3 conférences (seules sont affichées les conférences pour lesquelles un texte a été fourni).

> Conduite à tenir face à une masse orale chez le jeune

Isabelle DRUET
Alliance
Bordeaux France

Les masses buccales chez les jeunes chiens et chats peuvent être préoccupantes et il est important de connaitre les différents types de masses, d'être attentif aux signes et symptômes associés, et connaitre les traitements disponibles.

Certains signes courants incluent une halitose persistante, une déformation de la face, une perte d'appétit, une difficulté à manger ou à boire, une salivation excessive, des saignements oraux, des difficultés respiratoires ou une malocclusion.

Lorsqu’un patient présent des masses buccales, il est nécessaire de procéder à un protocole rigoureux : examen général et de la tête, imagerie (radiographie dentaire et/ou imagerie en coupe) cytoponction ou biopsie de la lésion et des nœuds lymphatiques drainant la zone.

Les options de traitement pour les masses buccales chez les jeunes chiens et chats dépendent de leur type et de l’envahissement associé. Dans certains cas, une nodulectomie peut être suffisante. Pour d'autres masses plus complexes, une intervention chirurgicale plus invasive peut être nécessaire (maxillectomie ou mandibulectomie). Dans d'autres cas, une combinaison de traitements, tels que la chirurgie et la chimiothérapie, peut être recommandée.

Les principales masses orales rencontrés chez le jeune seront présentées :

  • Les pièges : « masses » physiologiques, lésions inflammatoires
  • Les kystes
  • Les tumeurs odontogènes et non odontogènes
  • Le papillomavirus oral

Les masses orales chez les jeunes chiens et chats nécessitent une approche diligente et multidisciplinaire pour un diagnostic précis et une prise en charge appropriée.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> La maladie parodontale n'est pas qu'un probleme de vieux

Philippe HENNET
Chv Advetia
Velizy-Villacoublay France

I- Introduction

Le microbiote buccal est d’une grande complexité et se développe dès la naissance et évolue en fonction de l’environnement et de l’hôte (Niemiec et al. 2021, Davis et al. 2022). Avec l’éruption des dents adultes, un biofilm bactérien (plaque dentaire) se développe à la surface des dents. Avec une bonne hygiène bucco-dentaire la composition du microbiote peut rester stable et un état sain se maintenir. Mais l’équilibre du microbiote est très fragile et sous l’influence de différents facteurs un déséquilibre, ou dysbiose, se produit et entraine localement le développement d’une maladie infectieuse des structures de support de la dent, la maladie parodontale.

II- Plaque dentaire et maladie parodontale

La plaque dentaire bactérienne provoque dans un premier temps une inflammation de la gencive à son contact, la gingivite. Avec son extension sous gingivale, la composition et la structure du biofilm bactérien évoluent et l’agression irréversible des tissus profonds de soutien de la dent caractérise le stade de la parodontite. Le développement naturel de la gingivite et de la parodontite a été étudiée chez le chien dès les années 40 dans le but de mieux comprendre le développement de la maladie chez l’homme (Burwasser & Hill, 1939 ; Swenson, 1947). A partir de dents parfaitement saines chez le jeune chien, une gingivite clinique peut se développer en 4 semaines en l’absence d’hygiène bucco-dentaire (Lindhe et al., 1975). Si l’accumulation de bactéries sur les surfaces dentaires induit inéluctablement une gingivite, son intensité et sa progression vers la parodontite dépend de la résultante entre l’effet pathogène des bactéries, de facteurs environnementaux et le système de défense de l’hôte. Certains individus subissent une progression faible de la maladie au cours du temps alors que pour d’autres cette progression est rapide et intense. Cette cavité buccale dysbiotique peut devenir la source d’infection à distance.

