6 conférences (seules sont affichées les conférences pour lesquelles un texte a été fourni).

> Diagnostic et traitement d'une migration transmurale intestinale de SUB chez trois chats.

Julien BOULLENGER
34080 Montpellier
Coauteurs : LAFUMA François / BAUDIN TREHIOU Clément / BLOND Laurent / GIBERT Sophie / KULENDRA Nicola

Introduction

La dérivation urétérale sous-cutanée (SUB) est la technique chirurgicale de choix pour la prise en charge des obstructions urétérales félines ne répondant pas au traitement médical. Bien que permettant de traiter une atteinte potentiellement mortelle, l'utilisation d'un tel dispositif reste associée à un certain nombre de complications (infections urinaires, cystites, occlusion du système notamment). Une nouvelle complication est ici décrite chez trois chats.

Anamnèse : trois chats avec des SUB placés pour obstructions urétérales sont référés. Le cas 1 est une  femelle européenne stérilisée de 8 ans avec un SUB bilatéral placé il y a 29 mois. Il présente des vomissements, de la dysorexie et de l'abattement depuis 2 jours. Le cas 2 est une femelle européenne stérilisée de 9 ans avec un SUB unilatéral placé il y a 15 mois et une maladie rénale chronique (MRC) depuis. Il présente de l'hyperthermie, des vomissements, une dysorexie, de l'abattement depuis 4 jours. Le cas 3 est un Ragdoll mâle castré de 7 ans avec une infection urinaire à Escherichia coli et Enterococcus faecalis évoluant depuis 6 semaines et réfractaire au traitement à l'enrofloxacine. Un SUB bilatéral avait été placé il y a 23 mois et une urographie intraveineuse avait montré une reperméabilisation des uretères un mois auparavant.

Examen clinique : l'examen clinique est sans anomalie dans les 3 cas.

Démarche diagnostique

Pour le cas 1, une discrète azotémie est détectée (créatinine = 20 mg/L ; urée = 1,7 g/L) ainsi qu'une discrète leucocytose neutrophilique. L'ionogramme est normal. Une uroculture réalisée depuis la vessie et la chambre de dérivation du SUB révèle une infection à E coli multirésistant. L'échographie abdominale montre le cathéter de néphrostomie et son manchon à l'intérieur de la lumière du duodénum descendant, sans dilatation pyélique ou obstruction digestive associées. Pour le cas 2, la MRC a progressé (créatinine = 39 mg/L ; urée = 3,7 g/L) et une discrète leucocytose neutrophilique est présente. L'ionogramme est normal. L'échographie abdominale montre une dilatation pyélique (3 mm) à droite. Le flush du SUB est impossible et l'analyse d'urine depuis la chambre de dérivation détecte une infection à E coli. Pour le cas 3, aucune anomalie sanguine n'est détectée. Le flush du SUB droit est impossible sous fluoroscopie et aucune urine ne peut en être récoltée. Pour chacun des chats, une laparotomie est décidée. Elle révèle pour les cas 1 et 2, des adhérences entre le duodénum et le site de néphrostomie avec migration de la partie proximale du cathéter de néphrostomie dans l'intestin et, pour le cas 3, des adhérences entre le jéjunum et la vessie et une migration des cathéters de cystotomie dans l'intestin à leur abouchement vésical.

Traitement

Une entérectomie est réalisée dans les 3 cas et une cystectomie partielle est effectuée pour le cas 3. Le SUB est remplacé par un nouveau dans le cas 1 car l'obstruction urétérale est persistante. Pour le cas 2, le SUB est retiré après confirmation de la perméabilisation de l'uretère par pyélographie peropératoire. Les deux SUB sont retirés dans le cas 3. Après une hospitalisation comprise entre 5 et 9 jours, les chats rentrent avec une antibiothérapie ciblée selon les antibiogrammes. Dans le cas 1, une infection urinaire persiste malgré l'antibiothérapie et les flushs du SUB au tétra-EDTA. À 9 mois post-opératoire, les paramètres rénaux ont modérément augmenté et l'infection urinaire à E. coli persiste. Puisque le chat était asymptomatique, aucun traitement n'est donc poursuivi. Il est ensuite perdu de vue. Dans le cas 2, l'infection urinaire se résout en 2 semaines. Il est euthanasié 1 an plus tard en raison d'une dégradation sévère de la MRC. Pour le cas 3, l'infection urinaire est résolue en 5 semaines. Lors du dernier contrôle à 61 mois post-opératoire, une azotémie modérée est présente et une échographie de contrôle montre une nouvelle obstruction urétérale à droite avec un rein gauche atrophié.

