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> Maladie obstructive du bas appareil urinaire félin chez le mâle

Anthony BARTHELEMY
Hopia
Guyancourt France

I- Introduction

La présentation de la procédure de réalisation de ce consensus réalisé par le conseil scientifique du GEUR sera faite oralement. Seules nos recommandations consensuelles sont présentes dans ce manuscrit.

II- Concernant les commémoratifs et le motif de consultation

Nous suggérons d’accorder une attention particulière aux facteurs de risque suivants : le surpoids, la vie exclusivement en intérieur, et l’alimentation sèche. Aucune recommandation ne peut être établie sur le statut reproducteur.

Nous recommandons de considérer un antécédent de MBAUF comme un facteur de risque d’obstruction urétrale.

Nous recommandons de ne pas exclure la présence d'une obstruction urétrale en l'absence de visualisation de signes urinaires.

III- Concernant les données de l’examen clinique

Nous recommandons de ne pas exclure une obstruction urétrale en l’absence de vessie palpable, ferme et non compressible. Nous suggérons de ne pas exclure une obstruction urétrale lorsque la vessie n’est pas palpable à l’examen clinique.

Lors de l’examen clinique, nous recommandons de porter une attention particulière à la fréquence cardiaque et à la température, la bradycardie (< 140 bpm) et l’hypothermie (< 37,8°C) étant associées à la morbidité.

Lors de l’identification d’une bradycardie, nous recommandons la réalisation d'un ionogramme et d’un électrocardiogramme. Lors de l’identification d’un trouble du rythme cardiaque, nous recommandons la réalisation d'un ionogramme et d’un ECG. Lors de l’identification d’une hypothermie, nous recommandons la réalisation  d’un ionogramme et d’un dosage plasmatique de l’urée et de la créatinine.

IV- Concernant les examens complémentaires réalisés à l’admission

Nous recommandons que la valeur de la kaliémie guide la prise en charge médicale. Lors de l'identification d’une hyperkaliémie (> 5,5 mmol/L), nous recommandons la réalisation d’un ECG et suggérons celle de la mesure des gaz du sang veineux.

Aucune recommandation ne peut être établie sur le choix d’examens complémentaires permettant d’anticiper la difficulté du sondage.

V- Concernant les stratégies de prise en charge

Nous recommandons le sondage urétral comme méthode de référence de la prise en charge médicale des MBAUF obstructives. Nous suggérons que le recours à une ou des cystocentèse(s) décompressives soi(en)t considérée(s) uniquement si le sondage n’est pas envisageable.

Nous recommandons une hospitalisation avec mise en place d’une sonde urétrale à demeure. Nous recommandons de ne pas laisser de sonde urétrale à demeure en gestion à domicile par les propriétaires. Nous suggérons qu’un sondage flash soit considéré uniquement si une hospitalisation avec sonde à demeure n’est pas envisageable.

Nous recommandons qu’une prise en charge anesthésique soit systématiquement incluse lors du sondage urétral.

VI- Concernant la stabilisation médicale avant la levée de l’obstruction

Nous recommandons une prise en charge systématique de la douleur. Nous recommandons qu’un opioïde de palier 3 soit utilisé. Nous recommandons de ne pas utiliser d’anti-inflammatoires avant la levée d’obstruction. Nous recommandons de ne jamais utiliser de paracétamol, en raison de sa toxicité chez le Chat.

Nous recommandons de prendre en charge immédiatement toute hyperkaliémie > 7,5 mmol/L ou toute hyperkaliémie associée à une anomalie de l’ECG. En dehors de ces critères, aucune recommandation ne peut être établie. Pour toute hyperkaliémie > 7,5 mmol/L ou toute hyperkaliémie associée à une anomalie de l’ECG, nous recommandons l’administration IV sur 10 à 20 minutes de 0,5 à 1,5 mL/kg de gluconate de calcium 10% et l’utilisation d’une thérapie hypokaliémiante. Nous suggérons que l’amélioration des anomalies de l’ECG soit obtenue avant toute anesthésie. Si elle ne peut être obtenue, la levée de l'obstruction doit néanmoins être envisagée dans un délai raisonnable (< 1 heure).

