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> Comment prendre en charge les vaginites de la chienne prépubère ? Contre-indication à la stérilisation

Camille LANGLADE
Vetagro Sup
Marcy L'etoile France

I- Introduction

Comme son nom l’indique, la vaginite de la chienne prépubère se développe chez les chiennes avant leur premier œstrus. Il s’agit d’une inflammation du vagin, souvent associée à un déséquilibre de la flore vaginale et d’une infection bactérienne. La prévalence de cette affection n’est pas connue. La prise en charge de cette affection dépend des signes cliniques de la chienne. En revanche, qu’elle soit clinique ou non, la vaginite de la chienne prépubère est une contre-indication à la stérilisation.

 

II- Comment diagnostiquer une vaginite de la chienne prépubère ?

Le signalement, l’anamnèse, la présentation clinique et le frottis vaginal permettent le diagnostic de cette affection.

1. Signalement

Le fait que la chienne n’ait pas encore atteint la puberté doit alerter le clinicien. L’âge de la puberté se situe entre 6 et 10 mois en général, mais peut varier selon les individus, la race et le gabarit du chien (4 à 24 mois). Aucune prédisposition de race n’est décrite dans la littérature.

2. Anamnèse

Les propriétaires peuvent parfois rapporter des pertes vulvaires et/ou un léchage de la vulve, sans atteinte de l’état général. Dans la majorité des cas de vaginite de la chienne prépubère, les propriétaires ne rapportent aucun signe et la découverte est fortuite lors d’un examen clinique.

3. Examen clinique

La vulve a encore sa conformation juvénile : elle est souvent de petite taille. Un repli cutané dorsal proéminent est parfois présent, recouvrant partiellement la vulve, on parle de vulve barrée/encapuchonnée (image 1). Les lèvres de la vulve sont collées l'une à l'autre et présentent un écoulement collant, inodore, clair à blanc. Une vulvite peut être présente si la chienne se lèche fréquemment. Un toucher vaginal doit être réalisé, mais celui-ci ne permet qu’une investigation partielle (que le vagin caudal).

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Image 1

4. Frottis vaginal

Il est indispensable pour confirmer le diagnostic. De nombreux polynucléaires neutrophiles sont observés. Les cellules épithéliales sont en général peu nombreuses et de type parabasales ou intermédiaires (image 2).

Une endoscopie vaginale, une échographie uro-génitale, une bactériologie vaginale et/ou urinaire ont souvent peu d’intérêt pour le diagnostic. Le recours à ces examens se fait en fonction des éléments de l’anamnèse et des signes cliniques.

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Image 2

 

III- Étiologie des vaginites de la chienne prépubère

Dans la grande majorité des cas, la vaginite de la chienne prépubère est idiopathique. La vaginite peut être secondaire à une affection de l’appareil urinaire, la présence d’un corps étranger ou des malformations anatomiques.

L’inflammation est associée à un déséquilibre de la flore vaginale, ce qui permet l’apparition d’une infection. Les bactéries les plus courantes associées à la vaginite sont Escherichia coli, Staphylococcus pseudintermedius et Streptococcus canis. Il s’agit de bactéries de la flore vaginale, pathogènes opportunistes.

IV- Comment prendre en charge une chienne prépubère ayant une vaginite ?

Chez les chiennes qui ne présentent pas de gêne, de douleur et d’altération de l’état général (vaginite subclinique), la mise en place d’un traitement n’est pas nécessaire. La plupart des cas se résolvent spontanément, suite aux premières chaleurs. Les œstrogènes permettent le développement de l’appareil génital externe et ont un effet immunostimulant. Il faut donc attendre la puberté de la chienne avant d’envisager sa stérilisation.

Pour les chiennes présentant de la gêne ou de la douleur, un traitement se justifie. Il va dépendre de l’intensité des signes cliniques.

