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> Chiens de sport : blessures musculo-tendineuses / lésions orthopédiques

Eddy CAUVIN
Cvs Azurvet
Saint-Laurent-Du-Var France
Pierre GUILLAUMOT
Clinique vétérinaire Olliolis 
83190 Ollioules 

I- Introduction

Du fait de leur activité, les chiens de sport sont plus sujets que la moyenne aux lésions musculo-tendineuses. Ces lésions échappent plus sou­vent à l’examen radiographique ; il faut donc insister sur l’importance du recueil des commémoratifs et sur l’examen clinique qui doit au moins permettre de localiser la lésion que l’on pourra ensuite être appelé à visualiser par échographie ou par une imagerie de deuxième intention de type tomodensitométrie ou IRM.

II- Les différentes lésions

« Qui ne sait pas ce qu’il cherche ne comprendra pas ce qu’il trouve » Claude Bernard

Dans ce paragraphe introductif, la liste des affections musculotendineuses fréquentes ou décrites dans la littérature chez le chien.

III- Lésions musculaires : contractures/claquages ou déchirures

Elles peuvent toucher les muscles ou groupes musculaires suivants :

  • dentelé ventral du thorax (déchirure occasionnant une luxation dorsale de la scapula) ;
  • infra-épineux ++ ;
  • supra-épineux ;
  • petit rond ;
  • fléchisseur ulnaire du carpe (bouleture) ;
  • iliopsoas ;
  • quadriceps ;
  • adducteurs, pectiné ;
  • semi-tendineux/gracile ;
  • sartorius ;
  • gastrocnémiens. 

IV- Lésions tendineuses

Les principales affections rencontrées sont les luxations, les déchirures ou avulsions et les tendinopathies. Voici ci-dessous les tendons affectés selon le type de lésion :

  • luxations : biceps, fléchisseur superficiel des doigts, extenseur commun des doigts ;
  • déchirures, avulsions : biceps (insertion proximale et insertion distale), triceps, fléchisseur ulnaire du carpe, insertion métacarpienne et origine humérale du m extenseur radial du carpe, iliopsoas, gracile, tendon du m long extenseur commun des doigts, tendon patellaire, tendon du muscle poplité, tendon d’origine des gastrocnémiens, tendon calcanéen commun ;
  • tendinopathies : biceps, supra-épineux, tendons des extenseurs du carpe, origines humérales épicondyliennes des fléchisseurs et extenseurs du carpe, tendon distal du fléchisseur ulnaire du carpe, abducteur oblique du pouce, tendon patellaire, tendon calcanéen commun.

1. Clinique

a) Lésions aiguës

Leur diagnostic est aisé lorsque l’on a un commémoratif de traumatisme. Leur caractère récent permet de localiser le siège du problème. Ce diagnostic est d’autant plus aisé si une effraction cutanée est présente (ex section du tendon des gastrocnémiens par instrument tranchant ou morsure). 

Dans le cas contraire, il peut exister un symptôme guidant vers une lésion musculo-tendineuse :

  • mobilité anormale d’une articulation : mobilité de la scapula avec rupture des muscles pectoraux ;
  • palmigradie en cas de désinsertion de l’ulnaire médial de l’os accessoire du carpe ;
  • plantigradie en cas d’atteinte de l’appareil achilléen : insertion des gastrocnémiens, déchirure musculaire, rupture tendi­neuse, désinsertion calcanéenne ; ici, c’est l’examen clinique qui permet de localiser le niveau de la lésion.

b) Lésions chroniques

Elles sont souvent associées à un traumatisme aigu initial (claquage, déchirure) mal traité, évoluant vers une lésion chronique, à des microtraumatismes répétés, à des problèmes que l’on peut suspecter d’origine immunologique ou raciale, ou à des causes iatrogéniques.

Leur diagnostic peut parfois être facilité également par l’observation de mouvements articulaires anormaux entraînant un mouvement anormal de l’ensemble du membre ou par un affaissement du membre (plantigradie/palmigradie) :

  • mouvement anormal d’une articulation et du membre :
    • myosite du muscle sous-épineux ;
    • fibrose des muscles gracile et semi-tendineux.
  • plantigradie :
    • tendinite chronique et rupture de l’insertion des gastrocnémiens sur le calcanéum.

Certaines tendinopathies peuvent s’accompagner de gonflements locaux (ténosynovite de l’abducteur du pouce).

Lorsque la pathologie rencontrée est d’expression clinique fruste (tendinopathie débutante, tendon ou muscle profond), le diagnostic peut ne pas être obtenu à l’examen clinique. Dès lors des moyens d’imagerie complémentaire sont mis en oeuvre. Certaines affections pouvant être multiples un bilan lésionnel complet est utile, ce bilan va également pouvoir guider les recommandations de traitement.

