selon les études [1–3]. En médecine humaine, la définition peut varier d’un pays à l’autre et/ou en fonction du type de tumeurs. L’âge limite de 15 ans est souvent utilisé, mais il peut atteindre dans certains cas 18 ans voire plus.

Dans cette présentation, nous présenterons les cancers du jeune chien et du jeune chat en utilisant un âge limite au diagnostic assez large de 3 ans.

II- Le point sur les cancers pédiatriques

Outre le problème lié à leur définition, l’étude des cancers pédiatriques canins et félins est rendue difficile, entre autres, par :

  • leur rareté et une littérature dominée par des descriptions de cas isolés ou de petites séries ;
  • la paucité des publications et grandes séries dédiées au sujet ;
  • leur très probable sous-diagnostic, notamment chez les très jeunes animaux ;
  • l'absence, dans la plupart des pays, de registre des cancers animaux.

Les grandes séries publiées sont essentiellement issues d’archives de laboratoires de diagnostic anatomo-pathologique. Bien qu’elles aient l’avantage d’offrir un large recrutement de cas sur des périodes étendues avec le plus souvent un diagnostic définitif associé, ces études présentent un biais de sélection et ne sont probablement pas représentatives de l’incidence réelle des cancers pédiatriques (sur-représentation de cancers cutanés et sous-cutanés ? sous-représentation de tumeurs internes, cérébrales et hématopoïétiques ?).

Lorsque l’on recense les cancers pédiatriques, on peut les répartir en trois principaux groupes :

  • groupe I : Il regroupe des cancers typiques de l'adulte observés sporadiquement chez le jeune (exemples : adénocarcinome mammaire, hémangiosarcome, divers carcinomes dont des carcinomes épidermoïdes) [1,2]. Il a été récemment décrit une série de trois cas de myélomes multiples atypiques survenant chez des chiens de moins d’un an [4].
  • groupe II : Il regroupe des cancers affectant préférentiellement l’adulte mais présentant une incidence à tendance bimodale ou assez étendue sur les classes d’âge (exemples : lymphomes et leucémies, ostéosarcome, mastocytome) [1,2].
  • groupe III : Il regroupe des cancers typiques du jeune qui ne sont observés que rarement chez l'adulte.

Pour les cancers du groupe I et II, il n'est le plus souvent pas encore connu à l’heure actuelle s'il existe des différences intrinsèques entre les formes adultes et pédiatriques (mutations associées, cause, réponse thérapeutique, pronostic). On notera cependant le rôle bien connu du rétrovirus de la leucose féline (FeLV) dans le développement de lymphomes et de leucémies chez le jeune chat.

Pour les cancers du groupe III, les connaissances sont souvent limitées car la plupart des descriptions correspondent à de petites séries. On pourra citer comme entités particulières du chien : le rhabdomyosarcome orbitaire (âge médian de 2 an) [5] ; le rhabdomyosarcome botryoïde de la vessie survenant généralement chez des chiens de grande race (St-Bernard en particulier) avant l’âge de 2 ans et pouvant s’accompagner d’une ostéopathie hypertrophiante (syndrome de Cadiot-Ball). Dans ce groupe, on retrouve également la famille des tumeurs embryonnaires (blastomes), dénommées ainsi en raison de la ressemblance histologique entre le tissu tumoral et le tissu embryonnaire correspondant. Parmi les blastomes, on retiendra notamment le néphroblastome dans sa forme rénale mais aussi, chez le chien, dans sa forme spinale (anciennement appelée « tumeur spinale thoraco-lombaire du jeune chien »). Cette dernière est considérée comme un néphroblastome ectopique, intradural, survenant le plus souvent chez de jeunes chiens (âge médian de 14 mois) de grande race, entre les segments T10 et L3.

