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> Anticorps monoclonaux anti-NGF pour la gestion de l'arthrose canine et féline : études observationnelles transversales

Antoine FORDIN
64510 Bordes
Coauteurs : Thierry POITTE, Luca ZILBERSTEIN, Isabelle CHAMOUTON, Guillaume RAGETLY, Bruno FRADIN
 
Conflits d'intérêt : Antoine FORDIN – DMV, Coordinateur Technique National, laboratoire Zoetis

I. Anticorps monoclonaux anti-NGF pour la gestion de l'arthrose canine : une étude observationnelle transversale

Introduction

Le bedinvetmab (Librela®), anticorps monoclonal anti-NGF, représente, en médecine vétérinaire, l'innovation la plus récente pour la gestion de la douleur arthrosique chez le chien. Son efficacité antalgique et son innocuité sont scientifiquement prouvées par les études in vitro et d'autorisation de mise sur le marché. Aujourd'hui, aucune donnée épidémiologique n'est disponible sur les résultats cliniques supposés sur une population générale de chiens. L'objectif de ce programme était d'analyser et de quantifier les bénéfices de Librela® par l'évaluation des propriétaires et des vétérinaires résultant de l'utilisation prolongée du bedinvetmab.

Matériels et méthodes

Tous les patients ont été traités par le bedinvetmab entre le 1er février 2021 et le 30 juin 2021 en France dans le cadre du programme d'évaluation de la gestion de l'arthrose « PRADA » (Programme Révolution Anti-Douleur Arthrosique). Tous les chiens inclus ont été évalués par le même vétérinaire avant et après traitement. Un système de notation CSOM (Client-Specific Outcome Measures) a été renseigné par le propriétaire pour l'évaluation de la douleur à domicile tous les 30 +/- 7 jours pendant toutes les périodes du programme.

Une diminution d'au moins 2 points du score total CSOM (valeur maximale 12) a été considérée comme le seuil minimal pour confirmer les effets antalgiques du bedinvetmab (taux de réussite minimal).

Résultats

345 chiens ont été inclus dans plus de 100 cliniques vétérinaires. L'âge moyen était de 11,4 +/- 3,1 ans et 56 % d'entre eux étaient des mâles. Le poids moyen global était de 31,5 +/- 11,0 kg. 79 races étaient incluses et le labrador, le golden retriever et le berger allemand étaient les races les plus représentées.

Au début du programme, le score moyen du CSOM était de 8,3 +/- 2,0 ; de 4,8 +/- 2,7 au 30e jour et de 4,3 +/- 2,8 au 60e jour. Le taux de succès de traitement défini par une diminution du score CSOM de 2 points à 30 jours était de 76 % (p 0,01) et à 60 jours de 82% (p 0,01). Le taux de succès consécutif à une réduction de 3 points du score CSOM à 30 jours était de 64 % (p 0,01) et à 60 jours de 72 % (p 0,01).

Au jour 0 (jour d'inclusion), 39 % des chiens inclus recevaient des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) mais seuls 14 % et 15 % ont dû poursuivre ce traitement au jour 30 et au jour 60, respectivement.

Discussion

À la connaissance des auteurs, cette étude épidémiologique est la première à évaluer le pourcentage de bénéfices cliniques du bedinvetmab dans une population de chiens non restreints.

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II. Anticorps monoclonaux anti-NGF pour la gestion de l'arthrose féline : une étude observationnelle transversale

Introduction

Le frunévetmab (Solensia®), anticorps monoclonal anti-NGF, représente, en médecine vétérinaire, l'innovation la plus récente pour la gestion de la douleur arthrosique chez le chat. Son efficacité antalgique et son innocuité sont scientifiquement prouvées par les études in vitro et d'autorisation de mise sur le marché. Aujourd'hui, aucune donnée épidémiologique n'est disponible sur les résultats cliniques supposés sur une population générale de chats.

L'objectif de ce programme était d'analyser et de quantifier les bénéfices de Solensia® par l’évaluation des propriétaires et des vétérinaires résultant de l'utilisation prolongée du frunévetmab.

