> Antiparasitaires externes, antiparasitaires internes chez le jeune carnivore : quoi de neuf ?

Prof. Jacques Guillot
ESCCAP France
Unité de Dermatologie, Parasitologie, Mycologie
Oniris, Nantes

Les parasites sont fréquemment retrouvés chez les carnivores domestiques et plus particulièrement chez les animaux de moins d’un an. Ces parasites ont pour la plupart un rôle pathogène direct en ingérant du sang ou des tissus, en prélevant des nutriments et en perturbant le fonctionnement du tube digestif ou encore en provoquant des allergies. Certains, comme les tiques, les moustiques ou les phlébotomes, peuvent inoculer des agents pathogènes. Pour toutes ces raisons, le contrôle des populations de parasite est indispensable.

Les antiparasitaires font partie des outils dont disposent les vétérinaires pour faire en sorte que les parasites ne présentent plus de danger pour l’animal (ni pour leurs propriétaires dans le cas de parasites zoonotiques). La bonne nouvelle c’est que ces dernières années, la liste des antiparasitaires pour chiens et chats s’est considérablement allongée ! Il existe maintenant plusieurs modes d’administration et de nouvelles familles chimiques sont représentées. Les durées de protection (vis-à-vis des ectoparasites) ont été augmentées.

Bien évidemment, ces produits seront utilisés chez le jeune animal en accord avec les instructions des AMM et en suivant les recommandations des spécialistes en Parasitologie animale. En Europe, les guides du groupe d’experts ESCCAP sont les documents de référence. Ces guides préconisent une utilisation raisonnée des antiparasitaires et permettent aux vétérinaires et aux ASV de mieux se préparer aux défis actuels concernant le risque de résistance et la problématique de la contamination chimique de l’environnement (écotoxicité).

I- Pourquoi lutter contre les parasites chez le jeune carnivore ?

Tout simplement parce que les parasites internes et externes sont très fréquemment (pour ne pas dire systématiquement !) présents chez les jeunes chiens et chats.

Chez le chiot et le chaton, la liste des parasites « incontournables » inclut les vers Toxocara, les protozoaires Giardia et les puces.

  • Les Toxocara sont des vers ronds (nématodes) d’assez grande taille que l’on retrouve dans l’intestin grêle. Dans le cas du parasite du chien (Toxocara canis), une contamination in utero est très fréquente si bien que la plupart des chiens naissent déjà porteurs de parasites. Des œufs de Toxocara peuvent être détectés dans les matières fécales de chiots âgés de seulement 2 semaines ! Avec le parasite du chat (Tococara cati), il n’y a pas de transmission in utero mais les chatons se contaminent tout de même assez rapidement par l’intermédiaire du lait maternel. Des œufs de Toxocara peuvent être détectés dans les matières fécales de chatons âgés de seulement 3 semaines. Par ailleurs, les larves de Toxocara entament des cycles complexes de migration et de phase de vie ralentie (hypobiose) dans l’organisme du jeune chien ou du jeune chat avec la possibilité de réactivation des parasites tout au long de la vie de l’animal.
  • Les Giardia sont des micro-organismes qui vivent et se multiplient à la surface des cellules intestinales. Le jeune chien ou chat se contamine très facilement et très précocement à partir de kystes microscopiques présent dans l’environnement.
  • Les puces sont attrapées directement au contact de la mère ou à partir de l’environnement où sont présentes des formes immatures et des puces adultes qui viennent de sortir de leur cocon.

A partir de l’âge de 6 mois, les parasites précédemment cités demeurent fréquents mais d’autres font leur apparition et peuvent même progressivement supplanter les premiers. Très souvent, à la puberté chez le chien et le chat, on observe une augmentation des rencontres avec des congénères, connus ou non (en fait dès la fin de la mise en place vaccinale). Chez le chien, il y a une augmentation du nombre de sorties « simples » (en laisse pour balades/besoins) mais aussi pour des séances d’éducation canine ou de simple socialisation dans des parcs. Certains animaux commencent à séjourner dans des pensions pendant les périodes de vacances. La puberté correspond aussi souvent à plus de liberté avec la possibilité d’accès à l’extérieur sans surveillance, le début de la chasse pour les chats qui sortent. Les proies (des chiens et des chats qui chassent) constituent une source importante de parasites : des vers plats (cestodes), des vers ronds (comme les Toxocara ou Toxascaris) mais aussi des protozoaires comme le toxoplasme. Au moment de la puberté, le régime alimentaire change avec, pour certains animaux, la mise en place d’une alimentation ménagère qui peut inclure de la viande crue… Là aussi le risque d’infestation parasitaire est accru.

