7 conférences (seules sont affichées les conférences pour lesquelles un texte a été fourni).

> Anomalies de l'angle irido-cornéen chez le Border Collie : résultats de l'examen de 2010 chiens (1998-2021)

Gilles CHAUDIEU
63122 Ceyrat

Introduction

Les relations entre anomalie de l'angle irido-cornéen (AAIC) et glaucome primaire à angle fermé (GPAF), entre sévérité de l'AAIC et possibilité de GPAF notamment, sont statistiquement établies [1]. Ces deux affections, rapportées chez le Border Collie [2], sont étudiées dans un effectif de 2010 chiens de travail français.

Matériels

2010 Border Collies (1023 femelles et 987 mâles) âgés de 0,5 à 10 ans, sans signe d'inflammation oculaire, furent examinés.

Méthodes

L'examen gonioscopique à la lentille de Barkan, après anesthésie cornéenne topique (collyre oxybuprocaïne 0,4%), était pratiqué par le même opérateur chez 2010 chiens vigiles entre 1998 et 2021. L'angle irido-cornéen (AIC) était évalué selon les critères de l'ECVO [3] une fois chez 1669 sujets, deux fois chez 185, trois fois chez 116, de trois à huit fois chez 40, une année séparant deux examens successifs.

Résultats

Dix chiens furent exclus pour indocilité (résultats non fiables). Les 1983 Border Collies à AIC normal présentaient majoritairement des fibres pectinées fines et régulièrement espacées sur 360°, 41 d'entre eux âgés de 1 à 7 ans révélant quelques fibrae latae sur 10 à 50% du ligament pectiné (LP) ; 17 chiens (7 mâles et 10 femelles âgés de 1 à 7 ans) présentaient une AAIC : minime : 10 LP présentant moins de 25% de laminae, 3 LP présentant plus 50% de fibrae latae; modérée : 2 AIC étroits ; sévère : 1 LP présentant plus de 50% de laminae, 1AIC fermé avec GPAF unilatéral.

Discussion

Le LP normal présente des fibres fines et régulièrement espacées, et dans 2% des cas quelques fibrae latae (moins de 50% de sa circonférence). La morphologie du LP ne varie pas avec l'âge si on se réfère aux AAIC normaux ou anormaux des 341 chiens réexaminés annuellement entre 2 et 8 fois. Il n'y a pas de prédisposition de sexe à l'AAIC, pas de corrélation positive entre l'âge et l'anomalie du LP [2], ce que confirme notre série. La prévalence de l'AAIC (17/2000, 0,85%) est faible, comparée aux données récentes de la littérature : 18/102,17,6% [2] et 16/106, 15,1% [4]. Les AAIC minimes, plus fréquentes (76,5% des atteints), incluent toutes la présence de laminae sur moins de 25% du LP. Les deux cas d'AAIC modérée sont des AIC étroits. Seul un mâle à AAIC sévère (AIC fermé, LP non visible) présente un GPAF unilatéral, confirmant la valeur pronostique de l'AIC fermé dans l'apparition du GPAF [1] ; la femelle âgée de 3 ans à laminae sur plus de 50% du LP n'a été examinée qu'une fois. La mutation non-sens c.590G>A du gène OLFM3, identifiée en 2018 sur le chromosome 17 comme associée de façon significative à l'AAIC et au GPAF au Royaume -Uni [4, 5], a une fréquence estimée à 4,4% de la population [4]. Le variant OLFM3 est homozygote muté AA lors de GPAF (9 homozygotes/9 chiens testés) et, lors d'AAIC sévère, homozygote AA chez 12 chiens/14 testés, hétérozygote AG chez 2 chiens/14 testés ; chez 67 sujets sains il est AG pour 36 chiens, GG pour 30 et AA pour un seul : l'auteur conclut que le test génétique est utile mais que le variant identifié n'est pas le seul impliqué [5].

Conclusion

En France, l'examen gonioscopique est actuellement recommandé par le club de race, et le variant a été retrouvé chez 10 Border Collies AG/150 chiens français de statut oculaire inconnu testés (source : laboratoire Antagene). Sur une période comparable (1991-2015) à celle de cette étude (1998-2021), 25577 Border Collies ont été enregistrés dans la base de données de l'ACVO, incluant un unique cas de GPAF [6].

