6 conférences (seules sont affichées les conférences pour lesquelles un texte a été fourni).

> Ablations micro-ondes percutanées et peropératoires dans la prise en charge des cancers chez le chien et le chat : une étude retrospective de 10 cas

David SAYAG
31000 TOULOUSE
Coauteurs : JACQUES David / THIERRY Florence / MEIGE Frédéric

Introduction

L'ablation micro-ondes (AMO) est une technique de traitement local du cancer, intégrée à l'oncologie interventionnelle, permettant la destruction ciblée de tissu tumoral par énergie thermique. En oncologie humaine, le spectre d'application possible demeure large. Son développement en oncologie vétérinaire en est encore à ses balbutiements.

Objectif

L'objectif de cette étude rétrospective est de rapporter des applications cliniques de l'AMO dans la prise en charge du cancer chez le chien, et pour la première fois chez le chat.

Matériels et méthodes

Cette étude rétrospective a été réalisée entre juin 2021 et avril 2023 au sein d'un centre de référé vétérinaire. Les dossiers médicaux des chiens et chats ayant eu un diagnostic de cancer, et pour qui une prise en charge alternative aux standards thérapeutiques a été envisagée, ont été examinés en réunion de concertation pluridisciplinaire transversale afin de déterminer si l'AMO pouvait être intégrée à la stratégie thérapeutique. L'AMO pouvait être considérée en traitement percutané guidée par l'imagerie ou en traitement adjuvant peropératoire. La modalité d'application de l'ablation était déterminée au regard de la possibilité d'accès ou non à la tumeur par l'imagerie (tomodensitométrie ou échographie) et du type tumoral. Les AMO ont été réalisées à l'aide d'un générateur médical de micro-ondes (Saberwave ECO-200G, ECO microwave, MEPY Systeme), et d'antennes métalliques ou céramiques de 14G (ECO System, 200 mm). La balistique de l'antenne d'ablation, la puissance des micro-ondes et leur durée d'application étaient déterminées en fonction de la taille de la tumeur et de sa nature, en se référant à des abaques fournis par le fabriquant. L'efficacité du traitement a été évaluée lors du suivi clinique et à l'imagerie en mesurant l'évolution du plus grand diamètre mesurable de la tumeur (critères RECIST), de sa vascularisation et de la présence ou non de récidive. La qualité de vie de chaque animal a été notée sur un score de 1 (qualité de vie très dégradée, animal moribond) à 10 (excellente qualité de vie). Les effets secondaires des traitements ont été documentés.

Résultats

Neuf chiens et un chat ont été inclus au cours de la période d'étude, suite au diagnostic de sarcome des cavités nasales (3 cas), d'ostéosarcome appendiculaire (2 cas), de chondrosarcome appendiculaire (1 cas), de carcinome médiastinal (1 cas), de carcinome pulmonaire (1 cas), de phéochromocytome (1 cas), et de méningiome malin médullaire (1 cas). L'AMO a été réalisée guidée par l'imagerie chez 3 chiens (1 ostéosarcome appendiculaire, guidé par tomodensitométrie ; 1 carcinome médiastinal et 1 carcinome pulmonaire guidés par échographie) et 1 chat (sarcome des cavités nasales, guidé par tomodensitométrie). L'AMO était considérée en traitement unique du cancer chez 3 patients (2 chiens : carcinome médiastinal, carcinome pulmonaire ; 1 chat : sarcome des cavités nasales). Les 7 autres patients ont reçu une AMO dans le cadre d'une stratégie multimodale du cancer, en association avec une chirurgie, et/ou une chimiothérapie, et/ou une immunothérapie. Sur les 10 animaux traités, 9 étaient encore vivants au moment de la rédaction de ce résumé. Sur les 8 animaux ayant eu une évaluation objective de la réponse au traitement, 2 ont présenté une réponse partielle, 4 une stabilisation de la maladie, et 2 une maladie progressive. L'AMO a permis d'améliorer la qualité de vie chez l'ensemble des animaux. Au cours de la procédure de thermoablation, un seul patient a présenté une complication mineure (brulure cutanée au site d'insertion de l'aiguille). Le taux de complication liée à l'ablation micro-ondes était donc de 10%.