II- Quelles sont les recommandations actuelles d’utilisation des antiparasitaires chez le jeune carnivore ?

Compte tenu de l’omniprésence des vers Toxocara chez le chiot et le chaton, une vermifugation systématique est actuellement préconisée. Il est indiqué dans les guides ESCCAP que cette vermifugation obligatoire doit intervenir très tôt (dès l’âge de 2 semaines chez le chiot et 3 semaines chez le chaton), puis toutes les 2 semaines jusqu’à 2 semaines après le sevrage, puis mensuellement jusqu’à l’âge de 6 mois.

Il n’y a pas d’obligations particulières pour les autres parasites internes ni pour les parasites externes. Des antiparasitaires adaptés et disposant d’une AMM pour le chiot ou le chat seront utilisés seulement lorsque des parasites seront mis en évidence.

Rappelons que, dans le cas particulier de l’infestation par les puces, la lutte repose avant tout sur la déplétion du réservoir environnemental. Il faut donc éliminer les puces adultes sur les animaux avant que les femelles ne pondent ou interrompre le développement des stades immatures. On privilégie actuellement des produits adulticides avec une vitesse d’action suffisante pour que la ponte n’ait pas lieu (les premiers œufs sont pondus dans les 12 h).

A partir de l’âge de 6 mois, le rythme d’administration des antiparasitaires sera défini au cas par cas en tenant compte du mode de vie de l’animal et de la nature de son environnement. C’est donc le principe de l’analyse de risques qui dicte l’utilisation des molécules antiparasitaires.

Pour la lutte contre les parasites digestifs du chien, ESCCAP a défini quatre groupes d’animaux avec un risque croissant d’infestation parasitaire.

  • Pour les chiens du groupe A, chiens « d’intérieur », qui n’ont aucun contact direct avec d’autres chiens et qui ne vont pas dans des parcs ou des pensions fréquentés par d’autres chiens, la recommandation est de vermifuger une à deux fois par an contre les vers ronds ou d’effectuer un examen coproscopique régulier et ne vermifuger que si cela est nécessaire.
  • Pour les chiens des groupes B et C, chiens qui ont un accès libre à l’extérieur et/ou qui ont des contacts directs avec d’autres chiens ou des lieux fréquentés par d’autres chiens, une vermifugation tous les 3 mois est requise (ou, à défaut, un contrôle coproscopique régulier).
  • Les chiens du groupe D sont ceux qui peuvent être contaminés par des vers échinocoques dans l’est de la France et pour lesquels une vermifugation mensuelle (avec une molécule anti-échinocoque) est recommandée.

Pour la lutte contre les parasites digestifs du chat, ESCCAP a défini seulement deux groupes d’animaux.

  • Pour les chats du groupe A, chats sans accès à l’extérieur, une à deux vermifugations annuelles ou un ou deux contrôles coproscopiques annuels sont suffisants.
  • Pour les chats du groupe B, chats avec accès à l’extérieur, le rythme de vermifugations ou de coproscopies est de 4 fois par an.

III- Peut-on se passer des antiparasitaires actuellement ?

La réponse est non ! Pour l’instant, l’approche vaccinale n’est pas une alternative aux molécules antiparasitaires. Il n’existe que deux vaccins antiparasitaires en France. Le premier est utilisé depuis de nombreuses années et permet de protéger les chiens vis-à-vis de la piroplasmose. Le second, beaucoup plus récent et sophistiqué, permet de réduire le risque de leishmaniose clinique chez de chiens âgés de plus 6 mois, vivant ou voyageant dans une zone d’enzootie (le pourtour méditerranéen).

Il faut souligner cependant que ces vaccins n’ont pas le même niveau d’efficacité que les vaccins antiviraux ou antibactériens et qu’il est toujours recommandé de combiner la vaccination avec la lutte contre les arthropodes vecteurs (tiques pour la piroplasmose et phlébotomes pour la leishmaniose). Autrement dit, même dans ce contexte de vaccination, le recours aux molécules antiparasitaires est maintenu !