Discussion - Conclusion

La migration transmurale intestinale de SUB est une nouvelle complication peu décrite. Deux cas ont déjà été rapportés chez deux chats 1,2 et 3 ans après implantation. Dans les 3 cas décrits ici les signes cliniques sont peu spécifiques (abattement, infection urinaire, troubles digestifs, hyperthermie) et le diagnostic difficile. L'apport de l'échographie apparait limité et nécessite un examen attentif de l'ensemble du dispositif, et d'autres modalités d'imagerie utilisées dans les suivis de SUB (fluoroscopie, études de contraste) n'ont pas permis de diagnostiquer cette complication. Il semble donc nécessaire d'inclure cette complication au diagnostic différentiel des obstructions de SUB, et à ceux des troubles digestifs et des infections urinaires chez les chats avec un SUB et de la rechercher spécifiquement lorsqu'aucune cause évidente n'est identifiée.

Bibliographie

  1. Johnston SK, Bennett T, Miller AJ. Intestinal perforation involving the Dacron cuff of nephrostomy tubes following subcutaneous ureteral bypass system implantation for ureteral obstructions in two cats. JFMS Open Reports 2021.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Etude prospective sur l'évaluation du traitement des syndromes dilatation et torsion de l'estomac par laparoscopie chez le chien

Ludivine VELAY
77580 Villiers sur Morin
Coauteurs : ETCHEPAREBORDE Sébastien

Introduction

Les syndromes de dilatation et torsion d'estomac (SDTE) sont très fréquents chez les chiens de grandes races et géantes avec un taux de mortalité entre 10% et 27%. Plusieurs indicateurs pronostiques ont été décrits avec des indicateurs préopératoires (état clinique à l'admission, durée des signes cliniques, concentration en lactate sanguin, évolution de la concentration des lactates après réanimation), peropératoires (splénectomie, gastrectomie) et postopératoires (hypotension, péritonite, CIVD). Les techniques de gastropexie prophylactique sont maintenant et de plus en plus, effectuées par laparoscopie. L'intérêt pour les techniques peu invasives a augmenté afin de réduire la douleur et la morbidité associées à la chirurgie en ouvert. L'objectif de cette étude est de décrire la technique chirurgicale et les résultats cliniques des chiens traités par gastropexie en laparoscopie pour la gestion des SDTE après réanimation médicale.

Matériels and méthodes

Les chiens atteints de SDTE ont été inclus dans l'étude dès que le propriétaire accepte le protocole après un minimum de 90 minutes de réanimation. Ces chirurgies sont effectuées en journée. Si le sondage orogastrique des animaux arrivés de nuit ou de jour est infructueux ou si une autre chirurgie abdominale est nécessaire, la chirurgie se déroule par laparotomie. Les chiens sont opérés par laparoscopie à trois ports. Un port de 10 mm est placé 5 cm caudalement à l'ombilic, un de 5 mm sur l'ombilic et le 3ème de 10 mm, 5 cm crânial à l'ombilic paramédian droit. La pression intra-abdominale est réduite à 8 mmHg pour faciliter l'apposition de l'estomac à la paroi abdominale. La gastropexie du côté droit est pratiquée par laparoscopie à l'aide d'un fil de suture cranté unidirectionnel. Cette opération est effectuée après avoir repositionné l'estomac (si nécessaire) grâce à des pinces Babcock et un rétracteur chirurgical / laparoscopique de 10 mm, 32 cm Endo Retract™ Maxi Covidien. L'estomac a été inspecté grâce à des pinces Babcock. Si des lésions gastriques nécessitant une gastrectomie ou si une splénectomie est nécessaire ou en cas d'échec de la gastropexie sous laparoscopie, la chirurgie est convertie en laparotomie. Les résultats à court terme et à 1 mois ont été collectés.