Matériels et méthodes

Tous les patients ont été traités par le frunévetmab entre le 1er mai 2021 et le 30 septembre 2021 en France dans le cadre du programme d'évaluation de la gestion de l'arthrose « PRADA » (Programme Révolution Anti-Douleur Arthrosique). Tous les chats inclus ont été évalués par le même vétérinaire avant et après traitement. Un système de notation CSOM (Client-Specific Outcome Measures) a été renseigné par le propriétaire pour l'évaluation de la douleur à domicile tous les 30 +/- 7 jours pendant toutes les périodes du programme. Une diminution d'au moins 2 points du score total CSOM (valeur maximale 12) a été considérée comme le seuil minimal pour confirmer les effets antalgiques du frunévetmab (taux de réussite minimal).

Résultats

212 chats ont été inclus dans plus de 100 cliniques vétérinaires. L'âge moyen était de 14,0 +/- 3,7 ans et 52 % d'entre eux étaient des femelles. Le poids moyen global était de 5,0 +/- 1,6 kg. La race européenne était la plus représentée (70% des chats).

Au début du programme, le score moyen du CSOM était de 8,6 +/- 2,2 ; de 4,0 +/- 2,3 au 30e jour et de 3,7 +/- 2,4 au 60e jour. Le taux de succès de traitement défini par une diminution du score CSOM de 2 points à 30 jours était de 85 % (p 0,01) et à 60 jours de 85% (p 0,01). Le taux de succès consécutif à une réduction de 3 points du score CSOM à 30 jours était de 75 % (p 0,01) et à 60 jours de 78 % (p 0,01). Au jour 0 (jour d'inclusion), 9 % des chats inclus recevaient des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) mais seuls 3 % ont dû poursuivre ce traitement au jour 30 et plus aucun chat n’était sous AINS au jour 60.

Discussion

A la connaissance des auteurs, cette étude épidémiologique est la première à évaluer le pourcentage de bénéfices cliniques du frunévetmab dans une population de chats non restreints.

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Directeur Médical - BU Animaux de Compagnie - Zoetis

> Efficacité et sécurité d'une solution en spray auriculaire contenant uniquement de l'acéponate d'hydrocortisone chez des chiens atteints d'otite externe érythémato-cérumineuse : essai contrôlé, randomisé, multicentrique, en simple aveugle

Marie PERRAULT
06510 Carros
Coauteurs : BIDAUD Alice / RIGAUT Delphine/ BRIANTAIS Philippe/ JASMIN Pierre
 
Conflit d'intérêt : Marie PERRAULT, salariée de Virbac

Introduction

L'otite externe érythémato-cérumineuse (OEEC) est fréquemment observée chez les chiens atteints d'une maladie cutanée allergique à laquelle des proliférations microbiennes sont fréquemment associées (1,2,3,4). Cette étude compare l'efficacité et l'innocuité d'un spray auriculaire contenant uniquement un glucocorticoïde de la classe des diesters, l'acéponate d'hydrocortisone (HCA), à une formulation auriculaire contenant une combinaison de prednisolone, miconazole et polymyxine B (CTRL) chez des chiens atteints d'OEEC.

Matériels et méthodes

Deux-cent-un chiens âgés de plus de 7 mois, de toute race, présentant des signes cliniques d'OEEC sont inclus dans l'étude.

À J0, les chiens ayant une OEEC avec un score OTIS-3 de minimum 5 et une confirmation cytologique de la présence de bactéries et/ou de levures, ont été répartis de façon randomisée (1:1) dans le groupe HCA ou CTRL, et traités pendant 7 à 14 jours, selon la réponse clinique.

A J0, J7, J14, J28 et J42, le score OTIS-3 ainsi que les scores de douleur, de prurit et cytologiques ont été évalués. Le succès du traitement a été défini comme un score OTIS-3 ≤ 3 à J28.

Résultats

Tous les paramètres cliniques et les scores cytologiques ont diminué rapidement et de manière similaire à tout temps, sans aucune différence significative entre les groupes de traitement.

Dès J7, une réduction significative de près de 50% des scores OTIS-3 (HCA : 48,9 ± 26,7 % ; CTRL : 49,2 ± 24,9 %) a été constatée pour les deux groupes et jusqu'à trois quarts lors des visites suivantes . A J28, le succès du traitement a été respectivement de 93,5% et 89,2% des chiens HCA et CTRL (figure 1).