Références

  1. Chaudieu G, Benard G. Intérêt et valeur prédictive de la recherche des anomalies de l'angle irido-cornéen : renseignements fournis par l'examen gonioscopique de 4309 chiens (1998-2018). Revue Vétérinaire Clinique 2019, 54 : 3-22.
  2. Oliver JA, Ekiri AB, Mellersh CS. Pectinate ligament dysplasia in the Border Collie, Hungarian Vizsla and Golden Retriever. Vet Rec 2017 ; 180 : 279-82.
  3. HED Committee of ECVO. ECVO Manual for known and presumed herditary eye diseases in Dogs an cats. www.ecvo.org/: 2017. p. 6.1-6.12.
  4. Oliver JAC, Wrigh H, Massidda P, Burmeister LS, Mellersh CS. A variant in OLFML3 is associated with pectinate ligament abnormality and primary closed‐angle glaucoma in Border Collies from the United Kingdom. Vet Ophthalmol. 2020 ; 23 : 25-36
  5. Pugh CA, Farrell LF, Carlisle AJ, Bush SJ, Ewing A, Trejo-Reveles V et al. Arginine to Glutamine Variant in Olfactomedin Like 3 (OLFML3) Is a Candidate for Severe Goniodysgenesis and Glaucoma in the Border Collie Dog Breed. G3 Genes/Genome/ Genetics. 2019 ; 9 : 943-54.
  6. Smith AL. Glaucoma in Border Collies. Report on current status of research into link between G590A / R197Q mutations in olfactomedin-like protein 3 and closed-angle glaucoma in Border Collies. Submitted : July 11, 2018. Border Collie Society of America, American Kennel Club.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Comparaison des survies conditionnelles spécifiques chez les chiens atteints de carcinome mammaire, mastocytome cutané et mélanome oral

Florian CHOCTEAU
44200 NANTES

Introduction

Les mélanomes oraux, les mastocytomes cutanés et les carcinomes mammaires sont parmi les cancers les plus fréquents dans l'espèce canine et représentent des pathologies de très mauvais pronostic du fait d'un pouvoir métastatique élevé. Toutefois, ces tumeurs restent hétérogènes dans leur comportement biologique et malgré l'ensemble des facteurs pronostiques annoncés au moment du diagnostic, certains animaux défient les lois des probabilités et sont toujours en vie à la consultation vaccinale un an après le diagnostic.

Dans ce contexte, la survie conditionnelle s'inscrit comme un outil pertinent pour l'oncologue, car elle reprécise le pronostic de l'animal en fonction de l'évolution de sa maladie. Cette survie conditionnelle spécifique correspond plus précisément à la probabilité d'être toujours en vie dans X mois en sachant qu'on a déjà survécu Y mois à son cancer et évolue donc au cours du temps (comme par exemple dans le cas du cancer du pancréas chez l'humain qui montre des chances de survie à 5 ans de 7% au moment du diagnostic mais qui augmentent à 63% si le patient a survécu 3 ans à son cancer).

Objectif

L'objectif de cette étude est ici de décrire la survie conditionnelle spécifique chez des chiens atteints de 3 cancers fréquents dans l'espèce canine en s'intéressant, par exemple, à l'évolution pronostique de différents facteurs classiques, pour en tirer des informations concernant le comportement biologique de ces tumeurs.

Matériels et méthodes

Cette étude rétrospective s'intéresse à trois cohortes de 344, 96 et 75 animaux atteints respectivement d'un carcinome mammaire, d'un mastocytome cutané ou d'un mélanome oral retiré chirurgicalement. L'ensemble des facteurs épidémio-cliniques et histologiques ont été décrits chez ces patients sur une durée minimale de 24 mois en les comparant aux durées de survie spécifique.

Résultats

Dans cette étude, la survie conditionnelle spécifique (SCS) à X mois a ici été définie comme la probabilité d'être encore en vie à 1 an après avoir survécu X mois (X=0-12 mois) à son cancer.

Au moment du diagnostic, un chien n'a déjà pas les mêmes chances de survie selon le cancer qu'il développe : un chien avec un carcinome mammaire, quel que soit le type, a 59% de chance d'être en vie 1 an après le diagnostic contre 67% pour le mastocytome cutané et 28% pour le mélanome oral.

