7 conférences (seules sont affichées les conférences pour lesquelles un texte a été fourni).

> Péritonite septique secondaire à la migration d'épillet intra péritonéal : 7 cas (2014-2021)

Maxime LE BAUT
34080 Montpellier
Coauteurs : GRIFFEUILLE Emilien / LECOURTOIS Camille / BAUDIN-TRÉHIOU Clément / SÉRIOT Paul / GIBERT Sophie / BLOND Laurent / DUNIÉ-MÉRIGOT Antoine

Introduction

Les corps étrangers végétaux migrants sont fréquents en médecine vétérinaire et les signes cliniques sont non spécifiques. L'appareil respiratoire, la cavité thoracique, la région sous cutanée et l'espace rétropéritonéal sont les emplacements les plus rapportés [1,2]. La migration au sein de la cavité abdominale est également décrite et divers organes peuvent être touchés, néanmoins aucun rapport ne mentionne de péritonite septique secondaire à la migration d'épillets libres dans l'abdomen [1]. L'objectif de cette étude est de décrire la présentation clinique, la prise en charge et le pronostic des chiens et chats traités pour une péritonite septique secondaire à la migration intrapéritonéale d'un corps étranger végétal.

Matériels et méthodes

Les informations des dossiers des chiens et chats pris en charge chirurgicalement pour une péritonite septique pour lesquelles un corps étranger végétal intrapéritonéal a été identifié (janvier 2014-novembre 2021) ont été obtenues. Les animaux non gérés chirurgicalement et présentant un dossier incomplet ont été exclus. Les données concernant le signalement, la présentation clinique, les analyses sanguines, les examens d'imagerie, les procédures chirurgicales, les complications et l'évolution post-opératoire ont été collectées. Le suivi à long terme a été réalisé par téléphone.

Résultats

Six chiens et un chat ont été inclus. Les signes cliniques les plus fréquents sont l'apathie, l'anorexie/dysorexie et l'hyperthermie. Aucun des corps étrangers végétaux n'a été identifié par échographie (0/5). Dans un cas sur quatre, il a été suspecté à l'examen tomodensitométrique. Les lésions les plus rapportées à l'imagerie étaient similaires entre échographie et scanner et mettaient en évidence un épanchement abdominal associé à un remaniement des graisses abdominales (Figure 1). Les corps étrangers ont tous été identifiés au sein d'un abcès omental en chirurgie sans qu'un trajet migratoire soit identifié (Figure 2). Une résection en bloc de l'abcès a été réalisée dans chaque cas. Les autres procédures concomitantes réalisées du fait de la présence d'adhérences ont été : une pancréatectomie partielle associée à une splénectomie pour un cas et une gastrectomie partielle pour un autre cas. Une bactériologie a été réalisée pour tous les cas et s'est avérée positive pour 6/7. Tous les animaux ont survécu. Seule une complication mineure (sérome) a été observée en post-opératoire immédiat et aucune lors du suivi au long terme (minimum 2 mois).

Discussion

Cette étude est la première série de cas décrivant la migration d'épillets libres au sein de la cavité abdominale. Les voies principales de migrations rapportées habituellement sont l'espace rétropéritonéal, le système respiratoire et la voie sous cutanée [1]. Néanmoins dans la présente étude, aucune origine n'a pu être identifiée en per-opératoire en l'absence de sinus de drainage. Cependant l'historique des animaux laisse suspecter une origine génitale pour un cas, urinaire pour un cas et respiratoire pour trois cas, comme déjà décrit [1, 3]. L'identification du corps étranger est difficile à l'imagerie, suspectée uniquement dans un cas, contrairement à ce qui est rapporté [2, 3]. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette disparité (gabarit des animaux, air dans le tube digestif), néanmoins les lésions visualisées étaient en accord avec les observations per-opératoires. Les chiens sont plus fréquemment touchés que les chats. Les chiens de travail et de chasse sont surreprésentés comme déjà rapporté [1]. Le taux de survie rapporté est supérieur à ceux décrits. Cette différence peut s'expliquer par le nombre de cas inclus, la résection facile des abcès omentaux et une contamination bactérienne limitée en l'absence d'origine digestive évidente.

