6 conférences (seules sont affichées les conférences pour lesquelles un texte a été fourni).

> Résistance à l'arrachement de trois ancres chirurgicales chez le chat

Charlène DE SOUSA
69570 Dardilly
Coauteurs : JACQMIN Maxime / MOISSONNIER Pierre / Viguier Éric / CACHON Thibaut

Introduction

Les lésions ligamentaires traumatiques sont fréquentes chez le chat. Elles sont le plus souvent traitées par ligamentoplastie avec une prothèse synthétique. L'ancrage osseux de celle-ci peut être réalisé par forage osseux, vis et rondelle ou ancres chirurgicales. Ces dernières sont utilisées en orthopédie pour fixer un fil synthétique (prothèse ligamentaire) ou un tissu (tendon, ligament ou capsule articulaire) sur un os. Les ancres ont l'avantage d'être fiables, peu encombrantes, et simples à utiliser. Cependant, peu d'études évaluent la résistance biomécanique de ces ancres chez le chat. L'objectif principal de notre étude est de comparer les performances biomécaniques de trois ancres chirurgicales sur des condyles fémoraux de chat.

Matériels et méthodes

Neuf paires de fémurs ont été recueillies sur des chats adultes et réparties de manière aléatoire dans les 3 groupes d'ancres testées comprenant une ancre vissée (Fastak 2,8mm®, Arthrex ; Ancre 1), une ancre impactée (PushLock 2,4mm®, Arthrex ; Ancre 2) et une ancre « toute suture » (Soft anchor Fibertak 1,7mm®, Arthrex ; Ancre 3). Toutes les ancres ont été associées à un fil de suture tressé en polyéthylène de ultra haut poids moléculaire décimale 5 (Fiberwire #2, Arthrex). Les ancres sont implantées sur le condyle fémoral latéral en regard de l'insertion du ligament collatéral latéral selon les recommandations du fabricant. Les échantillons sont placés sur une presse servohydraulique. Pour chaque spécimen, la longueur du fil de traction relié à la presse est fixée à 55 mm. Les montages sont ensuite soumis à 10 cycles de pré-chargement entre 5 et 10 N, puis, à des tests de traction quasi statiques (0,5 mm/s) jusqu'à rupture. La traction est réalisée à 0° dans l'axe de l'ancre. Pour chaque test, sont notés : la raideur, l'élongation totale, la charge à 3 mm de déplacement, la charge et le mode de rupture de chaque ancre. Les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel R Studio. La normalité a été vérifiée à l'aide de diagramme de normalité (Q-qplot) et du test de Shapiro-Wilk, l'égalité des variances a été vérifiée à l'aide d'un test de Bartlett et la comparaison des moyennes a été effectuée avec un test t de Student ou de Welsh.

Résultats

Aucune différence significative n'a été observée pour la charge de rupture (Ancre 1 : 197,65 N, Ancre 2 : 205,63 N et Ancre 3 : 171,95 N, p>0,05). L'ancre 1 avait une charge significativement plus importante à 3 mm de déplacement (110,71 N) et une plus grande raideur (46,80 N/mm) corrélées à une meilleure résistance à l'élongation (6,48 mm) par rapport à l'ancre 2 (56,53 N, 28,72 N/mm, 14,23 mm) et l'ancre 3 (50,09 N, 24,10 N/mm, 17,05 mm) (p0,05). Le mode de rupture était exclusivement dû à un arrachement de l'ancre du support osseux pour l'ancre 1 et l'ancre 3, alors que plusieurs modes de rupture ont été rapportés pour l'ancre 2 (fracture de l'oeillet libérant la suture seule ou associée à une partie de l'ancre, arrachement de l'ancre).