2. Imagerie

L’imagerie des tissus mous de l’appareil locomoteur a longtemps été un challenge, la radiographie offrant un faible contraste pour ces tissus. Échographie, scanner et IRM ont permis ces dernières années d’améliorer notre capacité diagnostique pour les affections des muscles, tendons, ligaments et autres tissus mous. Une compréhension des avantages et inconvénients de chacune des techniques d’imagerie en fonction des structures évaluées est importante pour optimiser la démarche sémiologique.

a) Avantages et inconvenients des différentes techniques d’imagerie

Radiographie : technique de base de l’imagerie orthopédique, elle procure des éléments essentiels sur des lésions osseuses associées, notamment érosions, productions osseuses, minéralisations ectopiques, avulsions, fragmentation de sésamoïdes etc. Ces éléments peuvent constituer des signes d’appel ou apporter des éléments diagnostiques et pronostiques majeurs. Il est important de pratiquer plusieurs clichés autour de la zone d’intérêt afin de placer les anomalies en marge des os et s’affranchir de la superposition des parties épaisses des os. Mais superpositions et faible contraste entre tissus mous restent des limites majeures de la radiographie pour les évaluer.

L’utilisation de produit de contraste intrasynovial (arthrographie, ténographie) permet de souligner les contours des tendons d’origine du muscle biceps brachial ou extenseur long des doigts. Cette technique permet de souligner les contours tendineux ou ligamentaires et parfois d’observer une déchirure ou confirmer une rupture, indiquer la présence de masses. La technique est peu utilisée de nos jours.

Echographie : elle est devenue la modalité de choix pour examiner les tissus mous. Les sondes de haute fréquence (8-20MHz) permettent de détecter des anomalies subtiles. C’est la modalité la plus spécifique pour l’imagerie des tendons et ligaments car elle met en évidence des anomalies dans leur organisation fibreuse. Elle permet de visualiser les cartilages, capsules articulaires et tissus mous synoviaux. Elle présente des limites, notamment des surfaces trop irrégulières ou étroites rendent l’abord difficile. En regard des extrémités (doigts, carpes, tarses), il peut être très difficile d’obtenir des images adéquates du fait des coussinets, une peau peu transsonore et des contours tortueux altérant la qualité d’image. Enfin l’image doit être créée et chaque structure d’intérêt spécifiquement évaluée, imposant une connaissance détaillée de l’anatomie et une certaine expérience. 

Scanner : devenu une modalité majeure en médecine vétérinaire, il permet d’obtenir des images en coupe, donc une évaluation en 3 dimensions du sujet sans superposition. Il est particulièrement adapté à l’examen de l’appareil locomoteur. Sensible aux variations de densité de photons X, il offre un meilleur contraste que la radiographie. Mais le contraste entre tissus mous reste faible. Les produits de contraste intraveineux permettent de souligner des différences de vascularisation ou de métabolisme et donc des lésions des muscles, tendons, ligaments, capsules. Un autre avantage du scanner est que les images sont faciles à reconstruire dans les 3 plans. 

IRM : plus onéreuse et complexe, cette modalité se développe. Elle offre une résolution en contraste nettement supérieure à celle des autres modalités et est adaptée à l’examen des tissus mous. Elle présente cependant de nombreuses limites. Les os denses et les structures fibreuses (tendons et ligaments) produisent peu de signal. La résolution spatiale (détails anatomiques) est plus faible qu'avec les autres techniques. Cela peut être une limite majeure pour les membres des animaux de petite taille et les extrémités.

3. Caractéristiques des muscles et tendons

Les tendons et ligaments sont des structures fibreuses dont la matrice extracellulaire est riche en collagène de type I densément compacté, formant des fibres parfaitement alignées, s’étendant sur toute leur longueur. La plupart des lésions tendineuses ou ligamentaires affectent cette organisation et tout le challenge de l’imagerie est de détecter une anomalie de continuité, taille ou structure des muscles, tendons et ligaments. Si une rupture complète donne lieu à des images évidentes, les lésions chroniques, dégénératives, bien que douloureuses peuvent montrer peu de modifications à l’échelle macroscopique.

Aucune modalité n’est idéale isolément, notamment parce qu’aucune ne permet de déterminer la structure fine de ces parenchymes. C’est souvent la combinaison de plusieurs modalités qui permet de confirmer ou préciser une lésion musculotendineuse.

V- Traitement des affections musculo-tendineuses

Selon la lésion mise en évidence et les circonstances d’évolution (carcatère aigu ou chronique notamment) le traitement pourra reposer sur plusieurs fondamentaux :

  • traitement conservateur lorsque la chirurgie offre des résultats décevants, dans les stades précoces de certaines lésions ou pour certaines affections d’évolution spontanément favorable ;
  • infiltration de la gaine tendineuse, de l’articulation adjacente ou du tendon concerné (corticoïdes retard ou PRP) ;
  • chirurgie réparatrice (débridement, suture musculaire/tendineuse, remplacement ou augmentation prothétique) ou excisionnelle (ténectomie) ;
  • immobilisation des articulations adjacentes pour mettre au repos la zone lésée ou protéger la réparation chirurgicale ;
  • la physiothérapie joue un rôle fondamental dans la promotion de la cicatrisation des lésions musculo-tendineuses que ce soit après un traitement conservateur ou après chirurgie, d’autant plus lorsqu’on a affaire à un chien de sport: exercices dirigés, travail de proprioception, mécanothérapie, hydrothérapie, massages, laser, ondes de choc, TECAR, thermothérapie…
Pas de conflit d'intérêt déclaré.