Un cas particulier est celui du sarcome de Sticker dont l’origine est extrinsèque (allogreffe de cellules tumorales au cours du coït). Bien que cette tumeur puisse survenir à tout âge, il semble qu’elle soit observée préférentiellement chez des chiens jeunes à jeunes adultes. Son aspect macroscopique et sa localisation sont typiques : la lésion siège préférentiellement sur les muqueuses génitales externes et présente un aspect « en chou-fleur », est friable et saigne facilement. Le diagnostic doit être évoquée en zone enzootique ou en cas d’importation depuis une zone enzootique.

Certaines lésions prolifératives ou malformatives à type d’hamartome, considérées comme non-tumorales, surviennent plus typiquement chez le jeune et peuvent constituer des diagnostics différentiels avec les cancers pédiatriques : on citera notamment l'angiomatose vertébrale chez le chat ou, plus largement, les angiomatoses cutanées/sous-cutanées chez le chien et le chat. 

Bibliographie

  1. Schmidt JM et coll. Canine paediatric oncology: retrospective assessment of tumours in dogs up to months (–0). Vet Comp Oncology.
  2. Schmidt JM et coll. Feline paediatric oncology: retrospective assessment of tumours from cats up to one year (to 0). J Small Anim Pract. 
  3. Kim D et coll. Skin masses in dogs under one year of age. J Small Anim Pract.
  4. Wachowiak IJ et coll. Atypical multiple myeloma in young dogs. Vet Pathol. Sep
  5. Scott EM et coll. Canine orbital rhabdomyosarcoma: a report of cases. Vet Ophthalmol. Mar
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Les lésions cutanées non cancéreuses du jeune et comment les diagnostiquer

Jérôme ABADIE
Laboniris
Nantes France

DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL DES LESIONS CUTANEES NON CANCEREUSES DU JEUNE

I- Introduction

La démarche diagnostique des lésions cutanées doit toujours être rigoureuse. Outre les aspects épidémio-cliniques de ces masses, il faut toujours adjoindre des examens complémentaires de type cytologie et ou histologie afin de préciser le diagnostic.

II- Aspects épidémio-cliniques

Certains critères épidémio-cliniques permettent au praticien d’orienter son diagnostic. Des éléments d’anamnèse et de commémoratifs (race, apparition soudaine, caractère itératif), la topographie, les signes accompagnateurs peuvent aider au diagnostic et faciliter le choix des examens complémentaires.

A titre d’exemple les tumeurs d’origine sébacées par exemple, surviennent plutôt chez l’individu vieillissant. Elles sont souvent multiples et on les retrouve plus volontiers chez le caniche, le Shih-tzu ou encore le Cocker. Elles prennent un aspect assez classique, exophytique, alopécique et il n’est pas rare que les masses saignent et s’ulcèrent suite à des traumatismes. Bien que ces tumeurs soient le plus souvent bénignes, 15% d’entre elles présentent un comportement biologique péjoratif bien que leur aspect macroscopique soit comparable ou tumeurs béngnes. A contrario, le langerhansome (anciennement histiocytome cutané canin) est une tumeur survenant habituellement chez le jeune chien de moins de 3 ans. Il s’agit d’un nodule unique, alopécique, non adhérent qui se localise plutôt sur les membres et sur la face. Les races brachycéphales sont prédisposées. Cette tumeur, régresse spontanément en moins de 3 mois. Malgré ces éléments, le diagnostic ne doit pas reposer sur ces simples données. Les langerhansomes peuvent toucher toutes les races, se localiser sur l’abdomen, être de grande taille et persister au cours du temps. Si aucune régression n’est survenue après 3 mois ; il est nécessaire de les enlever chirurgicalement et de faire analyse la pièce d’exérèse.

Par ailleurs, les masses non tumorales (malformatives ou inflammatoires) sont fréquentes en localisation cutanée. Aussi, et sauf dans ce très rares cas, il n’est pas recommandé de se contenter des aspects épidémio-cliniques pour conclure au caractère tumoral ou non d’une lésion. Les examens cytologiques et histo-pathologiques sont ainsi des étapes indispensables du diagnostic des tumeurs cutanées. Ces deux techniques présentent toutes les deux des avantages respectifs et ne doivent pas être opposées et sont plutôt complémentaires.