Conclusion

Dans les zones géographiques à risque, une attention particulière doit être portée à l'exploration de l'omentum lors de prise en charge chirurgicale de péritonite septique sans cause sous-jacente identifiée.

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Figure 1 : Coupe transverse de l'abdomen crânial (cas 5) à l'examen scanner (reconstruction tissus mous). Une stéatite localisée et sévère est observée dans l'abdomen crânial gauche caudalement au fundus gastrique (flèches). Quelques foyers hyporéhaussants indiquant des lésions cavitaires sont identifiés, sans signe de corps étranger péritonéal. Épanchement péritonéal important (astérisque).

 

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Figure 2 :

A- Abcès omental après resection en bloc (cas 3).

B-Après dissection des différentes lésions récupérées, des fragments d'épillets ont été identifiés à l'intérieur de l'une d'elles.

 

Références

  1. Combs M, Decker A, Young P, et al. Grass seed foreign body-related disease in dogs and cats: A wide spectrum of clinical presentations. Aust Vet Pract. 2017;47:13‐24
  2. Griffeuille E, Seriot P, Baudin-Tréhiou C, et al. Comparison of computed tomography and surgical findings and investigation of their associations with outcomes for dogs with sublumbar abscesses. J Am Vet Med Assoc. 2021;259:1300‐1308
  3. Baudin-Tréhiou C, Gibert S, Sériot P, Dunié-Mérigot A, Blond L. CT is helpful for the detection and presurgical planning of lung perforation in dogs with spontaneous pneumothorax induced by grass awn migration: 22 cases. Vet Radiol Ultrasound. 2020;61:157‐166
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Prise en charge chirurgicale par anoplastie de l'atrésie anale de type I : description de la technique et résultats chez 7 chatons.

Laura BONDONNY
69280 Marcy l'Étoile
Coauteurs : Mathieu TARONI/ Pablo RIVIER/ François-Xavier FERRAND

Introduction

L'atrésie anale de type I est une affection rare chez le chat. Cette étude rapporte une prise en charge chirurgicale par une technique originale d'anoplastie.

Matériels et méthodes

Les chats présentés pour une atrésie anale de type I, confirmée par radiographie ou scanner avec contraste, étaient inclus dans cette étude. La prise en charge chirurgicale consistait en une anoplastie. Deux incisions longitudinales étaient réalisées au travers de la sténose rectale puis fermées transversalement afin d'augmenter le diamètre de l'anus. Un entretien téléphonique avec les propriétaires a permis d'évaluer les résultats à long terme.

Résultats

Sept chats âgés de 12,5 semaines en moyenne ont été inclus dans cette étude. Des complications postopératoires étaient rapportées pour 1 cas (déhiscence de plaie et infection superficielle). A 2 semaines, 6/7 chats présentaient une cicatrisation complète de la muqueuse et une résolution du ténesme. Dans le dernier cas, ayant présenté des complications, une cicatrisation a été obtenue à 3 semaines postopératoires. Le chat présentait alors une incontinence fécale. Un suivi à long-terme, réalisé après une durée de 7,8 mois en moyenne (6-9 mois), par entretien téléphonique, a montré un résultat excellent  dans 6 cas sur 7 et satisfaisant dans 1 cas (incontinence fécale intermittente).

Discussion et conclusion

Cette série de 7 cas décrit une technique originale d'anoplastie pour la prise en charge chirurgicale des atrésies anale de type I chez le chat. Cette technique a permis un résultat clinique excellent dans 6/ cas sur 7 et satisfaisant dans 1 cas à 7,8 mois.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Prise en charge et pronostic des fentes palatines traumatiques chez le chat : étude rétrospective sur 99 cas

Lukas ANGLADE
69260 Charbonnières-les-Bains
Coauteurs : HEBRARD Laura / CACHON Thibaut / POUZOT-NEVORET Céline

Introduction

Chez les carnivores domestiques, les fentes palatines sont le plus souvent d'origine traumatique, et touche le plus souvent le chat dit « parachutiste ». Leur traitement est cependant controversé. En effet, la majorité des études rapportent une prise en charge chirurgicale mais la nécessité d'une intervention chirurgicale est aujourd'hui contestée compte tenu de la bonne cicatrisation d'un grand nombre de fentes palatines suite à un traitement conservateur. L'étude réalisée ici a donc eu comme but de comparer ces deux prises en charge afin de déterminer la plus adaptée.

