> À quoi faut-il faire attention lors du choix du chiot / chaton ?

Muriel MARION
GECAF
Marseille France

I- Introduction

Les futurs propriétaires se préparent pour une belle aventure. Afin de la commencer dans des conditions optimales vous devez pouvoir les conseiller sur les points de vigilance au moment du choix de leur chiot ou de leur chaton, car sinon ce sera la couleur, la bouille, la disponibilité immédiate qui l’emporteront sur la raison.

II- Age

Il existe un âge légal minimal pour la vente, seuls les chiens et les chats âgés de plus de huit semaines peuvent faire l'objet d'une cession à titre onéreux ou gratuit. Cela est respecté par le circuit officiel (éleveur professionnel ou amateur éclairé, animalerie, salon,…) mais malheureusement pas toujours par les particuliers. L’âge de 8 semaines est un bon choix si les conditions de développement sont idéales. Une adoption tardive chez un chiot (au delà de 10/12 semaines) est à déconseiller, sauf si le chiot est élevé en famille, avec de bonnes conditions de socialisation et suffisamment de stimulations. Pour le chat, s’il provient d'un élevage  respectant les bonnes conditions de sociabilisation et de stimulations, 8 semaines semble adapté. Les chatons européens trouvés dans la rue ou adoptés chez des particuliers ont souvent une date de naissance approximative. Il faut informer les futurs adoptants des risques liés à une adoption précoce et si la mère est connue et présente les encourager à les laisser avec leur mère jusqu’à 8 semaines même s’ils mangent déjà de la nourriture pour chaton.

III- Race

1. Race et comportement

Il n’y a pas de lien évident entre une race et un comportement, l’héritabilité des comportements est au maximum de 20%.Les races de chiens dits « gentils avec les enfants » n’existent pas, pas plus que les races dite de « chiens méchants ». Les standards de race et les préjugés ont la vie dure et c’est un devoir et une obligation professionnelle de ne pas renforcer des lieux communs sans base scientifique. Il en va de même pour le chat, qui en plus de lieu commun sur la race bénéficie de légende sur la couleur de son pelage « les écailles de tortues sont méchantes » « les rouquins c’est tout bon ou tout mauvais ».Le comportement d’un animal est la résultante d’une multitude d’éléments qui interagissent entre eux : certes la génétique, mais surtout la capacité de la mère à bien élever son petit, les conditions d’élevage, de socialisation, de communication avec ses congénères, l’âge d’acquisition, les conditions de vie chez ses maîtres, l’éducation, la qualité du lien établi avec son environnement, les humains en général et éventuellement d’autres espèces.Le comportement n’est en aucun cas figé : il va évoluer au cours de la vie de l’animal, à la fois à cause de l’âge mais également des modifications de ses conditions de vie.  Choisir une race dans l’espoir d’obtenir une qualité précise autre que morphologique est une erreur et il faut alerter vos clients à ce propos afin qu’ils se concentrent sur ce qui est vraiment important lors du choix. Ils peuvent donc se faire plaisir en choisissant l’esthétique et le format qui leur convient, se consacrer sur les aptitudes sportives ou climatiques et laisser tomber les descriptifs comportementaux décrits pour telle ou telle race ou faire le choix d’un animal sans race précise. Le choix de la race est important pour la prise en compte du format du chien une fois adulte et des contraintes qui l’accompagnent : transport, promenades, budget alimentaire, budget soins etc.ainsi que des contraintes d’entretien en toilettage pour certaines races.

2. Races de chien concernées par une législation particulière

Il faut les informer de la législation à propos des chiens « dits dangereux » et des subtilités sur les différents pédigrés. Certaines races avec un pedigré américain (American Bully) ne sont pas reconnues en France .Le descriptif morphologique les fait basculer en « pitbull » chien de première catégorie avec un niveau de contrainte important. Même chose pour un stardshire bull terrier (staffy), race reconnue en France mais qui sans certificat de naissance, peut se retrouver en catégorie pitt-bull si jamais il est un peu grand (taille au garrot supérieure à 35 cm). Un pure race sans certificat LOF n’est pas un « pure race » au sens de la loi.