III- Apport de l’examen cytologique

Toute lésion cutanée peut faire l’objet d’un examen cytologique. Les lésions sont facilement accessibles et les techniques de prélèvement sont non invasives, indolores et peu coûteuses. De plus, dans le cadre d’une première approche diagnostique, l’examen cytologique peut permettre une orientation diagnostique. La seule limite pour un emploi fréquent de la cytologie est la présence au sein de la structure d’un microscope de bonne qualité et correctement entretenu. En l’absence de cet équipement, cet examen, en dermatologie, perd de son intérêt au profit de l’examen histopathologique qui donnera des renseignements plus complets.

La technique est applicable à toute lésion permettant d’isoler un matériel cellulaire. La méthodologie générale est simple. Il faut recueillir sur une lame porte-objet des cellules et/ou des éléments figurés à partir de lésions cutanées. La lame sera ultérieurement colorée et examinée au microscope. Face à la diversité des lésions cutanées rencontrées en pratique dermatologique, il est logique de disposer de plusieurs techniques de préparation des lames, adaptées à chaque modalité de réaction de la peau. Dans tous les cas, les prélèvements devront être nombreux et dispersés. Les étalements devront être réalisés en monocouche cellulaire pour une analyse de qualité.

Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour réaliser les prélèvements et permettent de s’adapter aux types de lésions rencontrées et à leurs localisations. Dans tous les cas, il est indispensable de préparer plusieurs lames afin de s’assurer la meilleure représentativité.

1. Calque par impression

Il s’agit d’appliquer la lame directement sur la peau et de la frotter doucement sur la lésion à prélever. Les lésions sèches peuvent être préalablement avivées par raclage. Cette technique peut également être utilisée après exérèse d’une masse solide par applications fermes sur la lame d’une tranche de section de la masse en plusieurs appositions successives. Cette méthode convient le mieux en présence d’érosions, d’ulcérations, d’état kérato-séborrhéique (pour la recherche de levures), de croûtes (en appliquant la face inférieure sur la lame) et/ou de nodules (après exérèse).

2. Calque direct

Cette technique consiste à recueillir le matériel directement sur la lame par écrasement ou éventuellement après avoir délicatement crevé la lésion intacte. Le matériel est étalé par étirement ou écrasement avec une autre lame ou par simple agitation. Cette méthode est la plus adaptée pour les lésions papuleuses, pustuleuses, vésiculeuses et fistuleuses.

3. Calque par écouvillonnage

Le matériel à étudier est recueilli grâce à un écouvillon appliqué sur la lésion, puis roulé sur la lame porte-objet. Cette méthode est très utile pour les lésions profondes ou dans certaines localisations qui ne sont pas directement accessibles (fistules, lésions du conduit auditif externe, lésions buccales...).

4. Calque par cytoponction

Le matériel est dans ce cas obtenu après ponction de la lésion. On utilise une aiguille fine (5 à 7 dixièmes) montée sur une seringue. La ponction doit être réalisée en plusieurs directions et à plusieurs profondeurs pour obtenir un matériel représentatif. L’ensemble aiguille-seringue est retiré, l’aiguille est démontée et le piston de la seringue rempli d’air. L’aiguille est ensuite remontée et le matériel est expulsé sur la lame par une pression ferme mais douce du piston. Le produit d’aspiration est étalé. Cette méthode est particulièrement indiquée pour les lésions nodulaires. Il est parfois utile de ne pas utiliser la seringue lors du prélèvement pour éviter une contamination du matériel par une trop grosse quantité de sang. Ceci est particulièrement indiqué lors de tumeurs très vascularisées.

IV- Apport de l’examen histolopathologique

Lorsque la cytologie n’est pas suffisante au diagnostic il faut avoir recours à un examen histologique. Cet examen peut permettre d’établir un diagnostic (dermatose non identifiable macroscopiquement, absence de résultat avec les autres examens, dermatose ne répondant pas au traitement), de confirmer une suspicion clinique ou d’éliminer certaines affections. Cet examen consiste à prélever un fragment de peau pour observation microscopique, examens immunologiques, examen bactériologique, ...