  • Des anti-inflammatoires peuvent être mis en place pour améliorer le confort de l’animal, en attendant que son système immunitaire élimine l’inflammation et l’infection. En première intention, du méloxicam peut être utilisé.
  • Le recours aux antibiotiques doit se faire avec précaution et de manière ciblée. En effet, l’antibiothérapie peut perturber la flore vaginale, elle-même moyen de défense contre les infections. Une bactériologie avec antibiogramme est recommandée. Le prélèvement doit être effectué dans le vagin crânial en évitant le plus possible les contaminations (utiliser un guide stérile par exemple) et la bactériologie doit être interprétée en gardant en mémoire que le vagin n’est pas un milieu stérile. Les signes cliniques peuvent réapparaitre à l’arrêt du traitement et l’utilisation répétée d’antibiotiques augmente les risques d’apparition d’antibiorésistance.
  • En cas de léchage, le port de la collerette est indispensable tout le long du traitement pour éviter l’entretien et l’aggravation de l’inflammation.
  • En cas de vaginite secondaire, la correction de la cause sous-jacente est nécessaire (correction des malformations anatomiques, traitement d’une infection urinaire, traitement d’une incontinence urinaire…)
  • En cas de dermatite périvulvaire, des soins locaux peuvent être mis en place (tonte, lingettes désinfectantes en usage externe uniquement)
  • Dans les cas aigus et sévères, ces traitements sont parfois insuffisants et l’attente des premières chaleurs peut être difficile à accepter pour le propriétaire. À VetAgro Sup, des lavages vaginaux sont pratiqués (tous les 2 jours pendant une dizaine de jours) à l’aide de Povidone iodée diluée dans une poche de NaCl 0 ,9% (2 mL pour 500 mL ou 1 mL pour 250 mL selon le gabarit du chien). Une amélioration est visible pendant le suivi.

Enfin, dans une étude (Marino et al 2014), 6 chiennes prépubères ayant une vaginite ont reçu un implant de desloréline à 4,5 mois et ont résolu leur vaginite dans les 2 semaines post-implantation. Les frottis vaginaux effectués durant ces 2 semaines montraient une kératinisation des cellules vaginales et une augmentation de la concentration en œstrogène étaient également décrite 8 à 10 jours post-implantation. Il s’agit d’une observation sur un petit nombre, cette piste reste à explorer.

Des récidives sont possibles jusqu'à ce que l’animal atteigne la puberté.

V- La vaginite de la chienne prépubère : contre-indication à la stérilisation (par ovariectomie ou ovariohystérectomie)

Dans une étude prospective parue en 2023, la taille et la conformation vulvaire de chiennes stérilisées avant ou après la puberté ont été analysées, à l’âge de 6 mois puis à 17 mois. Il en ressort que les changements dans la taille de la vulve ont été significativement influencés par la stérilisation prépubertaire, et que les chiennes stérilisées avant leur puberté étaient plus susceptibles d’avoir des vulves juvéniles ou encapuchonnées à 17 mois.

Une vulve de petite taille et/ou encapuchonnée prédispose aux vaginites et dermatites périvulvaires. Une évolution vers une vaginite chronique à l’âge adulte est possible.

Il est donc primordial de ne pas stériliser la chienne atteinte de vaginite avant ses premières chaleurs pour ne pas stopper le développement de l’appareil reproducteur.

V- Quid de l’induction de la puberté ?

Dans une étude récente (Karadag et al, 2023), 16 chiennes prépubères tardives (âgée entre 7 et 8 mois) ont reçu un implant de desloréline 4,7 mg (agoniste de la GnRH). Six chiennes ont manifesté un œstrus 9 jours post-implantation avec des frottis vaginaux caractéristiques d’œstrus. Les dix chiennes restantes, bien que n’ayant pas présenté de signes cliniques d’œstrus, avaient plus de cellules kératinisées à la cytologie vaginale. Toutes les chiennes ont présenté une augmentation du taux d’œstrogènes.

Une implantation juste avant le début de la puberté pourrait induire cette-ci (effet flare-up de la desloréline). Attention, cette utilisation de l’implant ne fait pas partie de l’AMM.

 VI- Conclusion

La vaginite de la chienne prépubère est dans la majorité des cas une affection bénigne ne nécessitant pas de traitement particulier. Si la chienne est gênée/douloureuse la mise en place d’un traitement se justifie. L’antibiothérapie systématique ou basée uniquement sur une bactériologie positive est à proscrire (le vagin n’étant pas stérile). L’arrivée de la puberté permet dans la grande majorité des cas de résoudre la vaginite de la chienne prépubère, c’est pourquoi la stérilisation doit se faire après les chaleurs. De plus, les œstrogènes sont nécessaires au développement de l’appareil génital externe.