Le pronostic de ces pathologies n'évolue pas non plus de la même manière au cours de la première année suivant le diagnostic puisque la SCS a tendance à augmenter fortement dans les 6 premiers mois (+2,7%/mois) puis stagner (+0,8%/mois) chez les chiennes atteintes de carcinome mammaire alors qu'on observe la tendance contraire chez les chiens atteints de mélanome oral avec une stagnation de la SCS jusqu'à 6 mois (+0,3%/mois) et une augmentation de la SCS entre 6 et 12 mois (+1,8%/mois).

Dans le cas du mastocytome cutané, la SCS n'évolue que très peu dans la première année post-diagnostic (+0,5%/mois).

L'âge du chien reste pronostique, quel que soit le temps post-diagnostic dans le cas du carcinome mammaire et du mastocytome cutané alors qu'il n'est seulement pronostique qu'au moment du diagnostic dans le cadre des mélanomes oraux.

Le grade histologique reste pronostique un an après le diagnostic dans le cadre des mastocytomes cutanés alors qu'il n'est pronostique que dans les 6 premiers mois dans le cas du mélanome oral et qu'au diagnostic dans le cas des carcinomes mammaires. Enfin, les marges d'exérèse sont pronostiques au moment du diagnostic et après les 9 mois post-diagnostic pour les chiens touchés par un carcinome mammaire ou un mastocytome cutané alors qu'elles ne sont pas significativement pronostiques au diagnostic mais à partir du 3e mois post-diagnostic dans le cas du mélanome oral.

Discussion

Cette étude est la première à comparer cette donnée de suivi (SCS) dans plusieurs cancers fréquents du chien. Ici, nous nous intéressons à 3 cancers souvent rencontrés en clinique mais d'origine cellulaire différente : le carcinome mammaire d'origine épithéliale, le mastocytome cutané qui est une tumeur à cellules rondes et le mélanome oral provenant de mélanocytes d'origine neuroectodermale. En plus de ces origines différentes, ces tumeurs ont des pronostics différents au diagnostic, avec le carcinome mammaire et le mastocytome cutané de meilleur pronostic comparé au mélanome oral, du fait d'un caractère moins invasif (mélanome oral fréquemment métastatique), d'une chirurgie locale plus optimale (exérèse cutanée plus facile qu'une exérèse maxillo-faciale) et d'autres alternatives thérapeutiques disponibles (inhibiteurs de tyrosine kinase pour le mastocytome cutané).

Des études en humaine se sont intéressés à cette SCS dans différentes pathologies cancéreuses et montrent notamment une augmentation de la SCS à 5 ans de la 1e à la 10e année post-diagnostic dans le cas des cancers du sein (de 88% à 94%) et dans le cas des mélanomes cutanés (de 94% à 99,5%).

Les mélanomes cutanés ont un comportement biologique totalement différents des mélanomes muqueux (non dépendants des UV) mais aucune donnée conditionnelle n'a été publiée aussi bien pour le mélanome muqueux que pour la mastocytose cutanée.

Conclusion

Ces données pronostiques utilisant la survie conditionnelle spécifique est un outil pertinent pour l'oncologue pour communiquer au propriétaire l'évolution de la pathologie de son animal dans la première année post-diagnostic.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Etude prospective des infections bactériennes et fongiques chez 32 chats atteints de prurit cervico-facial chronique en relation avec un syndrome cutané atopique félin (SCAF)

Thibault BURNOUF
59160 Lomme
Coauteurs : HUSSON JeanCharles /DEGORCE-RUBIALES Frédérique/ BRIEND-MARCHAL Alexandra /MULLER Arnaud / GUAGUERE Eric

Introduction

Le prurit cervico-facial (PCF) est une modalité clinique fréquemment présente lors de syndrome cutané atopique félin (SCAF) et constitue un véritable défi thérapeutique (1-3). Par ailleurs, les pyodermites bactériennes et les dermatites à Malassezia spp. semblent être rares chez le chat (4-6). L'objectif de cette étude prospective est d'évaluer les infections cutanées bactériennes et fongiques chez 32 chats atteints de PCF chronique en relation avec un SCAF.