Résultats

14 chiens ont été inclus dans cette étude avec un poids médian de 25 kg (30,4-50.25) et un âge médian était de 6,7ans (1-9). Le taux de survie était de 85,7 %. Les complications peropératoires comprenaient une lacération splénique. Parmi les 14 chiens traités dans cette étude, seulement 5 avaient l'estomac tourné à 180° au moment de la chirurgie. Une seule conversion en laparotomie a été nécessaire car l'intubation orogastrique n'a pas permis la vidange de l'estomac. Aucun chien n'a présenté de nécrose de l'estomac. La durée médiane de l'hospitalisation était de 2 jours. Deux chiens sont décédés en postopératoire immédiat. Aucune reprise n'a été nécessaire. Un suivi était disponible à 1 mois pour 12 chiens qui étaient toujours en vie sans signe de récidive et sans complications rapportées.

Discussion - Conclusion

La gastropexie par laparoscopie présente une faible morbidité et a conduit à des résultats favorables chez 11/14 chiens dans cette série avec une conversion et 2 chiens décédés. Le taux de mortalité est similaire aux chiens traités par laparotomie. Cette étude a démontré la faisabilité de replacer l'estomac par laparoscopie. Les principaux avantages de la laparoscopie sont la possibilité de diminuer la morbidité et la douleur et de faciliter la guérison. Dans une précédente étude, la gastropexie préventive par laparoscopie a permis une meilleure activité postopératoire que la gastropexie par laparoscopie assistée. La principale limitation de cette technique est la présence de nécrose gastrique qui nécessiterait une conversion. Dans cette étude, il n'y avait pas de degré torsion supérieure à 180°, de sorte que la faisabilité de la technique sur des torsions à 360° n'a pas été évaluée. Les résultats de cette étude appuient l'utilisation de la gastropexie par laparoscopie pour traiter les chiens atteints de SDTE. Une étude similaire avec une plus grande cohorte serait nécessaire pour confirmer ces résultats.

Références

  1. Mackenzie G, and all. (2010). A retrospective study of factors influencing survival following surgery for gastric dilatation-volvulus syndrome in 306 dogs. J Am Anim Hosp Assoc. ;46(2) :97-102.
  2. MAYHEW PD and all. (2009). Prospective Evaluation of Two Intracorporeally Sutured Prophylactic Laparoscopic Gastropexy Techniques Compared with Laparoscopic Assisted Gastropexy in Dog. Vet surg. 38:738-46.
  3. COLEMAN KA and all. (2019). Evaluation of gastric motility in nine dogs before and after prophylactic laparoscopic gastropexy: a pilot study. Australian veterinary journal. 97.
  4. LHUILLERY E. and all. (2022). Outcomes of dogs undergoing surgery for gastric dilatation volvulus after rapid versus prolonged medical stabilization. Vet surg. 1;10.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Évaluation de la viabilité économique de la coelioscopie en chirurgie des animaux de compagnie en France : enquête auprès de 331 propriétaires

Maxime FAUL
94700 Maisons alfort
Coauteurs : FAUL Maxime / MAURICE Émeline / MANASSERO Mathieu / LEGRAND Chantal

Introduction

En chirurgie vétérinaire, la coelioscopie apporte de nombreux avantages par rapport à la laparotomie : des plaies de plus petite taille, une convalescence plus courte, de moindres douleurs post-opératoires et des complications moins fréquentes (Culp et al., 2009; Freeman et al., 2010; Maurin et al., 2020). Cependant, l'investissement financier qu'elle représente, tant en termes de matériel que de formation, peut constituer un frein à son développement au sein des structures vétérinaires françaises. Afin d'estimer sa viabilité économique en France, nous proposons d'appliquer une analyse conjointe à la laparotomie et la coelioscopie. L'analyse conjointe est une étude statistique basée sur la conception de questionnaires permettant d'évaluer l'impact de certaines caractéristiques (appelées attributs) d'un produit/service sur le comportement des consommateurs. Elle est couramment utilisée en marketing pour prédire l'adoption de nouveaux produits ou services par les consommateurs. Les objectifs de cette étude sont de déterminer quels attributs influencent les propriétaires quant au choix de la coelioscopie par opposition à la laparotomie, et de quantifier la différence de prix que ceux-ci sont prêts à investir pour bénéficier des avantages de la coelioscopie.