 

Bibliographie

  1. Marino G, Rizzo S, Quartuccio M, Macrì F, Pagano G, Taormina A, et al. Deslorelin Implants in Pre-pubertal Female Dogs: Short- and Long-Term Effects on the Genital Tract. Reprod Domest Anim. 2014;49(2):297-301.
  2. Karada? MA, Schäfer-Somi S, Demir MC, Kuru M, Aslan S, Kaya D. Short-term clinical and hormonal effects of a deslorelin implant on late-prepubertal bitches - Based on flare-up signs. Theriogenology. 1 oct 2023;209:162-9.
  3. Moxon R, Freeman SL, Payne R, Godfrey-Hunt J, Corr S, England GCW. A Prospective Cohort Study Investigating the Impact of Neutering Bitches Prepubertally or Post-Pubertally on Physical Development. Animals. janv 2023;13(9):1431.
  4. Conze T, Stamm M, Sendag S, Failing K, Wehrend A. Vulvar developmentof bitches after castration. In Paris, France; 2016.
  5. Kustritz MVR. Collection of tissue and culture samples from the canine reproductive tract. Theriogenology. 1 août 2006;66(3):567-74.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Facteurs de risque : la stérilisation, où en est-on ?

Zuzanna NIEWIADOMSKA
Anirepro
Reims France

I- Introduction

Dans la plupart des pays développés, la stérilisation chirurgicale est devenue un outil courant pour lutter contre la surpopulation de chiens errants et pour éliminer le risque de maladies reproductives chez les chiens de compagnie (par exemple, tumeur mammaire et pyomètre chez la femelle, et hyperplasie bénigne de la prostate chez le mâle).

Il est fréquemment conseillé aux propriétaires d'animaux de compagnie de stériliser leurs chiens pour des raisons de santé. Un certain nombre d'avantages sont cités, mais les risques pour la santé sont souvent ignorés.

Depuis plusieurs années, les chercheurs découvrent que la stérilisation présente également un effet néfaste pour la santé d’un animal. Ces effets secondaires peuvent être liés à l’hormone lutéinisante (LH). L'activation des récepteurs LH (LHR) dans les tissus cibles non reproducteurs est suspectée.

II- L’obésité

L'ablation des gonades est le facteur de risque le plus important pour le développement de l'obésité chez les chiens. Jusqu'à 68% des chiens castrés sont obèses. L'élimination des gonades stimule la prise de nourriture et augmente l'appétit.

III- L'incontinence urinaire

L'incontinence urinaire est une complication courante à long terme de la stérilisation des chiennes, avec une incidence rapportée allant de 5% à 30%.

IV- Les calculs urinaires

Les calculs urinaires (cristaux d'urine, calculs rénaux et calculs vésicaux) se rencontrent à un taux trois fois plus élevé chez les chiens castrés que chez les chiens entiers.

V- Le diabète sucré

L'ablation des gonades double le risque de développer un diabète sucré chez le chien. Bien que la gonadectomie augmente le risque d'obésité, la prévalence accrue du diabète sucré chez les chiens stérilisés n'est pas liée à l'obésité.

VI- L'hypothyroïdie

L'ablation des gonades a un effet profond sur la fonction thyroïdienne et est la cause la plus importante du développement de l'hypothyroïdie chez le chien. Trente pour cent de plus de chiens gonadectomisés développent une hypothyroïdie par rapport aux chiens entiers. Les concentrations de thyroxine chez les chiens stérilisés sont significativement plus faibles chez les deux sexes par rapport aux chiens entiers.

VII- La dysplasie de la hanche

L'incidence de la dysplasie de la hanche peut atteindre 40 à 83 % chez les chiens de grande race et de race géante. Cependant, elle varie considérablement entre les différentes races. Indépendamment de la survenue d'obésité, la gonadectomie augmente significativement l'incidence de la dysplasie de la hanche. Par rapport aux chiens entiers, la gonadectomie augmente de 1,5 fois à 2 fois l'occurrence chez les chiens stérilisés. Il est important de mentionner que la relation positive entre la gonadectomie et l'incidence de la dysplasie de la hanche est plus forte chez les chiens mâles castrés que chez les chiennes stérilisées.