Une anesthésie locale est le plus souvent suffisante, mais une anesthésie générale est nécessaire pour les biopsies de la face, des pieds, de la zone anogénitale, de la queue, ainsi que pour les biopsies profondes. Pour le prélèvement lui-même, il est possible d’utiliser des trépans de 4 et 6 mm de diamètre ou une lame de scalpel. D’autres instruments et matériels sont nécessaires (ciseaux fins, pince à bord mousse, compresses, matériel de suture, flacon de fixateur, matériel d’expédition et formulaire d’anamnèse).

  • Biopsie au trépan : prélever dans la zone lésée, jamais à la périphérie ; enfoncer le trépan avec un mouvement doux de rotation ; arrêter d’enfoncer lorsque la résistance s’estompe ; attraper délicatement la biopsie par l’hypoderme (partie profonde) ; sectionner à la base ; essuyer délicatement le prélèvement sur une compresse pour éponger le sang ; plonger le prélèvement dans le fixateur ; hémostase et suture cutanée.
  • Biopsie au bistouri : prélever la lésion entière ou effectuer un prélèvement à la jonction peau lésée-peau saine, dans le grand axe de la lésion ; à utiliser pour les lésions fragiles, profondes ou en relief ; même technique que précédemment..

Pour toutes les lésions opérées, l’examen histopathologique de la pièce d’exérèse reste indispensable car il permet :

  • d’obtenir un diagnostic de certitude, confirmant le plus souvent mais pouvant infirmer l’examen cytologique préalable (du fait des problèmes de représentativité éventuel de ce dernier) ;
  • de grader les tumeurs qui en sont redevables (tels que les mastocytomes cutanés canins, les adénocarcinomes mammaires…) ;
  • de juger de la qualité de l’exérèse chirurgicale par examen des marges microscopiques de la pièce opératoire ;
  • de mettre en évidence la présence éventuelle d’images d’embolisation tumorale, c’est à dire de cellules tumorales en cours de dissémination dans les vaisseaux lymphatiques et/ou sanguins du tissu prélevé (critère histologique pronostique très péjoratif).

Les biopsies de très petites dimensions pourront être placées entre des mousses pour être préservées et retrouvées aisément dans le flacon de prélèvement. Si la lésion est beaucoup trop volumineuse pour être transmises en intégralité au laboratoire, une sélection des zones intéressantes pour l’examen microscopique doit être effectué avant le conditionnement. Pour cela, il faut idéalement éviter la sélection de territoires remaniés (par hémorragie, suppuration, nécrose…) qui ne seront pas diagnostiques. Privilégier les zones les plus homogènes et a priori représentatives dans la pièce opératoire et multiplier si possible les échantillons pour augmenter les chances de diagnostic précis.

L’envoi du prélèvement doit suivre les règles de transport en vigueur au niveau des services postaux ou des transporteurs spécifiques utilisés (attention, règles évolutives…). Les kits transmis par les laboratoires permettent le plus souvent de façon simple de suivre la législation en cours, en permettant de préserver les prélèvements et les personnes amenées à en assurer la manutention (contenant, emballage, identification du colis). N ‘hésitez pas à avoir recours à l’expérience des laboratoires d’analyses (écoles vétérinaires et laboratoires privés) en cas d’interrogation à ce sujet. Ne pas oublier que c’est l’envoyeur et non le destinataire qui est responsable de tout problème pouvant survenir lors d’un envoi de prélèvements, en particulier ici biologiques.

Dans tous les cas l’identification précise des flacons de prélèvements et la soumission de commémoratifs précis est indispensable. Lors de l’envoi de plusieurs prélèvements provenant d’un même animal, leur soumission dans des flacons différents (eux-mêmes identifiés de façon différentielle) ou leur identification précise à l’aide de techniques simples (tels que des fils de suture en nombre ou de couleur différentes) s’impose en cas de soumission dans un même conditionnement.