Discussion : Si la charge de rupture n'est pas différente entre les trois ancres, les montages avec une ancre de type vissée (Fastak 2,8mm®, Arthrex) présentent une élongation, une charge à 3 mm de déplacement (déplacement à partir duquel le grasset peut être considéré instable) et une raideur de performances biomécaniques supérieures aux deux autres types d'ancres (PushLock 2,4mm® et soft anchor Fibertak 1,7mm®, Arthrex), dans ce modèle d'arrachement à 0°. Toutefois, les trois ancres ont supporté des charges nettement supérieures aux forces de réaction au sol exercées sur un membre pelvien durant la marche du chat (4,83 N/kg), et au moins équivalentes à celles lors de saut correspondant à quatre fois la force durant la marche. Dans cette étude, seule une traction à 0° a été réalisée. Si ce mode de rupture n'est pas représentatif des contraintes observées en clinique, il est le plus sollicitant pour le montage. En effet, la majorité des études similaires rapportent des résultats supérieurs lors de traction à 90°, il peut donc être supposé que les résistances cliniques de ces ancres soient supérieures à celle rapportées dans cette étude. Les limites de cette étude sont : le faible nombre d'échantillons, la réalisation de test statique uniquement à 0° et l'utilisation d'un seul type d'os.

Conclusion

Au vu des résultats de cette étude, si l'ancre vissée (Fastak 2,8mm®, Arthrex) présente des performances biomécaniques supérieures, les trois ancres testées peuvent être recommandées pour des stabilisations extra-articulaires chez le chat. Des tests de tractions à 90° sont en cours de réalisation afin de compléter ces résultats pour une future évaluation clinique.

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Image 1

 

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Tableau 1

Tous les ancrages ont été fournis par la société Arthrex (Arthrex, Floride). Aucune rémunération n'a été demandée ou obtenue dans le cadre de ce projet. Les essais et les analyses statistiques ont été réalisés par les docteurs C. De Sousa et M. Jacqmin, q

> Stabilisation chirurgicale de fractures luxations vertébrales thoraco-lombaires à l'aide de vis et de polymethylmethacrylate par un abord latéral : faisabilité, courbe d'apprentissage et résultats cliniques sur 30 chiens et chats

Romain LAMÈRE
95290 L'Isle-Adam
Coauteurs : SACCONE Maurizio / SCOTTI Stefano / RAGETLY Chantal

Introduction

Une stabilisation vertébrale est recommandée dans la plupart des cas de fractures et luxations vertébrales. Différentes techniques chirurgicales ont été décrites mais aucune d'elle ne peut être appliquée de manière universelle à cause de variations anatomiques des vertèbres sur tout le rachis.[1]

Objectifs

Les objectifs de cette étude étaient :

  1. d'évaluer la sécurité et la faisabilité de couloirs d'implantation latéraux avec un angle d'insertion de 90° par rapport au plan sagittal dans les corps vertébraux sur le rachis thoraco-lombaire en analysant des images scanner de rachis ;
  2. de déterminer la courbe d'apprentissage de cette technique par un chirurgien inexpérimenté en neurochirurgie ;
  3. d'évaluer l'utilisation et les résultats post-opératoires de ces couloirs latéraux pour l'insertion de vis et de polyméthylméthacrylate dans des cas de fractures luxations vertébrales thoraco-lombaires chez les chiens et les chats.

Nous faisons l'hypothèse que ces couloirs latéraux seront sécuritaires, efficaces et facilement utilisables par un chirurgien expérimenté et inexpérimenté, et que les résultats seront similaires aux autres techniques de stabilisation vertébrales déjà décrites.

Matériels et méthodes

L'étude a été divisée en 3 parties :

  1. une étude sur images tomodensitométriques de rachis thoracique et lombaire de chiens, où ces couloirs d'implantation pour les vertèbres thoraciques et lombaires (de T6 à L7) ont été étudiés et caractérisés (figure 1) ;
  2. une étude cadavérique, où un chirurgien inexpérimenté en neurochirurgie a réalisé des forages suivant cette technique sur des vertèbres de T6 à L7 ; ces forages furent analysés par un examen tomodensitométrique et la déviation par rapport à l'angle de 90° a été mesurée par ordre chronologique afin de mesurer la courbe d'apprentissage ;
  3. une étude clinique rétrospective sur des chiens et chats atteints de fractures et/ou luxations vertébrales thoraco-lombaires stabilisées en utilisant cette technique. (1)

Résultats

Dix images tomodensitométriques de colonne vertébrale de chiens ont été étudiées. L'angle de 90° dans le corps vertébral était utilisable sur toutes les vertèbres étudiées, avec pour point d'entrée la base de l'articulation costo-vertébrale et la base du processus transverse respectivement sur les vertèbres thoraciques et lombaires (tableau 1).