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Figure 1

Les scores de douleur et de prurit (échelles visuelles analogiques) évalués par le propriétaire ont réduit de moitié dès J5. Une réponse au traitement « bonne à excellente » a été rapportée chez plus de 90% des chiens des deux groupes dès J14 par les vétérinaires et les propriétaires.

Concernant l'analyse cytologique: à J0, une prolifération microbienne de levures et bactéries a été observée sur 43 (45,3 %) et 47 chiens (46,5 %) dans les groupes HCA et CTRL, respectivement ; une prolifération de levures seules sur 43 (45,3 %) et 45 chiens (44,6 %), dans chacun des groupes, respectivement ; une prolifération de bactéries seules sur 9 chiens dans les deux groupes (soit 9,4 % et 8,9 % dans les groupes HCA et CTRL). La figure 2 représente l'évolution du score cytologique des levures et bactéries dans le temps.

Lorsque les chiens présentaient à la fois des proliférations bactériennes et de levures, le score cytologique des levures diminuait de 2.3 à 1.4 (HCA) et de 2.4 à 1.0 (CTRL) entre J0 et J28 (figure 2a), tandis que le score cytologique des bactéries diminuait de 1.8 à 0.8 (HCA) et de 2.3 à 0.9 (CTRL) entre J0 et J28 (figure 2b). Lorsque les chiens présentaient à J0 uniquement une prolifération de levures, le score cytologique des levures diminuait de 2.6 à 1.2 (HCA) et de 2.6 à 1.7 (CTRL) entre J0 et J28 (figure 2c). Enfin, le traitement a été considéré comme bien toléré par tous les chiens.

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Figure 2

Discussion

Cette étude montre que les deux traitements sont efficaces dans la gestion de l'OEEC chez le chien. La réduction des scores cliniques (score OTIS-3, scores de douleur et de prurit) dans le temps est corrélée à l'évaluation de l'efficacité globale réalisée par les vétérinaires et les propriétaires et évolue de façon similaire dans les deux groupes. L'analyse des sous-groupes montre que lors de prolifération de levures seules ou avec des bactéries, la population de levures est contrôlée dans les deux groupes HCA et CTRL. Cette observation laisse penser que la flore physiologique de l'oreille revient à la normale.

Conclusion

Les résultats de cette étude montrent que l'utilisation d'un spray auriculaire, à base d'HCA seul, pendant 7 à 14 jours sur des chiens atteints d'OEEC associée à des proliférations microbiennes a permis une amélioration des scores cliniques et cytologiques similaire à celle obtenue avec un traitement à base de prednisolone, miconazole et polymyxine B. Cette étude suggère fortement que l'ajout d'antimicrobiens n'est pas nécessaire pour traiter une OEEC et que le produit à base d'acéponate d'hydrocortisone peut être recommandé comme traitement de première intention de l'OEEC chez le chien.

Références

  1. Carlotti DN et al. Prat Med Chir Anim Comp. 1997; 32: 243-257.
  2. Bensignor E et Al. Prat Med Chir Anim Comp. 2000; 35: 405-414.
  3. Aymeric-Cuingnart E et Al. Rev Vet Clin. 2018; 53: 3-9.
  4. Campbell JJ et Al. Vet Dermatol. 2010; 21: 619-625.
Salariée du labaratoire Virbac

> Etude prospective évaluant la tolérance d'une supplémentation en farine N-hence sur l'amélioration de l'activité chez le chien âgé

Agata RYBICKA
59120 Loos
Coauteurs : Dominique TIERNY, Olivier GAUTHIER, Francois-Xavier BACOT, Alexandre CARON, Vincent SUTRE, Alix DAYONNET, Thomas DORMIGNY et Jérémy DEFRIZE

Introduction

Un chien sur deux consultant en clinique vétérinaire est un patient âgé (1). Les dysfonctionnements physiques liés à l'âge comprennent, entre autres, la diminution de la mobilité, la perte de force musculaire et les maladies dégénératives des articulations et des os. L'objectif des soins gériatriques est donc d'améliorer la qualité de vie du chien ou au moins de la stabiliser. La farine N-hence est un complément alimentaire pour chiens composé à 100 % de ténébrions meuniers (Tenebrio molitor). Comparés à d'autres insectes, les ténébrions meuniers présentent une plus grande digestibilité de la matière organique (2) et un arôme attrayant pour les chiens (3). La farine N-hence a été bien tolérée dans une étude pilote sur 13 chiens de compagnie, avec une excellente observance et des commentaires positifs de 5 propriétaires sur l'activité physique et l'amélioration de la musculature de leurs chiens (étude non publiée réalisée par OCR en 2020-2021). Sur la base de ces résultats encourageants, une étude prospective a été réalisée pour confirmer l'efficacité de la supplémentation en farine N-hence sur l'amélioration de l'activité chez les chiens âgés.

