> La préparation du patient pour la chirurgie

Céline DOMINGUEZ
Clinique vétérinaire Olliolis,
83190 Ollioules

I- Introduction

L’asepsie est la méthode qui consiste à prévenir les complications infectieuses en empêchant l’introduction de microbes dans une plaie. Elle désigne aussi l’ensemble des techniques qui ont pour but d’éviter l’apport de micro-organismes au contact de la plaie opératoire qui peuvent entre autres provenir de la flore cutanée ou des cavités du patient.

Selon Louis PASTEUR : « au lieu de s’ingénier à tuer les microbes dans la plaie, ne serait-il pas plus raisonnable de ne pas en introduire ? »

La préparation du patient est donc une étape fondamentale de l’asepsie.

Avant toute chose, il est très important que chaque membre du personnel porte une tenue vestimentaire propre et adaptée, que les locaux soient tenus propres et que le matériel soit stérilisé correctement.

II- Bilan préopératoire

Un bilan préopératoire permet de détecter les facteurs de risques d’infection comme des maladies intercurrentes (maladie parodontale, pyodermite, diarrhée, abcès…).

1. Tonte

Une tonte large est indispensable : une articulation au-dessus, une articulation au-dessous du site opératoire soit 10 à 15 cm autour de l’incision.

La tonte doit être atraumatique et se faire à l’aide d’une tondeuse et non d’un rasoir. Si la tonte est difficile à cause d’une plaie qui saigne ou des problèmes de peau ou des poils serrés (boxer) mieux vaut une tonte imparfaite et moins rase car le but est de ne pas créer d’autres plaies. Dans ce cas il faudra procéder à un nettoyage encore plus méticuleux.

Le membre de l’animal doit être suspendu depuis l’extrémité afin de faciliter les manipulations sans recontaminer les zones préparées. Pour ce il faut protéger le bout de la patte en enveloppant entièrement les poils.

2. Désinfection

La désinfection du site opératoire peut être réalisée à la polyvidone iodée (bétadine savon et bétadine solution) ou à la chlorhexidine. Attention les deux produits sont antagonistes.

Le lavage doit être réalisé depuis le centre du site opératoire vers la périphérie en changeant de compresse dès que l’on touche des poils ou une plaie souillée. Lavage réalisé à l’aide de compresses trempées au préalable dans la solution savon de son choix puis le rinçage se fait au sérum physiologie ou à l’alcool (on privilégie le sérum physiologique pour le contour des yeux, la face en général, et sur une peau déjà irritée). Le nombre de lavages varie entre 3 et 6 en fonction du type de chirurgie (7 lavages sont recommandés pour une prothèse de hanche) et de la propreté de l’animal. Pour plus de sécurité, une suture en bourse peut être effectuée lors d’une chirurgie d’un membre postérieur afin d’éviter qu’il ne souille le champ opératoire lors de l’intervention.

Une solution antiseptique de même nature que la solution moussante utilisée pour le lavage est ensuite appliquée par le chirurgien sur le site opératoire avant l’intervention de façon stérile.

Certaines zones comme les coussinets et péri-unguéales ou encore les chirurgies rectales, périnéales ou cavités préputiales doivent être systématiquement rincées abondamment avec une solution antiseptique diluée.

Maintenant que l’animal est bien préparé il faut le transporter au bloc opératoire en prenant toutes les précautions nécessaires afin de ne pas contaminer le site de chirurgie. Et bien sûr manipuler un membre fracturé avec la plus grande délicatesse.

Afin d’effectuer un travail soigné et pour travailler dans de bonnes conditions, il convient de prendre soin de son matériel et poste de travail. Il faut donc entretenir correctement sa tondeuse et changer de peigne s’il est souillé ou si la tonte est longue et que le peigne est chaud (risque de feu du rasage voir même de brulure).

III- Conclusion

En conclusion, les règles de base doivent être respectées.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Le matériel utilisé en chirurgie

Corine SIMÉON
Clinique vétérinaire Olliolis,
83190 Ollioules

I- Introduction

Le matériel doit être adapté aux interventions chirurgicales pour faciliter leur réalisation et limiter leur durée. Selon le type de chirurgie pratiquée dans une clinique vétérinaire, tout ou partie du matériel chirurgical peut être à disposition.

II- Matériel pour une chirurgie courante 

Les chirurgies nécessitent l’utilisation de champs opératoires. On en trouve en tissus, réutilisables et en papier imperméable jetables. Le choix se fera selon les habitudes, l’organisation, la sensibilité à la notion d’écologie, etc…La mise en place et le nombre de champs diffèrent selon le type de chirurgie (abdominale, orthopédique).

Suite à la mise en place des champs, on utilise pour les fixer de la colle ou /et des pinces à champs, type Backhaus qui restent les plus courantes.