Matériels et méthodes

L'ensemble des chats présentant une fente palatine traumatique pris en charge par le service d'urgence entre janvier 2010 et mai 2022 ont été inclus dans cette étude. Pour chacun de ces 99 chats, le signalement, le bilan lésionnel, le type de prise en charge entrepris (conservatrice ou chirurgicale), l'évolution clinique, ainsi que la présence d'éventuelles complications, ont été recueillis.

Résultats

Parmi les 99 chats ayant été inclus dans cette étude, 65 % d'entre eux avaient un âge inférieur à 4 ans au moment du traumatisme et 53 % étaient des mâles entiers. Le traumatisme majoritaire a été la chute d'une hauteur inférieure à 4 étages (43 %), devant les accidents sur la voie publique (AVP) ayant touché 23 % des cas.

Le taux de survie dans notre population a été de 90% après exclusion des animaux euthanasiés ou sortis sous décharge à l'admission. Ce taux de mortalité a été significativement associé à la présence de lésions oro-faciales et neurologiques annexes à la fente palatine ainsi qu'au type de traumatisme à son origine (Fisher, p 0,05), les chutes ayant présenté un taux de mortalité plus faible que les AVP.

La prise en charge conservatrice seule a été choisie pour 87 % des cas, les 13 % restants ont reçu une intervention chirurgicale à un moment donné. Les critères ayant été significatifs pour le choix entre ces prises en charges ont été le type de trauma (Fisher, p 0,05), la longueur de la fente palatine (Mann-Whitney-Wilcoxon, p 0,05) ainsi que la présence de lésions oro-faciales autre que la fente palatine (Fisher, p 0,05).

Le taux de complication global de notre population a été de 2,5 %, avec seulement deux cas pris en charge chirurgicalement a postériori. Aucune différence significative n'a pu être mise en évidence concernant le taux de mortalité ou de complications entre les deux groupes.

Discussion

Le bilan épidémiologique de notre étude s'est révélé similaire à ceux retrouvés dans la littérature. En effet, la forte prévalence des jeunes chats mâles entiers a été interprétée comme une représentation des risques associés à leur comportement exploratoire. La prévalence plus faible des AVP face aux chutes peut quant à elle s'expliquer par le fait qu'en cas de trauma crânien dans cette situation, le taux de mortalité au moment du traumatisme est plus important, ainsi que par un plus haut taux de lésions annexes pouvant motiver une euthanasie à l'admission.

Aucune différence significative n'a pu être mise en évidence entre les taux de survie des animaux traités médicalement et chirurgicalement, suggérant qu'une prise en charge conservatrice, associée à un suivi rigoureux de l'évolution clinique de l'animal, représente une option thérapeutique intéressante.

Concernant le taux de complications, nous n'avons pas pu mettre en évidence de différence significative entre les deux groupes. Seulement deux chats ont nécessité une reprise chirurgicale après décision initiale d'un traitement conservateur. De plus, nous avons pu montrer que la prise en charge chirurgicale en seconde intention par parage et suture de la fente palatine permet une amélioration de l'état général et une reprise de l'alimentation rapides.

Conclusion

Le bilan épidémiologique et lésionnel établit grâce à notre échantillon, illustre que les fentes palatines s'incluent dans un syndrome de polytraumatisme, et que ces lésions annexes sont à considérer pour le choix du plan thérapeutique le plus adapté, notamment les lésions oro-faciales qui ont pu être identifiées comme un facteur majorant le taux de mortalité, et orientant ainsi vers une intervention chirurgicale d'emblée.

Aucune différence significative n'a pu être mise en évidence entre les taux de survie et les taux de complications des animaux traités médicalement et chirurgicalement. Une démarche conservatrice ne serait donc potentiellement pas à l'origine d'une mortalité ou à un taux de complications plus élevés.