Mais qu’en est-il des solutions « naturelles » souvent présentées comme « miraculeuses » sur les réseaux sociaux : les huiles essentielles, la terre de diatomée, les médailles, les colliers à ultra-sons, pour ne citer que les plus célèbres ? Tout d’abord, il faut savoir qu’aucun de ces produits ou dispositifs n’a pas fait l’objet d’études sérieuses prouvant son efficacité vis-à-vis des parasites. Dans la plupart des cas, les produits ne servent à rien si ce n’est à donner bonne conscience aux propriétaires persuadés de l’extrême dangerosité des produits vétérinaires actuels. Au pire, ces produits peuvent présenter une réelle toxicité pour l’animal (dans le cas des préparations à base d’huiles essentielles en particulier).

Ces trois dernières années, réalisation de conférences, participation a? la rédaction d'ouvrages et documents techniques et participation a? des essais cliniques en collaboration avec les laboratoires :- Boehringer Ingelheim Animal Health- MSD Animal Heal

> La stérilisation : nouveautés et idées reçues

Xavier LEVY
Fovea
Isle Jourdain France

I- Introduction

La stérilisation a, pendant des décennies, été recommandée auprès de l’ensemble des propriétaires par la profession vétérinaire, afin d’améliorer le bien-être de leur animal, leur santé et de lutter contre la surpopulation. Plus la stérilisation était réalisée jeune (avant la puberté), meilleure en étaient les bénéfices. À l’inverse, de nombreux propriétaires (particulièrement de chiens) sont réfractaires à la stérilisation de peur de modifier significativement la « vitalité » de leurs chiens, de réduire leurs qualités sportives (chasse, etc.), de les rendre « obèses », ou enfin de les mutiler.

De plus en plus d’études sur des grandes populations canines et félines précisent les bénéfices de la stérilisation mais surtout les effets indésirables de celle-ci (pendant longtemps totalement ignorés des scientifiques).

Ainsi, nous allons faire un état des lieux des connaissances actuelles sur les conséquences de la stérilisation sur la santé physique et mentale des chiens et des chats.

II- Indications de la stérilisation

La stérilisation a pour premier effet de prévenir la reproduction. Mais il faut savoir que pour avoir un impact significatif sur la régulation de la population, plus de deux tiers des mâles et la moitié des femelles doivent être castrées.

La castration chirurgicale est indiquée dans le traitement de nombreuses affections génitales chez des femelles non destinées à la reproduction (utérines (pyomètre, mucomètre, métrorragie, gestation non désirée), ovariennes (kyste, tumeur), vaginales (tumeur hormono-dépendante, ptose), mammaires (mastose, tumeur mammaire diagnostiquée)), et chez les mâles (testiculaires (tumeur, orchite, ectopie, torsion), prostatiques (hyperplasie bénigne de la prostate, prostatite, cavité prostatique)).

Bien que des meta-analyses remettent en cause l’aspect préventif de la stérilisation sur l’apparition des tumeurs mammaires, il demeure un consensus sur celui-ci ( qui dera détaillé pendant la présentation).

La castration précoce prévient, dans la majorité des cas, le développement des comportements sexuels secondaires, dont notamment le marquage urinaire. Par exemple, moins de 3% des chats castrés précocement font du marquage urinaire. Chez le chat castré, les urines sont par ailleurs moins odorantes. Les conflits entre chats sont également moins fréquents.

La castration est souvent motivée, chez le chien, par le souhait de réduire des comportements indésirables. Bien que la castration puisse être efficace, elle ne conduit pas systématiquement à une résolution des signes et peut même parfois les aggraver.

La stérilisation des femelles est indiquée lors de diabète sucré. En effet, la progestétone induit une augmentation de la GH mammaire qui entraine une insulino-résistance.

Les adénomes péri-anaux répondent parfois à la castration.

Certaines alopécies des flancs répondent à la castration.

III- Conséquences de la stérilisation et influence du choix de l’âge de la castration et de la méthode de castration

1. Prise de poids

La prise de poids peut être rapide après la castration, favorisée notamment par une augmentation significative de l’appétit (en quelques semaines dans l’espèce féline).  