IV- Le choix du lieu d’adoption

L’adoption d’un chiot ou d’un chaton chez un éleveur ou un particulier à condition de s’y rendre et d’être autorisé à pénétrer permet de constater en direct l’environnement dans lequel l’animal s’est développé.Il est même préférable d’organiser une première visite dès la réservation, car le jour « j » si les conditions ne sont pas favorables il sera difficile de faire demi-tour. C’est l’occasion de vérifier :

1. Où le chiot ou le chaton passe-t-il la majorité de son temps

L’environnement social et physique au début de la vie de l’animal influe fortement sur son comportement à l'âge adulte. Un chiot qui a vécu au sein d’une famille est plus susceptible de s’adapter à la vie dans une maison, dans un foyer avec des enfants par exemple. A contrario, s’il n’a connu qu’un chenil à la campagne avec peu de contacts et peu de stimulations urbaines, l’adaptation à la vie  en ville  peut s’avérer délicate.

2. Quel temps quotidien la mère passe-t-elle avec ses petits de la naissance à l’adoption ?

Le chiot et le chaton doivent rester en contact quasi permanent avec la mère et la fratrie jusqu’au jour de l’adoption. Même si le sevrage alimentaire est réalisé, il est indispensable que l’éducation maternelle se poursuive jusqu’à l’adoption (apprentissage des interdits, des codes de communication avec les adultes, régulation des jeux entre jeunes par la mère).Une séparation quelques jours avant l’adoption pour préparer l’adoption est une bêtise, les quelques jours perdus avec la mère sont dommages et cela ne favorise pas le lien avec la future famille, au contraire.

3. Quelle est l’expérience des petits vis à vis des contacts humains ?

Les 12 à 14 premières semaines de la vie du chiot sont déterminantes quant à la façon dont il va réagir aux personnes. Les contacts répulsifs, le manque ou l’absence de contact favorable (jeu, câlins) avec les humains durant cette période augmentent le risque de comportements agonistiques (fuite ou agression) en lien avec une socialisation insuffisante. Au contraire, les chiots qui ont eu des expériences positives avec des personnes de toutes sortes (hommes, femmes, enfants) sont moins susceptibles d’être méfiants ou craintifs. Il est interessant que l’ensemble de la famille soit présent dans les rendez-vous qui précèdent l’adoption et lors de l’adoption cela permet d’observer la façon dont le chiot ou le chaton réagit aux adultes et aux enfants se comportant raisonnablement. Recherchez les signes d’évitement, les tentatives de fuite, les tremblements, le fait de mettre sa queue entre les pattes ou de se cacher.

Pour le chaton le développement est plus rapide et les contacts favorables avec les humains de différents types doivent avoir lieu entre 3 et 7 semaines.

V- Quelle expérience des autres animaux ?

Les chiots et les chatons apprennent dès la naissance à développer leurs aptitudes sociales avec leur mère, leur fratrie, puis avec les autres congénères. Plus les occasions de rencontres avec d’autres animaux, bien régulés, capables de vivre à plusieurs, sont fréquentes, ludiques et mieux il apprend à communiquer correctement et subtilement avec sa propre espèce. Ces apprentissages précoces devront être poursuivis au sein de sa nouvelle famille.  De même, si les chiots et chatons ont noué précocement des relations avec des animaux d’autres espèces, ils seront capables de s’adapter plus rapidement s’ils doivent ensuite partager leur vie à la maison avec ces animaux. Il faut vérifier quels autres animaux sont présents dans l’environnement du jeune et observer ses réactions en leur présence.

VI- Le choix des parents : comportement de la mère et du père

Il est indispensable de voir la mère et les autres petits de la portée.Quand c’est possible voir le père également (il n’est pas toujours sur place). Il doit être possible d’interagir avec les parents, de les toucher sans danger, et d’évaluer leurs réactions à votre égard. Le profil des parents, de la mère essentiellement, peut influencer le développement et le comportement du jeune. Observez le comportement des adultes l’ayant côtoyé, leur façon de communiquer spontanément avec les personnes qu’ils connaissent et  les personnes étrangères. Des animaux capables de vivre en société humaine ne doivent pas à priori présenter de  signes de peur, tels que repli sur soi-même, tremblements, miction et queue entre les pattes, ni de signes d’agressivité, mais venir amicalement au contact, sans s’exciter de façon incontrôlée.

L’âge de la mère est important quant à ses aptitudes à materner, déjà adulte et pas encore vieille. Idéalement à partir de 2 ans pour faire reproduire une chienne, un peu plus tôt pour la chatte. Il est en effet nécessaire que son développement physique et comportemental soit optimal pour qu’elle se comporte en « bonne mère ». Par ailleurs, certaines mères sont plus compétentes que d’autres.Les éleveurs doivent retirer de la reproduction les femelles dont les comportement de maternage et d’éducation sont défaillants ou les faire seconder par un autre adulte pour qu’elles apprennent.