Le site opératoire préparé, l’acte chirurgical peut commencer. Il débute le plus souvent  par une incision effectuée à l’aide d’une lame de bistouri présente sous plusieurs tailles et formes. Selon les lames utilisées, elles sont montées sur des porte lames, principalement du 3 ou 4.

Pour faciliter la manipulation des tissus, on utilise des pinces à préhension. Pour les plus courantes, les pinces Adson , Adson-Brown et De Backey, avec ou sans mors, et donc, plus ou moins atraumatiques. Pour une préhension temporaire et immobile, les pinces d’Allis ou de Babcock sont utilisées.La dissection des tissus peut commencer à l’aide de ciseaux. Deux types : les ciseaux de Metzenbaum, droits ou courbes, pour des tissus peu fibreux et une dissection fine ; les ciseaux de Mayo, droits ou courbes, grâce à leurs mors larges, utilisés pour des tissus fibreux et section de fils de suture.

Les ciseaux à mors fins doivent être préservés de certaines pratiques comme la coupe de fils de suture ou les chocs ( chutes sur le sol) sous peine d’altérer leur efficacité rapidement.

Des pinces clamps vasculaires sont également présentes. Utiles pour une dissection, une préhension de fils, droites ou courbes, avec ou sans mords, fines et plus épaisses, de différentes tailles, leur présence dans la boite de chirurgie varie selon les habitudes et préférences du chirurgien.

Des écarteurs sont employés pour écarter, exposer ou pousser les tissus. La taille et le modèle sont déterminés par la profondeur de l’incision ; les petits sont utilisés en surface pour retenir la peau et les tissus, les plus gros pour les muscles et les organes. On retrouve plus couramment 2 types d’écarteurs : les écarteurs manuels qui demandent à être retenus durant la chirurgie et les autostatiques qui ne demandent pas d’assistance. Les écarteurs manuels sont très représentés par les Faraboeuf utilisés souvent par paire ou les écarteurs de Senn. Les écarteurs autostatiques comme les Gelpi et les Weitlaner sont courants.

Un porte aiguille sera nécessaire pour effectuer des ligatures et refermer le site. Les plus utilisés sont le Mayo-Hegar qui permet une préhension de l’aiguille seule et le Olsen-Hegar qui permet également une possibilité de section des fils .

On trouve également, un manche stérile pour la poignée du scialytique, nécessaire si le chirurgien se voit contraint de modifier le site opératoire ou s’il doit se déplacer.

Des compresses peuvent compléter la boite de chirurgie. On en distingues 2 sortes, les tissées et les non tissées , utilisées comme barrières mécaniques et pour l’absorption des fluides.

L’hémostase  peut se faire par suture ou compression mais aussi à l’aide d’une source électrique. Le bistouri électrique est monopolaire ou bipolaire selon le circuit choisi. La fonction bipolaire consiste à utiliser une pince dont les mors font office d’électrodes. Le courant électrique circule entre les 2 mors et est utilisé pour la coagulation des vaisseaux. En mode monopolaire, on coupe, on coagule ou on coupe avec hémostase à l’aide d’une pièce à main qui dispose de 2 boutons, un jaune pour couper, un bleu pour coaguler. Une plaque neutre doit être installée sous l’animal. Elle sert à faire contact et laisser passer le courant entre les électrodes. Si la plaque a un contact trop réduit avec l’animal, elle provoque des brulures. Il est préférable de l’humidifier.

Un autre dispositif peut être utilisé : la fusion tissulaire permet en fusionnant l’élastine et le collagène des parois vasculaires d’occlure des vaisseaux jusqu’à 7 mm.

Le chirurgien peut être amené à utiliser un système aspiratif pour évacuer les liquides tels que le sang, le pus, le liquide de rinçage ou des fluides spécifiques. Il va devoir utiliser un tube et une sonde stériles raccordés à une unité d’aspiration présente dans le bloc. Les sondes les plus utilisées sont les sondes de Frazier ou des sondes jetables.

Certaines chirurgies entrainent la pose d’un drain aspiratif, par exemple, lors de parage de plaies suite à morsures. Ce drain percé de trous à divers endroits, dit de Redon, sera raccordé à un robinet 3 voies et un système d’aspiration continu permettant le stockage des liquides.

III- Matériel pour une chirurgie abdominale

Durant une chirurgie abdominale, le chirurgien aura la nécessité d’employer des instruments bien particuliers. Parmi eux, les écarteurs autostatiques abdominaux seront très importants pour l’exploration abdominale et faciliter l’accès. On trouve 2 types : écarteurs de Balfour ou de Gosset . Le chirurgien peut utiliser également des  lames en acier malléable qui servent à maintenir les tissus. Pour limiter la contamination du site opératoire lors de l’incision du tube digestif, lors d’entérectomie et d’entérotomie, il peut être utilisé les pinces de Doyen pour occlure temporairement les parties incisées afin de limiter les fuites digestives. Lors de chirurgie abdominale, il sera peut-etre nécessaire d’utiliser le matériel d’aspiration : dans ces cas, l’utilisation d’une canule classique est contraignante car l’omentum en obstrue les trous. Il lui sera préférées la canule de Poole et la canule de Yankauer, plus adaptées. Lors de contamination due à une pénétration d’une cavité organique, un second kit d’instruments est nécessaire.