VIII- La rupture du ligament croisé crânial

L'ablation des gonades augmente considérablement la prévalence de la rupture du ligament croisé crânial, doublant l'occurrence signalée pour les chiens entiers, avec une incidence aussi élevée que 5,1 % et 7,7 % chez les mâles et les femelles, respectivement.

Malgré les déformations squelettiques qui surviennent avec la gonadectomie prépubère (moins de 6 mois), même les chiens gonadectomisés entre 6 et 12 mois présentent un risque accru de rupture du ligament croisé crânial.

IX- Comportement

Le rôle de l'ablation des gonades sur le comportement est complexe. Des preuves d'avantages et d'inconvénients après une gonadectomie ont été rapportées. Les comportements liés à la reproduction (tels que le marquage urinaire dans la maison, l’hypersexualité et les fugues) sont tous réduits ou éliminés après la gonadectomie. Cependant, la peur et l'agressivité ont tendance à être exacerbées. Les femelles stérilisées sont également plus réactives à la présence d'humains et de chiens inconnus. Bien que certains chiens puissent devenir moins agressifs après une gonadectomie, l'agressivité par dominance et l'agressivité dirigée vers le propriétaire surviennent avec une fréquence significativement plus élevée chez les chiens gonadectomisés par rapport aux chiens non castrés.

X- Les maladies cognitives

Le syndrome de dysfonctionnement cognitif est un trouble neurodégénératif du chien âgé, qui se caractérise à la fois par des changements cognitifs et des pathologies neurophysiologiques. L'ablation des gonades augmente considérablement le développement et la progression du syndrome de dysfonctionnement cognitif chez le chien.

XI- Néoplasies

1. Carcinome prostatique

Chez le chien, la gonadectomie est le principal facteur de risque de développement d'un adénocarcinome de la prostate.

Les carcinomes à cellules transitionnelles (CCT) peuvent provenir de la vessie ou de l'urètre, y compris l'urètre prostatique. Les chiens gonadectomisés ont un risque significativement plus élevé de développer un carcinome à cellules transitionnelles par rapport aux chiens non stérilisés.

2. L'ostéosarcome

L'ostéosarcome survient avec une fréquence significativement plus élevée chez les chiens castrés et stérilisés. L'incidence de l'ostéosarcome chez les chiens Rottweiler gonadectomisés est 1,3 à 2,0 fois plus élevée que chez les chiens entiers. Cependant, il n'y a pas de différence dans l'incidence de l'ostéosarcome entre les Bergers allemands gonadectomisés ou pas.

3. L'hémangiosarcome

Les chiennes stérilisées ont deux fois plus de risques de développer un hémangiosarcome splénique et cinq fois plus de risques de développer un hémangiosarcome cardiaque par rapport aux femelles non stérilisées.

4. Le mastocytome

Plusieurs études ont documenté un risque accru de développer un mastocytome après la gonadectomie.

5. Le lymphome

La gonadectomie augmente l'incidence des lymphomes. Chez les Golden Retrievers, les mâles castrés sont trois fois plus susceptibles de développer un lymphome que les mâles entiers et environ 1 mâle castré sur 10 développera un lymphome.

Conclusion

Les avantages et les inconvénients de la gonadectomie doivent être soigneusement considérés par les vétérinaires, car il existe des effets potentiels à la fois positifs et négatifs sur la santé à long terme. Les effets secondaires de la gonadectomie peuvent varier en fonction de la race, de l’âge au moment de la procédure, et d'autres facteurs individuels. Sur la base de l'examen de la littérature, il devient clair que les gonades canines ne sont pas simplement des organes reproducteurs, mais sont essentielles à la santé endocrinienne, musculo-squelettique, comportementale et anti-néoplasique. Parmi les fonctions non reproductrices des gonades, la suppression de la sécrétion de LH et la surexpression des récepteurs de la LH qui en résulte semblent nécessaires au maintien de l'homéostasie. A l'heure actuelle, il n'existe aucune preuve directe qu'il existe un lien causal entre une concentration élevée de LH, l'expression des LHR, et les effets néfastes sur la santé. Des recherches supplémentaires sont nécessaires.