VII- Taille de la portée

Une femelle peut correctement élever 4 à 5 petits au delà il existe un risque qu’elle soit débordée. L’aide ponctuelle d’un autre adulte sera profitable aux petits de la portée. Inversement, il faudra faire attention aux petits « uniques » pour lesquels la tolérance risque d’être supérieure et qui auront également manqué de jeux de fratrie pour l’apprentissage des codes de l’espèce et l’acquisition d’une partie des autocontrôles.

VIII- Coup de foudre

Il est important que les futurs propriétaires à côté de toutes les recommandations raisonnables que vous leur avez livrées laissent également leurs émotions s’exprimer.Le jeune qui se précipite vers eux et semble les choisir a déjà marqué des points dans l’établissement d’un lien d’attachement qui sera le tuteur de la reprise de développement du jeune après ce tsunami émotionnel qu’est l’adoption.

Les tests comportementaux à cet âge ne sont pas fiables. Conseillez leur d’éviter le trop craintif qui n’ose pas s’approcher, grogne ou feule lors des tentatives de contact et de plutôt préférer le chiot ou le chaton actif sans être toutefois trop excité, voire brutal avec les autres pour se précipiter vers l’adoptant le premier .  En fait, le profil « moyen » est à rechercher : celui qui vient joyeusement quand on s’accroupit et l’appelle, celui qui se laisse caresser et s’apaise dans vos bras puis joue dès qu’on le sollicite à nouveau.

IX- Conclusion

Si nous n’avez le temps de ne délivrer que 3 conseils, concentrez-vous sur :

  • les conditions d’élevage (de développement précoce) sont plus importantes que la race pour le comportement futur de l’animal ;
  • les petits doivent rester 24/24 7j/7 avec la mère jusqu’à l’adoption ;
  • si les petits sont avec la mère il ne faut pas les adopter avant 8 semaines.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Chiot / chaton : la race a-t-elle une importance ?

Claude BEATA
Dip Ecawbm
Toulon France

I- Introduction

Ah la Race…

Qui n’a pas dans un coin de son cœur ou de sa tête sa race préférée et ses a-priori sur l’impulsivité des Malinois, la ténacité des Fox-Terriers, la placidité des Persans et l’agressivité des Bengale ?

Pourtant nous observons aussi jour après jour, cas après cas que cela ne se vérifie pas toujours voire pas très souvent.

Nous sommes tous offusqués par la loi sur les chiens dangereux qui s’appuie sur des bases génétiques (et morphotypiques) reliant l’appartenance à une race à la dangerosité et pourtant nous continuons en même temps à expliquer à nos clients des vérités toutes faites et souvent fausses sur l’adéquation de leur mode de vie à telle ou telle race (les Border-Collie et la soi-disant nécessité de leur travail au troupeau !)

Alors comment nous y retrouver et adopter un discours à la fois scientifique, mesuré accessible à nos clients et qui ne tombe pas dans des poncifs ou dans la répétition d’idées à la mode mais non vérifiées

I- L’évidence de l’importance de la génétique

Il n’est pas question de dire que la génétique n’a aucune influence ! Comment cela se pourrait-il ?
C’est bien le génome de l’individu, son patrimoine génétique qui détermine son appartenance à l’espèce d’abord et à la race ensuite. L’espèce canine notamment a ceci de remarquable que, sous l’influence de la domestication et de la sélection faite par les humains, les races constituent des isolats génétiques assez cohérents.

Les travaux de Catherine André, responsable de l’équipe Chien à l’Institut Génétique et développement ont permis des avancées considérables sur l’origine génétique d nombreuses maladies comme l’Ichtyose du Golden Retriever et ses correspondances avec la médecine humaine [1].

Mais cela est-il vrai pour le comportement : les choses sont beaucoup moins nettes. Aussi bien en médecine comportementale féline que canine, rien n’a été clairement démontré. Par exemple très récemment, deux articles dans des revues prestigieuses aboutissent à des conclusions quasiment opposées [2, 3].

Si l’équipe de Hannes Lohi souligne l’importance de la race dans les différents traits comportementaux composant la personnalité, l’article de Dutrow lui montre à quel point l’appartenance à la race représente une faible proportion (évaluée dans cet article à 9%) dans le déterminisme du comportement.

II- Ne pas confondre race et lignée (famille)

Nous avons tous dans nos clientèles des Malinois doux et équilibrés, des Jack Russel calmes et non destructeurs, etc  et nous sommes souvent capables en voyant des chiens de savoir  d’abord de quel élevage ils proviennent tant une sélection avisée et une conduite d’élevage appropriée peuvent être des facteurs plus importants pour déterminer le comportement que l’appartenance à la race).