Matériel et méthodes

L'analyse conjointe a été menée en France auprès de 1490 propriétaires d'animaux de compagnie à l'aide du logiciel Conjoint.ly®. Sept attributs ont été définis : probabilité de succès de l'opération, douleur post-opératoire, durée de restriction de l'activité, durée d'hospitalisation, probabilité de complication mineure/majeure et montant de la prise en charge. Les répondants étaient inclus s'ils résidaient en France et si le questionnaire était intégralement complété. Les données sont exprimées en moyenne [IC95%].

Résultats

331 répondants ont rempli les critères d'inclusion. Les facteurs les plus influençants auprès des propriétaires dans leur prise de décision quant aux deux types de prises en charge chirurgicales étaient le montant de la prise en charge, la douleur post-opératoire et la probabilité de survenue de complications majeures. A l'inverse, la durée d'hospitalisation ou la durée de restriction de l'activité semblaient moins impactantes. Les propriétaires de chiens interrogés étaient prêts à payer jusqu'à 268,78€ [227,43 ; 310,14] supplémentaires pour une ovariectomie sous coelioscopie et jusqu'à 403,54€ [335,52 ; 471,55] supplémentaires pour toute autre opération sous coelioscopie par rapport à une laparotomie. Un montant de prise en charge chirurgicale supérieur à 1 300€ influençait négativement leurs décisions.

Discussion

Dans cette étude, les propriétaires de chiens étaient prêts à débourser en moyenne jusqu'à 270€ supplémentaires pour une opération de convenance, et jusqu'à 400 € supplémentaires pour toute autre opération, afin de faire bénéficier des avantages de la coelioscopie à leurs animaux : en particulier de limiter la douleur post-opératoire et la probabilité de survenue de complications majeures. Le coût total de l'intervention sous coelioscopie ne devait cependant pas dépasser 1300€, car les propriétaires préféraient alors une technique chirurgicale moins onéreuse. Le coût de revient de la coelioscopie par rapport à la laparotomie est difficile à évaluer et dépend de nombreux facteurs mais peut être estimé entre 150 et 250€ supplémentaires par intervention (Faul et al., 2022) , ce qui est du même ordre de grandeur que les coûts supplémentaires que sont prêts à payer les propriétaires pour bénéficier de cette technique, la rendant donc potentiellement viable économiquement. Bien que difficilement comparable du fait d'un modèle économique différent, ces observations confirment celles déjà réalisées aux Etats Unis (Jones et al., 2017).

Conclusion

Cette étude montre que les propriétaires d'animaux interrogés sont prêts à dépenser plusieurs centaines d'euros supplémentaires pour faire bénéficier des avantages de la coelioscopie à leurs animaux. Elle souligne par ailleurs l'intérêt de l'analyse conjointe dans l'accompagnement des vétérinaires souhaitant déterminer la viabilité économique associée à l'utilisation de nouvelles techniques chirurgicales.

Bibliographie

  1. CULP, W.T.N., et al. (2009) The Effect of Laparoscopic Versus Open Ovariectomy on Postsurgical Activity in Small Dogs. Veterinary Surgery vol. 38, n° 7, p. 811-817. [https://doi.org/10.1111/j.1532-950X.2009.00572.x]
  2. FAUL, M., et al. (2022) Evaluation de la viabilité économique et clinique de la coelioscopie en chirurgie vétérinaire des animaux de compagnie en France. Thèse d'exercice vétérinaire d'Alfort 2022.
  3. FREEMAN, L.J., RAHMANI, E.Y., AL-HADDAD, M., et al. (2010) Comparison of pain and postoperative stress in dogs undergoing natural orifice transluminal endoscopic surgery, laparoscopic, and open oophorectomy. Gastrointestinal Endoscopy vol. 72, n° 2, p. 373-380. [https://doi.org/10.1016/j.gie.2010.01.066]
  4. JONES, K., et al. (2017) Evaluation of the economic and clinical feasibility of introducing rigid endoscopy and laparoscopy to a small animal general practice. Journal of the American Veterinary Medical Association vol. 250, n° 7, p. 795-800. [https://doi.org/10.2460/javma.250.7.795]
  5. MAURIN, M., et al. (2020) A systematic review of complications related to laparoscopic and laparoscopic‐assisted procedures in dogs. Veterinary Surgery vol. 49, n° S1. [https://doi.org/10.1111/vsu.13419]
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Prise en charge des lithiases urétrales obstructives chez le chien : étude rétrospective de l'efficacité de l'urohydropropulsion rétrograde sur 86 cas (2010-2020)