Matériels et méthodes

Des chiens âgés ont été supplémentés avec de la farine N-hence pendant 90 jours. Avant, pendant et à la fin de l'étude, l'état général du chien était observé par un examen clinique, l' évaluation de l'état corporel et des analyses sanguines et urinaires. L'apparition éventuelle d'effets indésirables était notifiée. L'amélioration de l'activité des chiens avec la supplémentation orale en farine N-hence a été évaluée sur la base de questionnaires destinés au propriétaire du chien (Liverpool Osteoarthritis in Dogs - LOAD) et au vétérinaire (Visual Analog Score - VAS et Numerical Rating Scale - NRS) évaluant la douleur et la boiterie du chien. De plus l'activité quotidienne moyenne des chiens (marche, course et jeu) a été mesurée à l'aide d'un collier connecté avec suivi d'activité pendant une période de 15 jours avant la supplémentation, suivie de la période de 3 mois de prise orale de farine.

Résultats

Au total, 21 chiens âgés (4) de 7 à 15 ans ont été recrutés (médiane de 11 ans et moyenne de 10,8 ans), parmi lesquels 17 ont participé à toutes les visites. La population étudiée était hétérogène, avec 13 femelles et 8 mâles et un large éventail de races et donc de poids (7 à 66 kg, médiane de 28 kg et moyenne de 29.4 kg). La supplémentation quotidienne en farine N-hence a été bien tolérée, et acceptée par 81 % des chiens. 4 chiens ont été retirés prématurément de l'étude en raison d'un refus de la farine N-hence et de légers troubles digestifs. Le suivi des paramètres cliniques, hémato-biochimiques et urinaires a confirmé le bon profil de sécurité du produit. Les événements indésirables observés chez 4 chiens retirés de l'étude ont été temporaires et résolus après arrêt de la supplémentation. L'évaluation de l'efficacité par le score LOAD a montré qu'une amélioration (10/17) ou une stabilisation (3/17) du score était observée chez 76% des patients. Chez 6 chiens, la sévérité des signes cliniques de l'arthrose a diminué d'une gamme. Une amélioration ou une stabilisation du score de boiterie VAS a été observée chez 59% (10/17) des patients. L'amélioration ou la stabilisation du deuxième score vétérinaire NRS a été observée chez 68% des chiens pour la boiterie et chez 68% des chiens pour la douleur. En outre, l'activité quotidienne moyenne, mesurée par collier d'activité connecté, a augmenté chez plus de la moitié des chiens évalués, ce qui a été confirmé par les commentaires positifs des propriétaires dans le questionnaire de satisfaction. Comparés aux chiens « répondeurs ou stables », les 4 chiens « non répondeurs » qui ont présenté une détérioration du score LOAD et/ou des autres critères d'évaluation de l'étude, étaient plus âgés et plus lourds.

Conclusion

La farine de N-hence a montré une excellente tolérance et acceptation par les chiens de l'étude. L'étude prospective a confirmé l'effet bénéfique du produit sur l'amélioration de l'activité dans une population de chiens âgés. En synthèse, un groupe de chiens « répondant ou stables », représentant les 3/4 de la population étudiée, a été identifié. L'âge et le poids médians de ces chiens étaient de 10 ans et de 26 kg. Les chiens du groupe "non-répondeur" étaient plus âgés (âge médian : 12 ans 3 mois) et plus lourds (poids médian : 31 kg). La farine de ténébrions meuniers (Tenebrio molitor) déshydratés peut être considérée comme un complément alimentaire prometteur pour la nutrition des chiens âgés, afin de soutenir leur système musculo-squelettique et leur activité physique.

