> Améliorer sa qualité de soins

Mathieu CHATELAIN
Centre Hospitalier Vétérinaire Atlantia
Nantes France

I- Introduction

Les structures vétérinaires sont de plus en plus performantes et techniques, c’est pourquoi l’organisation du patient hospitalisé devient primordiale pour améliorer la qualité de soins.

Les principaux intérêts de travailler sur cette organisation vont être :

  • le bien-être des patients
  • la qualité des soins
  • une communication efficace
  • l'amélioration de la satisfaction client

II- Admission d’un patient en hospitalisation

1. Le choix de la cage

Il peut être intéressant d’organiser en début de journée les hospitalisés que vous allez admettre. Des cas de soins intensifs devront être installés dans une cage où ils seront surveillés, un SUF sondé et raccordé à un système de collecte des urines devra être installé en hauteur pour que les urines puissent s’écouler, les cas d’orthopédie seront installés dans des cages où ils ne pourront pas sauter pour éviter les complications post-opératoires. Plus généralement, on préfèrera installer les animaux lourds dans les cages du bas et les légers dans les cages du haut.

2. Les outils pour organiser les soins 

  • La fiche d’hospitalisation doit être adaptée à l’activité de la structure et doit pouvoir reprendre l’ensemble des infos, plan et soins sur la journée. Des fiches annexes peuvent venir compléter la fiche d’hospitalisation. Celle-ci doit rester claire et lisible.
  • Les fiches annexes, elles ont pour but de venir compléter les infos qui ne serait pas sur la fiche d’hospitalisation. On pourrait retrouver par exemple : suivi de glycémie, ponction de drain, gavage par sonde, diurèse, ….
  • Les tableaux peuvent être un outil intéressant pour centraliser des infos/soins que vous devrez faire. Par exemple, un tableau pour organiser les examens/pansements que le vétérinaire souhaite, un tableau pour organiser les sorties permet d’anticiper pour que les animaux sortent dans les meilleures conditions

III- Pendant l’hospitalisation

1. Hygiène / propreté des patients

La planification de l’hygiène est indispensable pour une structure de santé. Les patients hospitalisés doivent bénéficier des meilleures conditions pour éviter toute complication. Les cages devront être nettoyées et désinfectées matin et soir même si elles n’ont pas été salies.

2. La sortie des animaux

Les patients devront être sortis régulièrement pour éviter qu’ils se souillent. 

3. Planification des soins/examens

Les soins doivent être planifiés dans la journée. Il est important de respecter les intervalles entre deux administrations : les soins à faire deux fois par jour devront être administrés à 12 heures d’intervalle, ceux trois fois par jour seront administrés à 8 h d’intervalle, etc. Mention particulière pour les soins d’ophtalmologie où il faudra laisser 5 minutes minimum entre deux traitements. Les pansements digestifs devront eux aussi être administrés au moins 30 minutes avant ou après les autres traitements per os.

Les pansements doivent être contrôlés quotidiennement et refaits si nécessaire (un pansement collé doit être refait chaque jour durant les trois jours qui suivent l’intervention pour pouvoir contrôler la plaie). Attention, certains pansements peuvent nécessiter une sédation, il faudra anticiper et laisser le patient à jeun.

La surveillance des cathéters doit se faire quotidiennement et avant chaque injection, les principaux signes qui doivent vous alerter sont : rougeur, douleur, œdème, occlusion.

4. Communication

La fiche d’hospitalisation est le principal outil de communication pour le suivi de l’animal hospitalisé. Il est indispensable de la compléter avec rigueur.

La fiche de transmission est un outil pour la transmission d’informations notamment lorsqu’il y a un changement d’équipe, elle vient compléter la fiche d’hospitalisation et permet de noter les informations que l’on ne retrouve pas sur la fiche d’hospitalisation. Elle est très utile pour noter les infos données par le vétérinaire.

IV- La sortie de l’animal

La préparation de l’animal pour son retour à la maison est primordial. C’est l’image que son propriétaire va retenir de la qualité de soins que l’équipe aura effectués. Vous pouvez avoir eu la meilleure qualité de soins qu’il soit, si l’animal sort en sentant l’urine et avec une tache sur son pansement, le propriétaire pensera le contraire.