Émeline MAURICE
91330 Yerres
Coauteurs : GARGIULO Annabelle / MAUREY Christelle / MANASSERO Mathieu

Introduction

Les lithiases urétrales obstructives peuvent affecter les chiens mâles de tout âge et conduire au développement d'une insuffisance rénale aiguë post-rénale, potentiellement mortelle [1,2]. Dans cette situation, les voies urinaires doivent être reperméabilisées le plus rapidement possible. Ceci consiste en première intention à repousser les urolithes dans la vessie par urohydropropulsion rétrograde (UHPr) [3]. La réussite ou l'échec de cette procédure conditionne le traitement chirurgical qui s'en suivra : en cas d'UHPr fructueuse, les calculs, alors vésicaux, pourront être retirés par cystotomie ; dans le cas contraire, la reperméabilisation des voies urinaires ne pourra être obtenue que par urétrostomie en amont du site d'obstruction, procédure plus morbide et impliquant une modification définitive de l'anatomie urinaire [3,4]. Les facteurs de réussite de l'UHPr dans ce contexte ne sont pas documentés dans la littérature, malgré la fréquence de recours à cette procédure en clientèle. Cette étude a pour objectif de les déterminer, ainsi que le pourcentage de réussite associé à l'UHPr.

Matériels et méthodes

Les dossiers médicaux des chiens mâles présentés pour obstruction urétrale par lithiase au sein de notre structure entre 2010 et 2020 ont été recensés rétrospectivement. Les données collectées étaient : statut sexuel de l'animal, âge, race, note d'état corporel, antécédents urinaires, durée d'évolution, taille, nombre, localisation et nature des lithiases urétrales, caractère partiel ou complet de l'obstruction, degré de sédation/anesthésie lors de l'UHPr, réalisation ou non d'une péridurale, réussite ou non de l'UHPr, type d'intervention chirurgicale (cystotomie/urétrostomie). Les chiens étaient exclus en cas d'obstruction urétrale d'origine non lithiasique. Les résultats sont présentés sous forme de pourcentages et de médianes [quartiles]. Les pourcentages ont été comparés à l'aide du test du Chi2, les médianes à l'aide du test de Mann-Whitney.

Résultats

86 chiens, âgés de 1 à 13 ans et pesant de 2 à 96 kg, ont été inclus dans l'étude. 83% présentaient plus d'une lithiase urétrale. L'UHPr s'est avérée fructueuse dans 77% des cas, chez qui les calculs ont été retirés par cystotomie. Pour les 23% restants, l'UHPr s'est soldée par un échec et la reperméabilisation des voies urinaires a été assurée soit par urétrostomie (10%), soit par urétrostomie couplée à une cystotomie (13%). Les urolithiases non délogeables par UHPr étaient localisées chez 89% des chiens concernés au niveau de l'os pénien. Le pourcentage de réussite de l'UHPr était significativement plus élevé lorsqu'elle était effectuée sous anesthésie générale plutôt que sous sédation (83% vs 21%, p0,0001). Parmi les UHPr ayant échoué sous sédation, 73% ont été fructueuses lorsque réitérées sous anesthésie générale. La taille de la plus grosse lithiase urétrale présente à l'admission sur les radiographies était significativement plus petite lors d'UHPr fructueuse que lors d'UHPr infructueuse (4.0mm [3.0 ;5.0] vs 6.0mm [4.8 ;7.0], p=0,015). Le statut sexuel, l'âge, la race, la note d'état corporel, l'existence d'antécédents urinaires, la durée d'évolution, le nombre/la nature des lithiases, le caractère partiel/complet de l'obstruction et la réalisation ou non d'une péridurale, n'étaient pas associées significativement à la réussite de l'UHPr.