Par ailleurs, la fourniture d’une feuille de commémoratifs convenablement renseignée est indispensable puisqu’elle est dans l’immense majorité des cas le seul élément de communication au moins initiale du clinicien, du personnel du laboratoire et du pathologiste. Sans un minimum d’informations « vitales », le travail du pathologiste sera inutilement compliqué et la qualité des informations diagnostiques et leur intérêt clinique très altérées. Ces informations correspondent a minima au signalement de l’animal (espèce, race, âge, sexe, statut reproducteur) ; la présence et la description d’éventuels signes cliniques associés ; la description la plus précise de la lésion macroscopique prélevée et de son historique ; la description d’éventuels traitements mis en œuvre récemment ou de manière répétée (en lien ou non avec la lésion ; les résultats d’éventuels examens et analyses complémentaires (imagerie, hématologie, biochimie, cytologie)…

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Les tumeurs du chiot : prédispositions raciales et diagnostic différentiel

Jérôme Abadie
Laboniris
Nantes France

L’oncologie pédiatrique est une discipline très peu développée en médecine vétérinaire. Si l’étude épidémiologique des tumeurs canines reste en général à approfondir, la relative rareté des tumeurs chez le jeune chien s’accompagne d’un nombre très faible d’étude dédié à leur recensement. En effet l’âge est un facteur de risque important dans l’apparition clinique d’un cancer et l’incidence tumorale augmente progressivement avec l’âge avec un pic de fréquence vers 10-12 ans chez le chien pour la plupart des cancers. Il existe cependant des exceptions au sein de ce schéma classique.

I- Epidémiologie

Si l’on définit une limite d’âge supérieure pour définir le jeune chien à 24 mois (pour couvrir la disparité des races et de leur croissance), tous les types de tumeurs peuvent être a priori rencontrés, avec toutefois des incidences très variables. La plupart des études épidémiologique (Keller au Cnada, Estrada en France), ont constaté respectivement que 2,26% et 1,73% des tumeurs étaient observées chez des animaux respectivement de moins de 1 an et 2 ans.

Une incidence de 6,3 cas de tumeurs pour 1000 chiens âgés de moins de 2 ans a été rapporté par Mulvihill dans les années 1980 aux USA. Dans cette étude, 40% des tumeurs des chiots de moins de 2 ans sont malignes mais ce pourcentage tombe à 11% si l’on inclut les histiocytomes qui sont de très loin les tumeurs les plus fréquemment observées chez le jeune chien.

Le sexe n’est pas un facteur de risque documenté alors que l’influence de la race est importante.

II- Prédisposition raciale des principales tumeurs du jeune chien

L’histiocytome cutané canin (langerhansome) est une tumeur béingne de la peu du chien et réprésente la tumeur juvénile la plus fréquente dans l’espèce canine (incidence annuelle de 117 cas/100000). L’apparition d’un histiocytome cutané est signalée de 4 mois à 15 ans mais elle est sensiblement plus fréquente chez les chiens âgés de 6 mois à 2 ans. Les chiens de pure race sont plus exposés que les chiens croisés, notamment les Boxers, les Cockers et les Teckels.

Les papillomes sont des tumeurs bénignes souvent multiples d’origine classiquement virale chez le chiot. Il existe trois formes différentes de papillomatose : orale, cutanée et oculaire. Selon une étude récente, 76% des papillomes d’origine virale sont rencontrés chez de jeunes chiens de moins de 3 ans. Les Cockers Spaniels et les Kerry Blue Terriers seraint les races les plus fréquemment touchées.

Le mastocytome est la tumeur cutanée la plus fréquente observée chez le chien adulte comme chez le jeune. Cette tumeur affecte en moyenne les chiens âgée de 8 à 9 ans mais de nombreux cas ont été rapportés chez de jeunes chiens. Pour cette tumeur, la prédisposition raciale est forte, avec une incidence élevée chez les Boxers, Boston terriers, Bouledogues, Labradors et Golden Retrievers, Shar Peis, et les Staffordshire Terriers.