Aucune recommandation ne peut être établie sur la nécessité de mettre en place une fluidothérapie avant la levée de l’obstruction. Une hypervolémie étant délétère chez le chat, si une fluidothérapie est mise en place, nous recommandons que le débit de fluide soit guidé par la volémie, l’état d'hydratation et les pertes. Nous recommandons que le volume de chaque injection soit pris en compte dans le calcul du volume total de fluides administrés.

VII- Concernant la cystocentèse décompressive

L’absence de bénéfice rapporté sur le succès de la stabilisation médicale et l’absence de risque majoré de complication ne permet pas d’établir de recommandation. Si une cystocentèse est réalisée, nous recommandons que le geste technique soit fait de façon appropriée.

Nous ne recommandons pas la réalisation de cystocentèse décompressive pour faciliter le sondage urétral.

La cystocentèse décompressive pourrait augmenter le risque d’épanchement abdominal, mais les répercussions cliniques semblent limitées. Nous suggérons que cette complication ne soit pas une contre-indication à sa réalisation.

VIII- Concernant l’anesthésie

Aucune procédure anesthésique systématisée ne peut être recommandée, elle doit être adaptée à l’état clinique et paraclinique du chat. Nous recommandons de mettre en place systématiquement une surveillance instrumentale et clinique tout au long de la procédure anesthésique. Nous suggérons de ne pas utiliser en première intention les alpha2-agonistes lors de perturbations cardiovasculaires, rénales et ioniques. Nous recommandons de ne pas utiliser d’AINS tant que la fonction rénale et le statut volémique ne sont pas rétablis. Lorsqu’une anesthésie générale est réalisée, nous recommandons l'utilisation d'une sonde endotrachéale ou d’un masque laryngé. Nous recommandons d’avoir recours à un ou des agent(s) injectable(s) par voie intramusculaire plutôt qu’à une stratégie volatile (cage à induction) pour obtenir une contention chimique chez le chat agressif.

Nous suggérons l’utilisation des techniques d’anesthésie locorégionale pour faciliter le sondage urétral.

IX- Concernant la levée d’obstruction

Nous recommandons de réaliser un sondage en conditions aseptiques avec une tonte large.

Nous recommandons de privilégier l'utilisation d'une sonde en polyuréthane. Aucune recommandation ne peut être émise concernant les autres caractéristiques de la sonde (longueur, diamètre, mandrin). Nous recommandons que l’extrémité distale de la sonde soit placée à l’entrée du trigone vésical et qu’un contrôle par un examen d’imagerie médicale soit réalisé pour vérifier son bon positionnement.

Aucune recommandation ne peut être émise quant à l'intérêt de réaliser des gestes techniques spécifiques pour la cathétérisation. Nous suggérons de réaliser un geste atraumatique (massage pénien, massage urétral transrectal) pour faciliter le sondage. Nous recommandons de ne pas utiliser d’instrument pour manipuler le pénis. Nous recommandons de réaliser une hydro rétropulsion à l’aide d’un cathéter lors de sondage jugé difficile par le clinicien.

Nous recommandons l’utilisation d’un lubrifiant stérile. Malgré des résultats prometteurs, aucune recommandation ne peut être établie sur l'instillation intra-urétrale d’atracurium. Aucune recommandation ne peut être établie sur l'instillation intra-urétrale d’une autre molécule (lidocaïne, diazépam,...) pour faciliter le sondage.

Lorsque la levée d’obstruction par sondage urétral n’est pas possible, nous recommandons de réaliser une technique alternative (urétrostomie, cystocentèse, dérivation vésicale). Aucune recommandation ne peut être établie sur le choix préférentiel de cette technique alternative.

X- Concernant les rinçages vésicaux

Nous recommandons de ne pas réaliser de rinçage vésical systématique. Lorsqu’un rinçage vésical est réalisé, nous recommandons qu’il soit réalisé de façon aseptique avec un cristalloïde isotonique stérile.

Nous ne recommandons pas l’instillation intravésicale de médicament.

Lors de bactériurie, nous recommandons de ne pas réaliser de rinçage vésical.