Discussion

Dans cette étude rétrospective, nous rapportons les résultats de l'application de l'AMO en traitement unique ou adjuvant chez 9 chiens et 1 chat. La littérature internationale sur l'AMO demeure balbutiante, alors que cette technique représente une modalité thérapeutique importante en médecine humaine depuis plus de 30 ans. Notre étude permet de consolider les données sur les AMO, et de présenter pour la première fois des applications nouvelles. Cette technique peut permettre de proposer dans certaines indications une alternative à l'amputation et peut être sur certaines tumeurs diminuer le risque de récidive. Nous manquons encore de suivi sur nos cas pour préciser les indications les plus pertinentes. Nous décrivons pour la première fois l'application de l'ablation micro-ondes dans le cadre d'une approche multimodale, ainsi qu'une ablation micro-ondes chez un chat. Les principales limites sont inhérentes au caractère rétrospectif, à l'hétérogénéité de la population d'étude et des stratégies thérapeutiques adoptées et à un suivi pour l'instant un peu court.

Conclusion

L'AMO demeure une technique applicable chez le chien et le chat avec peu de complications pouvant remplacer un acte chirurgical lourd dans certaines situations palliatives, ou aider au contrôle local des marges lors d'une chirurgie.

ONCOnseil et la Clinique Vétérinaire OCCITANIE bénéficie du soutien de la société MEPY SYSTEME, fournisseur de matériel (générateur et antennes de traitement) de thermo-ablation, dans le cadre d'un partenariat scientifique.

> Comparaison d'un tonomètre à rebond (tonovet plus®) et d'un tonomètre à indentation à usage unique (iopvet®) chez 50 chiens

Bertrand MICHAUD
01630 Saint-Genis-Pouilly

Introduction

Le but de cette étude est de comparer les valeurs de PIO obtenues chez le chien à l'aide d'un nouvel appareil de mesure, le IOPvet® (Ingeneus, Victoria AUS) par rapport à un modèle établi (Tonovet Plus® Icare, FIN).

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Matériels et méthodes

Une mesure de la PIO a été réalisée sur une cohorte de 50 chiens répartis en 2 groupes : un groupe A de 25 chiens (48 yeux) présentés en consultation d'ophtalmologie et un groupe B de 25 chiens (49 yeux) ne présentant aucun trouble oculaire. La mesure de la pression intraoculaire a été réalisée par un seul opérateur en respectant les recommandations du fabricant et les règles de bonne pratique. Un seul et même IOPVet® a été utilisé pour toute l'étude et était nettoyé après chaque utilisation. Les données issues du TonoVet plus® sont numériques, variables quantitatives faciles à aborder. Les données issues de IOPvet® sont des intervalles et doivent être considérées comme qualitatives. Les 2 ensembles de valeurs ne peuvent pas être comparés en l'état, il faut les transformer. Il s'agit d'utiliser des intervalles cliniquement cohérents, avec une zone 30 (pathologique). Une zone grise a été choisie car cette fourchette de valeurs semble être la moins fiable du dispositif IOPvet®. Deux t-test unilatéraux (test de Student) ont été utilisés pour l'analyse statistique. Une représentation graphique des zones d'équivalence et de l'intervalle de confiance a également été faite afin de valider visuellement les éléments obtenus par les t-tests.