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Ce point nécessite d'être légèrement décalé ventralement pour L6 et L7 afin d'éviter la moelle épinière. [2] 104 couloirs ont été forés (entre 8 et 16 couloirs par squelette), et 6 invasions du canal vertébral ont été détectés (5,7%).

Une diminution significative de la déviation (p=0,01) a été observée par ordre chronologique avec une réduction plus significative à partir du 5ème cas (p=0,00). [3]

Trente animaux furent inclus dans l'étude clinique, 22 chiens et 8 chats. À l'admission, 11 animaux étaient grade 5 (paralysie, absence de nociception), 14 grade 4 et 5 grade 3 selon la classification de Matthiesen. La technique a été jugée aisée pour le placement des implants, et aucune effraction du canal vertébral sur les examens d'imagerie post-opératoire n'a été visualisée. Au total, 17 animaux sur les 30 opérés (56,7%) ont été capables de remarcher sans assistance, dont 3/11 grade 5 (27,3%).

Discussion

Plusieurs études ont décrit des couloirs d'implantation vertébraux avec des angles variables selon les vertèbres et les individus, mais ceux-ci sont difficiles à appliquer pour un chirurgien non expérimenté.[1,2] L'étude tomodensitométrique a permis de mettre en évidence le fait que l'angle de 90° était utilisable sur toutes les vertèbres étudiées, avec un point d'entrée à la base de l'articulation costo-vertébrale pour les vertèbres thoraciques et du processus transverse pour les vertèbres lombaires sauf pour L6 et L7 ou il nécessite de se placer immédiatement ventralement au processus transverse.

La diminution significative de la déviation sur les forages effectués sur les rachis et le fait qu'un faible taux d'effraction du canal vertébral (5,7%) ait été observé suggèrent que la technique peut être rapidement apprise et appliquée par un chirurgien inexpérimenté en neurochirurgie.

L'étude rétrospective montre que cette technique est utilisable en clinique et présente des résultats similaires aux autres techniques déjà décrites.3 Les animaux grade 5 lors de l'admission sont considérés comme ayant un pronostic désespéré. Dans cette étude, 27,3% des animaux grade 5 opérés ont pu remarcher sans assistance, ce qui questionne ce pronostic.

Conclusion

L'utilisation d'un couloir latéral avec un angle de 90° dans les corps vertébraux pour l'implantation de vis et de polymethylmethacrylate pour traiter des fractures luxations vertébrales thoraco-lombaires est utilisable sur le rachis thoraco-lombaire (T6-L7), présente une courbe d'apprentissage courte pour un chirurgien inexpérimenté, est aisée et montre des résultats similaires aux autres techniques déjà décrites.

Références

  1. Schmitt EM, Early P, Bergman R, et al. Computed tomography evaluation of proposed implant corridors in canine thoracic vertebrae. Vet Surg. 2021;50(7):1427-1433.
  2. Watine S, Cabassu JP, Catheland S, Brochier L, Ivanoff S. Computed tomography study of implantation corridors in canine vertebrae. J Small Anim Pract. 2006;47(11):651-657.
  3. Vallefuoco R, Manassero M, Leperlier D, Scotti S, Viateau V, Moissonnier P. repair of thoraco-lumbar vertebral fracture-luxations in eight cats using screws and polymethylmethacrylate fixation. Vet Comp Orthopaed. 2014;27(04):306-312.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Traitement chirurgical des cors (ou kératomes des coussinets) palmaires chez un Greyhound - Tendinectomie des tendons du muscle fléchisseur superficiel des doigts

Jennyfer THIBAUD
A83EV27 Summerhill
Coauteurs : CUDDY Laura

Introduction

La gestion des cors ou kératomes peut représenter un véritable challenge en médecine vétérinaire. Il existe de nombreuses options thérapeutiques pour la gestion de cette affection chez le chien, cependant, les résultats à long terme sont dans la plupart des cas décevants (récidives) [1]. Nous présentons ici le cas d'un Greyhound réformé des courses atteint de kératomes palmaires traités chirurgicalement par une technique novatrice, la tendinectomie des tendons du muscle fléchisseur superficiel des doigts [2].