Matériel et méthodes

Les chats sélectionnés sont des chats présentant un PCF chronique en relation avec un SCAF. Le PCF chronique a été défini par un PCF qui dure depuis plus de 3 mois. Dans tous les cas, un régime d'éviction alimentaire préalable a été effectué sur une période de 8 semaines minimum. Un contrôle antipuce est correctement mené. La topographie lésionnelle et les lésions cutanées ont été consignées sur un document et photographiées. Le prurit a été évalué (Pruritus Visual Analog Scale (Feline)). Pour chaque chat, 3 prélèvements pour examens cytologiques (scotch test ou apposition), 3 biopsies cutanées (biopsy punch de 6 à 8 mm de diamètre), un écouvillonnage lésionnel et une biopsie en vue d'un examen bactériologique ont été réalisés.

Résultats

Trente-deux chats européens ont été sélectionnés sur une période de 3 ans. Aucune prédisposition sexuelle n'est mise en évidence. L'âge moyen au diagnostic est de 4,6 ans (59% 4 ans, 2 à 13 ans).

Lors de l'inclusion, divers traitements ont été administrés : corticoïdes (oraux, injectables, topiques (28/32)), ciclosporine (12/32), oclacitinib (7/32), antibiotiques (7/32), traitements topiques divers (15/32), traitements non déterminés (4/32), traitements antipuces (21/32).

Les signes dermatologiques se caractérisent par un prurit non saisonnier d'une intensité de 7 à 9/10, des dépilations, un érythème, des croûtes, des excoriations, des érosions et des ulcères distribuées sur la face et le cou. Aucune autre lésion corporelle n'a été identifiée.

Les examens cytologiques montrent de nombreux cocci libres et phagocytés par des neutrophiles dégénérés, des éosinophiles et des Malassezia. L'isolement bactérien identifie les bactéries, Staphylococcus pseudintermedius (13/32, 3 méti-R), Staphylococcus aureus (7 /32, 2 méti-R), Staphylococcus schleiferi (3/32, 1 méti-R), Staphylococcus hyicus (2/32), Staphylococcus chromogenes (2/32), Staphylococcus xylosus (1/32), Staphylococcus haemolyticus (2/32), Staphylococcus epidermidis (1/32), Staphylococcus simulans (1/32). La sensibilité des divers staphylocoques isolés est résumée dans le tableau 1.

7259

L'examen histopathologique des biopsies cutanées identifie une prolifération bactérienne de surface (32/32), une prolifération en Malassezia spp. de surface (6/32), des lésions de folliculite bactérienne (17/32) and de furonculose (5/32).

Discussion

Cette étude confirme la fréquence des pyodermites bactériennes (syndrome de prolifération bactérienne, folliculite, furonculose) et les dermatites à Malassezia spp. présentes lors de PCF en relation avec un SCAF (4-6).

L'une des causes de l'absence de diagnostic réside dans le fait que les pyodermites félines se caractérisent essentiellement par des lésions érosives, ulcérées et croûteuses. Ces surinfections doivent être systématiquement recherchées par la réalisation de calques cutanés, de biopsies cutanées et d'un isolement bactérien d'autant plus que cette étude a mis en évidence la présence des Staphylococcus pseudintermedius, aureus et schleiferi méticilline-résistants responsables de ces pyodermites dans 6 cas sur 32.

En comparaison avec une étude récente (Cavana P, 2023), nous n'avons pas isolé de S.felis. La raison en est peut-être la technique d'isolement bactérien utilisée. En effet, l'automate utilisé se base sur des différences biochimiques qui sont parfois inexistantes entre certaines souches de staphylocoques. C'est le cas pour S.felis et S.simulans qui ne peuvent être distingués que grâce à l'utilisation d'un spectromètre de masse type maldi-tof comme dans l'étude de Cavana.

La relative antibiorésistance des staphylocoques isolés dans cette étude incite à effectuer un isolement bactérien précocement lors de PCF chronique ou récidivant. Les pénicillines semi-synthétiques doivent encore être considérées comme un choix de première intention.