Des outils à destination du propriétaire peuvent être intéressants. Par exemple, sur un animal sortant avec une sonde de réalimentation vous pouvez fournir un guide avec les différentes étapes de la réalimentation.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Reconnaître et prendre en compte la douleur animale

Matthieu CHATELAIN
Centre Hospitalier Vétérinaire Atlantia
Nantes France

I- La législation

Rappel sur la législation : le choix et l’administration des analgésiques médicamenteux sont de la responsabilité du vétérinaire. La tenue d’un registre des stupéfiants (morphine, méthadone, kétamine, fentanyl) est obligatoire. L’ASV a un rôle dans l'évaluation de l’animal et dans la prise en charge non médicamenteuse.

II- Douleur aiguë

1. Définition

La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes (International Association for the Study of Pain).

2. Les signes

  • Le faciès est très intéressant chez le chat, une grille validée scientifiquement est d’ailleurs disponible. Elle est moins intéressante chez le chien sauf sur certaines races comme le Bouledogue ou l’on peut voir les traits de la tête tiré.
  • La posture va principalement nous indiquer une localisation. Par exemple, un chien ayant des douleurs cervicales ne va pas lever la tête, alors que des douleurs abdominales vont se caractériser par une posture voussée ou unen posture "du prieur" (avant main au sol et fesses en l’air). La posture peut aussi nous aiguiller sur l’intensité de la douleur, un animal en décubitus peut avoir des douleurs tellement intenses qu’il ne veut/peut pas se lever.
  • La motricité va aussi nous indiquer une localisation notamment lors d'affections ostéoarticulaires. La motricité peut aussi nous indiquer l’intensité. Par exemple un animal polytraumatisé peut rester en décubitus s’il a de multiples fractures.
  • L’interactivité peut être un signe de douleur : nous pouvons observer une baisse de l’interactivité (notamment chien les jeunes patients), une agressivité nouvelle ou encore un animal qui se cache (fréquent chez les chats).

3. Le scoring

L’ensemble des grilles de scoring disponibles s’appuie sur les différents signes que l’on vient de voir, en y ajoutant la manipulation de la zone douloureuse. Attention chaque espèce a sa propre grille et il est impératif de bien suivre les étapes de chaque grille.

  • Chez le chien : 4aVet chien, Glagow (SFGCMPS)
  • Chez le chat : 4aVet chat, Colorado chat, Feline grimace scale
  • Chez le lapin : Rabbit grimace scale
  • Chez la souris : mouse grimace scale
  • Chez le rat : Rat grimace scale
  • Chez le furet : Ferret grimace scale

4. Les outils

  • Vétérinaire : analgésie médicamenteuse et physiothérapie
  • ASV : cryothérapie, veiller au bien-être, nursing

III- Douleur chronique

1. Définition

La douleur est considérée comme chronique quand elle dure depuis au moins 3 mois.

On va pouvoir l'observer chez des animaux atteints de pathologies ostéoarticulaires, cancer, pathologies bucco-dentaires, douleurs évoluant vers la chronicité...

2. Les signes

Les signes de douleur chronique peuvent être discrets et dépendent du type de douleur ainsi que du tempérament de l’animal. Voici quelques exemples :

  • Interactivité : l’animal qui à un cancer sera moins interactif.
  • Activité : baisse chez les animaux arthrosiques.
  • Sommeil : trouble du sommeil lors de douleurs.
  • Propreté : malpropreté possible chezur les animaux qui ont du mal à se déplacer.
  • Appétit : diminuée lors de pathologies buccodentaires.