Résultats

  1. Chez les sujets sains : Pour le groupe B (sujets sains), l'équivalence entre les mesures est établie. Les valeurs se répartissant de 10 à 30mmHg sont toutes physiologiques et répétitives d'un dispositif à l'autre. Les tests statistiques ne sont pas nécessaires pour prouver que les mesures issues de l'IOPvet® sont équivalentes d'un point de vue clinique à celles obtenues avec le TonoVet plus®.
  2. Chez les sujets venus pour motif ophtalmologique : Les t-test réalisés (par paires, unilatéraux) avec ces formats de valeurs ont montré que les estimations avec IOPvet® sont inférieures aux mesures avec le TonoVet plus® (p-value = 0.0031). Les intervalles étant choisis en fonction de l'utilité clinique de ces mesures, on peut conclure, pour la population de sujets atteints, que les 2 dispositifs ne sont pas équivalents. Les intervalles 10-15 et 15-20mmHg semblent être fiables et répétitifs entre les deux appareils. Les intervalles 20-25 et 25-30mmHg sont systématiquement sous évalués avec le IOPvet® avec un résultat erroné dans 37,5% des cas dans le premier intervalle et 77,78% dans le second intevalle. L'intervalle >30mmHg est quant à lui toujours exact.
  3. Répétabilité des valeurs dans le temps avec IOPvet® Afin d'évaluer la répétabilité des mesures réalisées avec IOPvet® dans le temps on a divisé le groupe A en 3 périodes puis on a comparé les différences de classes cliniques données par les différents dispositifs. Le t-test comparant la période 1 à la 3 donne un résultat identique : il n'y a aucun effet période sur les données étudiées (p-value = 0,388) ceci témoignant la possibilité de réutiliser le IOPvet® à condition de respecter les consignes d'entretien.

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Discussion

L'évaluation et le suivi de la pression intraoculaire (PIO) est essentielle dans le diagnostic et la gestion de différentes pathologies oculaires. L'interprétation de la PIO estimée est impossible sans information sur les valeurs de référence de PIO obtenues pour un tonomètre et une espèce donnés. A ce jour, aucune information n'est disponible dans la littérature concernant la fiabilité du IOPvet®. Le IopVet® apparaît comme un dispositif fiable pour apprécier des pressions intra-oculaires normales et supérieures à 30mmHg. Une zone grise est cependant présente pour les intervalles de 20-30mmHg pour lesquels le IOPvet® montre ses limites et une confirmation par un appareil de référence doit être de mise. La difficulté de notre étude réside dans le fait que nous avons comparé des données numériques quantitatives issues du TonoVet plus® avec des valeurs considérées comme qualitatives avec le IOPvet®.

Conclusion

Le faible coût de cet appareil, la possibilité de le réutiliser et sa relative fiabilité en font un outil susceptible d'être utilisé par les vétérinaires ne souhaitant pas investir dans un appareil onéreux comme le Tonovet Plus® ou les propriétaires de chien glaucomateux. Il serait intéressant de prolonger cette étude avec une cohorte plus importante de chiens présentant une hypertension intraoculaire ainsi que dans l'espèce féline.

Bibliographie

  1. Barbosa SF, Raposo ACS, Dórea Neto FdA, Araujo NLLC, Oliveira MMS, Oriá AP. TonoVet Plus®: Higher reliability and repeatability compared with Tono-Pen XL™ and TonoVet® in rabbits. Vet Ophthalmol. 2022;25:272-281.
  2. Ben-Shlomo G, Muirhead SF. Estimation of intraocular pressure in normal canine eyes utilizing the newly introduced TonoVet Plus and TonoPen Avia, and their comparison to the established TonoVet. Vet Ophthalmol. 2021;24(Suppl. 1):171-174.
  3. Leiva M & All, Comparison of the rebound tonometer (ICare ® ) to the applanation tonometer (Tonopen XL ® ) in normotensive dogs. Veterinary Ophthalmology (2006) 9 , 1, 17-21.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Nettoyage des résidus cytotoxiques dans une pratique vétérinaire spécialisée en oncologie : une étude méthodologique

David SAYAG
31000 TOULOUSE
Coauteurs : IGAU Manon

Introduction

La contamination de l'environnement de travail demeure un sujet essentiel de santé au travail, particulièrement lors de manipulation de substances cytotoxiques, à potentiel cancérigène, mutagène et reprotoxique. La manipulation des cytotoxiques en établissements de soins vétérinaires s'inscrit pleinement dans le cadre de bonnes pratiques vétérinaires, mais également dans un cadre législatif strict de protection du personnel. En médecine humaine, des études récentes recommandent un suivi régulier des surfaces de manipulation des substances cytotoxiques, afin d'ajuster au mieux les procédures standardisées de manipulation des substances cytotoxiques et de protection du personnel. L'objectif de l'étude est d'évaluer différents protocoles de nettoyage d'un plan de travail après contamination par la doxorubicine et le cyclophosphamide, deux substances cytotoxiques couramment utilisée en oncologie vétérinaire.