Conclusion

L'absence d'identification et de prise en charge raisonnée de ces infections constitue une cause majeure des échecs thérapeutiques rencontrés lors de PCF.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Gliomatosis cerebri : le diagnostic rare et la localisation inattendue

Beligh BEN SOLTANA
07150 Vallon Pont d'Arc
Coauteurs : CARATY Johan / DALLY Claire / GAMET Yvan

Introduction

La gliomatose cérébrale (GC) est une tumeur rare, caractérisée par une infiltration diffuse de cellules gliales néoplasiques dans le parenchyme cérébral. Nous rapportons ici un cas de GC à localisation atypique chez une chienne Cane Corso stérilisée de 3 ans, présentant des troubles de l'équilibre évoluant vers une aggravation progressive depuis 2 mois.

Anamnèse

Épisodes récurrents pendant lesquels l'animal présente des manifestations évoquant des crises d'épilepsies focales.

Examen clinique

Examen clinique général : sans anomalie.

Examen neurologique :

  • Inspection à distance : vigilance normale
  • Posture : tête penchée à droite avec tremblements incontrôlés et augmentation du polygone de sustentation sur les 4 membres
  • Démarche : ataxie asymétrique des 4 membres avec hypermétrie des 4 membres plus marquée sur le membre antérieur gauche et une tendance à chuter à gauche
  • Réactions posturales : placers proprioceptifs normaux, sautillement et hémilocomotion diminués au niveau des 4 membres
  • Réflexes médullaires : normaux
  • Nerfs crâniens : nystagmus vertical déclenché par une hyperextension de la tête
  • Douleur : absence

Un syndrome vestibulaire central paradoxal ou mixte cérébello-vestibulaire ont été suspectés.

Hypothèses diagnostiques : Nous suspectons une méningoencéphalite dysimmunitaire ou infectieuse ou un processus tumoral, diffus ou multifocal au niveau de la fosse postérieure.

Examens complémentaires :

  • Examen sanguin hémato-biochimique et électrophorèse des protéines sériques : sans anomalie
  • Examen tomodensitométrique de l'encéphale et du rachis : légère spondylose ventrale de C6 à T1.
  • Analyse cytologique du LCS : sans anomalie
  • Recherche PCR de Neospora caninum et Toxoplasma gondii sur LCS : négative.
  • IRM de l'encéphale : lésion cérébelleuse intra-axiale compatibles avec une lésion inflammatoire ou tumorale diffuse.

Traitement

Un traitement à base de prednisolone à dose immunosuppressive dégressive et de gabapentine a été mis en place.

Suivi

Un contrôle à 6 semaines révèle une aggravation des symptômes neurologiques motivant une procédure de fin de vie.

Examens complémentaires post-mortem :

  • Examen histologique (tableau 1 ; figure 2) : gliome indifférencié

7264 1

  • Examen immunohistochimique (tableau 2 ; figure 3) : gliomatose cérébrale

7264 2

Discussion

La GC est un sous type rarissime du gliome, rapporté occasionnellement chez le chien, avec une incidence augmentée chez les races brachycéphales (Tauro et al., 2021), le cas de notre animal.

En médecine humaine, en absence des signes cliniques pathognomoniques, l'IRM représente l'examen de choix. Il révèle des lésions diffuses hypo à isointenses sur les séquences T1 et une hyperintensité marquée en T2 et T2-FLAIR (avec des lésions diffuses) (Tauro et al., 2021). Dans ce cas, des lésions similaires ont été rapportées au niveau du cervelet.

Cette localisation est considérée comme rarissime chez l'homme et exceptionnellement rapportée chez le chien (Liatis et al., 2022). Cette localisation explique cliniquement l'atteinte mixte cérébello-vestibulaire, rapportée dans notre cas et en fait sa particularité. L'infiltration cellulaire neuroparenchymateuse diffuse sans altération de l'architecture sous-jacente, sans masse associée confirme une GC de type 1 (Louis et al., 2016).

Cependant l'imagerie manque de précision pour différencier une GC d'une autre tumeur infiltrante, d'où la nécessité d'une évaluation histopathologique. Celle-ci montre une infiltration diffuse mixte de cellules allongés fusiforme en faveur des cellules gliales et astrocytaires au niveau de la substance blanche du noyaux cérébelleux, du bulbe rachidien et du cervelet. L'étude de Porter et al. (2003) suggère l'implication de plusieurs lignées cellulaires ou l'implication de cellules progénitrices non différenciées dans la genèse de la GC. Dans notre cas, l'examen histologique simple n'a pas permis de faire la différence entre une GC et un autre type de gliome, aboutissant à la conclusion de gliome indifférencié, d'où le recours à l'examen immunohistochimique afin de le caractériser.