Il est également ressorti de cette étude que l'établissement d'un consensus sur la prise en charge des fentes palatines traumatiques nécessitent une standardisation de la description de cette lésion afin de mettre en évidence des critères de décision.

Références

  1. Bonner et al. (2012). Orofacial Manifestations of High-Rise Syndrome in Cats : A Retrospective Study of 84 Cases. Journal of Veterinary Dentistry.
  2. Duhautois, B. et al. (2010). High-rise syndrome ou syndrome du chat parachutiste : Études rétrospectives et comparatives de 204 cas. Année 2010 pp. 167-172
  3. Marretta, S. M. (2012). Repair of acquired palatal defects. In : Verstraete F.J.M & Lommer M.J (dir.) (2012), Oral and maxillofacial surgery in dogs and cats.
  4. Verstraete, F. J. M. (2003). Maxillofacial fractures. In : Slatter D.H. et al. (2003), Textbook of small animal surgery.
  5. Vnuk, D. et al. (2004). Feline high-rise syndrome : 119 cases (1998-2001). Journal of Feline Medicine and Surgery
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Traitement de sténose des narines chez les chats brachycéphales par ala-vestibuloplastie : 33 chats (2017-2023)

Eva THOUVENOT OUDART
75013 Paris
Coauteurs : Cyrill PONCET

Introduction

Le syndrome brachycéphale (BC) est une cause commune d'obstruction respiratoire haute chez les chiens, mais reste encore peu décrit chez les chats [1 ; 2]. Cette affection est de plus en plus rencontrée suite à la popularité croissante des races de chats BC (British shorthair, Persan, races exotiques notamment) mais demeure peu rapportée car le nombre de propriétaires reconnaissant les signes respiratoires liés à cette conformation reste faible [2]. La sténose des narines joue un rôle majeur dans le syndrome BC des chats. L'objectif de cette étude est de décrire les implications cliniques de ce syndrome chez les chats, la technique de rhinoplastie et les résultats perçus par les vétérinaires et propriétaires avec un suivi à long terme.

Matériels et méthodes

Les dossiers médicaux de chats BC présentés au CHV pour troubles respiratoires sont examinés. Les chats présentant une sténose des narines ayant eu recours à une technique originale de rhinoplastie (ala-vestibuloplastie) entre 2017 et 2023 sont inclus. Le signalement, l'examen clinique à l'admission, les examens complémentaires, les complications per- et post-opératoires, les traitements post-opératoires et les résultats au suivi post-opératoire à 2 semaines et sur le long terme (> 6 mois) sont notés. Une grille d'évaluation pré et post-opératoire portant sur 12 critères sont remplies par les propriétaires dans chaque cas.

Résultats

Trente-trois chats sont inclus dans l'étude. Les signes cliniques les plus fréquemment rencontrés en préopératoire sont un sifflement nasal (31), un écoulement nasal et oculaire constant (27), un ronflement (16), une respiration gueule ouverte occasionnelle (10), ainsi qu'un abattement (7). Des épisodes de coryza sont également rapportés chez 11/33 chats. L'intervention a pu être réalisée correctement dans tous les cas, aucun geste chirurgical supplémentaire n'a dû être réalisé et aucune complication péri-opératoire n'est constatée. Une amélioration clinique notable est constatée par le vétérinaire lors du contrôle à 2 semaines post-opératoire au CHV chez 91% des chats et rapportée dans 100% des cas par les propriétaires au cours de l'évaluation post-opératoire remplie dans un délai de 2 semaines à 6 ans post-opératoires. Certains signes cliniques liés à la conformation unique des chats BC, l'écoulement nasal et oculaire tout particulièrement, persistent en post-opératoire, à une fréquence identique ou moindre.