Bibliographie

  1. Hart BL, Hart LA, Thigpen AP, Willits NH  Assisting Decision-Making on Age of Neutering for 35 Breeds of Dogs: Associated Joint Disorders, Cancers, and Urinary Incontinence. Front Vet Sci. 2020 Jul 7;7:388.
  2. Kim, H.H.; Yeon, S.C.; Houpt, K.A.; Lee, H.C.; Chang, H.H.; Lee, H.J. Effects of ovariohysterectomy on reactivity in German Shepherd dogs. Vet. J. 2006, 172, 154–159.
    Kutzler MA. Possible Relationship between Long-Term Adverse Health Effects of Gonad-Removing Surgical Sterilization and Luteinizing Hormone in Dogs.Animals (Basel). 2020 Apr 1;10(4):599.
  3. Waters DJ, Kengeri SS, Maras AH, Suckow CL, Chiang EC Life course analysis of the impact of mammary cancer and pyometra on age-anchored life expectancy in female Rottweilers: Implications for envisioning ovary conservation as a strategy to promote healthy longevity in pet dogs Vet J. 2017 Jun;224:25-37.
  4. Zink, M.C.; Farhoody, P.; Elser, S.E.; Ruffini, L.D.; Gibbons, T.A.; Rieger, R.H. Evaluation of the risk and age of onset of cancer and behavioral disorders in gonadectomized Vizslas. J. Am. Vet. Med. Assoc. 2014, 244, 309–319.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Que penser de la stérilisation précoce?

Zuzanna NIEWIADOMSKA
Anirepro
Reims France

I- Introduction

Le moment de la gonadectomie chez les chiens et les chats est encore un sujet controversé. Les raisons pour lesquelles on stérilise les animaux sont nombreuses. Pour les animaux errants et dans les refuges, il est crucial de contrôler la population. En revanche, pour les propriétaires d'animaux de compagnie, la stérilisation revêt une importance capitale pour des raisons de santé (par exemple réduction des risques de tumeurs mammaires). Cette démarche peut également répondre à des problèmes comportementaux (vocalisation excessive chez les chattes, marquage territorial chez les chats, ou fugues chez les chiens). Les éleveurs de chats prônent souvent la stérilisation précoce des chatons avant leur adoption.

La définition du moment de la stérilisation précoce n’est pas la même chez les chats et chez les chiens. Chez les chats, nous parlons d’une stérilisation réalisée souvent avant 16 semaines de vie. En France, les chats sont traditionnellement stérilisés entre 6 et 8 mois, mais il ne semble y avoir aucune preuve scientifique démontrant qu'il s'agit de l'âge optimal. Concernant les chiens, nous allons parler d’une stérilisation avant la puberté, souvent avant les premières chaleurs, qui est de moins en moins fréquente due aux preuves scientifiques qui démontrent entre autres l’augmentation des problèmes articulaires surtout chez les grandes races.

Des protocoles anesthésiques et pratiques chirurgicales chez ces 2 espèces sont disponibles et sont décrits comme sûrs. Néanmoins, des inquiétudes subsistent concernant les problèmes de comportement et de santé. Il y a encore très peu d’études qui comparent précisément les effets secondaires de la stérilisation précoce avec la stérilisation à l’âge adulte.

II- Anesthésie et chirurgie

Les risques associés à l'anesthésie et à la chirurgie lors d'une stérilisation pédiatrique sont minimes lorsqu'on suit des directives spécifiques. Par le passé, le manque d'agents anesthésiques sécurisés était considéré comme la principale raison de retard pour cette procédure. Cependant, les méthodes anesthésiques actuelles et les équipements chirurgicaux permettent désormais de pratiquer la stérilisation chez les très jeunes animaux.

Néanmoins, il faut noter que les jeunes patients restent vulnérables et que l'anesthésie présente des risques accrus, tels que l'hypoglycémie, due aux réserves limitées de glycogène, l'hypothermie, en raison de la faible quantité de tissu adipeux et d'une grande surface corporelle, ainsi que des risques d'hypoxie et de bradycardie.