L'examen immunohistochimique a permis de mettre en évidence la prédominance de cellules immunitaires marquées au Iba1, en faveur d'une infiltration microgliale et une implication astrocytaire via la positivité au GFAP. Cependant nous ne savons pas si ces astrocytes font partie de la population tumorale ou s'ils sont le résultat d'une réaction à l'infiltration tumorale (Gruber et al., 2006). Cet examen a permis de confirmer la suspicion de gliomatose cérébrale, majoritairement dans le cervelet, une localisation rare.

Conclusion

Ce cas décrit un modèle rare de gliomatose cerebri affectant principalement le cervelet. La clinique et l'imagerie de cette entité sont peu spécifiques, ce qui entrave le diagnostic ante-mortem. Ainsi, en présence de signes neurologiques sans apport de l'imagerie, l'examen post-mortem est indispensable pour obtenir un diagnostic, les biopsies ante-mortem étant difficilement réalisables.

Bibliographie

  1. GRUBER, A., LESCHNIK, M., KNEISSL, S., et al. (2006) Gliomatosis cerebri in a dog. Journal of Veterinary Medicine. A, Physiology, Pathology, Clinical Medicine vol. 53, n° 8, p. 435-438.
  2. LIATIS, T., HAMMOND, G., CHAPMAN, G.E., et al. (2022) MRI findings in a young dog with gliomatosis cerebri. The Journal of Small Animal Practice vol. 63, n° 1, p. 83.
  3. LOUIS, D.N., PERRY, A., REIFENBERGER, G., et al. (2016)
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Mycobactériose féline : une affection émergente, protéiforme et un possible piège diagnostique

Alexandra CORSALETTI
92229 Bagneux
Coauteurs : C. DARMON, M. MARTINEAU, E. GOMES, C.TOUZET, E.ROBIN

Introduction

Avec le concept « one world/one health », les infections à mycobactéries constituent une préoccupation pour les vétérinaires, de part un potentiel risque zoonotique et le contexte d'antibiorésistance. Les présentations cliniques variées et l'absence de données épidémiologiques récentes en France ajoutent un véritable challenge diagnostique.

Présentation des cas

Cas 1

Un chat européen femelle stérilisée de 9 ans est présenté pour amaigrissement. Le chat vit en intérieur, mais a un accès à l'extérieur en Normandie. Une adénopathie mandibulaire a été explorée 2 ans auparavant par biopsie et l'analyse histologie a conclu à une lymphadénite pyogranulomateuse. En l'absence de traitement depuis, l'examen clinique révèle une polyadénomégalie périphérique et des nodules sous-cutanés. Un examen tomodensitométrique conclut à la présence de multiples nodules infracentimétriques sous-cutanés et abdominaux, une polyadénomégalie thoracique et abdominale et une bronchopneumopathie sévère. L'analyse histologique de biopsies ganglionnaires mandibulaires révèle à nouveau un processus pyogranulomateux. La recherche PCR est positive pour Mycobacterium spp dont la spéciation confirme une infection à Mycobacterium Microti.

Cas 2

Un chat européen femelle stérilisée de 1 an est présenté pour vomissements chroniques et hyperthermie. Le chat a accès à un jardin clos. Suite à la mise en évidence d'une adénopathie abdominale, un traitement de prednisolone à dose anti-inflammatoire est prescrit. Le chat est alors présenté pour ataxie et de phases d'hypovigilance. L'effet de masse abdominal est aggravé. Un épanchement abdominal de type exsudat est prélevé. L'analyse cytologique splénique, hépatique et de l'épanchement confirme une inflammation pyogranulomateuse, associée à la présence d'éléments filamenteux non colorées par coloration classique, et confirmés par la coloration Ziehl-Neelsen (bacilles acido-alcoolo résistant, BARR). L'examen PCR est positif pour Mycobacterium spp., et la spéciation confirme une infection à Mycobacterium avium.