Discussion

Cette étude présente une technique originale de rhinoplastie par ala-vestibuloplastie avec suivi clinique sur le long terme. Elle constitue la plus grosse étude sur le sujet en termes de nombre de chats. L'intervention réalisée dans notre étude est similaire à l'ala-vestibuloplastie du chien, mais plus complexe du fait de la taille des narines des chats affectés. Aucune complication intra-opératoire n'est constatée ici avec l'usage d'un matériel de taille appropriée. Gleason et al [3] sur 19 chats décrit une technique chirurgicale similaire, sans complications post-opératoires, et rapporte en plus des effets bénéfiques sur le système cardio-pulmonaire visibles à l'échocardiographie et au scanner. Une ala-vestibuloplastie permet alors une très bonne amélioration clinique sur le court et long terme selon notre étude et celle de Gleason et al [3], montrant ainsi que la sténose des narines est la seule anomalie obstructive chez le chat, contrairement au chien où l'obstruction est présente à plusieurs niveaux des voies respiratoires hautes. Une étude de Berns et al [1] décrit une technique alternative d'avancement cutané ventral montrant de bons résultats sur 5 chats. Ils basent en effet leur technique sur l'affirmation que l'anatomie nasale varie entre le chien et le chat, chez qui une déviation du cartilage alaire est absente mais qui présente souvent une obstruction ventrale liée à une redondance cutanée ventrale. Ces études appuient l'intérêt d'une prise en charge chirurgicale de la sténose des narines chez le chat BC. Bien que certains propriétaires recensent une amélioration significative de l'état général, certains troubles (écoulement nasal et oculaire notamment) persistent, inhérents à la conformation des individus [2;4].

Conclusion

La thématique du syndrome BC félin gagne en importance avec la popularité croissante des races affectées. L'ala-vestibuloplastie permet de réduire les signes cliniques et d'améliorer la qualité de vie des chats BC. Cette intervention chirurgicale adaptée de la rhinoplastie en coin réalisée chez les chiens est une méthode efficace et appropriée afin de corriger la sténose des narines chez les chats avec de bons résultats sur le court et long terme. Une vigilance lors de l'élevage de ces chats et une sensibilisation des propriétaires reste primordiale.

Références

  1. C. N. Berns et al. Single pedicle advancement flap for treatment of feline stenotic nares: technique and results in five cases. Journal of feline medicine and surgery, 2020; 22(12): 1238-1242
  2. H. Gleason, H. Phillips, A. McCoy. Influence of feline brachycephaly on respiratory, gastrointestinal, sleep and activity abnormalities. Veterinary surgery, 2022, 52(3): 435-445
  3. H. E. Gleason et al. Ala vestibuloplasty improves cardiopulmonary and activity-related parameters in brachycephalic cats. Veterinary surgery, 2023. E pub ahead of print: 1-12
  4. K. Pratschke. Current thinking about brachycephalic syndrome: more than just airways. Companion animal, 2014; vol 19 (2): 70-78
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> Traumatologie maxillo-faciale chez le lapin de compagnie : à propos de 8 cas de fractures de la mâchoire

Mathilde CHARRASSE
84200 Carpentras
Coauteurs : HUYNH Minh

Introduction

Contrairement aux carnivores domestiques, très peu de données sont publiées à propos des fractures de mâchoire chez le lapin. Cette étude rétrospective vise à présenter les caractéristiques cliniques, les données d'imagerie et la prise en charge thérapeutique des fractures traumatiques de la mâchoire chez le lapin de compagnie.

Matériels et méthodes

Les lapins présentant une ou plusieurs fractures de la mâchoire d'origine traumatique diagnostiquées par scanner ont été recrutés dans une base de donnée interne de 2017 à 2023. Les données concernant l'épidémiologie, l'anamnèse, la présentation clinique, les lésions tomodensitométriques, le traitement et le suivi de l'animal ont été collectées.

Résultats

Huit lapins ont été recrutés avec un âge médian de 5,3 ans. L'origine rapportée du trauma est soit un écrasement par le propriétaire (n=3), soit une morsure de chien (n=2), soit une chute du canapé (n=2), soit une anorexie dans un contexte post-opératoire de parage dentaire (n=1). Les lapins présentent une ou plusieurs fractures de la branche montante de la mandibule dans 88% (unilatérales n=3 ; bilatérales n=4), associées à d'autres localisations dans 43% (angle de la mandibule et de la fosse massétérique, n=2 ; corps de la mandibule, n=1 ; os maxillaire, n=1 ; bulle tympanique, n=1 ; incisives mandibulaires, n=1 ; symphyse mandibulaire, n=1). Un seul lapin ne présente pas de fracture de la branche montante mais une fracture oblique du corps de la mandibule rostrale. Un traitement médical est initié chez tous les lapins, comprenant de l'analgésie, une réalimentation à la seringue (n=6) ou à l'aide d'une sonde naso-gastrique (n=1) ou d'oesophagostomie (n=1), et dans 5 cas une antibiothérapie. Les complications observées chez les 6 lapins qui ont pu être suivis, sont une malocclusion dentaire (n=5), une persistance du syndrome vestibulaire (n=1), une dacryocystite chronique (n=1) et un abcès dentaire (n=1). La moitié des lapins sont encore vivants 172 jours après le trauma.