Un contrôle de la prise alimentaire (dès la castration) à travers un plan de rationnement approprié, associé à un suivi pondéral dans les six premiers mois, semble réduire significativement le risque d’obésité.

Dans l’espèce féline, selon certains auteurs, la castration précoce (avant 4 mois) semble réduire le risque d’obésité. La phase de polyphagie est concomitante à la croissance rapide et donc à un métabolisme élevé.

2. Comportement

La castration entraine une perte de plasticité neuronale. Cela peut avoir des conséquences néfastes sur l’efficacité de la prise en charge de chiens présentant des troubles du comportement, particulièrement si la castration est réalisée en période péri-pubère.  Il est rapporté une aggravation des états « phobiques », « anxieux » et « agressifs » chez certains chiens castrés.

La castration semble avoir d’autres impacts chez les mâles et les femelles, qui méritent d’avantage d’études : réduction de l’apprentissage (tests de mémoire), baisse des capacités cognitives chez l’animal âgé, etc.

L’impact de la castration sur les comportements de fugue, de marquage et d’agressivité seront détaillés pendant la présentation.

3. Troubles ostéo-articulaires

La castration précoce (avant la puberté) retarde la fermeture des épiphyses des os longs (sous dépendance oestrogénique). Ainsi, la castration précoce a tendance à augmenter la taille (hauteur au garrot) des chiens et chats. Le retard de fermeture des cartilages de croissance n’augmente pas l’incidence des fractures de type Salter-Harris.

La castration chez l’animal en croissance semble augmenter la prévalence de certaines affections dans des races spécifiques (rupture du ligament croisé, dysplasie coxo-fémorale, hernie discale, etc.) et selon le sexe. Détails donnés pendant la présentation.

4. Incontinence urinaire

La castration de la chienne peut entrainer une incontinence urinaire dans les semaines ou les années qui suivent la castration. L’incontinence est liée notamment à un défaut de contraction des muscles lisses du sphincter urétral interne (système autonome de la continence), à un défaut de relâchement du muscle vésical (augmentation de la pression vésicale précoce pendant le remplissage), à une réduction de la longueur de l’urètre (vessie plus distale, tonus sphinctérien réduit) et éventuellement à une prise de poids (tissu adipeux qui augmente la pression intra-abdominale). Selon les études, les chiennes de plus de 15 à 20 Kg ont un risque très augmenté par rapport aux petites races (< 8 kg : 1,4% vs > 8 kg : 9,1%).  Il semble aussi y avoir une influence raciale (risque diminué chez le Berger allemand par ex.). La castration précoce, avant 4 mois, semble augmenter l’expression clinique et réduire l’efficacité thérapeutique.

5. Développement génital et vaginite chronique

La castration pré-pubère de la chienne empêche le développement génital. Les chiennes présentant une hypoplasie vulvaire, un entropion vulvaire, une sténose vestibulo-vaginale associé à une vaginite, ont un risque plus élevé de vaginite chronique, parfois compliquée de cystite chronique récidivante à l’âge adulte. Il est recommandé d’attendre, dans ce contexte, le passage de la puberté avant d’envisager une castration chirurgicale.

6. Processus néoplasiques

La castration entraine des modifications hormonales essentielles dans l’organisme.  De plus en plus d’études, dans l’espèce canine, incriminent ces modifications (notamment de l’expression de la LH) dans la promotion de divers cancers. Particulièrement lors d’une castration du jeune adulte.

L’enjeu est important au regard de la forte prévalence de cancers dans certaines races et de leur gravité. Par exemple, une étude indique un triplement du risque de lymphome chez le Golden Retriever castré mais l’absence d’influence chez le Labrador Retriever.

L’ostéosarcome est plus que 2 fois plus fréquent chez le Rottweiler castré avant 3 ans, par rapport au chien entier ou castré plus tardivement. D’autres races et d’autres cancers sont étudiés et seront détaillés.

Bien que les données soient encore limitées, elles doivent sensibiliser le vétérinaire sur la promotion potentielle de certains cancers fréquents dans différentes races et adapter ses recommandations sur la castration en fonction de la race, du sexe, de l’âge mais aussi du mode de vie de l’animal de compagnie.

7. Maladies dysimmunitaires

Deux études semblent indiquer une influence de la castration sur l’augmentation de maladies immunitaires (hypothyroidie notamment).  Les études restent insuffisantes pour conclure à leur effet négatif, mais leur impact est réel et probablement sous-estimé.