Des études épidémiologiques récentes effectuées dans de grandes populations (20 000 chiens ou chats) montrent que les maladies bucco-dentaires sont les affections les plus fréquentes recensées lors d’un examen systématique de la santé de l’animal. Parmi celles-ci la maladie parodontale arrive en tête avec une prévalence de l’ordre de 15% (O’Neill et al., 2021, 2023).

La prévalence de la maladie parodontale augmente avec l’âge mais il existe également des formes précoces chez le chien et le chat. Ces formes sont le plus souvent liées à des facteurs individuels et/ou raciaux et donc par conséquent génétiques. Elles ont été qualifiées parodontite juvénile ou à progression rapide. De nos jours en médecine humaine, les parodontites sont décrites selon 3 critères, l’étendue, le stade (sévérité de l’atteinte), et le grade (rapidité de progression) qui peuvent mieux s’adapter à tous les individus et toutes les formes d’atteintes, puisque les formes très destructives, ou a progression rapide peuvent atteindre qussi bien les jeunes individus que les individus plus âgés.  

III- Particularités chez le chien

Une étude épidémiologique portant sur plus de 700 chiens a montré que les chiens de moins de 8 kg était plus gravement affectés (Harvey et al., 1994). Des études récentes ont montré que l’évolution de la parodontite était beaucoup plus rapide dans les races de petit format (Wallis et al. 2020). Les observations cliniques vont dans le même sens, les chiens présentant les maladies parodontales les plus précoces et les plus graves se trouvent dans les catégories de chien de compagnie de petite taille (Yorkshire terrier, Caniches, Cavalier King Charles, bichons, teckels, …etc.). Une étude de 2019 chez le Yorkshire Terrier a montré que sur 49 chiens évalué à l’âge de 37 semaines (8 mois), 98% d’entre-eux avaient au moins une dent présentant une parodontite débutante ; en moyenne environ 30% des dents présentaient une parodontite. débutante. A l’âge 78 semaines (18 mois), le risque d’avoir une parodontite était 2,7 fois supérieur (Wallis et Al., 2019)

IV- Particularités chez le chat

Une large étude épidémiologique sur plus de 18000 chats a montré une prévalence accrue de la parodontite chez le siamois et le Maine Coon (O’Neill, 2023). Bien que l’âge soit considéré comme un facteur de risque majeur du développement de la parodontite chez l’animal comme chez l’homme, des formes de parodontite juvénile ou à progression rapide ont également été décrite chez le chat (Girard et al. 2009 ; Soltero-Rivera et al. 2023). Une étude radiographique a montré que 72% des chats de plus d’un an présentaient un début de résorption de l’os alvéolaire (Lommer et al., 2001).

V- Conduite à tenir

La maladie parodontale débute dès l’accumulation de plaque dentaire sur les dents et l’apparition d’une gingivite. L’évolution de la gingivite à la parodontite est souvent difficile à appréhender pour le clinicien car les critères cliniques de son évaluation sont très souvent méconnus faute d’enseignement dans les écoles vétérinaires. L’apparition d’une halitose, la reconnaissance d’une gingivite plus sévère accompagnée de dépôts de plaque dentaire/tartre plus visibles sur les dents sont des critères à ne pas banaliser car ils peuvent être annonciateur d’une parodontite qui aboutira à terme à la perte des dents. La prise en charge précoce de la maladie et l’instauration d’une hygiène bucco-dentaire dès le plus jeune âge sont les éléments clés permettant de conserver une bonne santé bucco-dentaire. Certains individus peuvent présenter des formes de maladie évoluant très rapidement et apparaissant lors du tout jeune âge. Ceux-ci doivent être identifiés précocement sous peine de dégâts irrémédiables aboutissant à la perte précoce des dents.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Les urgences dentaires chez le jeune

Isabelle DRUET
Alliance
Bordeaux France

L'occurrence d'urgences dentaires chez les jeunes chiens et chats peut poser des défis importants pour les propriétaires et les vétérinaires. Une compréhension approfondie de l'odontogénèse, le développement dentaire ainsi que des procédures de diagnostic et de traitement adéquates, est cruciale pour gérer efficacement les fractures dentaires et les avulsions, principale urgence dentaire chez le chien et le chat.