XI- Concernant la gestion de la sonde

Nous recommandons l’utilisation systématique d’un système de collecte des urines clos et stérile.

Nous recommandons une hygiène stricte des mains du personnel soignant lors de manipulation du système de collecte des urines. Si le système de collecte des urines apparaît propre, nous ne recommandons aucun soin local excepté la vidange régulière de la poche de collecte, sans déconnexion de ce système. Si le système de collecte des urines apparaît souillé, nous suggérons de le changer. Nous suggérons de ne pas réaliser de rinçage vésical durant l’hospitalisation.

XII- Concernant la médication de l’animal hospitalisé

Après la levée d'obstacle, en hospitalisation, nous recommandons la mise en place d’une fluidothérapie. Nous recommandons d’utiliser un cristalloïde isotonique équilibré pour les corrections des déficits hydriques. Lors d’hypokaliémie, nous recommandons de complémenter le soluté en potassium.

Nous recommandons que la diurèse soit mesurée a minima 3 fois par jour et serve à adapter le débit de perfusion. Nous suggérons que le débit de perfusion soit égal à la diurèse + 1 mL/kg/h. Lorsque le débit de fluidothérapie dépasse 5 mL/kg/h, nous recommandons de  surveiller régulièrement l’apparition de signes de surcharge (difficultés respiratoires, bruit de galop, …). Chez les chats ayant un score corporel élevé, nous suggérons d’utiliser le poids idéal pour calculer le débit de perfusion.

Aucune recommandation ne peut être établie sur l’utilisation de myorelaxant. Si un myorelaxant est utilisé, nous suggérons de privilégier une administration parentérale.

Aucune recommandation ne peut être faite sur l’utilisation d’un anti-inflammatoire en hospitalisation. Si un anti-inflammatoire est prescrit, nous suggérons d’utiliser un anti-inflammatoire non stéroïdien plutôt qu’un anti-inflammatoire stéroïdien. Si un anti-inflammatoire est prescrit, nous recommandons de l’administrer uniquement après normalisation des paramètres rénaux et des troubles digestifs. Si un anti-inflammatoire est prescrit, nous suggérons l’utilisation de meloxicam à la dose de 0,05 mg/kg q24h.

Nous recommandons de ne pas administrer d’antibiotique, sauf indications particulières. Nous recommandons que les seules indications d’administrer un antibiotique soient la présence d’une infection du tractus urinaire ou d’un urosepsis. Dans ce cas, nous recommandons d'obtenir un échantillon d'urine par cystocentèse ou lors du cathétérisme initial avant l’administration d'antibiotiques. Lors d’infection du tractus urinaire, nous recommandons l’amoxicilline 20-25 mg/kg IV/SC/PO q8 à q12h pendant 3 à 5 jours comme traitement probabiliste de 1ère intention. Lors d’urosepsis, nous recommandons l’amoxicilline/acide clavulanique (ou ampicilline - sulbactam) 20-25 mg/kg IV q6 à q8h pendant 3 à 5 jours comme traitement probabiliste de 1ère intention

Nous suggérons de ne pas initier d’alimentation spécifique en hospitalisation. Nous recommandons de favoriser la prise alimentaire avec un choix varié d’aliments secs et humides. Nous recommandons de laisser à disposition de l’eau ad libitum.

XIII- Concernant le retrait de la sonde urétrale

Aucune recommandation précise ne peut être établie sur la durée optimale du maintien de la sonde. Nous suggérons de ne pas retirer la sonde urétrale avant un délai de 24 heures.

Nous recommandons d’attendre la normalisation de la couleur des urines et de la diurèse pour retirer la sonde urétrale. Nous suggérons de maintenir en place la sonde urétrale jusqu’à normalisation ou stabilisation des paramètres sanguins rénaux. Nous recommandons de ne pas baser la décision de retrait de la sonde sur la seule présence d’une bactériurie.

Aucune recommandation ne peut être établie sur la mise en place d’une procédure spécifique et standardisée de retrait de la sonde urétrale. Nous recommandons la désinfection des mains du personnel soignant et le port de gants (stériles ou non) lors du retrait de la sonde. Nous suggérons de tranquilliser le chat pour retirer la sonde.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.