Références

  1. Bellows J, Colitz CM, Daristotle L, Ingram DK, Lepine A, Marks SL, et al.Common physical and functional changes associated with aging in dogs.J Am Vet Med Assoc.(2015)246:67-75. 10.2460/javma.246.1.67
  2. Bosch G, Zhang S, Oonincx D et Hendriks WH. Protein quality of insects as potential ingredients for dog and cat's food. Journal of Nutritional Science (2014), Vol 3, e29, 1-4.
  3. Kieronczyk B, Rawski M, Pawełczyk P, Rożyńska J, Golusik J, Mikołajczak Z et Jozefiak D.Do insects smell attractive to dogs? A comparison of dog reactions to insects and commercial feed aromas - a preliminary study. Ann. Anim.Sci.Vol. 18, No.3 (2019) 795-800.
  4. Goldston R., Hoskins J., Geriatrics and Gerontology of the Dog and Cat, Saunders ed, 1995; 426p
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Hépatite de Rubarth : une maladie du passé ?

Emma LAVERGNE
31770 Colomiers
Coauteurs : BOUCRAUT-BARALON Corine, MUSEUX Kristina

Introduction

L'hépatite infectieuse canine (ou hépatite de Rubarth), est une maladie des canidés et ursidés due à une infection par l'adénovirus canin de type 1 (CAV-1). Ce virus non enveloppé présente un tropisme endothélial et hépatique conduisant à un tableau clinique varié et souvent peu spécifique. L'introduction de la vaccination dans les années 1980 a permis de réduire drastiquement les cas cliniques au sein de la population canine. Bien que la vaccination (adénovirus de type 2) confère une protection croisée très efficace contre la maladie, le CAV-1 est régulièrement mis en évidence et il est donc primordial de savoir suspecter la maladie en tenant compte des données actuelles.

Matériels et Méthodes

Rétrospectivement, 49 cas d'hépatite infectieuse canine ont été extraits d'une base de données entre 2011 et 2023. La mise en évidence du virus par PCR quantitative a été faite sur des prélèvements de chiens obtenus ante ou post-mortem selon les cas (sang et urine, organes, humeur aqueuse…)

Résultats

Plus de la moitié des cas intéressent des chiots de moins de 6 mois bien que des chiens adultes soient également infectés. Les chiens les plus représentés sur l'effectif étudié sont ceux appartenant au groupe 6 (majoritairement des chiens de chasse). Les chiens croisés et ceux du groupe 1 (chiens de berger) représentent près de 40% des cas. La quasi-totalité des chiens représentés dans cette série de cas étaient des chiens non vaccinés ou ayant un protocole vaccinal incomplet (majoritairement des chiens de moins de 1 an n'ayant pas reçu de rappel annuel de primo-vaccination). Des signes généraux sont présents dans plus de deux tiers des cas ; la baisse de forme, l'hyperthermie ou l'anorexie/dysorexie étant les plus fréquents. Dans un tiers des cas, des signes oculaires (uvéite, kératite…) y sont associés. Des signes digestifs sont observés dans plus d'un tiers des cas, la diarrhée étant le signe le plus souvent rapporté. Des signes nerveux et respiratoires sont également notés mais sont plus rares. Les analyses biologiques et hématologiques mettent en évidence une augmentation des enzymes de cytolyse et de cholestase hépatique (ALAT et PAL) dans la moitié des cas, une anémie et une thrombopénie dans respectivement trois quart et la moitié des cas pour lesquels les résultats des examens complémentaires étaient renseignés.