Discussion

Les fractures de la mâchoire sont rares chez le lapin et semblent toucher préférentiellement les lapins nains d'âge moyen. Les signes cliniques sont frustes, avec une instabilité et/ou un œdème de la mandibule dans seulement 37,5% des cas. Dans ce contexte, le scanner est particulièrement indiqué puisqu'il permet une détection plus sensible des fractures, notamment de la branche montante de la mandibule. Ces fractures représentent 87,5% des cas, bilatérales pour plus de la moitié et sont peu déplacées du fait de leur stabilisation par une musculature puissante : médialement par le muscle ptérygoïdien et latéralement par le masséter. Ainsi, en cas de fractures de la branche montante, le traitement conservateur médical seul permet le bon rétablissement clinique dans la totalité des cas. La principale complication des fractures de la mâchoire reste la malocclusion dentaire (83%), notamment en cas de fracture rostrale. Le pronostic à moyen et long terme semble satisfaisant, avec suivis et parages dentaires réguliers nécessaires.

Conclusion

Il s'agit de la première série de cas décrivant les fractures de mâchoire d'origine traumatique chez le lapin. Les fractures de la branche montante de la mandibule sont les plus fréquentes et présentent un bon pronostic, bien qu'une malocclusion dentaire secondaire soit très fréquente.

Références

  1. Sasai H, Fujita D, Tagami Y, Seto E, Denda Y, Hamakita H, et al. Characteristics of bone fractures and usefulness of micro-computed tomography for fracture detection in rabbits: 210 cases (2007-2013). J Am Vet Med Assoc. 2015;246(12):133944.
  2. Bar-Am Y, Pollard RE, Kass PH, Verstraete FJM. The diagnostic yield of conventional radiographs and computed tomography in dogs and cats with maxillofacial trauma. Vet Surg. 2008;37(3):2949.
  3. Villano JS, Cooper TK. Mandibular Fracture and Necrotizing Sialometaplasia in a Rabbit. Comp Med. 2013;63(1):6770.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Un cas de de rétroversion épiglottique traité par épiglottectomie subtotale au laser CO2

David JACQUES
31200 Toulouse

Anamnèse, commémoratifs

Aura, une chienne Yorkshire terrier stérilisée de 8 ans et demi a été présentée pour l'exploration d'un épisode de détresse respiratoire survenu quelques jours plus tôt s'étant manifesté par des bruits respiratoires importants, un abattement et des muqueuses cyanosées. Depuis quelques semaines, Aura présente une plus grande fatigabilité à l'effort.

Examen clinique

L'examen clinique montre une polypnée, un stridor inspiratoire et des claquements occasionnels. Le bilan sanguin montre uniquement une légère hyperprotidémie et hypocréatininémie. L'examen endoscopique des voies respiratoires montre un voile du palais de longueur satisfaisante, une rétroversion épiglottique, un léger collapsus laryngé et trachéal.

Traitement

L'administration de cortisone et de buprénorphine n'a pas permis d'améliorer les symptômes.

Du fait de la persistance de difficultés respiratoires importantes, un traitement chirurgical de la rétroversion épiglottique a été proposé. Il a consisté en une épiglottectomie subtotale réalisée au laser CO2.

Une sonde nasotrachéale a été mise en place au réveil et laissé en place 24 heures. Aura a été réalimenté le lendemain de la chirurgie. Elle n'a pas présenté de complications postopératoires et notamment pas de fausse route. Elle a été rendue 2 jours après à sa propriétaire avec un traitement antibiotique, une corticothérapie et de la buprénorphine pour 15 jours.