Matériel et méthodes

Cette étude est prospective, unicentrique. L'ensemble des mesures a été réalisé sur un plan de travail en résine synthétique, situé sous une hotte à flux laminaire vertical. Le plan de travail était divisé en carrés d'étude d'une surface standardisée de 100 cm². L'ensemble des manipulations a été réalisée par un seul opérateur afin de limiter le biais interpersonnel. La contamination a été réalisée de manière standardisée à l'aide de 200µg de doxorubicine, et 500 µg de cyclophosphamide. Chaque surface a ensuite été nettoyée selon avec un détergent donné, et selon une méthodologie donnée. Après nettoyage, la contamination par les substances cytotoxiques a été évaluée à l'aide du système de mesure rapide semi-quantitative des résidus cytotoxiques basé sur une technologie d'immunochromatographie en couche mince (BD HD Check®), en respectant les recommandations du fabricant quant à la méthode de prélèvement, le traitement de l'échantillon, et l'interprétation des résultats. Au cours de cette étude, 6 solutions détergentes ont été évaluées. Ces détergents ont été choisis sur base de leur accessibilité en établissement de soins vétérinaires, et des données disponibles dans la littérature quant à une éventuelle action contre les substances cytotoxiques. Huit méthodes de nettoyage ont été évaluées.

Résultats

Cinquante-quatre tests de recherche de résidus de cytotoxiques (27 tests pour les résidus de doxorubicine, et 27 tests pour les résidus de cyclophosphamide) ont été réalisés. Les contrôles négatifs et positifs ont permis de valider l'ensemble des mesures effectuées dans l'ensemble de l'étude. La répétition des mesures de résidus cytotoxiques a donné des résultats identiques à la fois pour la doxorubicine, et le cyclophosphamide, confirmant la répétabilité des résultats. Parmi les 6 solutions détergentes évaluées, seules les solutions d'hypochlorites de sodium ont permis l'élimination des résidus de doxorubicine. Les deux concentrations (2,4% et 4,8%) sont arrivées aux mêmes résultats. L'alcool à 70°, et les 3 solutions commerciales évaluées n'ont pas permis l'élimination des résidus de doxorubicine, quelle que soit la méthode de nettoyage appliquée. Aucune des solutions détergentes évaluées n'a permis l'élimination des résidus de cyclophosphamide. Les résultats des mesures de résidus étaient identiques quelle que soit la méthode de nettoyage appliquée. Aucune méthode de nettoyage ne semble donc supérieure à une autre. Le temps de pose du détergent n'a pas changé les résultats obtenus sur les mesures de résidus. La répétition des nettoyages n'entraine aucun changement dans les résultats de mesure des résidus. Même après 4 nettoyages consécutifs avec une solution d'hypochlorite de sodium, des résidus de cyclophosphamide ont été identifiés par les différentes mesures. La répétition de nettoyages avec des détergents différents n'a pas permis d'éliminer complètement les résidus de doxorubicine et de cyclophosphamide.

Discussion

Cette étude méthodologique met en évidence que lors d'une contamination importante par des cytotoxiques, seule une solution d'hypochlorite de sodium permet d'éliminer les résidus de doxorubicine. D'autre part, aucun détergent ou méthode particulière de nettoyage ne permet d'éliminer les résidus de cyclophosphamide en totalité. Les risques liés à la manipulation des cytostatiques utilisés en chimiothérapie sont clairement identifiés depuis la publication du rapport de l'ANSES en 2022, et des mesures de protection précises sont légalement définies à la fois en médecine vétérinaire, mais également dans le cadre du code du travail. Au regard des résultats de cette étude, il apparait important de recommander :

  • l'utilisation systématique d'un champ de préparation stérile et non absorbant sur le plan de travail servant à la préparation des agents cytotoxiques. La manipulation sous un poste de sécurité cytotoxique est d'autre part fortement recommandé ;
  • une protection maximale du personnel avec des équipements étanches adaptés ;
  • un plan de contrôle des résidus, aussi régulièrement que possible.