Les lymphomes constituent un large groupe de tumeurs apparaissant dans les tissus hémato-lymphopoïétiques, comme les ganglions lymphatiques, la rate ou la moelle osseuse. Ils contituent la tumeur maligne la plus fréquente dans la tranche d’âgé 0 à 2 ans, représentant entre 16 et 19% des cancers du jeunes chiens. Les chiens les plus fréquemment atteints sont les Boxers, les Basset-Hounds, les Saint-Bernards, les Scottish Terriers, les Airedales, les Bulldogs, les Chow-Chows, les Caniches et les Labradors.

Les leucémies se définissent comme des hémopathies malignes résultant d’une prolifération tumorale primitive dans la moelle osseuse et d’un envahissement secondaire du sang. La classification des leucémies tient compte à la fois du mode évolutif lié au stade de différenciation et de la lignée cellulaire atteinte. On distingue ainsi :

  • les leucémies aiguës, caractérisées par la prolifération de cellules peu matures et par une durée d’évolution courte en l’absence de traitement ;
  • les leucémies chroniques, caractérisées par la prolifération de cellules en fin de différenciation et dont l’évolution spontanée est beaucouo plus longue.

Le clivage entre les lignées hématopoïétiques permet de distinguer deux grands types de prolifération :

  • les leucémies lymphoïdes et autres syndromes lymphoprolifératifs, intéressant la lignée B ou T, à différents stades de différenciation ;
  • les leucémies myéloïdes et autres syndromes myéloprolifératifs qui regroupent les proliféartions néoplasiques des autres lignées hématopoïétiques, granulocytaire, monocytaire, érythrocytaire et plaquettaire.

Chez le chien, les leucémies lymphoïdes sont plus fréquemment observées que les leucémies non-lymphoïdes et autres désordres myéloprolifératifs et les leucémies diagnostiquées chez le jeune chien de moins de 2 ans sonnt essentiellement des leucémies aiguës. Compte-tenu de leur fréquence faible, et de leur diversité, aucune prédisposition raciale forte n’a été décrite pour ce type tumoral.

D’autres types tumoraux sont observés chez le chiot mais de manière sporadique. Il s’agit notamment :

  • de tumeurs intracrâniennes : neuroblastome cérébelleux, tumeurs des gaines nerveuses, craniopharyngiome, tumeurs trop rares pour étudier une prédisposition raciale ;
  • de tumeurs de la moelle épinière : medulloépithéliome ou néphroblastome rachidien, observées surtout chez les chiens de grande race, notamment les Bergers allemands ;
  • de tumeurs nerveuses « périphériques » de type neuroblastome périphérique, se développant principalement au niveau des médullosurrénale ou des ganglions nerveux et observées surtout chez les chiens de grande race ;
  • de tumeurs embryonnaires de l’œil, très rares, dérivées du neuroépithélium médullaire embryonnaire (médulloépithéliome simple ou tératoïde) ;
  • de sarcomes des tissus mous, notamment les rhabdomyosarcomes, tumeurs malignes des fibres musculaires striées squelettiques affectant le plus souvent des chiens âgés de moins de 2 ans, notamment de grandes races, avec une prédisposition suspectée pour les Saint-Bernards ;
  • de sarcomes des tissus minéralisés, au premier rang desquels l’ostéosarcome, affectant principalement les chiens adultes de races grandes à géantes (Saint Bernards, Dogue allemands, Bergers allemands, Doberman) mais rapporté sporadiquement chez des chiots de 3 à 6 mois et dans ces cas de pronostioc plus sombre ;
  • des tumeurs du tractus urinaire, en particulier le néphroblastome, issu du blastème néphrogénique, rarement décrite chez le chien mais observé le plus souvent chez les jeunes chiens âgés en moyenne de 11 mois.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.