En chirurgie abdominale, différentes pinces d’agrafages automatiques peuvent être utilisées : les pinces « TA » Thoraco-Abdominal, « GIA » Gastro-Intestinal Anastomosis entre autres. Ces dispositifs libèrent des agrafes chirurgicales pour réaliser une anastomose intestinale. Elles peuvent également servir pour des lobectomies hépatiques.

IV- Matériel pour une chirurgie thoracique

Les chirurgies thoraciques peuvent être abordées par thoracotomie ou sternotomie. Cet abord est rendu difficile par le fait que la cage thoracique est peu déformable. Des écarteurs spécifiques sont mis en place, comme les Finochietto, très rigides, puissants avec des pales et une crémaillère. Ils permettent d’ouvrir progressivement l’espace nécessaire pour l’intervention.

Un rinçage sera pratiqué de la même façon que pour une chirurgie abdominale, le liquide de rinçage sera porté à bonne température et le matériel d’aspiration sera identique. Les pinces TA ou la fusion tissulaire peuvent être utiles lors de lobectomie pulmonaire, péricardectomie…

Un système de drainage continu sera mise en place à l’aide d’un drain thoracique relié à un robinet 3 voies pour faciliter la restauration du vide pleural et aider à la vidange postopératoire d’un pneumothorax résiduel ou du liquide inflammatoire.

V- Matériel pour une chirurgie orthopédique

Lors d’une intervention sur un membre, il est nécessaire de protéger l’extrémité du membre par du matériel stérile. L’animal installé au bloc, une dernière désinfection est pratiquée puis de la colle est appliquée sur le membre. Le chirurgien recouvrira ultérieurement cette zone avec 1 ou plusieurs couches de jersey tubulaire.

Suivant le type de chirurgie, la taille du patient, les champs, collants ou non, imbibés de povidone iodée ou non, seront installés de façon différente. Certaines chirurgies peuvent demander l’utilisation de champs différents en taille, avec une partie adhésive .

Une chirurgie d’ostéosynthèse nécessite une réduction et une stabilisation de la fracture qui se font à l’aide de daviers. Il en existe de différents types, différentes tailles, sélectionnés suivant la taille de l’animal.

Les plus couramment utilisés sont les daviers « crabe », daviers à pointe à crémaillère ou à crans. Ils sont regroupés dans des kits spécifiques à l’ostéosynthèse.

Une fois la fracture réduite et stabilisée, des implants sont nécessaires. Leur utilisation dépend du type de fracture et de la taille du patient. On retrouve des plaques de différentes forme, des vis, des broches, cerclages, rondelles , des fixateurs externes. Le plus souvent, la mise en place des implants demande l’utilisation d’un moteur électrique ou pneumatique suivant les équipements de la clinique. Lors de la mise en place des implants, il est nécessaire d’utiliser un matériel spécifique comme mèches, tarauds, jauge,  guide-mèche, tournevis (…),  de taille adaptée aux implants utilisés. 

VI- Matériel pour une chirurgie neurologique

L’accès au canal vertébral nécessite la pénétration au travers de tissus osseux, que ce soit pour une corpectomie ventrale ou d’hémilaminectomie. Il donc utilisé un moteur couplé à une pièce à main et une fraise. Elles sont de plusieurs taille. Une canule d’aspiration fine, de type Frazier est utile à l’aspiration en regard du canal vertébral.

On trouve du matériel très spécifique à la chirurgie neurologique, des palpateurs très fins pour manipuler les tissus péri-médullaires ; des rongeurs à os comme la pince de Kerison, des pinces gouges nécessaires à la chirurgie du rachis.

VII- Matériel pour une chirurgie minimalement invasive

Ce type de chirurgie concerne l’arthroscopie, la coelioscopie ou la thoracoscopie. Ces interventions nécessitent une colonne spécifique comprenant un moniteur vidéo, une source de lumière froide et un système d’acquisition vidéo.