Conclusion

Lors de manipulation de substances cytotoxiques, le praticien doit garder à l'esprit la persistance de résidus dans l'environnement quels que soient la méthode et le détergent employés. L'utilisation dans le cadre d'un plan de contrôle qualité d'appareils de mesure des résidus peut permettre d'adapter les méthodes et procédures de préparation et d'administration des cytotoxiques au sein de l'établissement.

Cette étude a bénéficié du soutien matériel de BD (mise à disposition de l'ensemble du matériel, incluant les consommables).

> Utilisation de l'imagerie par résonnance magnétique du corps entier pondérée en diffusion pour le bilan d'extension et le suivi des lymphomes multicentriques chez le chien : preuve de concept avec deux chiens.

Grégoire BERNARDO MARQUES
69340 Francheville
Coauteurs : BARRETT Laura / CHAMEL Gabriel / DIOP Nicolas / LAJOINIE Mathilde / DOREZ Hugo / DIMEGLIO Florent / PONCE Frédérique

Introduction

Les lymphomes constituent le groupe de cancers hématopoïétiques le plus fréquent chez le chien, la présentation multicentrique étant prépondérante. L'établissement du stade clinique est une étape clé de la prise en charge et du suivi dans cette maladie et nécessite la mise en œuvre d'examens complémentaires pouvant être invasifs (ponctions) et manquer de sensibilité/spécificité.

La tomographie par émission de positrons (TEP), non accessible aux vétérinaires en France, est le standard pour le bilan d'extension des lymphomes chez l'homme. Elle implique cependant une exposition des techniciens et des patients à des radiations ionisantes.

Certaines études chez l'homme semblent montrer que l'imagerie par résonance magnétique du corps entier pondérée en diffusion (WBD-MRI) est une alternative intéressante à la TEP permettant de s'affranchir du risque d'irradiation. Cette technique permet de mesurer les coefficients de diffusion apparent (ADC) de l'eau en utilisant des gradients de champ magnétique. Un tissu plus cellulaire sera associé à une diffusion plus lente et un ADC plus faible. Son utilisation est encore peu décrite en médecine vétérinaire.

Objectifs

L'objectif de cette étude est de comparer les résultats du bilan d'extension conventionnel à ceux obtenus par WBD-MRI chez des chiens atteints de lymphomes multicentriques de haut grade avant et après prise en charge par une polychimiothérapie en phase d'induction.

Matériels et méthodes

Deux chiens atteints de lymphomes multicentriques de haut grade diagnostiqués par examen cytologique ou histologique ont été prospectivement recrutés. Un bilan d'extension initial conventionnel (hémogramme, frottis sanguin, radiographies thoraciques, échographie abdominale, analyses cytologiques foie, rate et moelle osseuse) et un examen de WBD-MRI sur système GE Signa Explorer 1.5T a été réalisé avec un temps d'acquisition total de 20 minutes. L'examen IRM est réalisé par des séquences 3D T1 Dixon en vue dorsale, ainsi qu'une séquence de diffusion (acquisitions à b=0 et b=600) en vue transversale. Les cartographies d'ADC ont été reconstruites sur la base de l'examen de diffusion.

Les chiens ont reçu un protocole L-COP. Les deux types de bilan d'extension ont été répétés à la fin de la phase d'induction pour évaluer la réponse au traitement.

Résultats

Le premier chien présentait un lymphome de stade IVb (polyadénomégalie périphérique et profonde, infiltration du foie) et le second un lymphome de stade IVa (polyadénomégalie périphérique et profonde, infiltrations rate/foie) selon la classification OMS. Ces noeuds lymphatiques modifiés lors du bilan d'extension conventionnel présentaient au WBD-MRI une hyperintensité sur les séquences de diffusion et une chute de signal sur la cartographie ADC, évoquant une infiltration nodale. Des noeuds lymphatiques non identifiés lors du bilan conventionnel ont également été identifiés au WBD-MRI.