IV- Méthodes de stérilisation actuelles et à venir

Chez la femelle, l’ovariectomie est la règle (par la ligne blanche ou les flancs), excepté en cas de présence d'affection utérine, de vaginite chronique, etc. Une ovario-hystérectomie est alors recommandée.

Il est aussi possible de prévenir la reproduction (stériliser) sans retirer les gonades. Ceci est intéressant dans la gestion des populations d’animaux errants, mais aussi chez un particulier qui ne souhaite pas observer de changement chez son animal.  La méthode est dite réversible, en l’absence d’ablation d’un segment (épididymaire, canal déférent ou utérus).

La vasectomie consiste en la ligature (et éventuellement la section) des canaux déférents (voir photo ci-dessous).

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L’épididymectomie consiste en la section d’une partie de la queue de l’épididyme.  La procédure est plus rapide et plus simple que la vasectomie. La ligature des trompes est aussi possible chez la femelle.

La stérilisation peut aussi être médicale, chez le mâle et la femelle,  mais il faut en connaître ses limites (délai de latence, effet « flare up », etc.

Il faut rester prudent sur l’utilisation de l’implant chez un mâle prépubère en cas de reproduction future souhaitée. Une altération histologique des testicules est décrite.

La stérilisation par vaccination semble être également une voie d’avenir.  Un vaccin à Anti-mullerian Hormon (encore expérimental) montre des résultats très prometteurs. L’efficacité semble totale, pour une durée d’au moins 2 ans (durée de l’étude), et sans effet indésirable rapporté. Cette voie est probablement une voie d’avenir.

Les injections intra-testiculaires peuvent être efficaces mais entrainent souvent une orchite douloureuse dans les jours qui suivent l’injection.

Enfin, il est décrit chez les chiennes, un stérilet intra-cervical permettant la stérilisation, mais cette méthode manque de données scientifiques afin de garantir son efficacité et son innocuité.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Les bilans de santé

Xavier LEVY
Fovea
Isle Jourdain France

I- Introduction  

Depuis quelques années, la médecine vétérinaire, à l’instar de la médecine humaine, développe une médecine préventive, qui consiste à dépister les maladies et à accompagner le propriétaire dès l’adoption de son animal de compagnie afin de prévenir le développement de pathologies organiques, orthopédiques, infectieuses ou comportementales.

Il y a de nombreux paramètres à évaluer selon les âges, mais aussi de nombreux conseils à prodiguer au propriétaire. Tous les conseils ne peuvent pas être communiqués en une seule visite ou trop précocement si l’on souhaite que ceux-ci soient compris, mémorisés et appliqués.

Il existe des étapes « clés » de la vie du jeune animal qui méritent une évaluation clinique et un accompagnement du propriétaire.

II- Bilan de santé à l’adoption

À l’adoption d’un chiot/chaton, en moyenne entre 2 et 4 mois d’âge, il convient de diagnostiquer des malformations anatomiques pouvant conduire à des conséquences cliniques (mâchoire, dentition, paupières, hernie ombilicale/inguinale, ectopie testiculaire, vaginite/entropion vulvaire, luxation de rotules, incontinence, etc.), d’évaluer le comportement de l’animal (anxieux, intrépide, agressif, timide, etc.), de dépister des maladies infectieuses (parasitaires, virales, mycosiques, bactériennes), et de donner des premiers conseils au propriétaire. Les conseils doivent donner une vue d’ensemble jusqu’à l’âge adulte tout en se concentrant sur les prochaines semaines avant la visite suivante : protocole vaccinal selon le mode de vie, API, APE, éducation (acquisition de la propreté, acquisition des auto-contrôles, socialisation) et protocole nutritionnel (choix de l’aliment, mode de distribution et quantité).

À l’issue de cette première visite, le propriétaire doit connaître approximativement l’âge de son animal (si adopté dans un refuge par exemple), les affections présentes et savoir quel comportement éducatif adopter pour les prochaines semaines. Éduquer, c’est répéter ! Cela est vrai pour le chiot/chaton adopté, mais aussi pour le propriétaire qui vient vous consulter.