Discussion

L'UHPr est associée dans cette étude à un pourcentage élevé de réussite, notamment lorsqu'effectuée sous anesthésie générale (83%), probablement du fait de la narcose, l'analgésie et la myorelaxation induites. Ainsi, lorsqu'elle échoue sous simple sédation (79% des cas), l'UHPr doit être réitérée sous anesthésie générale (73% de réussite après un échec sous sédation). Ce pourcentage de réussite sous anesthésie générale est du même ordre de grandeur que le seul rapporté lors d'UHPr effectuée sous anesthésie générale et péridurale (93%) [5]. Notre étude n'a cependant pas montré d'association entre la réalisation d'une péridurale et la réussite de l'UHPr, la nécessité de ce geste technique supplémentaire reste ainsi à prouver. L'UHPr présente néanmoins des limites dans sa réalisation, même sous anesthésie générale, car les lithiases de plus de 5 à 6 mm et/ou localisées au niveau de l'os pénien sont les plus difficiles à déloger.

Conclusion

Cette étude suggère que le recours à l'urétrostomie est la plupart du temps évitable chez les chiens mâles admis pour obstruction urétrale par lithiases, la majorité des calculs urétraux, en particulier s'ils mesurent moins de 5 à 6 mm et sont localisés en amont de l'os pénien, pouvant être extraits par cystotomie après UHPr sous anesthésie générale.

Bibliographie

  1. BARTGES J.W., CALLENS A.J. (2015) Urolithiasis. Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract. 45(4), 747-768
  2. BALAKRISHNAN A., DROBATZ K.J. (2013) Management of urinary tract emergencies in small animals. Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract. 43(4), 843-867
  3. LULICH J.P., BERENT A.C. et al. (2016) ACVIM Small Animal Consensus Recommendations on the Treatment and Prevention of Uroliths in Dogs and Cats. J Vet Intern Med 30(5), 1564-1574
  4. HAMAIDE A. (2016) Surgery of the Urinary Bladder. In Complications in small animal surgery, Ed Griffon D., Hamaide A. Hoboken, Wiley_Blackwell, pp 492-496
  5. THIEL C., HÄUSSLER T.C. et al. (2019) Urethrolithiasis beim Hund - Eine retrospektive Untersuchung an 83 Rüden. Tierarztl. Prax. Ausg. K Klientiere Heimtiere 47(6), 394-401
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Sténoses préputiales acquises par léchage traitées chirurgicalement chez quatre chatons

Marie ROUSSEAU
69800 Saint Priest
Coauteur : FERRAND François-Xavier

Introduction

Le phimosis est une anomalie du prépuce qui entraîne une impossibilité d'extériorisation du pénis du fait d'un orifice préputial trop petit ou absent. Cette affection peut être congénitale ou acquise. Peu de cas sont décrits chez le chat. Parmi les hypothèses émises à l'origine d'un phimosis acquis, le léchage du prépuce par la mère ou les congénères de la portée est rapporté. Nous décrivons ici la présentation clinique, la prise en charge chirurgicale et le pronostic de 4 cas avérés de chatons atteints de phimosis post-léchage.

Matériel et méthodes

Inclusion des cas

Les chats de moins de 6 mois présentés pour sténose préputiale et avec un historique de léchage chronique avéré de la région périnéale par la mère ou les congénères ont été inclus dans l'étude, à condition d'avoir été pris en charge chirurgicalement par une plastie préputiale, et avec un suivi d'au moins 6 mois. Les données concernant l'âge, la présentation clinique et les examens complémentaires ont été récoltées.