Anamnèse

Un Greyhound mâle castré de 3 ans, réformé des courses, est référé pour la prise en charge chirurgicale de cors ou kératomes localisés au niveau de ses membres thoraciques. Le chien présente une boiterie permanente des membres antérieurs depuis plusieurs mois, ne répondant que partiellement au traitement conservateur à base d'anti-inflammatoires non-stéroïdiens et de repos.

Examen clinique

L'examen clinique général est sans anomalie notable. L'examen orthopédique met en évidence une boiterie permanente bilatérale des membres thoraciques de grade 3/5. Un examen rapproché des coussinets met en évidence des lésions circulaires focales d'hyperkératinisation au niveau des doigts III et V du membre thoracique droit, et au niveau des doigts IV et V du membre thoracique gauche (Figure 1). La palpation-pression des coussinets induit une douleur exquise.

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Figure 1 : Photo du membre thoracique droit, les flèches indiquent les cors.

Examens complémentaires

Le diagnostic de cor se base principalement sur un examen méticuleux des coussinets, la réalisation d'examens complémentaires n'apparait donc pas nécessaire dans ce cas précis.

Diagnostic

Kératomes des coussinets palmaires impliquant les doigts III et V du membre thoracique droit, ainsi que les doigts IV et V du membre thoracique gauche.

Traitement

Le patient est anesthésié, la face palmaire des métacarpes est tondu largement et préparé à la Chlorhexidine savon. Le chien est positionné au bloc opératoire en décubitus dorsal. L'intervention chirurgicale débute par la localisation des tendons du muscle fléchisseur superficiel des doigts atteints d'un kératome. Pour ce faire, un assistant mobilise (flexion et extension) les doigts concernés. Une incision cutanée d'environ 2 cm de long est ensuite réalisée à mi-distance entre le carpe et le coussinet métacarpien, sur la face palmaire. Les tendons sont disséqués puis isolés (Figure 2).

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Figure 2 : Photo peropératoire mettant en évidence le tendon du muscle fléchisseur superficiel du doigt

À cette étape, il est fondamental de faire la différence entre les tendons du muscle fléchisseur superficiel des doigts et les tendons du muscle fléchisseur profond des doigts. Une fois les tendons isolés, une tendinectomie est effectuée (un segment d'environ 1 cm de long est réséqué). L'incision est ensuite refermée de façon conventionnelle, puis la procédure est répétée sur le membre controlatéral. En postopératoire, un bandage protectif est mis en place puis retiré au bout de 24h. Suivi : Au contrôle clinique à 6 mois postopératoire, aucun signe de récidive n'est observé. Les cors ont régressé spontanément.

Discussion : Les kératomes ou cors affectent dans la plupart des cas les races apparentées aux Greyhound (Lévrier, Lurcher…). Chez plus de 90% des patients, les membres thoraciques sont affectés et les doigts porteurs (3 et 4) sont atteints. Ce rapport décrit une technique novatrice consistant en une tendinectomie des tendons du muscle fléchisseur superficiel des doigts pour le traitement des cors ou kératomes. Le taux de complication associé à cette technique est de l'ordre de 7%, et le pronostic apparait bon dans plus de 90% des cas [2].

Conclusion

La tendinectomie des tendons du muscle fléchisseur superficiel des doigts est une option chirurgicale permettant de traiter des cors ou kératomes chez le chien. Les complications sont mineures et les résultats apparaissent satisfaisants à long terme. Des études, rétrospectives ou prospectives, incluant de grandes cohortes sont nécessaires pour confirmer l'intérêt de cette technique dans le futur.