I- Odontogénèse

L'odontogénèse englobe la formation et le développement des dents, un processus complexe et dynamique. Les dents déciduales émergent en premier, puis sont progressivement remplacées par les dents permanentes. Les minéralisations de l’émail et de la dentine sont des processus distincts. L’émail produit par les améloblastes est formé avant l’éruption dentaire tandis que la formation de la dentine produit par les odontoblastes débute avant l’éruption dentaire et se prolonge toute la vie. Les jeunes (chiens de moins de 12-15 mois) ont des dents avec une faible épaisseur de dentine, un canal pulpaire large et un apex ouvert dit immature. Ces particularités liées à l’âge imposent une prise en charge adaptée notamment lors de traumatisme alvéolodentaire.

II- Fractures dentaires

Les jeunes sont sujets aux fractures dentaires en raison de leur activité masticatoire. Les types de fractures dentaires comprennent les fractures coronaires, radiculaires et coronoradiculaires. Elles peuvent être compliquées (avec exposition pulpaire) ou non compliquées (sans exposition pulpaire). Les signes cliniques incluent parfois la douleur, la salivation excessive et l'hésitation à manger. Mais le plus souvent le traumatisme dentaire est remarqué à l’examen de la cavité orale. Un saignement pulpaire peut être présent.

Le diagnostic repose sur l’examen clinique minutieux et des radiographies dentaires. Lors de fracture dentaire compliquée chez un patient avec des dents immatures, le délai entre le traumatisme et la prise en charge thérapeutique influe grandement le pronostic. En effet, une dent immature ne peut subir de traitement endocanalaire standard (dévitalisation).

Un traitement conservateur vital (biopulpectomie partielle) qui consiste à l’application en couche de matériaux dentaires sur la pulpe est de pronostic favorable lorsque réalisé dans les 48h post traumatisme. Au-delà de ce délai, un traitement conservateur ne peut être de pronostic favorable compte tenu de la migration bactérienne au sein de la pulpe. Un contrôle régulier radiographique sur un an permettra de s’assurer de la vitalité dentaire et de l’absence d’infection périapicale.

III- Avulsions

Les avulsions (dent expulsée de son alvéole) et luxation dentaire (déplacement) peuvent survenir à la suite d’un traumatisme (AVP, défenestration, jeu  violent…). La prise en charge doit se faire rapidement dans les 48h pour un traitement conservateur, la dent est replacée dans son alvéole et est maintenue en place avec une attelle interdentaire pour une cicatrisation du parodonte. Un traitement endocanalaire est réalisé après 15 jours. La dépose de l’attelle se fait à 30 jours sous contrôle radiographique et parodontal. Dans le cas de la luxation d’une dent immature à apex ouvert, une revasculariation est possible si la prise en charge est rapide (réduction de la luxation, maintien avec une attelle), un suivi radiographique rapproché est indispensable pour s’assurer de la vitalité pulpaire.

Les traitements conservateurs seront réservés aux dents permanentes, l’extraction est privilégiée pour les traumatismes dentaires affectant une dent déciduale.

IV- Conclusion

La prévention des urgences dentaires implique la surveillance lors du jeu et la fourniture d'objets de mastication appropriés. Éduquer les propriétaires sur les mesures de précaution et les signes de blessures dentaires est essentiel.

Les urgences dentaires chez les jeunes chiens et chats requièrent une évaluation rapide et un traitement adéquat pour minimiser la douleur et les complications à long terme. Une connaissance approfondie de l'odontogénèse et des options de traitement est nécessaire pour assurer le bien-être bucco-dentaire optimal de ces animaux en pleine croissance. La collaboration entre les propriétaires et les vétérinaires est essentielle pour une gestion réussie des urgences dentaires chez les jeunes animaux.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.