3. Le scoring

  • Le Client Specific Outcom measure (CSOM) pour chien et chat
  • Helsinki pour chien

4. Les outils

  • Vétérinaire : analgésie médicamenteuse et physiothérapie
  • ASV/Propriétaire : thermothérapie, massage, environnement
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Savoir utiliser des sondes et des drains

Julie COLONNA
Chv Anicura Aquivet

I- Introduction

Les soins aux animaux de compagnie sont parfois associés à la pose et l’utilisation d’une sonde ou d’un drain. Il s’agit d’un dispositif où un tube, plus ou moins long et fin permet, depuis l’extérieur, d’avoir accès à un organe, une cavité, un tissu. Ils peuvent passer par un orifice naturel ou nécessiter de créer un point d’entrée. Souvent, leur pose implique le recours à une tranquillisation ou une anesthésie générale. Les soins associés à ces sondes et drains se passent en hospitalisation mais aussi à la maison.

Il existe différents modèles de drains ou de sondes ainsi que différentes techniques de pose. Tous permettent de répondre aux mêmes objectifs : extraire/apporter un fluide depuis/à une cavité, un organe ou un tissu. Leur utilisation est soumise à des préconisations et des risques pouvant avoir des conséquences parfois graves.

Par la suite, on distinguera les sondes, qui permettent d’accéder à un appareil ou un organe, des drains. Ces derniers permettent d’accéder aux tissus sous-cutanés ou aux cavités (thoraciques, abdominales).

La pose d’une sonde ou d’un drain est un acte qui relève de la fonction du vétérinaire. La préparation pour la pose, l’assistance au vétérinaire pendant la pose puis les soins en hospitalisation ainsi que le suivi des propriétaires font partie des actes délégués à l’ASV encadré par le vétérinaire.

II- Les sondes : à quoi ça sert ?

Les sondes permettent d’accéder à un organe : appareil respiratoire, tube digestif, appareil urinaire.

En ce qui concerne l’appareil respiratoire, l’objectif est de lui apporter une supplémentation en oxygène +/- un gaz anesthésique. On retrouvera trois types de sondes.

  • Les sondes nasotrachéales 
  • Les sondes de trachéostomies
  • Les sondes endotrachéales.

En ce qui concerne l’appareil digestif, la pose de sonde vise à apporter à l’animal ses besoins énergétiques via une nutrition entérale soit parce qu’il est dysorexique, soit parce qu’il souffre d’un problème l’empêchant de s’alimenter (ex : sténose oesophagienne, traumatisme crânien). Ainsi, quatre types de sondes peuvent être utilisés.

  • Les sondes naso-gastriques 
  • Les sondes d’oesophagostomie
  • Les sondes de gastrostomie
  • Les sondes de jéjunostomie.

En ce qui concerne l’appareil urinaire, la pose d’une sonde vise à permettre l’écoulement des urines en cas d’obstruction urétrale ou urétérale ainsi qu’à en quantifier la production. On peut retrouver trois types de sondes.

  • Les sondes urétrales (cathéters urétraux, sonde de Folley)
  • Les sondes de cystostomie
  • Les sondes de néphrostomie.

III- Les drains : à quoi ça sert ?

Les drains permettent d’accéder au tissu sous-cutané ou une cavité (thoracique ou abdominale). Il existe deux types de drainage : passif et actif.

1. Les drains passifs

Le drainage passif fait appel à un système ouvert d’écoulement des fluides par capillarité. Le drain sert de conducteur pour les fluides qui s’écoulent à sa surface, jusqu’à une incision de sortie située en zone déclive. La gravité et les mouvements de l’animal permettent la sortie des fluides soit à même la peau, soit dans un bandage.  

Le rôle d’un drain passif est d’aider à oblitérer les espaces morts, d’évacuer ou de prévenir l’accumulation d’un liquide dans un espace clos (sous la peau le plus souvent). Il s’agit la plupart du temps de pus, de sang ou de sérum. Cette collection peut faire suite à une infection (abcès notamment) ou un traumatisme (chirurgie, morsure).

L’objectif du drainage est d’empêcher la création d’espaces morts car ils sont propices à la croissance bactérienne. En effet, ce sont des espaces chauds, humides, isolés des défenses immunitaires et des médicaments. Il permet de diminuer la pression sur les tissus, les nerfs, les vaisseaux sanguins. Il favorise ainsi la perfusion tissulaire et donc la cicatrisation. Cela permet aussi d’atténuer la douleur locale.