Technique chirurgicale

La procédure chirurgicale a été effectuée par un diplômé ECVS sous anesthésie générale après préparation aseptique de la zone. L'animal est positionné en décubitus ventral, jambes pendantes. Le type de sténose préputiale a été défini suivant la classification de Vlaming et al. Suivant le type de sténose et selon l'évolution post-opératoire, 3 procédures chirurgicales ont été utilisées: préputioplastie en coin, préputioplastie circonférentielle ou urétrostomie périnéale. Les adhérences entre le pénis et la muqueuse préputiale ont été levées si celles-ci empêchaient une extériorisation correcte du pénis. Un sondage urétral per-opératoire a été effectué.

Résultats

4 chats ont pu être inclus dans l'étude, tous de race européenne. La moyenne d'âge était de 2,5 mois (1-4 mois).

Présentation clinique

Les 4 chats inclus dans l'étude présentaient des signes cliniques similaires : dysurie (n=4), strangurie (n=3), hématurie (n=4). Ils étaient tous issus d'un élevage ou d'un refuge avec vie en communauté. Un léchage intempestif de la région périnéale par la mère ou les congénères est systématiquement décrit. L'examen clinique a révélé une vessie distendue et un pénis non extériorisable (n=4). Le prépuce était distendu par de l'urine (n=4). 2 chats avaient déjà présenté un épisode d'hématurie résolu sous anti-inflammatoires non stéroïdiens. 2 chats étaient azotémiques.

Procédure chirurgicale

La technique utilisée sur le premier chat a différé des 3 suivants : débridement des adhérences entre le pénis et le fourreau et préputioplastie en coin dorsale. Sur les trois autres chats, il n'y avait pas d'adhérence entre les muqueuses pénienne et préputiale. Une large incision circonférentielle en forme de goutte et une ablation de la zone sténosée ont été réalisées, suivies d'une suture cutanéo-muqueuse par points simples.

Suivi et complications

Aucune complication per-opératoire ni post-opératoire immédiate n'a été observée. Le premier chat a présenté une récidive 5 mois plus tard, avec la même présentation clinique, ce qui a mené à une urétrostomie périnéale. Les 3 autres chats n'ont présenté aucune complication à 6 mois post-opératoires. Une analyse histologique du prépuce a été réalisée chez un chat et s'est montrée compatible avec une inflammation chronique.

Discussion

Plusieurs causes de phimosis ont été suggérées chez les chats. Parmi elles, un léchage exagéré et intempestif de la région périnéale par la mère ou les congénères doit être considéré chez les jeunes et très jeunes vivant en communauté. L'isolement du chaton fait alors partie de la prise en charge. Étant donné le jeune âge de ces individus, une origine congénitale de la sténose préputiale ne peut être totalement écartée. La recherche d'autres anomalies congénitales concomitantes, telles qu'une cryptorchidie ou une hypoplasie pénienne, est également recommandée. Aucun des chatons ici ne présentait ce type d'anomalie. L'origine traumatique de la sténose est ici confirmée dans un cas par l'analyse histologique du prépuce. La préputioplastie apparaît être le traitement de choix de ces sténoses préputiales de léchage, la prise en charge médicale ayant préalablement échoué dans 2 cas sur 4. Une récidive de la sténose a été constatée chez un chaton. Cela peut être expliqué par la présence d'adhérences entre le pénis et la muqueuse préputiale qui, malgré le débridement per-opératoire, ont pu favoriser la survenue d'un nouveau tissu inflammatoire cicatriciel. De plus la préputioplastie en coin utilisée dans son cas est une technique dans laquelle seule une partie de la zone préputiale sténosée est retirée, contrairement à la préputioplastie circonférentielle utilisée dans les autres cas. Cette dernière est plus invasive et engendre une extériorisation partielle du gland qui se corrige avec la croissance.

Conclusion

Une sténose préputiale de léchage doit être considérée en cas de phimosis chez les chatons vivant en communauté. Une préputioplastie circonférentielle large est recommandée en première intention car semble offrir les meilleurs résultats à long terme.

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Photo 1 : préopératoire

 

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Photo 2 : postopératoire

Bibliographie

  1. Clinical characteristics, classification, and surgical outcome for kittens with phimosis: 8 cases (2009??“2017). A. de Vlaming et al, JAVMA, nov 2019, vol 255.
  2. Phimosis in Cats: 10 Cases (2000-2008). L. R. May et al, JAAHA, nov-dec 2009, vol 45.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.