À l'issue de la phase d'induction, les chiens présentaient une rémission complète au bilan d'extension conventionnel et une absence de signal de tous les noeuds lymphatiques à l'examen WBD-MRI (illustration 1).

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Le foie, la rate et la moelle osseuse ne présentaient pas d'anomalie de signal avant et après le traitement.

Discussion

Chez l'homme, des études comparatives ont montré que la WBD-MRI présentait une corrélation excellente avec la TEP. La méthode serait même supérieure pour prédire l'envahissement de la moelle osseuse, voire des autres organes hématopoïétiques (rate/foie), et pour l'évaluation des lymphomes de bas grade. Les séquences utilisées dans notre étude ont correctement identifié les infiltrations nodales avant traitement et une normalisation après. Elles n'ont pas permis de détecter de différence de signal concernant le foie et la rate.

Afin d'améliorer la précision de l'examen, les paramètres des séquences seront optimisées pour les prochains patients recrutés afin d'établir avec précision le stade du lymphome.

Conclusion

L'IRM de diffusion présente plusieurs avantages : la possibilité d'obtenir des valeurs objectives pour quantifier la réponse et la suivre, obtenir une répartition spatiale fiable des lésions et l'opportunité d'établir un bilan d'extension complet en un unique examen non invasif. Néanmoins, l'incapacité de discriminer l'infiltration des organes hématopoiétiques représente un désavantage de cette technique, qui nécessite encore d'être améliorée. L'imagerie par résonance magnétique en diffusion semble être une technique prometteuse pour établir le stade clinique des chiens atteints de lymphomes multicentriques et suivre la réponse au traitement, néanmoins les séquences utilisées doivent encore être améliorées afin d'augmenter sa précision et la pertinence de cette technique.

Références

  1. Albano D, et al. Whole-Body Magnetic Resonance Imaging: Current Role in Patients with Lymphoma. Diagnostics (Basel). 2021 May 31;11(6):1007
  2. Wang D, et al. Whole-body MRI versus 18F-FDG PET/CT for pretherapeutic assessment and staging of lymphoma: a meta-analysis. Onco Targets Ther. 2018 Jun 20;11:3597-3608
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Utilisation des cytoblocs en hématologie et cytologie : principes et présentation de cas pratiques.

Antoine LECOMTE
44307 Nantes
Coauteurs : Guillaume GAUTIER / Delphine BOUCHER / Nicolas SOETART / Laetitia JAILLARDON / Jérôme ABADIE

Introduction

Les cytoblocs sont des préparations à l'interface entre la cytologie et l'histologie qui peuvent être d'une aide précieuse dans la démarche diagnostique, pronostique et thérapeutique. Ils permettent en particulier le phénotypage cellulaire, qui consiste à rechercher l'expression de marqueurs cellulaires spécifiques (Cluster de Différenciation (CD), molécules antigéniques structurales ou fonctionnelles, activité enzymatique…). C'est un outil répandu en pathologie vétérinaire, notamment pour le diagnostic en oncologie. Il repose principalement sur l'utilisation de colorations spécifiques, le recours à l'immunohistochimie, l'immunocytochimie ou la cytométrie en flux. 1.

Intérêts et réalisation des cytoblocs

Place du cytobloc dans les outils de phénotypage cellulaire.

L'immunohistochimie est réalisée sur des tissus (biopsie ou pièce d'exérèse) tandis que l'immunocytochimie est pratiquée à partir d'étalements issus de liquides biologiques (sang, épanchement, liquide synovial,...) ou de cytoponctions à l'aiguille fine d'organes ou de tissus. Cette seconde méthode est cependant souvent limitée par la difficulté technique d'effectuer des immunomarquages sur des étalements, les réactifs validés en histologie n'étant pas le plus souvent utilisables sur des frottis. Les cytoblocs permettent que les liquides biologiques soient traités et conservés dans des blocs de paraffine comme des préparations histologiques, étendant ainsi la détection possible à l'ensemble des marqueurs validés en immunohistochimie, dans un but diagnostique et pronostique.

Réalisation pratique du cytobloc.

Trois techniques différentes peuvent être utilisées pour générer un cytobloc [1-5] (Figure 1).