III- Bilan de santé pédiatrique

Dans les 2 à 4 mois qui suivent l’adoption, il est nécessaire d’expliquer et de continuer la prophylaxie médicale (protocole de vaccination et anti-parasitaire toutes les 4 semaines jusqu’à 4 mois d’âge).

Il convient aussi d’évaluer le développement physique de l’animal : statut pondéral et indice corporel (éviter le surpoids chez le jeune), croissance musculo-squelettique et aplomb. Dans des races à risque d’incongruence ostéo-articulaire, il est possible de proposer un dépistage précoce de dysplasie coxo-fémorale notamment :  examen de recherche de distraction à partir de 3 mois d’âge de type Penn-Hip ou Badertscher-Vezzoni.

Les consultations sont l’occasion de discuter du développement comportemental de leur animal et d’évaluer un risque de développement pathologique (phobie sociale, anxiété de séparation, malpropreté, etc.), une difficulté d’éducation par les propriétaires (obéissance, marche en laisse, malpropreté du chien mais aussi du chat, etc.), et de l’intérêt et des limites d’une castration.

En effet, il est essentiel de discuter de la stérilisation à la faveur des consultations pédiatriques afin d’éclairer le propriétaire sur les intérêts mais aussi les limites de la castration. Il est essentiel également de préciser à quel âge la castration serait recommandée selon l’animal (voir conférence sur la stérilisation) et quelles alternatives médicales existent de nos jours.

IV- Bilan de santé pubertaire

La puberté est acquise en moyenne quand la croissance de l’animal atteint au moins les 2/3 de sa croissance finale, soit entre 5 et 12 mois chez le chien (selon son format) et chez le chat (selon la saison lors de la naissance). A l’âge de la puberté, les deux testicules sont normalement en place chez le chien et le chat, l’appareil génital de la chienne s’hypertrophie et permet parfois de guérir spontanément des vaginites « prépubères ».

Mais la puberté entraine le développement des comportements « sexuels » du mâle. Ainsi, les relations intra-espèces et inter-espèces peuvent évoluer chez le mâle entrainant parfois des comportements indésirables (de monte, fugue, marquage urinaire, agressivité). Il est indispensable de dépister ces comportements inopportuns afin de les traiter précocement (travail éducatif, castration médicale, etc.).

Ainsi, le bilan pubertaire a pour objet principal d’évaluer le développement comportemental des chiens, et plus particulièrement du mâle. Il permet aussi d’évaluer la guérison d’une vaginite prépubère et de sensibiliser le propriétaire sur les complications possibles (grossesses nerveuses, pyomètre, cycle irrégulier).

La consultation permet de discuter à nouveau sur l’intérêt et les limites de la stérilisation et de ses différentes modalités (chirurgicales et médicales).

Enfin, la consultation permet de préciser à nouveau les prochains bilans de santé (date de la prochaine vaccination, dépistage de maladies ostéo-articulaires, cardiaques, oculaires, etc.). Il sera l’occasion de prescrire (et déliver) les prochains APE et API.

V- Quels outils à votre disposition pour faciliter l’observance des bilans par les propriétaires

Les deux freins à l’observance des recommandations vétérinaires sont de s’en rappeler mais aussi de pouvoir payer les frais vétérinaires.

La majorité des logiciels vétérinaires permettent aujourd’hui d’envoyer automatiquement des relances pour une prise de rendez-vous pour les différents bilans énoncés, pour rappeler les rendez-vous, rappeler la prise des APE notamment. Le propriétaire a ainsi des pense-bêtes lui permettant de faciliter la réalisation des bilans et des soins.

La souscription précoce à une assurance implique un coût mais garantit surtout une tranquillité et une qualité de soins pour le propriétaire. Certaines assurances prennent en charge les bilans de santé, mais aussi le coût des soins (même concernant les affections héréditaires) si celles-ci sont dépistées précocement. Par exemple, des assureurs prennent en charge l’ensemble des soins liés à une dysplasie coxo-fémorale si cette dernière est dépistée tôt, tandis qu’aucun assureur ne rembourse les frais liés à celle-ci si elle est diagnostiquée à l’âge adulte.

VI- Conclusion

Prévenir est souvent plus efficace que guérir. Ainsi, les bilans de santé doivent être poursuivis toute la vie de l’animal et être à nouveau renforcés lors de leur vieillissement.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.