Cas 3

Un chat européen femelle stérilisée de 10 ans, d'intérieur (accès à un balcon) est présenté pour masse cervicale latéralisée en région mandibulaire d'environ 4 cm de diamètre, ne régressant pas après antibiothérapie. L'examen histologique de biopsies est en faveur d'une lymphadénite pyogranulomateuse avec présence de bacilles BAAR. L'analyse PCR confirme une infection à Mycobactéries.

Cas 4

Un chat Siamois femelle stérilisée de 4 ans d' intérieur strict est présenté pour éternuements et épistaxis, sans amélioration sous antibiothérapie. L'examen clinique met en évidence une déformation nodulaire du chanfrein. Un examen tomodensitométrique confirme une masse du planum nasal avec extension intra-nasale, pour laquelle l'analyse cytologique met en évidence une inflammation granulomateuse, la coloration Ziehl-Neelsen est positive. Les mêmes lésions sont retrouvées sur les biopsies intra-nasales. L'analyse PCR confirme une infection à Mycobactérie.

Discusssion

Cette série de cas illustre le caractère protéiforme des infections à Mycobactéries chez le chat [1], 3 principaux groupes étant décrits en fonction de l'espèce de mycobactéries: forme systémique tuberculeuse, non tuberculeuse ou syndrome léproïde. Cette affection protéiforme peut constituer un véritable challenge diagnostique notamment si une biopsie et une analyse biologique (histologie, PCR) ne sont pas envisageables (disponibilités, coût). En effet, le bilan d'orientation hémato-biochimique est souvent sans anomalie [1,2,3] et, en cas de lésion ganglionnaire, l'absence de réponse à un traitement probabiliste antibiotique ou corticoïde peut laisser suspecter un processus tumoral (lymphome, métastases). L'étude de ces 4 cas met aussi en lumière que cette affection ne doit pas être écartée des hypothèses diagnostiques parmi les chats vivant en milieu urbain ou avec un accès limité/inexistant à l'extérieur. Pour 3 des 4 cas, l'accès à l'extérieur était très limité (balcon ou sortie sous harnais) et aucun chat n'était porteur de rétroviroses. En plus des habitudes de sortie, l'anamnèse peut aussi être complétée d'un questionnaire alimentaire étant donné la description de cas infectés suite à une contamination par une alimentation industrielle [3].

Conclusion

Cette série de cas rappelle l'importance d'inclure la mycobactériose dans le diagnostic différentiel des lésions pyogranulomateuses. La demande spécifique au laboratoire d'une coloration Ziehl-Neelsen pour rechercher des bacilles BARR est un point clé dans la démarche diagnostique. L'utilisation de la technique PCR et notamment une spéciation (centre de référence ANSES) est indispensable afin de caractériser le risque zoonotique et les enjeux sanitaires pour les propriétaires des chats atteints (déclaration obligatoire pour les formes tuberculeuses).

Bibliographie

  1. Lloret., et al.(2013) Mycobacterioses in Cats: ABCD guidelines on prevention and management. Journal of Feline Medicine and Surgery 15, 591-597
  2. Gunn-Moore., et al.(2011) Mycobacterial Disease in Cats in Great Britain: I. Culture Results, Geographical Distribution and Clinical Presentation of 339 Cases. Journal of Feline Medicine and Surgery 13, 934-944
  3. O'Halloran., et al.(2019) Tuberculosis due to Mycobacterium bovis in pet cats associated with feeding a commercial raw food diet. Journal of Feline Medicine and Surgery 21, 667-68
  4. Černá, P., et al. (2020) Systemic Mycobacterium kansasii Infection in Two Related Cats. Pathogens 9,959
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Myoclonies secondaires à une myélopathie cervicale chez le chien : 20 cas

Magdalena OLENDER
06700 St Laurent Du Var
Coauteurs : COUTURIER Jérôme/GATEL Laure/CAUVIN Édouard

Introduction

Un spasme musculaire est une contraction involontaire soudaine d'un muscle, un groupe des muscles ou un fibre musculaire. En médecine humaine et vétérinaire, le terme spasme est le plus souvent associé et des tremblements ou myoclonies. Une myoclonie est un mouvement musculaire involontaire décrit comme une contraction brève et brusque, qui peut toucher un muscle ou un groupe des muscles. Cette contraction peut être rythmique, arythmique, positive ou négative. Un mouvement d'une partie du corps est également possible.