Discussion

Tous les chiens atteints sauf un étaient partiellement ou non vaccinés (seuls les chiens ayant reçu la totalité de leurs injections de primo-vaccination y compris le rappel annuel de primo-vaccination sont considérés vaccinés). Cela confirme l'importance d'un schéma vaccinal complet pour assurer une protection efficace et explique la sur-représentation des jeunes dans les cas cliniques. Les chiens de chasses semblent surreprésentés. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées. Tous les canidés peuvent être touchés par l'hépatite infectieuse canine, par conséquent, les renards comme les loups, présents sur le territoire français, peuvent potentiellement être à l'origine de contamination chez ce groupe de chien qui évolue sur les mêmes terrains. Une autre hypothèse pourrait être un taux de vaccination plus faible au sein des chenils. Les signes généraux, prédominants dans le tableau clinique classique du CAV-1, ne sont pas toujours associés à des signes oculaires (uvéite, kératite) en phase aigüe or la présence conjointe de ces symptômes est très évocatrice du CAV-1. Ainsi, la suspicion clinique de cette affection peut être difficile à émettre, d'autant plus qu'elle est souvent considérée comme une maladie inexistante. L'hépatite infectieuse canine doit rentrer dans le diagnostic différentiel de tout praticien notamment lorsqu'il se trouve face à un chien non vacciné ou avec un schéma vaccinal incomplet, présentant des signes généraux peu spécifiques associés à des anomalies hématologiques (anémie et/ou thrombopénie) et des anomalies biochimiques (augmentation des PAL et ALAT). Un tel tableau clinique pourrait être celui d'autres maladies infectieuses plus fréquentes (leptospirose, maladie transmise par les tiques…) et conduire à une erreur de diagnostic.

Conclusion

L'hépatite infectieuse canine existe toujours sur notre territoire. Néanmoins, cette maladie reste rare et la vaccination a été et reste le pilier incontournable pour maintenir un seuil d'apparition de la maladie le plus bas possible. Toutefois il est important de savoir la suspecter encore aujourd'hui, car la jeune génération de vétérinaires a peu ou jamais rencontré de cas d'hépatite infectieuse canine, or le tableau clinique du CAV-1 peut facilement mimer celui de maladies infectieuses plus courantes.

Bibliographie

  1. Balboni et al. Unique genetic features of canine adenovirus type 1 (CAdV-1) infecting red foxes (Vulpes vulpes) in northern Norway and arctic foxes (Vulpes lagopus) in Svalbard. Veterinary Research Communication, 43, 67-76 (2019).
  2. Boucraut-Baralon C, Bergamo P. Un épisode autochtone d'hépatite de Rubarth dans une portée. Le nouveau praticien vétérinaire, vol 8, N°43, pp75-79 (2010).
  3. Hornsey et al. Canine adenovirus type 1 causing neurological signs in a 5-week-old puppy. BMC Veterinary Research, 15:418 (2019)
Je déclare un conflit d'intérêt car les auteurs de cette présentation sont employés par le laboratoire Scanelis/Cerbavet qui propose des analyses diagnostiques.

> Vaccination contre la maladie d'Aujeszky chez le chien avec un vaccin sous ATU : modalités d'utilisation, efficacité et effets secondaires

Christophe HUGNET
26160 La Bégude-de-Mazenc
 

Introduction

En décembre 2021, deux chiens présentent des symptômes (prurit incoercible, méningo-encéphalite) et une évolution rapide vers la mort, qui sont évocateurs d'une infection par le virus de la maladie d'Aujeszky (photo 1 et 2).

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Photo 1

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Photo 2

Après confirmation virologique, une campagne de prélèvement chez les sangliers du massif dans lequel ont chassé ces deux chiens, confirme la présence du virus d'Aujeszky dans la population sauvage de sanglier selon une prévalence de 5%.

Il est alors envisagé de protéger les chiens de chasse à l'aide d'un vaccin avec Autorisation Temporaire d'Utilisation (ATU), AUSKIPRA BK ND (laboratoire Hipra). Une étude prospective a été conduite.

Résultats

Les chiens vaccinés étaient issus de races de chasse (14 races et croisés) ou de travail (chiens de protection de troupeau). Durant la campagne de vaccination qui s'est déroulée de juillet à octobre 2022, 960 doses de vaccins ont été administrées.

Les effets secondaires observés ont été : 19 tuméfactions au site d'injection (sans nécessité de soins particuliers), 8 abcès ayant conduit à une prise en charge médico-chirurgicale.

Durant la campagne de chasse au sanglier du 15 août 2022 au 28 février 2023, aucun cas de chien atteint de la maladie d'Aujeszky n'a été identifié, alors que la séroprévalence de la maladie d'Aujeszky chez le sanglier des massifs forestiers concerné a augmenté, puis s'est stabilisée à 10%.

Conclusion

Il semble que le vaccination AUSKIPRA BK apporte une protection chez le chien de chasse exposé au virus de la maladie d'Aujesky. Les effets secondaires sont rares et peu graves.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.