Bibliographie

  1. SHARON C. et al., Veterinary Surgery: Small Animal. In: Tobias KMJS ed. Carpus, metacarpus and digits. vol. 2. Philadelphia, PA: Saunders. 2012:937-938.
  2. GUILLIARD M., Doughty R. Superficial digital flexor tendonectomy for the treatment of corns in sighthounds, Veterinary Dermatology, June 2022
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Traitement des extrusions discales cervicales avec hématorachis étendu par double corpectomie ventrale : 4 cas

Magdalena OLENDER
06700 St Laurent du Var
Coauteurs : COUTURIER Jérôme/ GATEL Laure/ COUTURIER Laurent/BRISSOT Hervé

Introduction

Les hernies discales de type Hansen I correspondent à l'extrusion dans le canal vertébral de matériel discal dégénéré. Cette affection touche le plus souvent les chiens de races chondrodystrophiques. Le traitement d'une hernie discale extrusive peut être médical ou chirurgical. La technique chirurgicale la plus couramment utilisée en région cervicale est la corpectomie ventrale. Les autres techniques moins souvent utilisées sont : la fenestration, la corpectomie oblique (« slanted slot »), la laminectomie dorsale et l'hémilaminectomie. Une extrusion discale aigüe peut provoquer rarement une déchirure d'un des deux sinus veineux vertébral ventral à l'origine d'un hématome épidural (hématorachis). Cette lésion hémorragique a surtout été décrite en association avec les hernies discales extrusive thoraco-lombaires et plus rarement en région cervicale et secondairement à des lésions néoplasiques ou des troubles de l'hémostase.

Anamnèse et examen clinique

Cette série de cas inclut des chiens référés au service de neurologie pour myélopathie cervicale secondaire à une extrusion cervicale aiguë avec hématorachis étendu et traité par une double corpectomie ventrale. L'étude de la base de données a identifié 4 chiens, tous de race bouledogues français. Les chiens manifestaient des signes de cervicalgie associée à une tétraparésie (ambulatoire chez 1 chien, non ambulatoire chez les 3 autres, dont un plégique sur les membres thoraciques). La localisation neuroanatomique était C1-C5 dans 3 cas et C6-T2 dans 1 cas.

Démarche diagnostique

Un examen tomodensitométrique (« scanner ») cervical a été réalisé sous anesthésie générale et a identifié une compression médullaire extradurale par du matériel hétérogène hyper atténuant, partiellement minéralisé dans tous les cas. Le matériel extrudé s'étendait ventralement et latéralement à la moelle épinière dans les quatre cas, avec une extension dorsale dans trois cas. [Fig 1].

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Figure 1

Un diagnostic de hernie discale extrusive aigüe avec hématome épidural associé est posé. Le site d'extrusion est C4-C5 (2 cas) et C5-C6 (2 cas). La compression maximale de la moelle épinière est calculée en coupe transversale (aire de compression /aire du canal vertébral x 100%). La longueur de la lésion est mesurée entre 1,3-2,8 fois la longueur du corps vertébral de C5. Traitement : une double corpectomie ventrale est effectuée après les examens d'imagerie dans les quatre cas afin de décomprimer la moelle épinière. Une corpectomie ventrale cervicale est réalisée classiquement pour le site d'extrusion primaire. Une fraise de 3mm est utilisée dans tous les cas. Un mélange de disque dégénéré et de sang est retiré. Une deuxième corpectomie est ensuite réalisée sur le site adjacent, afin de retirer le reste du matériel non accessible et ayant migré trop à distance du premier site de corpectomie. Un scanner post-opératoire est réalisé immédiatement après la chirurgie. Il montre une décompression efficace de la moelle épinière dans tous les cas, avec persistance d'une discrète quantité de matériel, surtout en partie ventrale et/ou foraminale du canal vertébral [Fig 2].