Les drains de Penrose et les mèches sont principalement utilisés. Ce type de drains est surtout utilisé dans les tissus sous-cutanés pour gérer des abcès ou des plaies « simples ».

2. Les drains actifs

Le drainage actif fait appel à un système clos d’écoulement des fluides par aspiration. Il est composé d’un drain au sens strict connecté à un réservoir mis sous vide ou un système d’aspiration. Il permet la collecte et la quantification de la production de fluide par une cavité.

Le drain au sens strict, constitué d’un tube multifenestré, est posé sous anesthésie dans la cavité à drainer (plaie complexe, cavité abdominale ou thoracique). Il est relié :

  • soit à un réservoir externe mis sous vide. L’aspiration est alors permanente. Elle permet de limiter les contaminations bactériennes. En cas de perte de pression, la collection est interrompue et le drain est alors inactif;
  • soit à un système d’aspiration. L’aspiration est alors intermittente et dépendante d’une intervention humaine. Via une seringue montée sur un robinet "trois voies", le liquide va être collecté lors de vidanges du drain. Ce système permet également d’injecter des fluides dans les cavités : c’est le cas de l’instillation de sérum physiologique stérile lors de lavages pleuraux ou de l’instillation d’anesthésiques locaux dans des gestions multimodales de la douleur suite à des chirurgies thoraciques par exemple.

Le rôle d’un drain actif est d’évacuer les fluides (air, pus, sang, sérosités) s’accumulant dans une plaie complexe ou une cavité soit spontanément (ex : pneumothorax idiopathique chez le chien) soit secondairement à une infection (ex : péritonite septique du chat) soit secondairement à une chirurgie ou un traumatisme lourd (ex : chirurgie thoracique).

L’objectif du drainage est multiple.

  • Soulager la courbe respiratoire et permettre une bonne ventilation chez les animaux atteints de pyothorax, de pneumothorax ou présentant un épanchement abdominal marqué
  • Diminuer la charge bactérienne (extraction du pus, lavage cavitaire)
  • Gérer la douleur (instillation d’anesthésiques locaux)
  • Suivre le processus de guérison via un contrôle des productions (aspect, quantité, analyses cytologique ou biochimique pour les liquides).

Les drains de Blake, Jackson-Pratt et de Redon sont principalement utilisés.

IV- Points clés de l’utilisation des sondes et drains

La pose des sondes et drains nécessite la plupart du temps une anesthésie générale qu’il faut savoir surveiller et la maîtrise de la préparation du matériel ad hoc. De manière générale, leur utilisation nécessite rigueur, hygiène et un abord adapté. En effet, les animaux peuvent avoir des réactions de défense consécutivement à l'inconfort voire la douleur générés par la manipulation des drains et sondes. La liste des éléments clés à vérifier lors de leur utilisation peut se retenir selon 7 points ou « 7P » : « pancarte » ou « panneau » d’identification, positionnement, perméabilité, procédures d’hygiène, points de fixation, protection et prélèvement. Les points clés sont résumés en figure 1 pour les sondes et 2 pour les drains. [1,2]

7451 1

Figure 1

7451 2

Figure 2

V- Conclusion

La prise en charge de nombreux problèmes chez nos animaux de compagnie peut faire appel à la mise en place de sondes ou de drains. Il est nécessaire d’en connaître les objectifs, le mode d’utilisation et les risques associés. Pour tous, il faut vérifier, quotidiennement et avant chaque utilisation, une liste de points clés. Le suivi des productions est essentiel dans certains cas (sondes urinaires, drains). L’identification des sondes / drains est primordiale pour éviter des erreurs qui peuvent être graves.

Bibliographie

  1. Weese JS., International Society for Companion Animal Infectious Diseases (ISCAID) guidelines for the diagnosis and management of bacterial urinary tract infections in dogs and cats. The Veterinary Journal. 2019; 8-25
  2. Day SL., Thoracostomy tube placement,drainage and management in dos and cats. Veterinary Nursing Journal. 2014; 29 : 42-46
Pas de conflit d'intérêt déclaré.