Cela est primordial dans le conseil professionnel que nous pouvons apporter à nos clients : plutôt que d’avoir un regard réprobateur sur le fait de prendre un Border Collie alors que la famille vit en appartement, il vaut mieux être capable de conseiller l’élevage qui prépare les chiens à une vie citadine et en famille, en tenant éventuellement compte des prédispositions.

III- L’individu comme vrai point de repère

Enfin toutes les recherches convergent sur un point : la variabilité de comportement à l’intérieur d’une race est supérieure à l’écart entre deux races. Cela signifie simplement que l’appartenance à une race n’est pas prédictive du comportement d’un individu. Heureusement ! Imaginez les conséquences éthiques, et pas seulement en médecine vétérinaire que cela aurait sinon…


L’évaluation raisonnée de l’individu avant adoption si possible et sinon, le plus tôt possible après permet un meilleur choix et surtout l’adaptation de nos conseils à la personnalité du chiot ou du chaton adopté.

IV- Conclusion

Laissons la parole  pour finir à un grande généticienne, Elinor Karlsson [4] : « La génétique joue un rôle dans la personnalité de tout chien individuellement, mais la race ne permet pas de prédire ces traits efficacement. Ce que nous avons démontré, c'est que les critères définissant un golden retriever sont ses caractéristiques physiques - la forme de ses oreilles, la couleur et la qualité de son pelage, sa taille. Mais pas s'il est affectueux",

Restons nous-mêmes et n’occultons pas nos préférences pour telle ou telle race, amis soyons prudents dans les affirmations reliant race et comportement. Ce que les articles soulignent c’est que la race a une remarquable homogénéité sur le plan physique et c’est bien cela qui nous touche d’abord. Laissons aussi cette liberté à nos clients de choisir ce qui leur plaît mais sachons ensuite les soutenir sans préjugé racial mais avec un accompagnement très personnalisé pour faire de leur compagnon le meilleur chien adapté à leur vie.

Bibliographie

  1. Guaguere, E., et al., Clinical, histopathological and genetic data of ichthyosis in the golden retriever: a prospective study. Journal of Small Animal Practice, 2009. 50(5): p. 227-235.
  2. Dutrow, E.V., J.A. Serpell, and E.A. Ostrander, Domestic dog lineages reveal genetic drivers of behavioral diversification. Cell, 2022. 185(25): p. 4737-4755. e18.
  3. Salonen, M., et al., Breed, age, and social environment are associated with personality traits in dogs. Iscience, 2023. 26(5).
  4. Morrill, K., et al., Ancestry-inclusive dog genomics challenges popular breed stereotypes. Science, 2022. 376(6592): p. eabk0639.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Y a-t-il un âge idéal pour adopter ?

Sylvia MASSON
Clinique De La Tivollière
Voreppe

Les travaux de Scott et Fuller des années soixante (Scott and Fuller, 1965) ont permis d’identifier un certain nombre de périodes dites sensibles ou critiques, pendant lesquelles les influences neurosensorielles sont déterminantes sur le futur comportement du chien. Pendant ces périodes, l’animal peut apprendre très rapidement malgré un nombre faible d’expositions à une situation. A l’inverse, une privation d’exposition pendant ces périodes est difficile à rattraper, puisqu’ensuite le cerveau de l’individu n’a plus ces capacités exceptionnelles de plasticité, qui sont caractéristiques des périodes critiques.

Ces périodes étudiées par Scott et Fuller représentent des travaux de grande envergure, sur plus de dix ans. Ces chercheurs ont apporté des informations précieuses concernant le développement comportemental du chien. Ils ont ainsi mis en avant différentes périodes de développement : période prénatale, néonatale (0-15j), de transition (15-21j), de socialisation (3 semaines-3mois), pubertaire (3 mois-puberté, adulte et de sénescence.

Cependant il est probable qu’il existe des particularités raciales, liées à la vitesse de développement différente entre races naines et races géantes par exemple. Cela mériterait des précisions, mais les études faites à cette époque ne sont pas facilement reproductibles pour des raisons éthiques évidentes. En effet, Scott et Fuller ont utilisé des chocs électriques et des privations sensorielles au cours de leurs expérimentations, et ce type d’expériences ne serait plus autorisé aujourd’hui.