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Figure 2

Suite à la chirurgie, les chiens sont hospitalisés 48h. Une visite de suivi est effectuée deux semaines après la chirurgie et montre une résolution complète des douleurs et quasi-complète des déficits nerveux. Trois chiens ont une démarche normale et seul un chien présente encore une parésie (ambulatoire) uniquement sur un membre thoracique. Un suivi téléphonique 3-5 ans après la chirurgie est effectué au moment de la rédaction de l'étude. Les chiens sont considérés sans déficit neurologique et non douloureux par les propriétaires.

Discussion

Une corpectomie multiple a déjà été décrite comme traitement des multiples hernies discales, mais le traitement d'une seule hernie avec un hématome épidural étendu n'a pas été décrite à ce jour. Les risques les plus fréquemment décrits liés à la corpectomie ventrale sont ceux d'une instabilité vertébrale, un saignement d'un sinus veineux vertébral ventral et une décompression incomplète. Ces complications n'ont pas été rencontrées dans les cas présentés. Pour la gestion des lésions localisées latéralement ou dorsalement au sein du canal vertébral, les techniques le plus souvent proposées sont l'hémilaminectomie ou la laminectomie dorsale. Dans les cas décrits, le scanner post-opératoire, le suivi à court et à long terme montrent une décompression satisfaisante et une résolution des signes cliniques. Malgré la localisation partiellement latérale et dorsale du matériel extrudé, l'approche ventrale par une double corpectomie s'est avérée efficace dans nos cas.

Conclusion

Cette série de cas décrit le traitement efficace par double corpectomie ventrale d'extrusion discale cervicale avec hématorachis étendu. Une étude prospective plus large est nécessaire pour évaluer si cette approche est plus avantageuse que les autres techniques chirurgicales disponibles.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Traitement des instabilités de l'épaule chez le chien par ligamentoplastie vidéo assistée : étude rétrospective de 6 cas

Laura HEBRARD
69160 Tassin-la-Demi-Lune
Coauteurs : CACHON Thibaut, BLONDEL Margaux

Introduction

L'instabilité de l'épaule est une des pathologies les plus fréquentes chez le chien avec une prévalence allant de 33 à 64 %. Parmi celle-ci, les instabilités médiales, associant une déchirure du ligament gléno-huméral médial, des lésions de la capsule articulaire ou du muscle subscapulaire, sont les lésions les plus fréquentes. Plusieurs techniques sont réalisables comme une transposition musculaire ou une ligamentoplastie. Ces stabilisations sont réalisées à ciel ouvert avec un abord délicat nécessitant des désinsertions musculaires peuvent altérer la qualité de la récupération. Afin de s'affranchir de ces contraintes, une technique de ligamentoplastie mini invasive vidéo assistée ex vivo a été décrite par Llido et al [1]. Le but de cette étude est d'évaluer la faisabilité in vivo et l'efficacité d'une ligamentoplastie vidéo-assistée des ligaments gléno-huméraux pour le traitement des instabilités de l'articulation de l'épaule.

Matériels et méthodes

L'ensemble des animaux présentant une instabilité de l'épaule confirmée par arthroscopie et traitée par ligamentoplastie vidéo assistée ont été inclus dans cette étude. Le signalement, les résultats des examens orthopédiques pré et post-opératoires, le type d'implant utilisés et les complications ont été rapportés. Une exploration arthroscopique complète de l'articulation de l'épaule a été réalisée avec un arthroscope rigide oblique de 2,4 mm à 30 degrés (Arthrex© Karl Storz, Mittelstrasse). L'arthroscope était maintenu à l'opposé de la lésion, un mini abord est réalisé du côté de l'instabilité pour pouvoir mettre en place une ancre chirurgicale prémontée avec des fils tressés associant du polyéthylène de haut poids moléculaire et du polyester (FiberWire© Arthrex) dans la glène (Figure 1).