Suivi

À 15 jours postopératoires, Aura allait bien et ne faisait plus de crises de détresse respiratoire. Aura ne présente aucun signe de difficultés respiratoires 21 mois après la chirurgie.

Discussion

La rétroversion épiglottique a été décrite pour la première fois chez le chien en 2009. Elle est de plus en plus reconnue comme une cause d'obstruction intermittente des voies aériennes supérieures chez le chien.

Cette affection se caractérise par un déplacement caudal dynamique ou persistant de l'épiglotte engendrant une obstruction de la rima glottidis. L'étiologie reste inconnue, bien que plusieurs théories aient été proposées, notamment une fracture ou une malacie épiglottique, une neuropathie périphérique associée à l'hypothyroïdie et une dégénérescence du nerf hypoglosse/glossopharyngien.

La rétroversion épiglottique est le plus souvent diagnostiquée chez les races de petite à moyenne taille, en particulier les Yorkshire Terriers. Les chiennes d'âge moyen à avancé semblent plus fréquemment touchées.

Les signes cliniques habituellement rapportés sont un bruit inspiratoire (stridor, claquement), une dyspnée, de la toux et des épisodes éventuels de cyanose. Le diagnostic se fait soit par endoscopie soit par fluoroscopie des voies respiratoires supérieures.

Une étude (Skerret) a montré que d'autres affections des voies respiratoires supérieures sont présentes de manière concomitante dans 79,1% des cas (syndrome brachycéphale, collapsus laryngé ou trachéal, paralysie laryngée,..).

Le traitement peut être médical en première intention. Il associe souvent des anti-inflammatoires steroïdiens à des antalgiques de type buprénorphine. En cas d'échec, un traitement chirurgical peut être proposé. Si d'autres anomalies sont notées à l'examen des voies respiratoires supérieures (sténose des narines, élongation du voile du palais,..), celles-ci doivent être traitées en première intention.

Les options de traitement chirurgical de la rétroversion épiglottique comprennent l'épiglottopexie temporaire (épiglottopexie non incisionnelle), l'épiglottopexie permanente (épiglottopexie incisionnelle), l'épiglottectomie partielle et l'épiglottectomie subtotale. L'objectif de l'épiglottopexie est de maintenir l'épiglotte en position horizontale en l'attachant à la base de la langue. L'épiglottectomie implique l'excision d'une zone de l'épiglotte rostrale plus ou moins importante (partielle 50%) pour améliorer le flux d'air laryngé.

Les principales complications sont la persistance de difficultés respiratoires ou des pneumonies par fausse route. Dans l'étude de Skerret, l'incidence des crises respiratoires (dyspnée ou cyanose nécessitant une hospitalisation) pour les chiens opérés a diminué de 62,5 % avant l'intervention chirurgicale à 25 % après le traitement chirurgical. Une étude récente (Mullins) sur 50 cas a montré la supériorité de l'épiglottectomie subtotale avec un taux de complications inférieures (16,7%) et permettant une espérance de survie médiane au-delà de 716 jours.

Nous avons opté pour cette technique ; Aura n'a pas présenté de complications postopératoires avec un suivi de 21 mois.

Conclusion

La rétroversion épiglottique est une affection probablement sous diagnostiquée se manifestant pas des épisodes de dyspnée avec stridor inspiratoire. Son diagnostic se fait par endoscopie ou fluoroscopie. En cas d'échec du traitement médical, un traitement des affections respiratoires concomitantes peut être entrepris. L'épiglottectomie subtotale semble être la technique de choix pour les cas réfractaires avec un relativement bon pronostic.

Références

  1. Mullins and coll : Intraoperative and major postoperative complications and survival of dogs undergoing surgical management of epiglottic retroversion : 50 dogs (2003-2017) Veterinary Surgery. 2019 ; 48:803-819.
  2. S.C. Skerrett, J.K. McClaran, P.R. Fox, and D. Palma : Clinical Features and Outcome of Dogs with Epiglottic Retroversion With or Without Surgical Treatment: 24 Cases J Vet Intern Med 2015;29:1611-1618
Pas de conflit d'intérêt déclaré.