  • Les méthodes dites de Liverpool et de Porto, respectivement réalisées à partir d'un microtube et d'un tube à microhématocrite, avec fixation au formol.
  • La méthode HistogelTM, réalisée sans fixation au formol. Les pastilles cellulaires obtenues sont transférées dans une cassette et incluses en paraffine.
  • Le reste du traitement relève des techniques (immuno)histochimiques classiques.

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Figure 1

Illustrations cliniques

  • Un cas d'épanchement pleural et abdominal d'origine indéterminée chez un chat européen de 14 ans. Un chat européen mâle stérilisé de 14 ans est référé pour un épanchement bicavitaire non lié à une cardiopathie. Une première analyse cytologique de l'épanchement pleural met en évidence de rares cellules atypiques d'histogénèse non élucidée, pouvant correspondre à des cellules épithéliales tumorales (carcinomatose) ou à des cellules mésothéliales réactionnelles ou tumorales (mésothéliome). Un cytobloc du liquide est envoyé au laboratoire en vue d'un phénotypage cellulaire, pour rechercher les marqueurs suivants : pancytokératine, vimentine et desmine[2]. Un marquage cytoplasmique intense est observé pour la pancytokératine, les marquages vimentine et desmine sont négatifs, en faveur d'une origine épithéliale et non mésothéliale des cellules suspectes et corroborant ainsi l'hypothèse d'une carcinomatose (Figure 2), précisant ainsi le pronostic (exclusion d'une origine réactionnelle). Par la suite, une masse pulmonaire a été mise en évidence par imagerie et l'examen cytologique de ponctions de cette masse et d'un ganglion régional, est en faveur d'un carcinome d'origine probablement bronchique avec métastase ganglionnaire.

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Figure 2

  • Un cas d'épanchement pleural associé à une masse médiastinale chez un chat européen de 8 ans. L'épanchement pleural d'un chat européen de 8 ans présentant une masse médiastinale est envoyé au laboratoire. L'analyse cytologique permet d'établir un diagnostic de lymphome, mais la taille intermédiaire des cellules rend le grade cytologique équivoque. L'examen immunohistochimique réalisé sur cytobloc comprend la recherche des antigènes CD3, CD20 et Ki-67. Les cellules tumorales expriment le marqueur CD3 mais pas le marqueur CD20. L'index de prolifération Ki-67 est d'environ 50%. L'ensemble de ces résultats d'immunomarquage est compatible avec un lymphome T de haut grade de malignité.
  • Un cas de leucocytose marquée chez un chien Le frottis sanguin et le myélogramme d'une chienne Malinois femelle non stérilisée de 12 ans est envoyé au laboratoire pour l'exploration d'une leucocytose marquée (114x103/µL). A l ‘examen du frottis sanguin, des blastes peu différenciés sont identifiés, ces derniers n'expriment pas d'activité myélopéroxydasique à l'examen cytochimique. Un cytobloc de la couche leucocytaire permet un examen immunohistochimique, qui révèle des blastes CD3+, CD20- et CD117-, en faveur d'un lymphome T en phase leucémique (stade V). Les données internes du laboratoire et celles de la littérature montrent que ce type de lymphome est associé à des durées de survie plus courtes (CD3- : MST = 389 jours, CD3+ : MST = 159 jours), ce qui permet au clinicien d'informer correctement le propriétaire sur le pronostic de la maladie.

Conclusion

Les cytoblocs sont des préparations facilement réalisables au chevet du patient à partir de divers liquides biologiques. Ils permettent d'aider le clinicien, en s'appuyant sur un laboratoire vétérinaire pratiquant des immunomarquages, à établir le diagnostic, le pronostic et guider la conduite thérapeutique, en particulier en oncologie et en hématologie.

Bibliographie

  1. Wallace, et al. VCP, 2015
  2. Milne, et al. VCP, 2021
  3. Jing, et al. Am J Clin Pathol, 2013
  4. Marcos, et al. VCP, 2017
  5. Marcos, et al. VCP, 2019
Pas de conflit d'intérêt déclaré.