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Figure 1

Un tunnel osseux dans la tête humérale est réalisé, les fils étaient noués en face latérale ou médiale sur un bouton (two hole titanium Suture Buttons Arthrex©) en maintenant une adduction ou une abduction de l'épaule en fonction du type d'instabilité. Après rinçage, la fermeture est classique en plusieurs plan. Une attelle (Balto Mikan© vet) limitant l'abduction est mise en place lors d'instabilité médiale et un bandage de type spica (velpeau©) avec une attelle latérale en légère abduction lors d'instabilité latérale.

Résultats

Six chiens ont été inclus. Ils présentaient tous des antécédents de traumatisme. Cinq présentaient une instabilité médiale et un, une instabilité latérale. Cinq cas étaient de format moyen avec un poids moyen de 19,9 kg ± 3,1 (16-24,5) et un cas était de petit format 10kg (7,5 kg). Les chiens étaient âgés de 6 ans ± 1 (5-8), il y avait quatre mâles, trois entiers et un castré et deux femelles entières. Au moment de l'admission, la boiterie était permanente avec appui de grade III était présente chez 4 chiens sur 6. Un chien présentait une boiterie de grade II et un de grade IV. L'examen sous sédation révélait un angle d'abduction préopératoire supérieur à 50° chez les 5 cas qui présentait une instabilité médiale. La taille de l'ancre a été ajustée à la taille des chiens. Différents types d'ancres de types visées ont été utilisées : ancre SwiveLock® Arthrex 3,5mm (4 cas), 4,75 mm (1 cas), ancre de type PushLock® Arthrex (2,9 mm). Sur l'ensemble des cas, les radiographies post opératoires étaient satisfaisantes, la position des forages osseux, des ancres et du bouton étaient jugées correctes (Figure 2).

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Figure 2

Pour les animaux présentant une instabilité médiale de l'épaule, les angles d'abduction post opératoire était tous inférieurs à 30° lors du dernier suivi. À à six semaines post opératoire, les chiens présentaient une boiterie de grade 1/5 (4/6) ou pas de boiterie (2/6). À 6 mois post opératoire, 5 chiens sur 6 ne présentaient plus de boiterie et un chien une boiterie de grade I après l'effort. Les radiographies, ne montraient pas de progression significative de l'arthrose. La stabilité de l'épaule était jugée satisfaisante. Lors de l'examen, aucune complication, ni récidive n'ont été constatées.

Discussion

Cette étude met en œuvre, in vivo, une technique de ligamentoplastie vidéo-assistée des ligaments gléno-huméraux pour traiter une instabilité de l'épaule. La ligamentoplastie a été réalisée avec succès sur l'ensemble des chiens. La stabilité de l'épaule en post opératoire a été jugée satisfaisante et la récupération fonctionnelle excellente sur 5 chiens sur 6 et bonne sur un chien. Par rapport à une technique à ciel ouvert, elle permet de limiter les lésions musculaires iatrogènes favorisant ainsi la récupération fonctionnelle tout en limitant la douleur. Contrairement à la technique décrite par O'Donnell et al. utilisant uniquement des forages osseux pour fixer la prothèse, la technique décrite ici ne nécessite pas d'abord controlatéral limitant les dissections et le risque de lésion du nerf infra scapulaire. Cette technique, réalisée sur un faible nombre d'animaux, présente des limites. Elle reste difficilement réalisable les animaux de petits formats et nécessite une solide expérience en arthroscopie. Enfin ces résultats n'ont pas été comparés aux autres techniques de stabilisation.

Conclusion

La stabilisation vidéo assistée de l'épaule est réalisable chez le chien et semble, d'après ces résultats, donner des résultats cliniques satisfaisants. Des études prospectives et comparatives sur un plus grand nombre d'animaux restent néanmoins nécessaires pour confirmer ces premiers résultats.

Bibliographie

  1. LLido M., Livet V., Carozzo C., Viguier E., Cachon T, Treatment of Medial Shoulder Joint Instability by Stabilization with an Arthroscopically Guided Prosthetic Ligament: A Cadaveric Feasibility Study in Dogs, Vet Comp Orthop Traumatol 2023; 36(01): 01-09
Pas de conflit d'intérêt déclaré.