La stérilisation précoce présente certains avantages, notamment une meilleure visibilité des organes en raison de leur taille et de l'absence de graisse, une récupération post-chirurgicale plus rapide et une réduction des complications post-opératoires. Cependant, en raison du faible volume sanguin chez ces animaux jeunes, les conséquences des saignements peuvent être plus graves et se développer rapidement.

Le risque d’apparition de tumeurs mammaires peut être réduit davantage par la stérilisation avant le premier œstrus chez les chiennes et avant l’âge de 6 mois chez les chattes, par rapport à la stérilisation plus tardive.

Concernant l’obésité, dans les études présentes aucune corrélation n’a été trouvée entre l’âge au moment de la gonadectomie ni chez les chiens ni chez les chats.

La prévalence des phobies du bruit et des comportements sexuels augmente chez les chiens stérilisés avant 5,5 mois, néanmoins la prévalence des comportements de fuite, d'anxiété de séparation et de miction dans la maison diminue, en comparaison avec les chiens gonadectomisés entre 5,5-12 mois. Les chiens mâles castrés avant 5,5 mois présentaient également une prévalence plus élevée d'agressivité envers les membres de la famille, mais aucune association significative avec une agression grave n'a été détectée.

Chez les chats, il n'y avait aucune différence entre stérilisation précoce d'âge traditionnel en ce qui concerne les comportements indésirables tels que la malpropreté, le comportement craintif, l'agression et la destruction.

Auparavant, il a été démontré que les hormones gonadiques sont responsables du développement normal des organes génitaux externes chez les chiens et les chats. L’immaturité des organes génitaux externes, la présence de vulve infantile, est signalée chez les chiennes avec des lèvres vulvaires enflées augmentant le risque de dermatite vulvaire et en conséquence de vaginite. Ce problème n’a pas été observés chez les chattes.

Les chats mâles castrés précocement présentent une difficulté dans la séparation prépuce du pénis, mais aucune corrélation n'a été trouvée entre l'âge au moment de la gonadectomie et l'incidence de SUF.

Chez les chiens et les chats gonadectomisés précocement, la fermeture de cartilage épiphysaire retardée peut avoir des implications cliniques. De nombreux résultats suggèrent que chez les chiens, la stérilisation peut contribuer à un risque accru de certains problèmes orthopédiques tels que la dysplasie de la hanche et la rupture du ligament croisé crânial, et il existe des preuves selon lesquelles, pour certaines races, les chiens gonadectomisés avant l’âge de 6 mois peuvent présenter un risque accru par rapport à ceux castrés entre 6 et 11 mois ou plus tard. Les chatons stérilisés à un âge précoce pourraient avoir un risque accru de fractures ou ils pourraient simplement devenir plus grands, mais ce sujet reste controversé.

III- Conclusion

Peu d’études ont directement abordé l’effet de l’âge lors de la gonadectomie et, par conséquent, les effets cliniques de la stérilisation précoce sur la santé et le comportement restent flous.

Il est essentiel de considérer chaque espèce séparément et d'appréhender chaque animal individuellement, compte tenu des différences raciales et des facteurs qui influencent le moment optimal de la stérilisation.

Bibliographie

  1. Howe et al., Long-term outcome of gonadectomy performed at an early age or traditional age in cats. J Am Vet Med Assoc. 2000 Dec 1;217(11):1661-5.
  2. Porters, Prepubertal gonadectomy in shelter cats: Anaesthesia, surgery and effect of age at time of gonadectomy on health and behaviour, PhD Universiteit Gent, Faculteit Diergeneeskunde.2014
  3. Reichler IM, Gonadectomy in cats and dogs: a review of risks and beneftis in Reprod Dom Anim 44, 29-35 (2009)
  4. Root  et al. : The effect of prepuberal and postpuberal gonadectomy on radial physeal closure in male and female domestic cats. Vet Radiol Ultrasound. 1997 Jan-Feb;38(1):42-7.
  5. Spain CV, Long-term risks and benefits of early-age gonadectomy in dogs in JAVMA, Vol. 224, No. 3, February 1, 2004
Pas de conflit d'intérêt déclaré.