Lors de myélopathie cervicale, une cervicalgie est un motif de consultation très fréquent en médecine vétérinaire. Les douleurs observables et l'hyperesthésie cervicale retrouvée à l'examen neurologique résultent de douleurs d'origine mécanique et/ou neuropathique.

  • La douleur mécanique provient de la colonne vertébrale ou des structures associées (ligaments, muscles, disques intervertébraux, capsules articulaires, périoste, ganglion dorsal ou méninges).
  • La douleur neuropathique résulte la plupart de temps d'une irritation mécanique ou chimique des structures nerveuses périphériques (essentiellement les racines nerveuses).

En cas d'hernie discale extrusive, ces deux types de douleur coexistent souvent. Les manifestations typiques d'une cervicalgie sont : port de tête basse, restriction des mouvements, vocalises ou plaintes spontanées et/ou pendant la palpation ou manipulation du cou. Des spasmes musculaires associés à une cervicalgie ont été rapportés dans une étude, mais n'ont pas été caractérisés davantage.

L'objectif de cette étude est de caractériser les myoclonies observées chez des chiens atteints de myélopathie cervicale.

Matériels et méthodes

Étude rétrospective.

Les chiens sont retrouvés dans la base des données électroniques de la clinique, avec les mots clé "myoclonie cervicale" ou "spasme cervical". Pour chaque chien, les informations concernant l'âge, la race, la durée des signes, le diagnostic final et traitement doivent être disponibles. Les spasmes cervicaux étaient caractérisés comme unilatéraux ou bilatéraux. Un scanner cervical pré et post-contraste est fait dans tous les cas, suivi d'un myeloscanner dans un cas.

En cas de diagnostic d'une hernie discale, la lésion était caractérisée plus précisément : le site d'extrusion, la latéralisation et le degré de compression de la moelle épinière. Un suivi clinique à court terme était accessible pour certains chiens (visite de suivi post-opératoire). Pour les autres cas, un suivi téléphonique a été réalisé à long terme.

Résultats

Vingt chiens ont rempli les critères d'inclusion. La cervicalgie était le seul signe clinique chez 15 chiens. Un chien avait des déficits posturaux sur les quatre membres et trois chiens avaient une monoparesie d'un membre thoracique. La race la plus atteinte était le Bouledogue Français (13).

Tous les chiens ont été diagnostiqués d'une hernie discale extrusive cervicale. La prévalence de myoclonie cervicale était de 3,77% dans tous les cas de hernies discales cervicales dans la période étudiée. Les détails des résultats d'imagerie et de la présentation clinique sont résumés dans le tableau 1.

7270

Les chiens ont été traités médicalement (9) ou chirurgicalement (11). Lors d'un suivi à long terme, un chien présentait des épisodes intermittents de myoclonies cervicales, un des épisodes de cervicalgie favorisés par l'effort. Un chien a subi une dégradation clinique sans exploration des causes et il a récupéré progressivement en plusieurs mois. La présence des myoclonies n'a pas influencé la récupération finale ou le pronostic.

Discussion

D'après l'observation de la morphologie des spasmes musculaires décrits dans cette étude, le terme myoclonie paraît le plus approprié.

Deux types de myoclonies pourraient correspondre aux spasmes présents lors d'une hernie discale : myoclonie segmentaire spinale (liée à des lésions intramédullaires) ou myoclonie périphérique (liée à l'irritation du système nerveux périphérique). L'irritation des structures nerveuses par le matériel extrudé dans le canal vertébral peut se faire de façon mécanique et/ou chimique.

Dans notre étude, tous les chiens présentés avec des myoclonies avaient une hernie discale cervicale, la localisation étant toujours crâniale à C4-C5. Les muscles impliqués par les spasmes ne sont pas certains, mais des muscles superficiels du cou sont suspectés (ex. muscle brachiocéphalique, omotransversaire ou sternocéphalique). Ces muscles sont innervés par la branche externe du nerf accessoire et branches ventrales des nerfs cervicaux VI-VII.

Conclusion

Les myoclonies cervicales sont une présentation atypique et rare rencontrées exclusivement lors d'extrusion discale cervicale crâniale dans notre étude. Des études prospectives et électrodiagnostiques sont nécessaires pour déterminer l'origine et pathophysiologie exacte de ce signe clinique.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.