  • Lors d’arthroscopie, des caméras de diamètre entre 1.9 et 2.7 mm sont les plus couramment employés. Une gaine est mise en place pour protéger la caméra à l’introduction dans l’articulation.
  • Lors de coelioscopie ou de thoracoscopie, les caméras employées sont de diamètre 5 ou 10mm. Elles sont introduites dans des ports caméras spécifiques pour permettre l’entrée dans la cavité abdominale ou thoracique.
  • Lors de coelioscopie, il est nécessaire de dilater l’abdomen avec du gaz (dioxyde de carbone) de manière à permettre une visualisation des organes. Un insufflateur permet la diffusion continue du gaz.
  • Du matériel spécifique est nécessaire en cas d’intervention chirurgicale minimalement invasive sous contrôle vidéo.

Une très grande variété de matériel existe et leur disponibilité dépend de l’activité chirurgicale de la clinique et des préférences du chirurgien. Un entretien minutieux , une désinfection rigoureuse du matériel est primordiale pour conserver leur efficacité et prolonger leur durée d’utilisation. Une stérilisation appropriée aux différents matériels est fondamentale pour une élimination de tous microorganismes, éviter une contamination et les infections. Elle peut se faire par plusieurs procédés (exemple : ozone, …) mais la vapeur d’eau et chaleur humide restent les références.

Un protocole spécifique doit être suivi pour que la stérilisation soit optimale.

VIII- Conclusion

Une parfaite connaissance du matériel chirurgical est nécessaire au chirurgien, aux assistants et au personnel de bloc pour améliorer l’efficacité et la rapidité des interventions chirurgicales.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.

> Les bonnes pratiques quand on est habillé en stérile

Mihaela MLADINESCU
Clinique vétérinaire Olliolis
83190 Ollioules

I- Introduction

La dissémination des microbes par le personnel est la première source de contamination au bloc.

II- Préparation de l’équipe chirurgicale

Avant tout contact avec l’animal préparé pour aller au bloc opératoire, le personnel qui aide en chirurgie ou le chirurgien doit porter une charlotte (ou calot), un masque et des sabots réservés au bloc. Des règles de comportement en gestuelle aseptique s’imposent également.

On procède ensuite au lavage des mains pour éliminer la flore bactérienne transitoire manuportée, ayant pour but de prévenir les contaminations. Les mains doivent être propres, avec des ongles courts, sans vernis ou faux-ongles, pas de bijoux.

Le lavage se fait avec du savon doux ou savon antiseptique (Chlorhexidine), et avec une solution hydro-alcoolique (SHA), en flacons distributeurs non rechargeables. Il existe deux types de lavage en fonction de la propreté des mains, un premier lavage des mains souillés et un deuxième pour les mains propres (conforme aux fiches techniques décrites).

L’étape suivante se passe au bloc opératoire,  c’est-à-dire, on procède à un dernier passage à  la Bétadine du membre opéré. Cette opération finie on mettra  une blouse chirurgicale stérile à usage unique et aussi des gants stériles. La blouse diminue la dissémination des particules depuis le chirurgien vers le patient ( de préférence on utilise les blouses jetables). Les gants stériles ont pour rôle de protéger l’animal contre toute transmission des germes via l’équipe opératoire. La fréquence de changement de gants varie entre 30 minutes et 2 heures ; le double gantage est indispensable lors d’interventions à haut risque ( par exemple une prothèse totale de hanche). On privilégié le choix de gants sans latex. Il existe 2 techniques pour enfiler les gants stériles : la méthode européenne ( à mains découvertes) et la méthode américaine (la technique no touch).

III- Le drapage

Le drapage est l’étape suivante. Le site opératoire est isolé du reste du corps par disposition des champs opératoires. Elles doivent être solides,  étanches aux liquides ( «  champs mouillés, champs souillés ») ; les champs permettant le recouvrement de l’ensemble du corps de l’animal. Le drapage dépend du type de chirurgie : drapage abdominal, drapage orthopédique.

Il existe plusieurs sortes des champs stériles :  des champs en tissus ou des champs plastiques à usage unique. Les champs se déclinent dans différents dimensions et conditionnements ( troués ou non, avec ou sans adhésifs, betadinés).

Nous utilisons les champs  plastiques à usage unique. Ils sont étanches et multicouches, certains champs présentent des zones autocollants pour s’affranchir de l’usage des pinces à champs. Ils existe aussi des champs collants transparents que l’on applique sur la peau avant l’incision dans les zones opératoires peu anfractueuses. On peut aussi coudre les champs à l’incision cutanée ( lors des procédures nécessitant une asepsie renforcée).

Sur les membres on utilise des jersey tubulaires en coton stérile ( «  des chaussettes » ) sur une peau pré-encollée, déroulés depuis l’extrémité du membre que l’on  aura détaché préalablement. 

La mise en place des champs doit être rigoureuse dans le respect des règles d’asepsie : les gants du chirurgien ne doivent pas être en contact avec la zone non préparée.

L’ensemble de l’animal et de la table opératoire doit être recouvert pour éviter les fautes de stérilité au cours de l’intervention.

Pas de conflit d'intérêt déclaré.