Il faut également prendre en compte le caractère individuel du développement. Ce caractère variable des périodes en fonction des chiots impose d’adapter les dates d’adoption de ceux-ci. En pratique, il faut laisser plus longtemps avec leur mère les chiots tardifs et moins longtemps les plus précoces. L’attitude de la mère vis-à-vis de ses chiots est aussi un indice important : en effet, elles doivent apprendre un certain nombre d’éléments aux chiots, mais parfois elles commencent tardivement et sont alors empêchées par l'adoption. Cette remarque est particulièrement vraie en ce qui concerne l’acquisition des autocontrôles.

Ces repères développementaux établis par Scott et Fuller sont donc à moduler en fonction des races. Les races naines ont une puberté plus précoce, notamment les mâles (4 mois), et un début de sénescence tardif (9 voire 10 ans), alors que les races géantes croissent plus lentement, mais débutent leur période sénescente plus tôt (7 voire 6 ans).

Dans la même ligne d’idées, un environnement de bonne qualité, riche en stimulations variées permet une adoption plus tardive qu’un environnement hypostimulant (voir figure). Dans ce dernier, le cerveau ne peut pas se développer de manière optimale et retirer le chiot avant 8 semaines, pour le placer dans un environnement plus riche et varié, en présence d’autres adultes, est pertinent.

4705 1

Figure 1 : risques de développer une affection comportementale en fonction de la qualité de l’environnement rencontrée par le chien (© : No Ledge Editions, GERER l’éducation et le comportement de votre chien, 2020).

Chez le chat, ces périodes restent valables qualitativement, mais les temps sont raccourcis en ce qui concerne la période de socialisation qui se terminerait plutôt vers 8 semaines. Le fait que le chat soit une espèce proie rend aussi les peurs en période juvénile plus prégnantes et les interactions doivent être réellement positives pour éviter qu’une sensibilisation se produise.

Concernant l’âge idéal d’adoption, des études ont montré que la quantité de soins maternels durant les deux premiers mois de vie est positivement associée à de meilleures capacités d’adaptation des chiots, en particulier de meilleures relations avec les humains à l’âge de deux mois (Guardini et al., 2017). Une étude finlandaise réalisée sur 3689 chiens élevés en famille a montré que, lorsque l’âge d’adoption est supérieur à neuf semaines, le chiot a plus de chances de présenter des comportements de peur ou d’agression vis-à-vis des humains inconnus à l’âge adulte  (Jokinen et al., 2017)

Bien sûr, la génétique joue un rôle : elle représente le capital de départ du chiot : ce qu’il pourrait devenir. Ce qu’il va devenir est modelé par les apprentissages et la qualité de l’environnement qui lui est proposée, en particulier avant trois mois.

En France, l’âge d’adoption légal pour les chiots et les chatons est de 8 semaines. A cet âge, la période de socialisation n’est pas encore terminée. Le chiot ou le chaton adopté trop précocement sera plus sensible aux troubles des autocontrôles ou de l’attachement. Un chiot adopté trop tardivement risque de réaliser son développement dans un milieu ne correspondant pas à son futur environnement de vie.

Ces standards sont à mettre en perspective avec l’environnement offert au chiot pendant les huit premières semaines. Un mauvais environnement peut justifier une adoption plus précoce (absence de la mère, pauvreté des expositions). A l’inverse un environnement de bonne qualité, riche en stimulations, avec des adultes présents pour réguler les chiots et leur apprendre à se contrôler permet une adoption plus tardive.

Quoi qu’il en soit, accepter une adoption précoce (avant 6 semaines), ou au contraire tardive (au-delà de 12 semaines), c’est prendre des risques de voir des affections comportementales se développer (Dietz et al., 2018).

Bibliographie

  1. Dietz, L., Arnold, A.M.K., Goerlich-Jansson, V.C., Vinke, C.M., 2018. The importance of early life experiences for the development of behavioural disorders in domestic dogs. Behaviour. https://doi.org/10.1163/1568539X-00003486
  2. Guardini, G., Bowen, J., Mariti, C., Fatjó, J., Sighieri, C., Gazzano, A., 2017. Influence of maternal care on behavioural development of domestic dogs (Canis familiaris) living in a home environment. Animals. https://doi.org/10.3390/ani7120093
  3. Jokinen, O., Appleby, D., Sandbacka-Saxén, S., Appleby, T., Valros, A., 2017. Homing age influences the prevalence of aggressive and avoidance-related behaviour in adult dogs. Applied Animal Behaviour Science. https://doi.org/10.1016/j.applanim.2017.06.003
  4. Scott, J.P., Fuller, J., L., 1965. Genetics and the Social Behavior of the Dog: The Classic Study, University. ed. University of Chicago Press, Chicago, IL.
Pas de conflit d'intérêt déclaré.